jeudi 9 octobre 2014
Deux petits faits
Deux petits faits
Ce sont des petits faits vrais qu’il faut connaitre. Ainsi des huîtres célèbres, les Gillardeau, vont être gravées du logo de leur producteur. Non par snobisme mais pour lutter contre un fléau du siècle, la contrefaçon : sous ce nom des mollusques ordinaires sont vendus partout. Donc désormais cette huître pourra voisiner avec tous ces produits de luxe qui, manie de l’époque, affichent leur marque. Autre décision étonnante : les gangsters japonais vont pouvoir assurer leur voiture. Cela leur était interdit dans l’espoir de perturber leurs activités. Louable choix mais les yakusas, de nature peu citoyenne, prenaient la fuite en cas d’accident et leurs victimes ne pouvaient être indemnisées ! Comment dit-on en japonais : parfois, on fait le mal en croyant faire le bien ?
Claudiquer n’est pas gouverner
Claudiquer n’est pas gouverner
Qui croire ? Manuel Valls qui, le lundi, dit à Londres qu’il veut réformer le système de l’assurance-chômage, ou Valls Manuel qui signe le mardi un décret sur la pénibilité ? Le Premier ministre qui prétend devant les Anglais vouloir remettre en cause des 35 heures, ou le chef du gouvernement qui, à Paris, dégrade brutalement le régime de retraite ? Celui qui s’épanouit en tournée promotionnelle au pays du libéralisme ou celui qui cède au harcèlement de sa gauche ? Celui qui promet de simplifier ou celui qui alourdit la paperasse ? Celui qui dit « J’aime l’entreprise » ou celui qui complique la vie des chefs d’entreprise ?
Toute l’ambiguïté du pouvoir est là, dans ce carambolage de projets, cette accumulation de zigzags dont il ne ressort rien que de la confusion. On en connaît la cause : le flou originel de François Hollande, l’écran derrière lequel il a construit sa campagne électorale et rassemblé sa majorité. Ce rideau de fumée s’efface peu à peu et dévoile un pouvoir écartelé entre une ligne « Bruxelles » sur laquelle il s’est engagé, et une ligne « Frondeurs » avec laquelle il doit temporiser.
Lors de l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, beaucoup se sont enthousiasmés pour sa profession de foi sociale-démocrate. Venant après celles, multiples mais restées sans effet, de François Hollande, elle donnait le sentiment que la gauche allait vraiment se moderniser.
Mais non : la social-démocratie se réduit pour l’heure à la juxtaposition d’idées contraires – un coup vers la gauche, un coup vers la droite – dans l’espoir que cette claudication fera une politique. Erreur : cette juxtaposition de contraires ne fait, le plus souvent, que des déçus. Et ne donne pas de résultat.
Qui sont les « plus zézés » ?
Qui sont les « plus zézés » ?
Depuis le début du quinquennat de François Hollande, c'est la rengaine que l'on aura le plus entendue, martelée à satiété pour justifier les choix gouvernementaux. Pour l'exécutif, les réformes dans la justice imposent (c'est bien le mot) le surcroît d'efforts demandé aux « plus zézés » (comprendre évidemment « les plus aisés »). Nul ne songerait à contester une juste contribution de chacun, selon ses moyens, au redressement du pays, si prévalait une vision moins caricaturale. Car qui sont en vérité les « plus zézés » ? Sûrement pas les « très zézés » qui capitalisent grâce aux niches fiscales. Ou ceux qui ont fait leurs valises (de billets) depuis longtemps. Ou encore ceux qui aspirent à le devenir en s'exilant pour étudier ou créer leur entreprise.
Restent donc, chez nous, les « plus zézés » qui le sont de moins en moins sous le poids de la chape fiscale. Ceux qui cotisent pour tout et n'ont droit à quasiment rien. En témoigne, avec la présentation du budget de la Sécurité sociale, cette proposition d'amendement des députés socialistes qui voudraient instaurer une modulation des allocations familiales en fonction des revenus.
Soucieux de ménager ses frondeurs, le gouvernement s'est dit ouvert à un dialogue, même s'il s'était engagé à ne pas toucher au principe d'universalité des « allocs » lorsqu'il a réformé le quotient familial. Serait-il logique que les cotisations des fameux « plus zézés » deviennent un élément de politique de redistribution, normalement dévolu à l'impôt ? « Pour l'instant », François Hollande y est opposé.
On n'a pas fini de déplorer les coups de rabot incohérents d'un pouvoir se refusant à une réforme fiscale d'envergure qui aurait rendu l'impôt sur le revenu progressif et obligatoire pour tous, en lui assignant cette fonction « redistributive » envers les plus démunis. Voilà qui constituerait un acte citoyen évitant les bricolages au nom d'une équité discutable. Car le gouvernement préfère « chouchouter » ses clientèles. Celles qui échappent au jour de carence, conservent leurs régimes spéciaux de retraite, voyagent gratuitement en famille, etcæ À quand la fin du refrain éculé sur les « plus zézés » ?
L’acharnement famillophobe
Présenté mercredi en conseil des ministres, le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2015, qui impose pas moins de 700 millions d’euros d’économies supplémentaires à des familles déjà harcelées par le fisc, au moment même où le gouvernement s’apprête à augmenter de 73 millions le budget de l’Aide médicale d’Etat prenant en charge la totalité des soins des clandestins, est la preuve supplémentaire que les socialistes, depuis leur arrivée au pouvoir, n’ont qu’une obsession : anéantir la famille française.
Préférence étrangère
D’un côté, la gabegie continue avec la hausse des aides destinées aux clandestins, le remboursement à 100 % de l’avortement de confort ou encore la contraception gratuite pour les filles de 15 à 18 ans. De l’autre, c’est l’acharnement famillophobe. Alors que les secteurs pouvant faire l’objet de coupes budgétaires sont légions, le pouvoir socialiste prend une nouvelle fois pour cible la famille en prévoyant, pèle mêle : la division par trois du montant de la prime à la naissance à partir du 2e enfant, la diminution des aides à la garde d’enfant pour les ménages « les plus aisés », la réduction à 18 mois du congé parental de la mère, le décalage de 14 à 16 ans de la majoration des prestations familiales, ou encore le décalage du premier versement de l’allocation de base de la PAJE du mois de naissance au mois suivant.
La place manque ici, mais il y aurait aussi beaucoup à dire sur les fausses économies, souvent scandaleuses, que le gouvernement entend également réaliser sur la branche maladie. Comme la décision de développer au maximum les retours à domicile le jour même des interventions chirurgicales. Mesure qui entraîne régulièrement un retour aux urgences de patients qui sont sortis trop tôt et donc des frais supplémentaires…
Régression sociétale
Bref, dénonçant une nouvelle attaque violente contre les familles françaises, Marion Maréchal-Le Pen devait notamment pointer du doigt le projet de réduire à 18 mois le congé parental des femmes « dont les conséquences sur le budget des familles, notamment les plus modestes, sont alarmantes ». Rappelant en effet que « dans la grande majorité des cas, au terme des 18 mois, les parents seront contraints de faire appel à une assistante maternelle ou de mettre l’enfant en crèche (…), deux solutions (qui) augmentent les dépenses de l’Etat », l’élue FN demandait instamment au gouvernement de « ne pas modifier le système du congé parental au risque de se rendre coupable d’une régression sociétale touchant au droit de la famille ainsi qu’à la liberté pour la femme d’accomplir son statut de mère ».
François Hollande ou la politique du saut de puce
Sur la famille comme sur le reste, l’exécutif élabore sa politique au gré des obstacles qui s’annoncent, sans vraie cohérence.
Tout le monde mécontent ! Le débat sur les allocations familiales est symptomatique de la politique Hollande. Les allocations seront elles modulées en fonction des revenus ? Nous ne le souhaitons pas, dit le gouvernement , tout en laissant la porte ouverte au débat ; Espérons, disent les députés PS sans trop y croire ; Il ne le faut surtout pas, s’élève déjà l’UMP. Le tout est illisible.
Si l’on généralise, le constat est le même. L’exécutif mène une politique de réformes pour rassurer Bruxelles, politique qui désespère la gauche, et ne satisfait ni la droite, ni ... Bruxelles. Pourquoi ?
Il y a au fond peu de façon de conduire un pays. Il y a la ligne droite, qui, dans une vision idéale, verrait un gouvernement dérouler sans s’en éloigner le programme sur lequel il a été élu. Plus réaliste et plus courant, il y a le slalom. Le gouvernement cherche à marier les contraires et à gérer la complexité de la société. Ce qu’aurait pu faire François Hollande. Redresser les comptes tout en s’adressant à la gauche sur d’autres sujets, sociétaux par exemple. Il ne le fait pas. Lorsqu’un skieur arrivé dans la plaine se retourne sur son slalom, il voit une trace. Ou une cohérence, si l’on s’en tient au vocabulaire politique. Il n’y en a pas.
Bouclier à problèmes
François Hollande et Manuel Valls sont dans le saut de puce. S’ils tentent de gérer les contraires, c’est dans l’urgence, parce qu’il faut d’un coup donner des gages à Bruxelles qui hausse le ton, répondre à une gauche qui s’agite ou à une manifestation qui s’annonce.
Des économies sont concoctées sur la branche familleparce que Bruxelles fronce les sourcils. Lesquelles ? Celles qui feront le moins mal, en touchant les bébés à venir ; alors que le PS aurait préféré « les plus justes », celles qui épargnent les foyers modestes.
L’exécutif conçoit la politique comme un bouclier à problèmes. Il va au plus simple pour parer aux ennuis qu’il voit venir, mais s’en crée de nouveaux ce faisant. Couacs, incompréhensions. Manuel Valls a donné des gages à Bruxelles ce mercredi en jugeant « légitime » le débat sur l’assurance-chômage . Au même moment, François Hollande estimait qu’il y avait d’autres sujets prioritaires, et Jean-Christophe Cambadélis au PS demandait qu’on n’ouvre pas le débat.
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