mercredi 11 juillet 2012
Tempérament et rationalisme politique
Comment expliquer que l'on devienne libéral et non socialfachocommuniste
? Le milieu culturel et l’éducation ne suffisent pas à comprendre ces
orientations. N’y aurait-il pas quelque chose du tempérament personnel
mais aussi du rationalisme intellectuel pour expliquer le destin mental
de nos choix sociétaux et politiques.
On me pardonnera je l’espère ce soupçon d’autobiographie. Né dans une famille modeste passablement inculte, quelle chance avais-je de devenir, sans en faire un titre de gloire, un intellectuel libéral ? Mes parents, pour l’une était dépourvue de tout discours politique, pour l’autre était vaguement de droite conservatrice, par atavisme paysan, quoique irréligieux, attaché à Jacques Chirac pour cause d’âge commun, attaché aux valeurs du travail et de la propriété terrienne. Ma seule chance fut d’habiter dans une ville universitaire. Pourquoi réclamai-je des livres, des encyclopédies, alors que l’on lisait si peu ou pas du tout autour de moi, même si l’école obligatoire y a peut-être contribué ? Pourquoi découvris-je Jules Verne et le romantisme allemand, France Musique, Schumann et Bach, alors que l’on se limitait à RTL et aux variétés d’usage ? Pourquoi encore, stimulé par mon enseignante de philosophie qui proposa l’étude de Marx et de Nietzsche, me sentais-je cette différence, cette indépendance… Certainement de par une répugnance à la fois innée et intellectuelle envers tout enfermement dans un concept de classe, de masse, de nation, dans tout déterminisme sociologique, qu’il soit conservateur ou marxiste. Quant à cette pulsion aristocratique, peut-être orgueilleuse, qui me poussait vers l’élection des arts et de la littérature, d’où me venait-elle ? Finissant ainsi bientôt par me persuader que la démocratie était devenue pour moi : « une aristocratie qui s’est élargie au point de devenir une aristocratie universelle » [1].
Un tempérament éthique et esthétique serait alors plus ou moins à l’œuvre en chacun de nous de façon à nous différencier. Si l’on ne peut remettre en question le rôle prépondérant et invariablement nécessaire de l’éducation, il n’en reste pas moins que la nécessité de l’acquis n’écarte en rien le caractère originel d’une innéité. Sans aller jusqu’à prendre le pari plus que risqué d’une inscription génétique des goûts et des philosophies, on peut imaginer que nos biochimies ne nous proposent pas à tous les mêmes chemins. Sans recourir à la théorie des humeurs des Anciens, une approche neuronale et psychologique des tempéraments politiques peut être effleurée. Ainsi, entre le libéral, le socialiste et le totalitaire, que ce dernier soit communiste, fasciste ou théocrate islamiste, les différences sont criantes.
À peine au-delà du roi philosophe platonicien, du socialiste magistrat philosophe égaré par l’hubris intellectuel, l’homme totalitaire a quelque chose du tempérament sanguin, du coléreux, sans cesse aiguillonné par la libido dominandi, par la foi en son concept politique englobant et salutaire, voire miraculeux. Il ne supporte pas que qui que ce soit échappe à sa doxa, à sa bienfaisance, à sa horde de préjugés, à sa tyrannie, familiale, étatiste, nationaliste ou théocratique, dans une sorte de crispation mimétique où l’autre est sommé d’être comme soi, sinon rendu esclave… Nombreux par ailleurs sont ceux qui adhèrent à un totalitarisme du groupe, de l’instinct grégaire, de la corporation professionnelle, syndicale ou de parti, par goût de la servitude volontaire, par paresse et passivité, mais aussi par envie et ressentiment envers les nantis, envers ceux qui savent réussir, par goût de l’égalité contrainte, par nécessité intime de se sentir rassurés en les rails d’une idéologie, qu’elle soit marxiste ou religieuse, et par la chaude communauté de destin d’une confrérie. À moins que la foule, la meute, permettent de libérer les instincts les plus brutaux, les plus violents, sous couvert de la force collective et d’une pseudo légitimité révolutionnaire ou théologique.
Le libéral quant à lui est un indépendant paisible, un individualiste entreprenant respectant l’individualisme de ses partenaires, un amant du doux commerce selon Montesquieu, un qui a le goût du risque, de la responsabilité et de l’indépendance, sans craindre l’acuité de la solitude. Depuis l’animal politique libre aristotélicien et dans la tradition humaniste du libre arbitre de Saint Thomas d’Aquin, il s’affranchit de la fatalité divine et de la grâce augustinienne pour valoriser son thymos [2], son soi fier, et satisfaire son désir de reconnaissance, reconnaissant du même coup celui de tout homme. En passant par les Lumières, de Locke à Voltaire, il tolère ainsi la liberté d’autrui, que ce soit par indifférence ou par cet égoïsme et ces vices privés (avarice et cupidité) qui contribuent aux vertus publiques de la prospérité, pour reprendre l’argumentation de Mandeville dans la Fable des abeilles [3], ou de par le soin de la « main invisible » [4] du marché conceptualisée par Adam Smith. De même, en s’appuyant sur des valeurs d’étude, de travail et de mérite, dans le cadre du respect de la propriété, et du pluralisme dynamique du marché, voire de la capacité d’association, il éprouve le juste respect d’un contrat social cohérent avec son profil psychologique et intellectuel. Il sait la nécessité, pour jouir de ses propres libertés, d’accorder et d’encourager ces mêmes libertés économiques, d’expression et de mœurs à autrui, que ce soit par empathie ou par calcul rationnel…
Car à en rester à cette voie du tempérament politique, il n’y aurait plus qu’à baigner dans le relativisme et abandonner toute prétention à faire du libéralisme politique un universalisme. Sauf qu’une démarche intellectuelle rationnelle simple (c’est alors qu’intervient l’éducation) permet de départager le libéral du totalitaire plus ou moins doux et plus ou moins bien intentionné. Certes, on peut imaginer que parmi ceux qui choisissent un socialisme, qu’il soit rose, rouge, brun ou vert, qu’il soit national ou international, il en est quelques-uns animés du sens de l’utopie, et d’une empathie au service de l’humanité. Mais l’on sait que l’enfer est pavé des meilleures intentions, et que les généreuses planifications d’un bonheur à tous imposé par la gestion prétendument rigoureuse d’un parti, d’un État ou d’un orwellien gouvernement mondial ne peuvent qu’écraser les individus sous le marteau de l’égalité. Et bientôt exacerber les insupportables inégalités et les frustrations qu’une culture du ressentiment contribue à surexploiter par ces « banques de la colère » [5] que sont les partis révolutionnaires. C’est ainsi que l’Histoire a montré que l’égalité de la pauvreté parmi les États communistes, hors pour quelques oligarques et apparatchiks, reste la moins pire des conditions, avant la concentration meurtrière des goulags …
Il faut alors porter un regard objectif sur les conditions de la prospérité économique. Où et à grâce à quelle culture, quelle démocratie, quelle éthique économique fondée sur le marché et la concurrence est-on le mieux parvenu à libérer le maximum d’humanité des tyrannies de la pauvreté et de la censure, sinon dans les démocraties libérales occidentales ? Un simple examen permet de constater par exemple que ce sont des politiciens qu’il est de bon ton de décrier, comme Margaret Thatcher et Ronald Reagan, qui ont permis que sous leurs mandats, grâce à une politique libérale de diminution considérable des impôts pour les particuliers et les entreprises, le chômage fut divisé par deux, pour être ramené autour de 5%, ce que l’on appelle d’ailleurs un chômage structurel. De constater qu’avec les mêmes conditions de mondialisation et de concurrence internationale que la France malheureuse, l’Allemagne, le Canada et la Suède surfent allègrement sur les voies de la prospérité économique… À l’observateur rationnel ne peut manquer la sagacité qui permet de constater que les politiques de dette, de déséquilibre budgétaire, de contrôle des loyers, de relance keynésienne et d’interventionnisme étatique, de redistribution et de delirium fiscal, fussent-elles animées des meilleures intentions de la justice sociale et de la libido dominandi, sont non seulement contreproductives mais attentatoires aux droits de propriété et à la liberté d’entreprendre, donc foncièrement immorales. Car « contrôle économique et totalitarisme » [6] vont bientôt de pair. Devons-nous accuser nos gouvernants du seul aveuglement idéologique, ou de cet appétit de pouvoir qui les voit préférer un absolutisme colbertiste et socialiste supporté par la démagogie, ou de cynisme mortifère et suicidaire ? À moins que le rationalisme économique et politique soit parfaitement étranger à leur système neuronal…
Ce serait évidemment, en me parant du titre de libéral issu des Lumières, autant par tempérament que par rationalisme, me tresser une couronne de lauriers moraux que la modestie m’interdit de porter… Ainsi l’amant des libertés, quoique en se gardant de tout « dogmatisme libéral » [7], trouvera-t-il une pensée aussi cohérente qu’efficace au service du développement de l’humanité. Et, auprès d’une bibliothèque des écrivains et philosophes choisis, un sommet montagneux où s’isoler des nuisances totalitaires, à moins que ces dernières ne lui laissent que l’abri précaire de l’isolement d’un sommet intérieur.
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Sur le web.
- Leo Strauss : Le Libéralisme antique et moderne, PUF, 1990, p 15. ↩
- Ce terme, venu de La République de Platon, a été repris par Francis Fukuyama en tant que « désir de reconnaissance », ce dans le cadre de la démocratie libérale comme aboutissement ; dans La Fin de l’Histoire et le dernier homme, Flammarion, 1992. ↩
- General Books, 2012. ↩
- Adam Smith : Enquête sur la nature et les causes de la Richesse des nations, PUF, 1995, p 513. ↩
- Peter Sloterdijk : Colère et temps, Hachette Littérature, 2009, p 87. ↩
- Friedrich A. Hayek : La Route de la servitude, PUF, 2010, p 68 et suivantes. ↩
- Raymond Aron : Essai sur les libertés, Calmann-Lévy, 1965. ↩
PSA : Sapin accuse Sarkozy d'avoir «retardé» de «mauvaises nouvelles»
Alors que PSA Peugeot Citroën doit dévoiler jeudi des mesures visant à redresser le groupe, les syndicats s'attendent un plan supprimant entre 8 000 et 10 000 emplois, soit près de 10% des effectifs en France, au lieu de 6 000 prévus jusqu’à présent.
préoccupations : le site d'Aulnay (Seine-Saint-Denis), dont la fermeture est redoutée depuis un an.
A la veille de ce Comité central d'entreprise extraordinaire (CCE), le
ministre du Travail, Michel Sapin, dit s'attendre à de «mauvaises
nouvelles». Interrogé par France
Inter, il met en cause l'ancien président de la République qui aurait,
selon lui, demandé à ce que les annonces de licenciement soient
repoussées à l'après-présidentielle. Le plan redouté pour le site
d'Aulnay-sous-bois est «typiquement un de ces plans» que Nicolas Sarkozy
a «demandé de retarder plutôt que de trouver des solutions», accuse
Michel Sapin. «Je pense que vous avez remarqué que M. Varin (le président du directoire de PSA Peugeot Citroën)
avait été plusieurs fois convoqué dans le bureau de Nicolas Sarkozy.
Vous pensez que c'était pour parler du nouveau modèle qui allait sortir
chez Citroën ou chez Peugeot ? Non, c'était pour parler de ces sujets
là, en lui disant : Tu verras ça plus tard», ironise le ministre.
Interrogé sur l'hypothèse d'une fermeture d'Aulnay, Sapin dit «exiger de PSA que le dialogue soit exemplaire et que les contreparties soient à la mesure des problèmes rencontrés». «Si Aulnay ne conserve pas de production de PSA, quels sont les efforts faits par PSA pour qu'il y ait de l'activité à l'emplacement d'Aulnay, ce qu'on appelle de la réindustrialisation ? Voilà typiquement une responsabilité qui incombe à une entreprise», prévient le ministre, estimant qu'il devait «y avoir des propositions en matière de reclassement».
PS : les savants calculs de Martine Aubry
La première secrétaire cosigne une contribution avec Jean-Marc Ayrault en vue du congrès.
Ils demandent en outre «à l'ensemble des dirigeants du PS, comme aux membres du gouvernement, de soutenir de façon exclusive cette contribution générale». Un message adressé en particulier à l'aile gauche du PS, qui hésite ces derniers temps à déposer elle-même une motion.
Lundi, des proches de Martine Aubry ont apposé leur signature, aux côtés de celles de proches du leader de l'aile gauche Benoît Hamon, au bas d'un texte publié dans Libération. Intitulé «Pour une gauche durable», il esquisse une critique de la politique du président de la République en assurant que «l'appel à la croissance pour relancer l'emploi ne suffira pas». Or, du côté de l'Élysée, on souhaite un PS à l'image de ce qu'il fut de 1997 à 2002, lorsque, avec François Hollande à sa tête, il était chargé d'accompagner la politique de Lionel Jospin et en aucun cas de gêner le premier ministre.
Les grandes manœuvres n'ont pas échappé à François Hollande, dont l'un des plus proches lieutenants et désormais ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, s'est fendu d'une tribune dans Le Monde pour lancer une mise en garde contre la division et appeler, en creux, à une motion unique de soutien au président de la République lors du prochain congrès. Selon lui, le PS doit désormais accompagner l'action du chef de l'État en choisissant «une ligne politique claire». Comprendre: hollando-hollandiste.
Poser ses «conditions»
Pour autant, le geste de Martine Aubry n'en dit pas plus sur sa volonté, ou non, de briguer un nouveau mandat à la tête du parti. Fin mai, elle avait assuré que finalement elle ne partirait que «si toutes les conditions (étaient) réunies», mais sans préciser outre mesure quelles étaient ces «conditions». Elles sont désormais plus claires: Martine Aubry partira à la seule condition que le PS adopte la motion unique qu'elle cosigne avec Jean-Marc Ayrault. En quelque sorte, elle remet son sort à la tête du PS entre les mains de l'aile gauche du parti. Que le courant de Benoît Hamon décide de présenter une motion et Martine Aubry pourrait décider de se représenter.Dans la logique du PS, le fait de signer une contribution n'est pas un acte anodin. Il s'agit du premier pas vers la constitution d'une motion dont le premier signataire est généralement le candidat au poste de premier secrétaire. Le doute subsiste d'autant plus que, la semaine dernière, Harlem Désir avait annoncé au Figaro qu'il ne serait pas candidat si Martine Aubry se présentait, comme pour anticiper l'annonce.
La chef du PS reste dans l'ambiguïté. Mais les socialistes sont habitués à décoder ce genre de message de la maire de Lille. À lire du Martine Aubry dans le texte, on relève mieux l'ambiguïté de ses propos. «J'ai toujours pris mes responsabilités, les Français le savent, et je les prendrai là aussi», déclarait-elle l'année dernière à propos de sa candidature à la primaire du PS, qui ne faisait pas de doute. Alors, maintenant qu'il s'agit de signer une contribution…
Liberté d’entreprendre dans la Constitution ? Petit guide des avantages et difficultés à être entrepreneur en France
Le côté sombre
- l’administration et le droit français
- la fiscalité française
- la finance française
- peut-être le pire de tous : la mentalité et la culture anti-patrons françaises
La finance française est un sujet encore bien plus préjudiciable que les deux précédents. Les PME en création sont confrontées à une carence majeure de solutions de financement d’amorçage. Les Anglais ont des structures spécialisées pour la levée de fonds privés, entre 50 K€ et 250 K€. Paradoxalement en France, il est plus facile de lever 10 millions pour une entreprise qui tourne que 200 K€ pour créer une nouvelle PME innovante. Prenez rendez-vous chez Oseo, si vous réussissez à obtenir une garantie de prêt à 80% de 100K€, tentez de trouver une banque qui prendra le risque des 20% restant. A propos des banques, la PME française à un droit au Compte mais selon votre projet (ou plutôt votre capital initial) cette simple étape peut se transformer en véritable challenge, sauf si vous trouvez des fonds pour amorcer votre activité. Jusqu'en 2011, il y avait une possibilité de financement pour l’amorçage les jeunes PME, puisque la loi TEPA permettait aux plus riches (payant l’Impôt sur la fortune) de réduire de 75% leur impôt lorsque celui-ci était versé au capital d’une PME. L’instabilité des lois de finance en 2011 a eu pour conséquence l’immobilisme de ces dernières chances de l’amorçage, et à divisé par cinq les montants levés par ce biais en 2012.
Le côté clair
Bilan mitigé
L'affaire «pénible à vivre» de Ségolène Royal
Invitée mardi matin du journaliste Jean-Michel Apathie sur RTL, Ségolène Royal qui participe en ce moment à la conférence sociale est revenue très brièvement sur l'épisode de La Rochelle au 2è tour des législatives, le 17 juin dernier, affirmant que c'était «une affaire pénible à vivre »
Battue par le dissident socialiste
Olivier Falorni, elle a redit mardi matin avoir été « victime d'une
trahison » : « Si tous les dissidents s'étaient maintenus c'était une
centaine de circonscription que la gauche perdait ». Elle a aussi dit
avoir reçu « un coup extrêmement dur » après que Valérie Trierweiler,
compagne de François Hollande, se soit immiscée dans la campagne législative.
M. Falorni, qui a remporté la 1ère circonscription de La Rochelle avec 63% des voix contre 37%
pour Royal, avait reçu par le biais d'un message sur Twitter, le
soutien de la première dame. « Courage à Olivier Falorni qui n'a pas
démérité, qui se bat aux côtés des Rochelais depuis tant d'années dans
un engagement désintéressé », écrivait la compagne de François
Hollande. Un twitt qui a fait l'effet d'une bombe d'autant plus que
cette position n'était pas raccord avec celle du chef de l'Etat... Le
matin-même, François Hollande apportait son soutien à son ex-femme,
présidente de la région Poitou-Charentes. «Dans cette circonscription de
Charente-Maritime, Ségolène Royal est l'unique candidate de la majorité
présidentielle qui peut se prévaloir de mon soutien et de mon appui »,
écrivait-il dans sa profession de foi.
Ségolène Royal, présidente socialiste de la... par rtl-fr