Si vous êtes fan de Star Wars, vous connaissez la fin du Retour du Jedi. Luke se recueille devant le bûcher où brûle Dark Vador (son père, bien sûr). Après cette séquence émotion, il se retrouve dans une grande fête Ewok, tout le monde s’embrasse et danse follement. The End.
Eh bien, figurez-vous que tout aurait pu être différent. Et nettement plus triste, comme nous l’apprend le LA Times qui a rencontré le producteur Gary Kurtz à l’occasion de la Star Wars Celebration V conférence en Floride. Dans un premier temps, il avait été imaginé que Han Solo meurt au milieu du film, tué lors d’un raid sur une base impériale. La fin aurait donc dû être la suivante :
«Les forces rebelles en lambeaux, Leia aux prises avec ses nouvelles fonctions en tant que reine et Luc marchant tout seul, tel Clint Eastwood dans les western spaghetti.»
S’il n’en a rien été, c’est à cause du merchandising. Star Wars marque le début de l’influence des produits dérivés dans l’amortissement financier des films à gros budget.
«A la place d’un final dous-amer, [George Lucas] voulait une fin euphorique dans laquelle tout le monde est heureux. […] George a décidé qu’il ne voulait qu’aucun personnage principal ne soit tué. A l’époque, il y avait de grosse vente de figurines, voilà la raison.»
Doit-on le regretter? Stuart Heritage, du Guardian, se pose la question. Peut-être que George Lucas a eu tort:
«Après tout, L’Empire Contre-Attaque est largement considéré comme le meilleur film Star Wars, et le fait que cet épisode se termine de la façon la plus pessimiste qui soit ne peut pas être une coïncidence. Peut-être qu’envelopper toute la trilogie d’une couverture de mort et de misère l’aurait renforcée.»
Et le Britannique de citer les films qui n’auraient jamais connu le succès sans une fin triste: Million Dollar Baby, Seven (imaginez Brad Pitt ouvrant une boîte pleine de délicieux gâteaux concoctés pour lui par Kevin Spacey pour s’excuser)…
samedi 14 août 2010
La fin triste et perdue du Retour du Jedi
Aubry-Lagerfeld, drôle de rencontre
Leur rencontre, il y a deux ans, a marqué le début d'une relation singulière. La n°1 du PS et Karl Lagerfeld, deux personnalités que tout oppose, ont su s'apprécier.
"Un coup de foudre!" En privé - et en riant - Martine Aubry n'a pas peur des grands mots pour résumer sa rencontre avec Karl Lagerfeld, couturier, photographe, éditeur, auteur... L'une des personnalités les plus hype du moment dans l'univers du luxe. Créateur à tous crins, qui pose aussi facilement assis sur une machine à laver pour le catalogue des 3 Suisses qu'à la Une de Libération - le 22 juin dernier, un autoportrait croqué de sa main pour le quotidien s'affichait en grand format. La première secrétaire du PS, qui n'a sûrement pas vu les 3 Suisses mais qui n'a pas raté Libé, s'est même fendue d'un mot doux pour le féliciter. "Ce que j'aime, résume-t-elle, c'est qu'il est fin, intelligent et cultivé. Il a un avis sur tout, mais c'est un avis qui apporte toujours quelque chose."
Pourtant, ces deux-là ne se sont vus qu'une fois: c'était au vernissage de l'exposition One Man Shown, à Lille, le 12 juin 2008. Aux photos (650 portraits du même homme), Karl Lagerfeld; au micro pour quelques mots, Martine Aubry. Mme la maire se souvient qu'elle s'est amusée à imiter les poses du monsieur, lequel joue souvent la caricature de lui-même: le buste raide, la tête légèrement tournée, le visage sévère, les deux pouces rentrés dans le pantalon. "Ça l'a fait rire, glisse-t-elle. Je lui ai demandé pourquoi il se donnait l'air si méchant et sérieux, alors qu'il me paraissait être quelqu'un de drôle et de gentil. Il m'a répondu qu'il avait horreur des gens gentils, et que d'ailleurs j'étais comme lui, l'air méchant et gentille au fond..."
Comme lui, vraiment? Lui, qui est arrivé dans un Hummer entièrement doré? Lui, qui est descendu de son "tank" cerné par une grappe de jeunes éphèbes tous pareil habillés, grosses chevalières et lourdes croix au cou accrochées? Cette fois, c'est elle qui a ri.
Il voulait la photographier, elle lui a confié qu'elle préférait attendre la fin de son régime. Personne n'a soufflé à "Monsieur Lagerfeld", ainsi qu'on dit chez lui, que, ce régime, Martine Aubry ne l'a jamais commencé: compliqué d'être portraiturée par le nabab des défilés, l'empereur de la futilité, l'image de Chanel réincarnée, quand on est à la tête du premier parti d'opposition à Nicolas Sarkozy et candidate potentielle du PS à l'élection présidentielle.
L'hiver dernier, l'heure était aux orchidées
Depuis deux ans, donc, ils ne se sont pas revus. Mais "Karl", ainsi qu'elle dit, elle, sait rester cher au coeur d'une femme politique longtemps éreintée par la critique: il lui fait régulièrement parvenir des bouquets. "Enfin, des bouquets... des trucs énormes, témoigne une collaboratrice de la Rue de Solferino. On peut à peine les tenir dans les bras tellement il y en a!" L'hiver dernier, l'heure était aux orchidées, par brassées. Cet été, Monsieur Lagerfeld préfère les roses.
Il envoie aussi des messages de soutien. Ou une lithographie de lui, la tour Eiffel, accrochée au mur du bureau de Martine Aubry. Et, s'il ne souhaite pas évoquer cette amitié avec une journaliste politique, indiquant qu'il ne veut pas être "récupéré", il s'était montré plus disert, bien avant les élections, avec la journaliste chargée de la mode à L'Express Styles: "Pour moi, la politique n'est drôle que si on en fait, avouait-il alors. J'adore Martine Aubry. Une femme à grande gueule, elle vous envoie des vannes mais vous pouvez lui répondre!"
Le 10 septembre 2009, elle lui a souhaité son anniversaire. Très touché, il lui a envoyé une longue lettre, plusieurs pages couvertes d'une grande écriture penchée. "Accro", on vous dit.
Dette de droite et dette de gauche...
C'est une petite note d'une trentaine de pages, publiée au début de l'été mais passée inaperçue pour cause d'affaire Woerth. Intitulée Dette publique, inquiétude publique, celle-ci n'est certes pas du genre que l'on feuillette distraitement sur une serviette de bain au bord d'une plage. Elle mérite pourtant que l'on s'y arrête, et qu'on la décortique. La note se concentre sur la perception qu'ont les Français de la dette publique. Son auteur, Jérôme Fourquet, est le directeur adjoint du département opinion publique de l'Ifop. Et si cette étude (elle brasse une quantité impressionnante de sondages d'opinion) lui a été commandée par la fondation pour l'innovation politique qui appartient à la sphère de l'UMP, celle-ci est sans complaisance pour la majorité. Un exemple, le grand emprunt : Fourquet démontre que Nicolas Sarkozy s'est totalement fourvoyé en le défendant. Car les Français, dans leur immense majorité (65 % d'entre eux), l'ont d'abord vu comme une décision qui alourdissait la dette publique. Et pas du tout comme un outil pour relancer la machine économique.
Outre une foultitude de chiffres croustillants - comme celui-ci : entre novembre 2007 et novembre 2009, le pourcentage de fonctionnaires "enthousiastes" à l'idée d'une réforme de l'État a été divisé par deux -, le principal enseignement de cette étude, c'est que les Français sont, aujourd'hui, quelle que soit leur appartenance politique, extrêmement préoccupés par l'aggravation de la dette publique, ce qui n'était pas du tout le cas il y a encore quelques années (les trois quarts des Français se déclarent aujourd'hui inquiets de la montagne de dettes qu'eux ou leurs descendants devront rembourser).
Les Français sont inquiets, soit, mais, et c'est là que les chiffres prennent une saveur toute particulière : selon qu'ils sont de droite ou de gauche, leur inquiétude n'a pas les mêmes causes. Les sympathisants de l'UMP jugent (à 52 %) que la flambée de la dette publique a pour origine les déficits des organismes sociaux. Tandis que les sympathisants PS estiment (à 73 %) que la faute en revient d'abord à l'État. Décryptage : pour les premiers, le modèle social français est trop coûteux, trop généreux, trop laxiste, etc. Pour les seconds, ce sont les exonérations fiscales en tout genre (bouclier fiscal, niches fiscales, allègements de charges aux entreprises, etc.) qui ont généré les déséquilibres budgétaires.
Voici donc un vrai clivage politique. Il rend davantage surréaliste le débat sémantique du printemps - rigueur/relance/rilance entre l'UMP et le PS. Il prouve une chose : les Français savent que cette dette ne s'évaporera pas toute seule. Ils ont réellement envie de débattre de la meilleure façon de s'en débarrasser. Quel dommage que les politiques n'y soient, eux, absolument pas disposés.
Ground Zero, une mosquée peut-elle être une colombe ?
Le projet de construction d'une mosquée proche de Ground Zero ouvre un terrain d'affrontement dans les commentaires: d'un côté, ceux qui, animés par l'idée de tolérance, y voient un facteur de réconciliation religieuse et d'ouverture au monde musulman: "Ce qui est attendu des Américains et des Occidentaux en général, c'est une main tendue aux musulmans" (Makhtar Kc); de l'autre côté, ceux qui perçoivent l'édification comme une provocation, un affront fait aux victimes du 11 septembre 2001, à leurs familles, au monde occidental, alors plongés dans une reviviscence des souffrances: "Pourquoi construire une mosquée à cet endroit qui a endeuillé le monde. Ça sera une pure provocation de la part des musulmans. Respectons au moins la mémoire de ceux qui sont morts. Le monde entier va faire un deuxième deuil en voyant une mosquée sur ce site" (lorris).
"Un lieu symbolique, un projet provocateur" (Canac)
"Un tel défi à leur chagrin !" (dr)
Ceux qui condamnent le projet de mosquée craignent que la présence d'un tel édifice en ces lieux n'apporte crédibilité et récompense aux actes commis par les criminels : "La construction d'une mosquée sur le site de Ground Zero serait incontestablement une victoire pour Al-Qaeda" (arlet), "un monument au triomphe du terrorisme" (Arowolo). "Il est vrai que remplacer le World Trade Center, symbole de la puissance économique américaine, par une mosquée, peut apparaître comme la victoire de l'Islam sur le modèle occidental" (Girondin). "C'est l'expression d'une prise de pouvoir" (Johann35), qui peut retentir au-delà du sol américain: "Après les évènements du 11-Septembre, je me souviens avoir vu aux infos des images de foules en liesse applaudir, dans certains pays arabes, l'effondrement des tours jumelles. Ces mêmes personnes y verront certainement une forme de victoire si une mosquée y est construite"(droujok56).
Différents parallèles historiques sont alors évoqués pour que chacun mesure le degré de l'injure que renverrait la réalisation du projet: "Imaginons que l'on construise un institut Goethe à côté d'Auschwitz" (AlexMoby). "On imagine la tête des Japonais si l'on plantait le drapeau américain sur le monument commémorant le bombardement d'Hiroshima" (rompifeste).
"La tolérance, oui, mais réciproque" (paula 156)
Autre argument, très récurrent dans les commentaires, la non-réciprocité: en Occident, la construction de lieux de culte dédiés à l'islam dans les agglomérations où les musulmans sont nombreux ne soulève, dites-vous, que peu de polémiques, alors qu'en terre d'Islam, il est impossible de construire églises, synagogues ou salles de prière, de recueillement destinées à une foi autre que musulmane: "La base des relations est la réciprocité des rapports. Il est interdit non pas de construire une église en Arabie saoudite mais partout dans le monde arabo-musulman et dans la plus grande partie des autres pays musulmans. Les églises présentes dans les pays arabes sont celles qu'a léguées l'histoire. Quant au christianisme, il est encadré strictement au mieux, réprimé le plus souvent" (patrice17).
Face à ces oppositions au projet de mosquée près de Ground Zero, s'élèvent d'autres voix: "Cela ne change pas mon avis sur les vrais musulmans modérés, et une mosquée fera bien de calmer les esprits empoisonnés" (c_clair). "Les États-Unis doivent continuer cette politique d'ouverture et ne pas sombrer dans le populisme émotionnel joué par Sarah Palin, Paladino et Lazio" (Toshiro Mifune).
"Ben Laden n'a jamais été un représentant des musulmans" (c_clair)
Les internautes qui optent pour la tolérance avancent que l'action de quelques extrémistes détournant à leurs fins la religion n'est pas représentative de la foi sincère de millions de fidèles, et condamnent l'amalgame: "Ce n'est pas l'islam qui a détruit les Twin Towers, ce sont les extrémistes religieux" (Megabuck), "cet épisode n'est pas le fait des milliards de musulmans qui vivent leur foi sereinement".
Ils expliquent en même temps combien les actes terroristes et leur médiatisation nuisent à l'image de la religion musulmane, au point que le monde se voit divisé en deux blocs, l'Occident cible et victime, et un Islam expansionniste. "J'espère que les Américains sauront ne pas laisser l'Islam conquérant s'immiscer dans tout leur pays" (Six). Etre favorable à la construction de la mosquée, c'est, majoritairement, aussi demander une grande vigilance dans la lutte contre une islamisation forcée des sociétés occidentales.
"Pourquoi pas un centre oecuménique ou d'échanges culturels entre religions du livre ?" (LaurePauline001)
Plusieurs internautes, pour tenter de trouver un terrain d'entente et ériger, en ces lieux marqués par une discorde, un symbole d'unité des peuples sous la bannière du partage et de la paix, proposent un élargissement du projet: "La meilleure solution serait de construire un temple, une mosquée et une église côte à côte. Puissent un jour les gens vivre en paix tous ensemble" (Megabuck). "Construisez une église, une synagogue et une mosquée sur Ground Zero et voilà une preuve de tolérance et de bon sens" (point_barre). "Et si mosquée, pourquoi pas, aussi, une église, un temple et un lieu de réflexion, de recueillement laïque ? N'y avait-il que des croyants chez les victimes ?" (konifl).
D'autres commentaires, enfin, détectent derrière l'idée de mosquée de tout autres enjeux. "C'est dans la ligne des excuses d'Obama en Égypte pour ce que l'Amérique n'avait pas fait, ou sa demande que la Nasa fasse la promotion de la contribution des musulmans à la science" (chicagoan).
"Voilà une mosquée qui empeste le pétrole à vingt lieues ! Les Américains sont décidément prêts à tous les reniements pour quelques barils d'or noir" (Briscard)
Au-delà des idées de partage, ou de la colère spontanée qui voit dans ce projet une victoire du fanatisme, certains internautes perçoivent dans les motifs de la décision un enjeu politique et économique : un refus du président Obama risquerait d'être mal perçu par le monde musulman et pourrait exposer l'Amérique à une complexification de ses relations avec ces pays. Ainsi le peuple débattrait de l'importance de la tolérance et de la part de provocation, pendant que les haut placés réfléchiraient, abrités par le débat, au moyen de faire fructifier les capitaux.
Juppé, opposant de l'intérieur
L'ancien Premier ministre Alain Juppé met en garde, sur son blog, la majorité sur des "exagérations" en matière de lutte contre l'insécurité. Visant la déchéance de la nationalité, il ne veut pas d'un texte de loi qui soit "de pure circonstance" et "peu compatible avec nos valeurs fondamentales".
Le virage sécuritaire du gouvernement n'en finit plus de susciter des oppositions au sein de la majorité. Et, après quelques voix discordantes issues de la droite, ce sont désormais les "figures" de la majorité qui affichent leur droit à la "nuance". Discrètement et depuis son lieu de villégiature, Alain Juppé a rejoint Gérard Larcher et Eric Besson en publiant une longue tribune sur son blog. Un texte dans lequel l'ancien Premier ministre estime que la politique sécuritaire, si elle est une priorité, ne doit pas conduire à des "exagérations" et qu'un durcissement de la loi peut se justifier, à condition que le nouveau texte "ne soit pas de pure circonstance". Dans le viseur du maire de Bordeaux, la volonté du président de la République de déchoir de leur nationalité les personnes d'origine étrangère ayant attenté à la vie d'un représentant de l'autorité publique.
L'ancien membre du premier gouvernement Fillon se démarque sans en faire trop. Il dit vouloir s'exprimer sur le sujet "avec mesure": "La sécurité est bien la première des libertés, ou, en tout cas, une liberté fondamentale", concède-t-il d'entrée de jeu. Mais la France "n'est pas à feu et à sang" et a accompli "des progrès indéniables" dans la lutte contre l'insécurité depuis quelques années, ajoute-t-il. Et, donc, "la priorité sécuritaire ne doit pas non plus conduire à des exagérations, peu compatibles avec nos valeurs fondamentales", avance l'édile girondin.
Rocard "perd le sens commun"
Un durcissement de la loi peut selon lui s'avérer nécessaire "à condition que la loi nouvelle ne soit pas de pure circonstance et surtout qu'elle soit applicable et appliquée dans la durée". "Je ne suis pas sûr que ce soit toujours le cas. Souvent les textes en vigueur suffiraient, s'ils étaient vraiment appliqués", ajoute-t-il en citant l'exemple, invoqué par Gérard Larcher dans une interview au Figaro, des textes existants sur les motifs de déchéance de la nationalité. Et Alain Juppé de citer un Bordelais célèbre, Montesquieu: "Quand il n’est pas nécessaire de faire une loi, il est nécessaire de ne pas en faire".
Autre manière de prendre ses distances sur la question de la sécurité, critiquer la façon dont certains au gouvernement ou à l'UMP se sont réjouis du sondage Ifop pour le Figaro montrant qu'une large majorité des personnes interrogées approuvait les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy. "L’argument selon lequel une mesure recueille la faveur des 'sondés' est à manier avec modération", explique ainsi l'ancien Premier ministre. "Il est probable que, si au lendemain d’un crime odieux, on demandait, par sondage, aux Français leur opinion sur le rétablissement de la peine de mort, leur réponse serait sans ambiguïté. Faudrait-il pour autant suivre la tendance majoritaire? Ou croyons-nous toujours qu’il existe des principes eux aussi 'fondamentaux'?".
Equilibriste, le maire de Bordeaux s'indigne de la "démesure" des critiques émises par la gauche, et notamment par Michel Rocard: "Malgré toute l'estime et même l'amitié que j'ai pour lui, je trouve que Michel Rocard, lorsqu'il évoque Vichy et le nazisme, perd le sens commun". Un numéro de funambule qui ne fera pas oublier le scepticisme de l'ancien Premier ministre.
Brigitte Bardot : "Je m'en fous, le ramadan, je m'assieds dessus"
La présidente de la Fondation de défense des animaux juge sur Europe 1 jeudi que la viande halal a "envahi la France". BB a aussi son opinion sur la politique sécuritaire.
Nouveau coup d'éclat pour BB. L'ex star de cinéma, désormais coutumière des attaques frontales à l'égard des musulmans de France, en a remis une couche jeudi matin. "Je m'en fous, le ramadan, je m'assieds dessus", a déclaré l'ancienne starlette dans la matinale d'Europe 1, alors que le mois de jeûne a débuté mercredi. Fervente protectrice des animaux, Brigitte Bardot s'en est pris, une nouvelle fois, à la méthode d'abattage rituelle de la viande chez les musulmans pratiquants. "Je trouve ca scandaleux. Donc il y a une dérogation française qui laisse la viande casher et la viande halal avec des sacrifices religieux traditionnels épouvantables. Mais maintenant, c'est elle qui a envahi la France, la viande halal. " La star a assuré que 80% des abattoirs français coupaient la viande selon cette coutume "parce que ça va plus vite et qu'on peut en vendre partout pour les musulmans". Ces-derniers "n'ont pas besoin de choisir un restaurant halal. Ils savent que la viande qu'on va leur donner est de la viande halal." , a-t-elle lancé.
Côté politique, la Bardot approuve les projets gouvernementaux sur la sécurité et la déchéance de la nationalité. "Pourquoi ils continueraient d'être français quand ils font des conneries, des saloperies ? Quand on est français, il y a une certaine dignité à avoir (...) J'irais en Suisse ou en Angleterre ou en Allemagne, j'essaierais de respecter les lois et les façons de vivre de ces gens là."
Mais l'approbation à l'équipe Sarkozy s'arrête là. Car selon la présidente de la Fondation, le chef de l'Etat a multiplié les promesses non tenues "depuis trois ans". "Qu'est-ce qu'ils foutent nos ministres ? A part nous vendre des piqûres contre la grippe H1N1 qui fait chier le monde ?" Le 29 juillet, Brigitte Bardot avait écrit une lettre à Jean-François Copé pour s'associer à une proposition de loi visant à interdire la corrida, à l'image de la Catalogne. "Ils s'en tamponnent le coquillard", "malgré ma présence en France et la renommée que j'ai dans le monde", s'emporte la septuagénaire. "Je sais que Sarkozy est un aficionados avec la grosse dondon de Roselyne Bachelot. Avec Fillon, avec DSK, avec Ségolène Royal, avec Mamère." Et pour dissiper les derniers doutes, la Bardot d'expliquer à ceux qui pourraient être choqués par ses déclarations : " J'ai le courage de mes opinions. Je n'ai pas une langue de bois et je suis bien la seule dans ce putain de pays. "
Des élus de gauche prônent la fermeté face aux Roms
Malgré l'indignation du PS, des maires demandent l'expulsion de camps illégaux de gens du voyage.
La gauche s'indigne mais expulse quand même. Après le haut-le-cœur provoqué au PS par la décision de Nicolas Sarkozy d'évacuer 300 camps illégaux de Roms, certains maires de gauche se retrouvent coincés entre leur attachement aux valeurs humaines et le pragmatisme de terrain qu'ils revendiquent.
Vendredi à Anglet, dans les Pyrénées-Atlantiques, la préfecture a ainsi annoncé l'expulsion d'un camp de gens du voyage. Une intervention décidée après une requête devant la justice du maire socialiste de la ville, Jean Espilondo. «Il a tout fait pour qu'ils partent d'eux-mêmes. Il les a appelés, il les a reçus dans son bureau, mais rien n'y a fait», déplore-t-on à la municipalité d'Anglet. Dans l'équipe du maire, on précise que cette décision a été prise parce que les gens du voyage occupaient illégalement un terrain, alors que la ville tient à leur disposition une «aire de grand passage», obligation légale pour les villes de plus de 5000 habitants. «Il n'y a aucun discours de stigmatisation, juste une volonté de faire respecter la loi», explique Jean Espilondo. Bref, il s'agit avant tout d'un problème local sans rapport avec la polémique nationale sur les camps de Roms.
«Les collectivités locales n'ont pas attendu que Nicolas Sarkozy s'empare de cette question pour tenter d'y répondre», fait valoir un proche du maire d'Anglet, a l'unisson du PS, qui a dénoncé vendredi l'«agitation frénétique» du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux. «Il vient de faire un premier bilan des camps de Roms évacués (…) En quoi ces actions règlent-elles le problème? La constatation de l'illégalité de ces occupations était souvent très ancienne, mais les préfectures, lucides sur la stérilité de l'action, avaient différé l'exécution», déplore le PS.
À gauche, certains semblent pourtant apprécier la décision du chef de l'État. À l'instar du maire PRG de Carrières-sous-Poissy (Yvelines), Eddie Aït, qui a écrit cette semaine à Nicolas Sarkozy pour lui demander d'évacuer les camps de Roms installés dans son département. «En tant qu'élu de gauche, et dans un souci de salubrité et de sécurité publique, je demande leur évacuation et leur expulsion dans les meilleurs délais», explique Eddie Aït.
«Cambriolages»
Rue de Solferino, on est conscient des problèmes de sécurité que peuvent poser les camps de Roms. Un membre de la direction, maire d'une ville confrontée à ces questions, le reconnaît: «On sait bien que lorsque l'un de ces camps s'installe, la courbe des cambriolages augmente.» Mais hors de question d'emboîter le pas du chef de l'État, dont les socialistes dénoncent «l'approche communautariste qui stigmatise injustement et indistinctement des Français, des étrangers, une écrasante majorité de citoyens et de résidents sans histoire, un mode de vie qu'il convient de respecter». Car, avec ou sans succès, les élus de gauche s'emploient sur le terrain à gérer les Roms. La communauté urbaine de Lille, que préside Martine Aubry, s'est ainsi engagée à en héberger quelque 200 dans des villages d'insertion. Ils ne sont aujourd'hui qu'à moitié occupés.
À Montreuil, en Seine-Saint-Denis, la municipalité dirigée par Dominique Voynet (Verts) a elle aussi mis en place un programme d'insertion des Roms qui coûte presque un million d'euros par an à la ville. «Cette politique n'est pas toujours facile à expliquer et le discours tenu au sommet de l'État ces derniers jours la met clairement en danger», dénonce-t-elle. Parallèlement, la municipalité a expulsé à la fin juillet des familles de Roms qui occupaient illégalement un terrain.
Aux États-Unis, une campagne contre «l'islamisation»
La construction d'une mosquée près de Ground Zero y est stigmatisée.
Dans le monde idéal de Pamela Geller, l'islam n'existerait pas en Amérique et l'implantation d'une «mégamosquée de Ground Zero», rejetée par une majorité d'Américains d'après les sondages, serait interdite. La blogueuse conservatrice est la présidente du groupe American Freedom Defense Initiative à l'origine d'une affiche controversée qui circulera dès lundi sur les bus de New York. On y verra, juxtaposés sur une même image, l'une des tours jumelles du World Trade Center détruites en 2001 et un gratte-ciel géant orné d'un croissant de lune, censé représenter le futur centre culturel islamique. Celui-ci doit être construit à deux pâtés d'immeubles de Ground Zero, sur treize ou quinze étages (les tours en comptaient 110).
Pour mieux marquer les esprits, Pamella Geller insiste, sans crainte des amalgames entre radicaux islamistes et musulmans. Sous le titre Why there ? («Pourquoi là ?»), deux phrases : «11 septembre 2001 : l'attaque du djihad contre le WTC» et «11 septembre 2011 : mégamosquée du WTC».
L'affiche avait été initialement refusée par la MTA. Mais cette autorité, qui gère les transports à New York, a finalement renoncé à s'opposer à Pamela Geller, lorsque celle-ci lui a intenté un procès au nom de la liberté d'expression garantie par la Constitution.
Obama participe à un «iftar»
Pamela Geller, qui est aussi présidente du groupe Stoppez l'islamisation de l'Amérique, est une habituée des affiches controversées. Au printemps, son groupe avait financé une campagne d'affiches sur les bus de New York, intitulée : «Une fatwa contre vous ? Des menaces de votre famille ? Quitter l'islam ?». Elle fait partie de ceux qui voient l'islam comme une menace pour les valeurs de liberté de l'Amérique. Le public, choqué par les attentats ou tentatives perpétrés ces derniers mois au nom de l'islam sur le sol américain, est de plus en plus réceptif à ce genre de discours, entretenu par certains commentateurs qui font de Barack Obama l'agent d'un vaste complot d'islamisation de l'Amérique. La participation du président américain, vendredi soir à la Maison-Blanche, à un repas de rupture du jeûne (iftar) observé par les musulmans pendant le ramadan, ne manquera pas d'être utilisé dans cette bataille. Depuis sa prise de fonctions, Obama, dont le père kényan était musulman, a déjà participé à un iftar et à deux seder, ce repas marquant le début de la Pâque juive. Mercredi dernier, il a souhaité «un mois béni» au 1,5 milliard de musulmans du monde en évoquant le ramadan, «ce rite qui nous rappelle les principes que nous cultivons en commun et le rôle de l'islam en faveur de la justice, du progrès, de la tolérance et de la dignité de tous les hommes».
Le centre culturel islamique de Manhattan fait ressurgir certains sentiments islamophobes
Ne glorifiez pas les meurtriers de 3 000 personnes. Non à la mosquée de la victoire du 11-Septembre." Sur la pancarte brandie devant la Commission de préservation du paysage, qui arbitrait sur le statut du terrain prévu pour accueillir un centre culturel islamique près du site des attentats de 2001, le message est révélateur de la violence du débat qui secoue les Etats-Unis. Manifestations publiques, batailles dans la presse par chroniqueurs interposés, engagement personnel du maire de New York : les tensions autour du projet de construction ont pris de l'ampleur.
L'implantation d'une mosquée tout près de Ground Zero a provoqué chez certains un malaise immédiat. Comme le montre cette infographie du New York Times, le centre se situerait dans une rue très proche de l'emplacement des tours détruites par les attentats. Certains parlent de "terre sacrée" pour ce carré désert du sud de Manhattan, qui a vu périr près de 3 000 personnes en quelques heures.
Dans une tribune intitulée "Sacrilège à Ground Zero" publiée par le Washington Post, le chroniqueur politique Charles Krauthammer explique ainsi : "[Par sacré], on entend ici que ce lieu appartient à ceux qui ont souffert et sont morts ici, et que cette appartenance nous oblige, nous les vivants, à préserver la dignité et la mémoire de ce lieu." "Personne n'a rien contre les centres culturels japonais, ajoute le chroniqueur, mais en construire un à Pearl Harbor serait une offense." En bref, "le lieu choisi a son importance".
L'ISLAM, "DONT LES TERRORISTES SE SONT RÉCLAMÉS"
Les motivations des opposants confinent parfois à l'islamophobie. Dans une tribune publiée par USA Today, Julia Vitullo-Martin, directrice du Centre pour l'innovation urbaine à l'Association régionale du plan de New York (qui milite notamment pour des dépenses d'infrastructures dans la ville afin de relancer l'économie locale), explique son point de vue en ces termes : "Les New-Yorkais ont été choqués de découvrir [au moment du 11-Septembre] que tant de valeurs qu'ils revendiquaient et chérissaient – liberté, ouverture d'esprit, tolérance des différences – avaient aidé les attaques à se produire. Aujourd'hui les New-Yorkais se voient demander plus de complaisance ; et un certain nombre se demande pourquoi il faudrait être généreux envers un groupe ou des individus rattachés à l'islam, dont les terroristes se sont réclamés." Des opposants au projet ont, par ailleurs, été autorisés à afficher des publicités au graphisme agressif sur les bus de la ville, qualifiant le centre de "mosquée du 11-Septembre".
Le débat a largement dépassé le simple cadre local. Dans plusieurs Etats du pays, des manifestations ont été organisées pour protester contre l'installation du centre ou des projets similaires. Et elles sont parfois extrêmes : le Guardian donne l'exemple d'une église de Floride, le Dove World Outreach Center, qui appelle à brûler des exemplaires du Coran le jour du 11 septembre.
DES SENTIMENTS ISLAMOPHOBES PLUS PROFONDS
Pour John Esposito, directeur du Centre pour la compréhension entre chrétiens et musulmans à l'université de Georgetown, cité par le Guardian, ce type de réaction est révélateur de tensions profondes : "L'affaire autour du World Trade Center a montré que ce qui était jusqu'à présent un problème local est devenu général et qu'il a fourni aux gens un paravent pour étaler librement leurs objections contre l'islam. Historiquement il y a eu des problèmes dans le Mississippi, en Géorgie, dans l'Etat de New York, partout où quelqu'un veut installer une mosquée."
Le maire de New York, Michael Bloomberg, a donné une conférence le 3 septembre pour affirmer son soutien au projet.
Une hostilité qui heurte des valeurs très ancrées dans la culture américaine : la liberté de culte et le respect des minorités religieuses. Une tribune du chroniqueur Greg Sargent dans le Washington Post souligne ainsi "l'absurdité du camp anti-mosquée", qui a qualifié l'autorisation de la campagne d'affichage sur les bus de "victoire pour la Constitution" au titre de la liberté d'expression. "Cette même Constitution qui garantit la liberté de religion."
La position du maire de New York, Michael Bloomberg, qui soutient fermement le projet, s'inscrit dans cette tradition. Il puiserait sa motivation dans son histoire personnelle, qui est aussi celle de toute une partie de l'Amérique. Selon le New York Times, à l'époque où ils se sont installés dans le Massachussetts, les parents du maire de New York, juifs, auraient demandé à leur avocat, chrétien, d'acheter leur maison en leur nom. Ils craignaient d'être mal accueillis dans un Etat hostile envers la communauté juive.
Nul ne peut affirmer avec certitude que les inondations au Pakistan, en Inde et en Chine, ou l'exceptionnelle canicule en Russie sont les produits meurtriers du réchauffement de la planète. Les scientifiques manquent encore de modèles pour parvenir à des conclusions aussi mécaniques. Il faudrait pouvoir mettre en évidence une augmentation significative, sur une longue période, de la fréquence des sécheresses extrêmes ou des précipitations exceptionnelles avant de mettre en cause l'augmentation des rejets de gaz à effet de serre.
Mais la concomitance de ces catastrophes naturelles apparemment « anormales » rappelle aux grandes nations l'impératif climatique. Depuis l'échec du sommet de Copenhague, en décembre dernier, il s'était dilué dans les espoirs de reprise. Avec la croissance revenue, le monde allait repartir comme avant. L'environnement pouvait attendre...
Les tragédies asiatiques, les incendies de la région de Moscou ou le détachement, au Groenland, d'un iceberg de la taille de la Belgique cinglent comme un avertissement pour nos sociétés occidentales et celles des pays émergents : elles mettent en lumière les dangers d'un attentisme doublement destructeur.
Le soin que l'humanité apporte dès aujourd'hui à sa planète ne conditionne pas seulement le bien-être des générations futures. Il est aussi le garant des équilibres géopolitiques du présent. On découvre que les catastrophes écologiques peuvent avoir autant d'impact que des guerres parce qu'elles ont un pouvoir de déstabilisation considérable sur les régimes en place.
L'impuissance de l'Etat russe face au feu est en train de ruiner les discours conquérants et allégoriques de Poutine et Medvedev. La Chine, elle, s'aperçoit que la course au développement effrénée peut provoquer des ravages extrêmement coûteux, et pas seulement en vies humaines. Mais c'est dans le très stratégique Pakistan que les conséquences pourraient être les plus immédiates et les plus lourdes. Dans cette démocratie fragile où le président est contesté et l'armée soupçonnée de double jeu dans ses relations avec le terrorisme islamique, les pluies diluviennes et le chaos qu'elles charrient pourraient être plus périlleux que les bombes.
Efficaces sur le terrain, proches des victimes, les ONG islamiques fondamentalistes savent parfaitement profiter des situations de détresse et prospérer sur la misère. Elles l'ont déjà montré à Gaza, où elles ont permis au Hamas de gagner les élections et de régner en maîtres sur la population palestinienne de ce territoire à la dérive. Dans un Pakistan nucléaire, on imagine les risques pour le monde qu'entraînerait ce processus du pire.
Etats-Unis : les ménages seuls à porter la croissance
Le consommateur américain va porter seul le fardeau de la reprise économique aux Etats-Unis, cette dernière ayant perdu deux de ses principaux soutiens.
Les économistes s'attendaient à ce que la croissance marque le pas au deuxième semestre à mesure que le soutien des dépenses de relance publique se tarit et que les entreprises achèvent la reconstitution de leurs stocks.
Ils n'avaient cependent pas prévu que la croissance ralentirait avant même l'entrée dans la seconde moitié de l'année, contraignant la Réserve fédérale à revoir sa copie sur les perspectives de l'économie américaine et à annoncer de nouvelles mesures de soutien.
"Déjà anémique, la reprise a encore ralenti", a noté Jay Bryson, économiste chez Wells Fargo.
Les statistiques publiées ces derniers temps suggèrent que la croissance du deuxième trimestre a été bien inférieure à ce qui a été annoncé en première estimation.
Une série d'indicateurs publiés vendredi est à nouveau venue livrer une impression mitigée de la santé de l'économie américaine.
Pour répondre aux inquiétudes provoquées par ces chiffres, la Fed a annoncé mardi qu'elle allait réinvestir en bons du Trésor le produit du remboursement de certains des titres obligataires qu'elle détient.
L'une des dernières sources d'inquiétudes en date provient des chiffres inquiétants du commerce extérieur, faisant ressortir un bond des importations en juin qui a porté le déficit commercial à un pic depuis octobre 2008, au plus fort de la crise.
Et puisque les chiffres du produit intérieur brut ne mesurent que la production américaine, les importations sont soustraites des chiffres de la croissance.
Certains économistes estiment désormais que la croissance au deuxième trimestre a été limitée à 1,2%, soit moitié moins que la première estimation du département du Commerce.
D'autres sont encore plus pessimistes. Peter Newland, économiste chez Barclays Capital, a abaissé son estimation de croissance à seulement 0,3% au lieu de 1,6% auparavant.
LE CONSOMMATEUR SEUL EN PISTE
La balle est donc désormais dans le camp des consommateurs.
S'il continue de consommer, le rythme de la croissance du deuxième semestre pourrait dépasser celui du trimestre précédent.
S'il décide de suspendre ou de reporter ses dépenses, la hausse des importations gonflera les stocks des entreprises et les contraindra à réduire leurs effectifs, agitant le spectre d'une nouvelle récession.
Avec un taux de chômage qui atteint 9,5%, un taux anormalement élevé pour l'économie américaine, il y a peu de chances que le consommateur se remette sous peu à consommer autant qu'il le faisait avant le déclenchement de la crise.
La morosité du marché de l'emploi conjuguée à la pression baissière exercée sur les salaires est l'une des raisons qui conduit certains économistes à craindre une phase de déflation.
Les économistes anticipent une progression de la consommation des ménages par rapport à la hausse de 1,6% enregistrée au deuxième trimestre.
Les dépenses publiques et la reconstitution des stocks sont à l'origine de la sortie de crise des Etats-Unis, représentant à eux deux 80% de la croissance du PIB au cours du dernier trimestre.
Ces contributions vont nettement diminuer.
Le plan de soutien à l'économie, d'un montant de 862 milliards de dollars, mis en place en février 2009, était censé expirer au bout de deux ans, et l'essentiel des fonds a déjà été dépensé.
Les administrations fédérales et locales réduisent parallèlement leurs dépenses, tenant de combler leur déficit budgétaire, tandis que les sociétés ont reconstitué l'essentiel de leurs stocks. La question de l'évolution du rythme des importations reste posée.
Certains économistes pensent que la hausse considérable affichée en juin est à imputer aux exportateurs chinois qui auraient tenté de profiter d'une remise de TVA valable jusqu'au 15 juillet pour doper leurs exportations.
Si cette hypothèse se vérifie, les importations pourraient diminuer au cours des mois à venir et peser moins lourdement sur le PIB.
La croissance reprend, mais...
La santé de l'économie allemande a dopé au deuxième trimestre la croissance de la zone euro, qui a même dépassé celle des Etats-Unis, mais les économistes craignent d'y voir seulement un sursaut avant un nouveau ralentissement en fin d'année.
Le Produit intérieur brut (PIB) des 16 pays partageant la monnaie européenne a augmenté de 1% au deuxième trimestre, un plus haut depuis quatre ans et mieux que prévu par les économistes, selon une première estimation hier de l'Office européen des statistiques Eurostat.
L'accélération est nette, comparée aux deux trimestres précédents où la croissance avait calé (0,1% puis 0,2%) tandis qu'à peine sortie de la pire récession de son histoire, la zone euro était ébranlée par la crise de la dette.
La bonne forme de l'Allemagne
C'est mieux aussi que les performances de l'économie américaine qui a nettement ralenti au deuxième trimestre avec un PIB en hausse de seulement 0,6%, souligne Eurostat.
L'Allemagne, première économie européenne, a encore joué son rôle de locomotive avec une croissance de 2,2%, la plus élevée depuis la Réunification en 1990. Elle profite de la reprise mondiale et ses exportations ont renoué en juin avec leur niveau d'avant la crise.
L'impressionnant chiffre allemand cache toutefois une reprise très inégale, comme en témoignent les chiffres publiés dans les différents pays de la zone euro.
En France, le PIB progresse de 0,6%, trois fois mieux qu'au premier trimestre (voir ci-dessus), en Italie la croissance est stable à 0,4%.
L'accélération est sensible en Belgique (+0,7% après 0% au 1er trimestre), aux Pays-Bas (0,9% après 0,5%), en Autriche (0,9% après 0%) ou en Slovaquie (1,2% après 0,8%).
Mais la situation est moins rose dans les pays dits « périphériques », considérés comme les maillons faibles de la zone euro durant la crise de la dette.
La croissance reste molle en Espagne (+0,2% après +0,1% au premier trimestre), s'effondre au Portugal (+0,2% après +1,1%).
La Grèce est même passée dans le rouge avec un PIB en recul de 1,5% au deuxième trimestre après +1% au premier, à cause d'une chute des investissements et de la réduction significative des dépenses publiques pour réduire les déficits.
Les économistes qui mettent en garde depuis des mois contre les disparités à l'intérieur de la zone euro, craignent toujours un essoufflement de la croissance vers la fin de l'année, sur fond de plans d'austérité budgétaire et de réformes difficiles comme celles des retraites.
Dépendante des exportations
« La reprise reste dépendante des exportations des principales économies, qui ne devraient pas mettre longtemps à ralentir », souligne Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics. Le boom allemand notamment pourrait être de courte durée.
S'y ajoutent l'abandon progressif des mesures adoptées pendant la crise pour soutenir l'économie et la consolidation annoncée des finances publiques.
Au final, le défi tient en une question, selon Chris Williamson, le chef économiste de la société Markit qui publie chaque mois l'indice PMI considéré comme un bon indicateur avancé de la conjoncture : « Il faudra voir si la vigueur du centre de la zone euro s'étend à la périphérie, ou si la périphérie entraîne le centre dans sa chute ».
Est-il possible de réglementer les risques systémiques ?
Au cours des deux dernières années, l’économie mondiale a été frappée de plein fouet par une instabilité financière et des modifications soudaines des dynamiques de marché. D’autres événements de ce genre sont probables, parce qu’au sortir de la crise, l’économie globale est déséquilibrée sous bien des aspects, en particulier du point de vue des dettes souveraines et de la structure de la demande globale.
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