rofil bas. Depuis le début de l'affaire Woerth-Bettencourt, Martine Aubry a choisi la retenue dans ses attaques. Tout en réclamant la "transparence " et que cette affaire soit "clarifiée avant d'être classée", la première secrétaire du PS s'est gardée de demander la démission du ministre du travail.
Une prudence à laquelle les ténors du PS ont fini par se rallier lors du bureau national du parti, mardi 6 juillet. Ce jour-là, Ségolène Royal avait dénoncé, sur Public-Sénat un "système corrompu" estimant qu' "il faudrait sans doute plusieurs" karchers "pour nettoyer ce qui se passe aujourd'hui au niveau du système Sarkozy". Mais sa virulence est restée singulière. "Il fallait qu'on adopte une attitude responsable alors que la droite aurait voulu nous entraîner dans la boue. On a résisté", se félicite un membre de la direction. "On savait qu'en tapant sur tel ou tel ministre, il suffirait à Sarkozy de remanier le gouvernement pour étouffer les choses", poursuit cette même source, proche de Mme Aubry.
L'unisson des socialistes n'a pas été immédiat. Au bureau national du 29 juin, Laurent Fabius était partisan de taper plus fort. Arnaud Montebourg dénonçait le même jour dans Libération "une France consanguine du pouvoir et de l'argent". Mais une semaine après, au fil des révélations, "on a tous compris qu'on passait d'un affaire Woerth à une crise de régime bien plus sérieuse avec un risque qu'elle abîme l'image de l'ensemble de la classe politique" raconte Bernard Soulage, secrétaire national du PS, proche de Dominique Strauss-Kahn.
LA TENTATION DU "TOUS POURRIS"
Un constat qu'étayent les analystes de l'opinion : "Tout ce qui se passe construit du rejet et de la désillusion, observe Brice Teinturier, directeur adjoint de TNS Sofres, les gens consomment des informations mais ils attendent des preuves. Le climat risque d'être aussi ravageur pour les media que pour la classe politique".
Le PS s'est épargné une bataille interne sur sa tactique. Mais il n'est pas pour autant certain de tirer les marrons du feu de la crise politique. Pas un responsable PS ne se risque à prédire la victoire lors de la législative partielle, dimanche 11 juillet dans la 10 e circonscription des Yvelines. Dans ce fief de la droite conservatrice, ex-circonscription de Christine Boutin, députée de 1986 à 2007, Anny Poursinoff candidate écologiste, soutenue par le PS, est certes arrivée en tête au premier tour, dimanche 4 juillet, avec 42,62 %. Mais elle n'a pas creusé l'écart autant qu'elle l'espérait avec le député sortant Jean-Frédéric Poisson, ex-suppléant de Mme Boutin (40,71 %). Celui-ci peut compter sur le report des voix du Front National (7, 48 %), au premier tour.
Pour la gauche, le principal écueil sera l'abstention. Seuls 26,75 % des électeurs sont allés voter, le 4 juillet. Venue soutenir, à Rambouillet, au cœur de la circonscription, le 7 juillet, Mme Poursinoff, avec Cécile Duflot, la patronne des Verts, Mme Aubry a tenté de conjurer les risques du "populisme" qui éloignent les électeurs des urnes. Elle a dénoncé la tentation du "tous pourris" et pour donner plus de poids à ses propos s'en est pris aux errements de son propre camp : "Je me souviens de la loi d'amnistie [votée sous le gouvernement de Michel Rocard en 1989, elle concernait les élus épinglés dans des affaires de financement électoral ]. Je me rappelle que le FN a vécu là-dessus. Quand on se serre les coudes pour masquer des comportements immoraux, on donne des voix au Front national", a mis en garde Mme Aubry.
Béatrice Jérôme
samedi 10 juillet 2010
Affaire Woerth-Bettencourt : quand le PS fait profil bas
Non
Ce 10 juillet 1940, ils sont 80 pour dire « non » au Maréchal Pétain. Sur 669 parlementaires, c'est peu. Et c'est déjà beaucoup : 80 de gauche et de droite qui, dans la confusion de l'époque, face à la peur qui monte, font le bon choix. Cela ne condamne pas les autres : il y eut des « oui » qui devinrent résistants, comme tant de Français qui passèrent de Pétain à de Gaulle. Et l'on sait que, dans les temps de troubles, il tient souvent à peu de chose de basculer d'un côté ou de l'autre - nous pouvons tous être des Lacombe Lucien. Il n'en existe pas moins un bon et un mauvais choix. Ce 10 juillet 1940, les 80 ont fait le bon, comme devait le faire deux ans plus tard « Le Progrès » en se sabordant… N'allons pas parler de « devoir de mémoire », cette adoration moderne des icônes. Contentons-nous de nous souvenir de ce qu'ont fait nos aînés, et de ne pas en être indigne.
Ce 10 juillet 1940, ils sont 80 pour dire « non » au Maréchal Pétain. Sur 669 parlementaires, c'est peu. Et c'est déjà beaucoup : 80 de gauche et de droite qui, dans la confusion de l'époque, face à la peur qui monte, font le bon choix. Cela ne condamne pas les autres : il y eut des « oui » qui devinrent résistants, comme tant de Français qui passèrent de Pétain à de Gaulle. Et l'on sait que, dans les temps de troubles, il tient souvent à peu de chose de basculer d'un côté ou de l'autre - nous pouvons tous être des Lacombe Lucien. Il n'en existe pas moins un bon et un mauvais choix. Ce 10 juillet 1940, les 80 ont fait le bon, comme devait le faire deux ans plus tard « Le Progrès » en se sabordant… N'allons pas parler de « devoir de mémoire », cette adoration moderne des icônes. Contentons-nous de nous souvenir de ce qu'ont fait nos aînés, et de ne pas en être indigne.
La maladie, c’est la corruption
Quand les hommes politiques sont à court d’arguments, ils se retournent contre la presse. L’habitude ne date pas de ce gouvernement. Durant la guerre d’Algérie, les journaux dénonçant la torture étaient régulièrement saisis. Cela n’a empêché ni la réalité des sévices – depuis confirmés et revendiqués par le général Aussaresses – ni la défaite des jusqu’au-boutistes de la colonisation. Quelques décennies plus tard, François Mitterrand comparait les journalistes à des « chiens » s’acharnant sur l’honneur de Pierre Bérégovoy, qui venait de se suicider. Les plus grosses révélations sur les turpitudes du pouvoir socialiste étaient pourtant à venir. Si l’on peut reprocher des excès aux médias de l’époque, ce sont des excès de pudeur, concernant la double vie du président, avec tout ce qu’elle coûtait à la France…
Voilà que la presse serait responsable du scandale Bettencourt, et qu’elle mettrait en danger la démocratie, en jetant le discrédit sur le monde politique. Faut-il donc taire, alors que l’austérité est à l’ordre du jour, les 30 millions d’euros remboursés à la femme la plus riche de France au titre du bouclier fiscal ? Faut-il jeter un voile sur les comptes non déclarés que la même possédait en Suisse ? Faut-il prendre pour argent comptant (l’expression ne manque pas de sel) les seules vérités officielles ? Il n’y a pas si longtemps, la presse soviétique fonctionnait sur ce schéma. L’URSS a croulé quand même !
Sans les révélations du site Médiapart et du « Canard enchaîné », Christian Blanc continuerait à fumer ses cigares aux frais des contribuables, et personne ne poserait de question à Alain Joyandet quant à l’utilisation d’un coûteux jet privé pour aller aux Antilles et quant à la légalité du permis de construire de sa maison varoise. Autant de sujets, n’est-ce pas, qui n’intéressent pas les Français ! Tout comme le financement des partis politiques : pourquoi parler de ce dossier scabreux, alors qu’il fait si beau et que l’été pourrait sentir bon le sable chaud…
Oui, il y a menace sur la démocratie, et un vrai risque de faire remonter le Front national. Mais ce n’est pas la révélation des scandales qui produit ce risque : ce sont les scandales eux-mêmes. La presse est le thermomètre qui montre la fièvre. La maladie, c’est la corruption. C’est elle qu’il faut éradiquer.La maladie, c’est la corruption
Par Patrick Fluckiger.- Quand les hommes politiques sont à court d’arguments, ils se retournent contre la presse. L’habitude ne date pas de ce gouvernement. Durant la guerre d’Algérie, les journaux dénonçant la torture étaient régulièrement saisis. Cela n’a empêché ni la réalité des sévices – depuis confirmés et revendiqués par le général Aussaresses – ni la défaite des jusqu’au-boutistes de la colonisation. Quelques décennies plus tard, François Mitterrand comparait les journalistes à des « chiens » s’acharnant sur l’honneur de Pierre Bérégovoy, qui venait de se suicider. Les plus grosses révélations sur les turpitudes du pouvoir socialiste étaient pourtant à venir. Si l’on peut reprocher des excès aux médias de l’époque, ce sont des excès de pudeur, concernant la double vie du président, avec tout ce qu’elle coûtait à la France…
Quand les hommes politiques sont à court d’arguments, ils se retournent contre la presse. L’habitude ne date pas de ce gouvernement. Durant la guerre d’Algérie, les journaux dénonçant la torture étaient régulièrement saisis. Cela n’a empêché ni la réalité des sévices – depuis confirmés et revendiqués par le général Aussaresses – ni la défaite des jusqu’au-boutistes de la colonisation. Quelques décennies plus tard, François Mitterrand comparait les journalistes à des « chiens » s’acharnant sur l’honneur de Pierre Bérégovoy, qui venait de se suicider. Les plus grosses révélations sur les turpitudes du pouvoir socialiste étaient pourtant à venir. Si l’on peut reprocher des excès aux médias de l’époque, ce sont des excès de pudeur, concernant la double vie du président, avec tout ce qu’elle coûtait à la France…
Voilà que la presse serait responsable du scandale Bettencourt, et qu’elle mettrait en danger la démocratie, en jetant le discrédit sur le monde politique. Faut-il donc taire, alors que l’austérité est à l’ordre du jour, les 30 millions d’euros remboursés à la femme la plus riche de France au titre du bouclier fiscal ? Faut-il jeter un voile sur les comptes non déclarés que la même possédait en Suisse ? Faut-il prendre pour argent comptant (l’expression ne manque pas de sel) les seules vérités officielles ? Il n’y a pas si longtemps, la presse soviétique fonctionnait sur ce schéma. L’URSS a croulé quand même !
Sans les révélations du site Médiapart et du « Canard enchaîné », Christian Blanc continuerait à fumer ses cigares aux frais des contribuables, et personne ne poserait de question à Alain Joyandet quant à l’utilisation d’un coûteux jet privé pour aller aux Antilles et quant à la légalité du permis de construire de sa maison varoise. Autant de sujets, n’est-ce pas, qui n’intéressent pas les Français ! Tout comme le financement des partis politiques : pourquoi parler de ce dossier scabreux, alors qu’il fait si beau et que l’été pourrait sentir bon le sable chaud…
Oui, il y a menace sur la démocratie, et un vrai risque de faire remonter le Front national. Mais ce n’est pas la révélation des scandales qui produit ce risque : ce sont les scandales eux-mêmes. La presse est le thermomètre qui montre la fièvre. La maladie, c’est la corruption. C’est elle qu’il faut éradiquer.La maladie, c’est la corruption
Par Patrick Fluckiger.- Quand les hommes politiques sont à court d’arguments, ils se retournent contre la presse. L’habitude ne date pas de ce gouvernement. Durant la guerre d’Algérie, les journaux dénonçant la torture étaient régulièrement saisis. Cela n’a empêché ni la réalité des sévices – depuis confirmés et revendiqués par le général Aussaresses – ni la défaite des jusqu’au-boutistes de la colonisation. Quelques décennies plus tard, François Mitterrand comparait les journalistes à des « chiens » s’acharnant sur l’honneur de Pierre Bérégovoy, qui venait de se suicider. Les plus grosses révélations sur les turpitudes du pouvoir socialiste étaient pourtant à venir. Si l’on peut reprocher des excès aux médias de l’époque, ce sont des excès de pudeur, concernant la double vie du président, avec tout ce qu’elle coûtait à la France…
Par Patrick Fluckiger.
Le populisme contre la presse
L'affaire Woerth-Bettencourt a agi comme un révélateur acide sur l'image des journalistes. Que de ressentiment déversé sur les médias. Que de morgue. Que de mépris. Le pouvoir et sa presse... Comme chez un vieux couple usé par tant de petites haines recuites, le couvercle de la cocotte minute a explosé projetant les insultes sur les murs de leur démocratie commune.
Que voulez-vous... c'est triste cette incapacité à se parler franchement et même vertement sans glisser si vite jusqu'à l'injure. Nous voilà donc fascistes, ou trotskistes, ou les deux à la fois (on va s'gêner). Ah, j'allais oublier que nous sommes aussi des assassins d'hommes politiques avec le sang de Salengro et de Bérégovoy sur les mains. C'est du lourd. Me trompé-je ou les soupçons contre M. Woerth n'ont pas cette hargne ?
On ne réagira pas par un corporatisme stérile. Après tout, c'est vrai que les journalistes (tous sauf nous évidemment) peuvent parfois se montrer exaspérants, mesquins, insistants, grossiers, petit bras, veules, insistants, indiscrets, donneurs de leçons (ça va là, il y en a assez ?). Mais ils n'ont pas la liberté de mentir ou de raconter n'importe quoi comme on fait semblant de le leur reprocher. Le droit qui encadre la presse française est très sévère sur ce point. La diffusion de fausse nouvelle est un délit grave, et sanctionné. La diffamation aussi, et quand ils sont dans leur bon droit, les hommes politiques ne se privent pas d'attaquer et de faire condamner les fautifs. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait massivement puisqu'ils crient à l'imposture ?
Quant aux accusations portées contre les journalistes, elles sont nettement supérieures en force brute aux simples interrogations sur les comportements, et l'absence de sens politique, du ministre du Travail. A-t-on jamais vu des unes intitulées : Sarkozy compromis ! Poser la question d'une situation de conflit d'intérêt dans laquelle un membre du gouvernement s'est lui-même placé, c'est déjà le traîner dans la boue. S'étonner qu'il ait remis lui-même la légion d'honneur à l'employeur de sa femme, c'est faire du mauvais esprit, donner un crédit - réservé - aux déclarations de l'ancienne secrétaire de la milliardaire, c'est être assoiffé du sang de la polémique.
Le 1er pouvoir veut donc taper à la règle sur les doigts du 4°. Et lui donner des leçons de vertu. Mais comment s'étonner que les journalistes politiques ne désarment pas quand la vérité se dérobe ? Les dirigeants politiques dépensent beaucoup d'énergie à masquer la vérité et à tenter d'instrumentaliser, d'une façon ou d'une autre, cette presse qui les fascine. Devant laquelle ils sont prêts à tout, pour la séduire mais sans vraiment comprendre son indivisible liberté. Comment s'étonner, après ça, qu'ils soient aussi vulnérables ?
L'affaire Woerth-Bettencourt a agi comme un révélateur acide sur l'image des journalistes. Que de ressentiment déversé sur les médias. Que de morgue. Que de mépris. Le pouvoir et sa presse... Comme chez un vieux couple usé par tant de petites haines recuites, le couvercle de la cocotte minute a explosé projetant les insultes sur les murs de leur démocratie commune.
Que voulez-vous... c'est triste cette incapacité à se parler franchement et même vertement sans glisser si vite jusqu'à l'injure. Nous voilà donc fascistes, ou trotskistes, ou les deux à la fois (on va s'gêner). Ah, j'allais oublier que nous sommes aussi des assassins d'hommes politiques avec le sang de Salengro et de Bérégovoy sur les mains. C'est du lourd. Me trompé-je ou les soupçons contre M. Woerth n'ont pas cette hargne ?
On ne réagira pas par un corporatisme stérile. Après tout, c'est vrai que les journalistes (tous sauf nous évidemment) peuvent parfois se montrer exaspérants, mesquins, insistants, grossiers, petit bras, veules, insistants, indiscrets, donneurs de leçons (ça va là, il y en a assez ?). Mais ils n'ont pas la liberté de mentir ou de raconter n'importe quoi comme on fait semblant de le leur reprocher. Le droit qui encadre la presse française est très sévère sur ce point. La diffusion de fausse nouvelle est un délit grave, et sanctionné. La diffamation aussi, et quand ils sont dans leur bon droit, les hommes politiques ne se privent pas d'attaquer et de faire condamner les fautifs. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait massivement puisqu'ils crient à l'imposture ?
Quant aux accusations portées contre les journalistes, elles sont nettement supérieures en force brute aux simples interrogations sur les comportements, et l'absence de sens politique, du ministre du Travail. A-t-on jamais vu des unes intitulées : Sarkozy compromis ! Poser la question d'une situation de conflit d'intérêt dans laquelle un membre du gouvernement s'est lui-même placé, c'est déjà le traîner dans la boue. S'étonner qu'il ait remis lui-même la légion d'honneur à l'employeur de sa femme, c'est faire du mauvais esprit, donner un crédit - réservé - aux déclarations de l'ancienne secrétaire de la milliardaire, c'est être assoiffé du sang de la polémique.
Le 1er pouvoir veut donc taper à la règle sur les doigts du 4°. Et lui donner des leçons de vertu. Mais comment s'étonner que les journalistes politiques ne désarment pas quand la vérité se dérobe ? Les dirigeants politiques dépensent beaucoup d'énergie à masquer la vérité et à tenter d'instrumentaliser, d'une façon ou d'une autre, cette presse qui les fascine. Devant laquelle ils sont prêts à tout, pour la séduire mais sans vraiment comprendre son indivisible liberté. Comment s'étonner, après ça, qu'ils soient aussi vulnérables ?
Olivier Picard
Rigueur : appeler un chat un chat !
« Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite », avait déclaré François Fillon, en septembre 2007. Il faisait ainsi connaître, à la fois, sa lucidité, sa grande inquiétude et sa détermination. Cela signifiait, pour le pays, combien il allait falloir fournir d'efforts pour redresser la situation.
Aussitôt, on lui fit reproche d'affoler les Français. Pourtant, aujourd'hui, les évolutions actuelles, aggravées par la crise, sont devenues encore plus difficiles à gérer. C'est le cas pour la France, mais aussi pour nombre de pays européens comme pour les États-Unis.
Des mesures d'austérité sont prises un peu partout, y compris en France, notamment avec le plan Baroin de réduction des déficits publics, entre 2011 et 2013. Les Anglais ont pris, eux aussi, des dispositions sévères. Mais contrairement aux Français, ils osent appeler cela « rigueur ».
« Je ne cache pas au Parlement que l'impact de ce changement des impôts et des allocations sociales sera dur pour les gens », a déclaré, fin juin, à la Chambre des communes, George Osborne, chancelier de l'Échiquier, l'équivalent de notre ministre des Finances. Il ajoutait : « Mais c'est inévitable, étant donné la taille de la dette à laquelle notre pays doit faire face et la catastrophe que cela provoquerait si nous ne nous en occupions pas. » La presse en a rajouté : c'est « le pacte de la hache et des impôts », c'est « un budget de l'enfer », « de la douleur pour maintenant et encore plus pour plus tard ». Mais un journal conclut : « Dur ? Oui... mais juste ? »
En France, les déclarations et les explications sont plus feutrées. Doit-on, en cet anniversaire des terribles journées de juin et juillet 1940, retrouver là cette différence entre nos deux peuples qui poussait l'un à ouvrir ses villes sans combattre et l'autre à barricader le pays pour éviter l'invasion ? Les paroles, terribles d'exigence et de vérité d'un Churchill promettant de la sueur, du sang et des larmes, nous ont sauvés.
Un langage de vérité
Les Français savent, eux aussi, combien la situation est grave. En 2006, François Fillon a publié un livre intitulé La France peut supporter la vérité. Il avait raison et la vérité doit être dite explicitement si l'on veut mobiliser le pays dans l'effort indispensable. Par conséquent, il faut appeler un chat un chat. C'est ce que l'on commence à faire avec le problème des retraites dont « les enjeux sont terrifiants » aux yeux de Michel Rocard qui évoquait, dans France-Soir (1), la manière dont les ministres accueillirent, en 1981, l'annonce faite par François Mitterrand de la baisse de l'âge de la retraite de 65 à 60 ans : « Tous les ministres en charge de l'économie ¯ même Fabius et surtout Delors ¯ étaient effondrés, décomposés. » L'ancien Premier ministre poursuit : « En faisant de l'âge légal de départ à la retraite un symbole, le Parti socialiste est encore en train de se tromper de combat... Quant à faire reposer les retraites sur la fiscalité, c'est absurde et dangereusissime. Il faut absolument que le régime des retraites s'auto-équilibre... C'est une réforme courageuse. Le gouvernement a eu raison de la faire. Je suis socialiste, je le reste, mais je le dis, tout en regrettant que le gouvernement n'ait pas suivi la voie de la négociation. »
Il y a les retraites... et tout le reste. Un langage de vérité, associé à une volonté de justice, de solidarité et de dialogue authentique, dans la recherche permanente d'une rigueur nécessaire qui ne paralyse pas une croissance indispensable, voilà la seule manière d'obtenir la compréhension et l'adhésion des Français. Cela ne pourra se faire dans la division. L'union est nécessaire en ces domaines si l'on veut sortir de l'impasse et préparer l'avenir.
Cependant, réfléchissons à l'interrogation du Financial Times qui s'interrogeait récemment à propos du nouveau gouvernement britannique : « Peut-être que seul un gouvernement jeune ¯ par son âge et le caractère récent de son arrivée au pouvoir ¯ pouvait oser un tel pari. » Dans les circonstances actuelles, les Français peuvent être amenés à se poser la même question...
« Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite », avait déclaré François Fillon, en septembre 2007. Il faisait ainsi connaître, à la fois, sa lucidité, sa grande inquiétude et sa détermination. Cela signifiait, pour le pays, combien il allait falloir fournir d'efforts pour redresser la situation.
Aussitôt, on lui fit reproche d'affoler les Français. Pourtant, aujourd'hui, les évolutions actuelles, aggravées par la crise, sont devenues encore plus difficiles à gérer. C'est le cas pour la France, mais aussi pour nombre de pays européens comme pour les États-Unis.
Des mesures d'austérité sont prises un peu partout, y compris en France, notamment avec le plan Baroin de réduction des déficits publics, entre 2011 et 2013. Les Anglais ont pris, eux aussi, des dispositions sévères. Mais contrairement aux Français, ils osent appeler cela « rigueur ».
« Je ne cache pas au Parlement que l'impact de ce changement des impôts et des allocations sociales sera dur pour les gens », a déclaré, fin juin, à la Chambre des communes, George Osborne, chancelier de l'Échiquier, l'équivalent de notre ministre des Finances. Il ajoutait : « Mais c'est inévitable, étant donné la taille de la dette à laquelle notre pays doit faire face et la catastrophe que cela provoquerait si nous ne nous en occupions pas. » La presse en a rajouté : c'est « le pacte de la hache et des impôts », c'est « un budget de l'enfer », « de la douleur pour maintenant et encore plus pour plus tard ». Mais un journal conclut : « Dur ? Oui... mais juste ? »
En France, les déclarations et les explications sont plus feutrées. Doit-on, en cet anniversaire des terribles journées de juin et juillet 1940, retrouver là cette différence entre nos deux peuples qui poussait l'un à ouvrir ses villes sans combattre et l'autre à barricader le pays pour éviter l'invasion ? Les paroles, terribles d'exigence et de vérité d'un Churchill promettant de la sueur, du sang et des larmes, nous ont sauvés.
Un langage de vérité
Les Français savent, eux aussi, combien la situation est grave. En 2006, François Fillon a publié un livre intitulé La France peut supporter la vérité. Il avait raison et la vérité doit être dite explicitement si l'on veut mobiliser le pays dans l'effort indispensable. Par conséquent, il faut appeler un chat un chat. C'est ce que l'on commence à faire avec le problème des retraites dont « les enjeux sont terrifiants » aux yeux de Michel Rocard qui évoquait, dans France-Soir (1), la manière dont les ministres accueillirent, en 1981, l'annonce faite par François Mitterrand de la baisse de l'âge de la retraite de 65 à 60 ans : « Tous les ministres en charge de l'économie ¯ même Fabius et surtout Delors ¯ étaient effondrés, décomposés. » L'ancien Premier ministre poursuit : « En faisant de l'âge légal de départ à la retraite un symbole, le Parti socialiste est encore en train de se tromper de combat... Quant à faire reposer les retraites sur la fiscalité, c'est absurde et dangereusissime. Il faut absolument que le régime des retraites s'auto-équilibre... C'est une réforme courageuse. Le gouvernement a eu raison de la faire. Je suis socialiste, je le reste, mais je le dis, tout en regrettant que le gouvernement n'ait pas suivi la voie de la négociation. »
Il y a les retraites... et tout le reste. Un langage de vérité, associé à une volonté de justice, de solidarité et de dialogue authentique, dans la recherche permanente d'une rigueur nécessaire qui ne paralyse pas une croissance indispensable, voilà la seule manière d'obtenir la compréhension et l'adhésion des Français. Cela ne pourra se faire dans la division. L'union est nécessaire en ces domaines si l'on veut sortir de l'impasse et préparer l'avenir.
Cependant, réfléchissons à l'interrogation du Financial Times qui s'interrogeait récemment à propos du nouveau gouvernement britannique : « Peut-être que seul un gouvernement jeune ¯ par son âge et le caractère récent de son arrivée au pouvoir ¯ pouvait oser un tel pari. » Dans les circonstances actuelles, les Français peuvent être amenés à se poser la même question...
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