jeudi 20 mars 2014
La crise de la dette européenne est-elle officiellement terminée?
la troïka composée de l'UE, de la BCE et du FMI, a conclu un accord avec la Grèce concernant le versement d’une nouvelle tranche de prêt dans le cadre du plan de sauvetage existant, et ce sans qu’aucune nouvelle mesure d’austérité ne soit exigée. Il s'agit d'une tranche de prêt de 8,5 milliards d'euros, dont la plupart seront utilisés pour couvrir les échéances de remboursements de prêts du mois de mai, qui se montent à 9,3 milliards d’euros. Les créanciers de la Grèce s’accordent pour dire que le pays a rempli ses objectifs budgétaires, et qu’il n’est désormais plus nécessaire de lui imposer des baisses de dépenses. Le budget primaire (c’est à dire avant le service de la dette) de la Grèce est en excédent de 812 millions d’euros. Les clauses du dernier plan de sauvetage prévoient que la Grèce pourra dépenser 70% de son excédent budgétaire sur des programmes sociaux. 500 millions d’euros pourraient donc être redistribués au peuple grec.
Certains voient dans cette opération la fin officielle de la crise de la dette européenne, qui a commencé il y a plus de quatre ans ... en Grèce, justement.
Mardi, les taux d’intérêts que la Grèce devait payer sur ses obligations à 10 ans se montaient à 6,7%, une misère pour un pays qui s’est déclaré en faillite il y a seulement 4 ans. A ce moment-là, les taux d'intérêt servis sur les obligations souveraines grecques à 10 ans pouvaient atteindre 30%.
L'idée que la crise de la dette arrive officiellement à sa fin est renforcée par les faibles taux d'intérêt que l'Espagne (3,3%) et le Portugal (4,4%), deux autres pays qui ont bénéficié de plans de sauvetage, doivent payer sur leurs dettes désormais.
La Bourse d'Athènes est à son plus haut niveau en trois ans et mardi, la Banque du Pirée est parvenue à lever 500 millions d’euros sur le marché financier. C’est la première banque grecque à retourner sur les marchés financiers depuis cinq ans, et les obligations à 3 ans qu’elle a proposées ont été souscrites pas moins de 6 fois, ce qui signifie que l’engouement des investisseurs était très fort.
Le 23 avril 2014, il y aura exactement quatre ans que la Grèce a officiellement demandé une aide financière exceptionnelle au FMI et à l’Europe.
Aujourd'hui, l'Europe est redevenue la coqueluche des marchés, affirme Marc Fiorentino de MonFinancier. Com. « Cela illustre aussi l’instinct grégaire des investisseurs qui passent leur temps à adorer ce qu’ils ont brûlé et à brûler ce qu’ils ont adoré », écrit-il.
Toutefois, le magazine allemand Focus est moins enthousiaste concernant les progrès de la Grèce:
« La Grèce ne remboursera jamais ses dettes, parce que les soi-disant réformes ont amené la dette extérieure à 170% du PIB grec. Alors que la France et l'Italie continuent de s’affaiblir, la Grèce n'est rien de plus qu’un cas désespéré. Et que fait le ministre grec des Finances? Dans un entretien avec le Handelsblatt, il a annoncé que son pays allait lever des fonds sur les marchés financier au cours de la seconde moitié de cette année. Espérons que les investisseurs du marché suivront ».
Pour les agences de notation, le Pacte de responsabilité est planté
François Hollande ne réussira pas à appliquer le Pacte de responsabilité. C'est l’avis des agences de notation Moody’s et Standard and Poor’s. C’est aussi l’avis des marchés et des milieux d’affaires internationaux.
Malgré les propos optimistes du ministre de l’Économie hier dans le Figaro, les marchés et les chefs d’entreprise ne croient plus que François Hollande peut encore lancer son Pacte de responsabilité. Ce pacte avait été bien accueilli il y a deux mois. Il paraissait ambitieux et cohérent. Il répondait à une nécessité : renforcer la compétitivité des entreprises en réduisant les dépenses de l’État. C’était même un bon début pour envisager une baisse des impôts. Un peu comme ce qui s’applique en Italie.
Seulement voilà, l’annonce date déjà de janvier, soit il y a plus de deux mois. Et depuis deux mois, le gouvernement s’est enlisé dans des débats de politique politicienne dont il ne ressort rien. Un débat violent avec le Medef sur les contreparties qui n’a pas été réglées parce que les entreprises ne peuvent pas s’engager sur des objectifs chiffrés. Donc, on a fait un faux compromis où tout le monde a raconté des histoires en faisant semblant de les croire.
Parallèlement, le gouvernement n’a fait aucun progrès sur les économies de dépenses alors qu’on en attend pour 50 milliards. Louis Gallois n’y est pour rien, mais le choc de compétitivité qu’il avait espéré est loin de se produire. Le crédit d’impôt compétitivité emploi va être perçu par les entreprises mais l’État n’a pas financé cet effort donc pas d’effets macro-économique.
Pierre Moscovici n’arrête pas de faire son job, il rassure à Bruxelles, il explique à Berlin et à Paris, il s’offre le Figaro pour garantir aux décideurs que « nos économies de 50 milliards seront précises et détaillées »… mais ne donne pas les détails en question.
Bref Bercy sait que le monde des affaires se décourage mais n’a rien en magasin pour calmer cette inquiétude.
Après la mise sous surveillance de la France par Bruxelles – ce qui est quand même une humiliation - la France reste le dernier pays de la zone euro à ne pas avoir redressé la tête. Du coup les agences de notation qui doivent remettre leurs notes de printemps n’ont aucune raison de réviser leur diagnostic :
- 1. La France a un problème grave de compétitivité pour ses entreprises. Rien n’a été fait pour redresser cette compétitivité.
- 2. Le gouvernement ne fait aucun effort pour redresser ses finances publiques et trouver les moyens de financer les baisses de charges.
- 3. Plus grave, la situation politique et sociale est telle qu'elle empêche les réformes. En bref, il n’y a pas de majorité politique pour les faire passer. Et c’est bien le problème.
Les marchés et les milieux d’affaires pensent que François Hollande attend les élections municipales. Très certainement. Mais ils savent aussi que le Président a toujours une bonne raison pour attendre et réagir. Sauf qu’on arrive devant ce que les spécialistes appellent le mur de la dette. Le moment où il sera difficile de financer les dépenses publiques .Tout le monde est convaincu, que le président procèdera à un remaniement du gouvernement. Et dans cette perspective, les marchés et les européens font trois scénarios.
Premier scénario : Pour les marchés, l’idéal serait de s’affranchir des courants politiques et faire gérer la situation difficile par un gouvernement de personnalités de la société civile sur des objectifs clairs et budgétés. Et sur une période assez courte. Les marchés ont beau secouer les noms dans tous les sens, ils ont du mal à croire qu’un animal politique comme François Hollande accepte ce type de solution.
Second scénario : Reconduire un gouvernement très politique mais donner Bercy et tout ce qui touche à l’Économie, un patron et un seul super technicien, avec carte blanche pour redresser la situation.
Troisième scénario. Ne rien changer, garder le Premier ministre et les écologistes. Dans ce cas-là, le quinquennat est mort et la situation économique va tourner à la catastrophe. Ce n’est pas François Hollande qui terminera son mandat, mais ce sont, le FMI, la Commission de Bruxelles et la Banque centrale européenne qui assureront les échéances. Bref, on reverra ressortir la troïka qui, après Athènes, Madrid et Rome, viendra à Paris. Quelle perspective !
Un homme peut-il survivre en démocratie ?
Un homme peut-il survivre en démocratie ?
« Leurs prédécesseurs mettront les meilleurs d’entre eux à la tête de l’État; mais comme ils en sont indignes, à peine parvenus aux charges de leurs pères, ils commenceront de nous négliger, quoique gardiens, n’estimant pas comme il conviendrait d’abord la musique, ensuite la gymnastique. Ainsi vous aurez une génération nouvelle moins cultivée. De là sortiront des chefs peu propres à veiller sur l’État, et ne sachant discerner ni les races d’Hésiode, ni vos races d’or, d’argent, d’airain et de fer. Le fer venant donc à se mêler avec l’argent,et l’airain avec l’or, il résultera de ces mélanges un défaut de convenance, de régularité et d’harmonie – défaut qui, partout où il se rencontre, engendre toujours la guerre et la haine. Telle est l’origine qu’il faut assigner à la discorde, en quelque lieu qu’elle se déclare. »
Livre 8 de La République de Platon
Platon a très bien décrit comment sa République idéale peut devenir d’étapes en étapes, une tyrannie puis redevenir une démocratie dans un cycle qui ne s’arrête pas. Le plus important dans sa réflexion, ce ne sont pas les exemples qu’il emploie mais la logique qu’il déploie : des mécanismes internes à la démocratie la font pencher immanquablement du côté du totalitarisme. Chez lui, le conflit entre créateurs de richesses et pauvres finit par changer une démocratie en tyrannie. Cependant, il est bien d’autres mécanismes qui poussent la démocratie à devenir tyrannie.
Vivant une époque orgueilleuse, nous n’avons pas accepté de faire nôtres ses leçons en nous croyant plus « évolués ». Et ayant oublié volontairement de cultiver ses leçons, notre système de gouvernance subit une décadence qui était bien prévisible. Parmi ces mécanismes de décadence j’aimerais étudier plus particulièrement la place respective que tiennent les hommes et les femmes au sein du système électoral dans une nation démocratique en utilisant l’exemple de la France.
Selon le cadre d’analyse de Platon, notre pays serait récemment passé du système presque parfait, la royauté, au système le pire durant la révolution de 1789 : la tyrannie, puis par alternance, de cette royauté, au contrôle oligarchique, et enfin à la démocratie que nous connaissons actuellement. Platon avait donc raison et tort : dans l’ensemble, son plan s’est réalisé, mais avec quelques accrocs (dont de brusques soubresauts démocratiques). Selon lui, le prochain stade que nous devrions connaître sera celui de la tyrannie quand pauvres et riches seront montés les uns contre les autres (par paranoïa ou à juste titre). Et il est vrai que de forts mécanismes penchent en ce sens dont un que je voudrais étudier plus particulièrement : celui de la répartition du pouvoir entre hommes et femmes, phénomène que Platon ne pouvait connaître puisqu’il n’existait pas de manière directe d’influence des femmes dans le domaine politique (hommes et femmes étant nécessairement solidaires dans leur complémentarité et, du fait de leurs unions, poursuivaient les mêmes intérêts).
Que s’est-il passé au niveau du vote des femmes ?
Le suffrage censitaire ou la censure de classe a été la règle durant le plus clair du XIXe siècle. Les hommes riches influencés par leurs épouses gouvernaient la France. L’oligarchie de l’argent et du pouvoir selon Platon. On ne peut donc parler de sexisme à cette époque, puisque la femme de bourgeois avait énormément plus d’influence que le moindre paysan. Progressivement, les institutions ont élargi les possibilités de voter, d’élire et d’être élu. Au début, seuls les hommes riches le pouvaient. Progressivement, tous les hommes ont été appelés aux urnes, sans qu’ils n’aient la possibilité d’être élus puis en pouvant l’être. Enfin, les femmes et tous les métiers dits « sensibles » (comme les militaires) ont pu accéder au vote, et être élus. Cela ne veut pas dire qu’une forme d’oligarchie n’a pas persisté et on le voit bien encore aujourd’hui : tout le monde peut théoriquement être élu, encore faut-il en avoir les moyens. Les systèmes de réseaux, de classes sociales, d’alliances d’intérêts, le coût d’une campagne électorale, le système des partis politiques, tout cela concourt à réduire le pouvoir de l’électeur, qu’il soit homme ou femme. Ainsi, l’élection présidentielle qui est la plus proche du peuple et donc, où le taux de participation est le plus élevé, se fait au suffrage universel direct. Pour se présenter, il aura toutefois été nécessaire de regrouper la signature de 500 élus, de 500 notables pourrait-on dire, ce qui limite drastiquement, là-encore, les possibilités de choisir et de se présenter. Mais, il faut tout de même le reconnaître : la démocratie a fait son œuvre. Les électeurs ont pris de l’assurance, ils ont appris à s’organiser politiquement, à se situer, à exercer leur influence, raison paradoxale pour laquelle, la démocratie est certaine de s’effondrer.
L’effondrement programmé de la démocratie
Comme le souligne Platon, la démocratie ne va pas mourir pour avoir été supplantée par un autre système politique, mais parce que la démocratie tend naturellement vers la tyrannie. Que se passe-t-il dans une démocratie pour que la liberté débouche nécessairement sur l’absence de liberté ?
Le problème de la démocratie n’est pas tant la liberté qui est toujours contenue par des intérêts divergents, mais l’égalité. Cette « passion de l’égalité » corrompt toute démocratie prétendait Alexis de Tocqueville. Aujourd’hui, nous pouvons voir que l’égalité des chances est une bonne chose, mais que cette égalité des chances s’est rapidement muée en égalité tout court et maintenant en égalitarisme. Tout le monde doit être égal, hommes et femmes, riches et pauvres. Or on n’arrive à cette forme d’égalité qu’en privant les gens de liberté et de manière restrictive. En retour, les riches renforcent leur pouvoir caché. Tout cela a été déjà étudié et c’est bien le chemin que nous suivons immanquablement aujourd’hui. Encore faudra-t-il décrire le rôle des hommes et des femmes dans ce cadre, ce qui n’a pas été encore réalisé.
Le rôle de la majorité
« La foi dans l’opinion commune y deviendra (ndlr : en démocratie) une sorte de religion, dont la majorité sera le prophète. » (Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique)
Mais qui peut faire majorité en démocratie et qui est donc capable de créer cette « opinion commune » ? Quand, après 1946, le suffrage est réellement devenu universel et malgré toutes les entraves institutionnelles que j’ai énuméré supra, un long travail de « fabrication de majorité » a commencé. De manière étrange, après la guerre, catholiques et communistes se sont retrouvés côte à côte pour former la majorité. Les femmes qui pouvaient voter n’avaient pas encore investi pleinement ce pouvoir. Elles se sentaient encore étrangères à cette question et beaucoup plus que les hommes, elles votaient en petit nombre (1, 3). Cependant les femmes ont très vite compris leur intérêt, au-delà des luttes partisanes et idéologiques. Et à partir de l’élection présidentielle au suffrage universel direct, leur pouvoir a été tel qu’elles ont fait élire leur président à toutes les élections excepté celle où François Mitterrand a été élu la première fois, en 1981 soit 8 élections sur 9 (2, 3). Pour 6 élections sur 9, elles ont élevé la moyenne du score du candidat gagnant. Pour 4 élections, elles ont même réussi à faire élire leur candidat en opposition à celui des hommes (les hommes n’y sont arrivés qu’une fois en 1981 pour faire élire Mitterrand). Pour pondérer ce tableau édifiant, on peut remarquer que depuis que le début de la phase de retournement de croissance (1974), le choix des hommes et des femmes tend à se niveler, bien que les femmes restent encore meneuses d’opinion (les hommes n’élisent que des hommes très favorables aux femmes).
Références 2, 3, 5, 6, 7, 8. (en rose, les élections présidentielles en France où les femmes ont fait gagner le Président de la République, en bleu l’élection où les hommes ont réussi à imposer un président de la République contre les femmes, en gris les situations où le candidat masculin et féminin à l’élection présidentielle a été le même).
Le pouvoir des femmes en démocratie, la fin des hommes
L’idéologie est morte avec la multiplication des minorités. Au fur et à mesure que la majorité féminine a pu décider de l’avenir de notre société, nos représentants politiques ont multiplié les lois en faveur des femmes, faisant payer toujours plus l’indépendance de ces dernières aux hommes (allocations familiales, mères isolées, fonctionnariat…). Les hommes, en minorité, n’ont pas su résister à ce tsunami politique. Ils ne l’ont même pas compris. Encore aujourd’hui, ils perçoivent mal la solidarité féminine sur ce point quand ils ne l’encouragent pas inconsciemment (en votant, contre les électrices femmes mais pour défendre les femmes, en faveur de Mitterrand en 1981). Ce mouvement a été encore renforcé par le fait que cette majorité de femmes a su apparaître comme une minorité oppressée et qu’elle a pu regrouper autour d’elle d’autres minorités : LGBT, étrangers. Ainsi dans nos démocraties occidentales modernes, ce sont ces « minorités » qui font la loi. Les femmes constituent une très grande majorité d’électeurs qui va bien au-delà de leur majorité numérique. Cette majorité qui pouvait contrôler toute la société sans démocratie, peut désormais faire sentir son pouvoir de manière directe (12). Or j’affirme que c’est un mouvement naturel à nos démocraties : quand le scrutin devient universel, les femmes, beaucoup plus solidaires que les hommes s’approprient progressivement le résultat des scrutins. De plus, la tendance historique de la femme à apparaître comme un individu social devant être protégé, renforce encore ce pouvoir auprès de ces hommes qui pensent devoir voter pour protéger ces femmes et non défendre leurs intérêts. Si on rajoute à cela le vote féminisé homosexuel des hommes et des femmes, le bilan est tout simplement catastrophique pour les hommes : ils ne peuvent plus regrouper de majorité qui puisse défendre leurs intérêts, le système démocratique est progressivement phagocyté par l’idéologie féminisée, et tout esprit masculin devient antisocial tandis qu’une société saine devrait justement pouvoir s’appuyer en priorité sur ses hommes en ce domaine. La maternité nécessitant toujours de s’occuper de soi et de sa famille, les femmes seront généralement inaptes à prendre en compte les autres familles (10, 11). À l’inverse, l’homme, qui a toujours dû réfléchir pour deux d’un point de vue distant et social, est beaucoup plus compétent quand il s’agit de ce genre de questions.
La démocratie tue l’idéologie
Au début, les groupes minoritaires peuvent encore réfléchir en terme de « bien être général », mais très vite, ce sont les intérêts de groupes qui s’imposent. La démocratie liée au libéralisme est la recherche de son propre profit et donc de son profit de classe-sociale. Tel est le péché originel de la démocratie, pourrait-on dire. Seul un reste de timocratie (pouvoir de l’honneur pour Platon) qui persiste en démocratie sous la forme républicaine et telle que Régis Debray l’a définie (4) peut contrer ce mouvement général. Cependant ce mouvement d’honneur et de conscience collective s’efface au fur et à mesure qu’une nation s’éloigne du temps où elle s’était donnée un système royal sain pour gouvernance. L’honneur qui sous-tend ce système idéologique plus ou moins complexe du passé, laisse place à l’intérêt pur qui est une sorte de retour au culte de la nature (La main invisible d’Adam Smith). Or sans croyance, une société évoluée ne peut survivre. Les humains qui font sa richesse s’individualisent totalement au fur et à mesure qu’ils descendent dans l’échelle de l’humanité. Cette régression est vécue durement pour les plus croyants d’entre eux, et à l’inverse comme un grand progrès de la part de ceux qui ont fini par vouer un culte à l’égalité. Ainsi certains humains peuvent souscrire à leur déchéance tout en s’en défendant. Croyant avancer vers plus de démocratie, ils se préparent en inhumanité à soutenir quelque tyran qui saura répondre à leur soif d’absolu déviante. Comme le pressent Platon, n’importe quel système politique doit avoir des bases religieuses saines pour le soutenir. Or le système libéral tend à remplacer la religion catholique qui lui a permis d’émerger et de survivre, par la croyance en sa propre valeur. En cela, la religion protestante se rapproche un peu plus du culte du libéralisme et en subit moins directement les contradictions. Cependant, même cette religion protestante finit par être sapée d’autant plus rapidement que des mécanismes d’Église unitaire n’existent plus en son sein. Quant aux autres religions, elles sont balayées en quelques années, ou bien leurs sociétés doivent refuser le développement économique. Il ne reste plus alors place pour le lien social qui fait aussi de nous des êtres humains. Les individus assoiffés de leur propre liberté, mais ne supportant pas que leurs voisins soient plus égaux qu’eux, et n’ayant plus les moyens catholiques de gérer cette contradiction (serment de réconciliation, communion au corps du Christ, reconnaissance de son péché), finissent par s’enfermer, se contrôler les uns les autres et surtout surveiller que personne ne dévie du groupe, tout en se croyant individuellement supérieurs et collectivement plus évolués. À ce stade, nous sommes plus proches que jamais d’une forme de catharsis mimétique telle que l’a définie René Girard. Malheureusement, cette catharsis ne prend plus l’apparence d’un déchaînement de haine collective. Ce genre d’exaction serait trop facile à identifier dans une société d’héritage chrétien. Non, la société s’étant individualisée, la haine collective peut s’exercer sur des individus de manière isolée, et surtout sur les plus faibles d’entre eux. Les suicides, les dépressions, les personnes jetées à la rue (principalement des hommes), les infanticides (principalement quand l’enfant est encore dans le ventre de sa mère) sont les nouveaux Christ que notre civilisation sacrifie. Ils peuvent mourir par millions sans que personne ne s’en émeuve. Sans rien y laisser paraître, la bête a pu se rassasier collectivement et faire grandir la culpabilité refoulée de chaque individu.
La démocratie finit par tuer les hommes (principe masculin)
Les hommes ne peuvent souscrire à un système démocratique où aucun pouvoir social ou familial ne peut limiter le fait qu’ils soient opprimés. Les hommes, les vieux, les enfants ne peuvent devenir l’unique variable d’ajustement d’une société qui se féminise totalement, et qui, donc, régresse entièrement. Nous ne pouvons revenir à un système tribal en pleine modernité, du moins, je ne le crois pas. Pour que la société puisse survivre, les hommes vont devoir apprendre à en rabattre dans les années qui viennent : non, hommes, vous n’êtes pas en position de force dans votre environnement naturel, et vous ne l’avez jamais été (9). Non, vous ne devez pas vous comporter en femmes pour espérer sauver cette société, même si cette attitude favorisait temporairement votre insertion sociale. Oui, vous êtes le sel de la terre et sans votre lutte acharnée et vos sacrifices glorieux, rien ne se fera de bon et de bien dans notre société. Les enfants naîtront toujours sans vous, mais pour le malheur. L’Église même a besoin de vous, en particulier, pour survivre. Une Église féminisée est comme une société féminisée, elle ne porte aucun fruit viable, elle ne peut s’extraire de son péché.
Le rejet du système politique actuelle
Nous ne pouvons donc plus accepter dans sa forme actuelle cette République qui devient progressivement une démocratie. Le retour des hommes suppose un système institutionnel nouveau, à l’inverse d’une tyrannie qui est le summum de la féminisation (et que Platon définit déjà comme essentiellement parricide). Aujourd’hui, nous nous dirigeons à grands pas vers cette tyrannie. Les moyens modernes de contrôle et d’extermination n’ont jamais été autant au point sans que nous n’ayons pu élaborer de contre-pouvoir, sans même que nous ayons les moyens de les dénoncer. Il est urgent que nous réfléchissions à un système alternatif catholique républicain, ou royal, rien n’étant exclu en la matière, tant que ce système saura défendre le peuple contre les réseaux d’intérêts (LGBT, puissances d’argent…) mais aussi contre la médiocrité contrôlante. Le progrès humain ne s’étant jamais développé que dans notre soumission à Dieu et la maîtrise de notre environnement, puissent les servants de cette future nation respecter ce fragile équilibre entre ces deux tendances antagonistes qui signe là encore, notre condition pécheresse.
> Durandal Léonidas anime un blog
1. « Editoriaux d’une résistante sur le vote des femmes », aimeles de mars 2013.
2. « Comment votent les Françaises », Figaro du 25/04/2012.
3. « L’évolution du vote des femmes », Janine Mossuz Lavau
4. « Etes-vous démocrate ou républicain ? », Régis Debray 1995.
5. « Le général de Gaulle et le droit de vote des femmes », Solange Troisier, Site Charles de Gaulle.
6. « Le vote des femmes en France 1945-1993 », Persée.fr.
7. « Les paradoxes du gender gap à la Française », Mariette Sineau, 2007.
8. « Le vote des femmes au premier tour de l’élection présidentielle 2012 », Terra femina avril 2012.
9. « La domination féminine », Vincent Dussol, 2011.
10. « Féminisation, incompétence et totalitarisme à l’Assemblée Nationale », Dailymotion du 08/02/2014.
11. « Féminisation de la politique : des décisions sentimentales et individualistes », Youtube du 15/04/2013.
12. « Féminisation du milieu politique, le dernier bastion tombe », Youtube janvier 2013
2. « Comment votent les Françaises », Figaro du 25/04/2012.
3. « L’évolution du vote des femmes », Janine Mossuz Lavau
4. « Etes-vous démocrate ou républicain ? », Régis Debray 1995.
5. « Le général de Gaulle et le droit de vote des femmes », Solange Troisier, Site Charles de Gaulle.
6. « Le vote des femmes en France 1945-1993 », Persée.fr.
7. « Les paradoxes du gender gap à la Française », Mariette Sineau, 2007.
8. « Le vote des femmes au premier tour de l’élection présidentielle 2012 », Terra femina avril 2012.
9. « La domination féminine », Vincent Dussol, 2011.
10. « Féminisation, incompétence et totalitarisme à l’Assemblée Nationale », Dailymotion du 08/02/2014.
11. « Féminisation de la politique : des décisions sentimentales et individualistes », Youtube du 15/04/2013.
12. « Féminisation du milieu politique, le dernier bastion tombe », Youtube janvier 2013
Le coup de grâce
Le coup de grâce
La publication par Mediapart, mardi soir, de sept extraits des écoutes téléphoniques de Nicolas Sarkozy portent-elles le « coup de grâce » à l'ex-président ? Jamais un présumé innocent ne fut considéré aussi catégoriquement comme coupable. Forcément coupable. Drôle d'emballement qui conduit Nicolas Sarkozy à une condamnation médiatique préventive avant même d'avoir été mis en examen et jugé pour « trafic d'influence » et « violation du secret de l'instruction ». Que de réels soupçons pèsent sur lui est évident, et il serait bien imprudent d'affirmer qu'il est forcément innocent.
On ne peut s'empêcher de penser qu'avant de payer pour des faits sur lesquels enquêtent les magistrats instructeurs, Nicolas Sarkozy paye déjà pour toutes les brimades, vexations, intrusions, bravades, dont il s'est rendu coupable dans l'exercice de son hyper présidence. S'il y a acharnement contre lui aujourd'hui, c'est en réponse à ses débordements dans l'exercice du pouvoir. Ce qui ne devrait pas suffire, à justifier aujourd'hui un traitement d'exception à son endroit.
Magistrats, politiques et journalistes seraient bien inspirés de ne pas se laisser emporter par une forme d'hystérie ambiante. Tous ont à y perdre auprès de l'opinion. Au sein de l'appareil judiciaire ou policier, ceux qui, à l'évidence, alimentent les médias de fuites diverses, manquent gravement à leur devoir. Dans quel but ? Chez les politiques, l'hypocrisie est totale lorsque sont affirmés l'indépendance de la justice et le respect de la présomption d'innocence, mais que se multiplient les jugements sans appel avant de savoir… « si tout cela est vrai ! ».
Restent les journalistes qui ne doivent pas devenir les ennemis de leur propre liberté en se laissant « utiliser » ou manipuler. La pratique du « feuilletonage » des révélations, à partir de « fuites » intéressées et savamment distillées dans des moments opportuns, fait aussi peser des doutes sur l'indépendance des journalistes et d'éventuelles connivences. Rien ne serait pire que de voir se généraliser une « société du soupçon » perdant confiance en ses élites. Le vrai « coup de grâce » serait alors pour notre démocratie.
Hollande, démission ? Est-ce bien raisonnable ?
L'opposition ne cesse de réclamer la démission du président de la République. Une demande irréaliste qui cache sans doute un désarroi certain.
France Inter : Ce matin, vous voulez nous parler de la démission de François Hollande... Ce n'est pas un peu absurde ?
Charlotte Chaffanjon : Vous aussi vous trouvez ? C'est qu'à force de lire les appels de l'opposition à la démission du président, on se demande si ce n'est pas un sujet sérieux. Même Nicolas Sarkozy s'y met. Parlant de sa mise sur écoute, il dit : "Ils veulent m'abattre, ils sont prêts à tout, jusqu'à écouter le chef de l'opposition pendant des mois et des mois. Dans n'importe quel autre pays, aux États-Unis, Hollande serait contraint à la démission." Cette citation est rapportée par Le Journal du dimanche. On voit bien ce que Nicolas Sarkozy dénonce : un complot des socialistes pour l'empêcher de revenir. Et quand il fait référence aux États-Unis, il parle d'une affaire très précise.
Laquelle ?
Le Watergate, tout simplement. D'autres élus UMP font aussi ce parallèle, même le mesuré Jean-Pierre Raffarin, qui dit dans Le Monde : "Je croyais que le temps de Nixon était révolu." Là, il faut rappeler que ce n'est pas François Hollande qui a décidé de mettre sur écoute Nicolas Sarkozy, mais bien la justice. Le Watergate, c'était une affaire d'espionnage politique. Ce n'est pas la même chose. À ce stade, si le gouvernement a été d'une immense maladresse dans sa communication, rien ne prouve qu'il est à la manoeuvre. La droite le sait, mais elle joue avec le symbole Watergate, une affaire explosive qui a contraint le président Nixon à la démission en 1974...
Ce n'est pas la première fois qu'il y a des appels à la démission de François Hollande...
Non ! Pendant les débats sur le mariage pour tous, Henri Guaino avait réclamé sa démission. Après l'affaire Leonarda, Marine Le Pen l'avait fait. Après la parution de Closer révélant la liaison du président avec Julie Gayet, Georges Fenech, député UMP, avait écrit sur son blog : "La question de la démission de François Hollande se pose", citant aussi l'affaire DSK - on se demande ce qu'elle fait là - et l'affaire Cahuzac. Notez au passage que Geneviève de Fontenay, la patronne des Miss France, avait aussi appelé à la démission de François Hollande à ce moment-là. Tout cela n'est pas très sérieux. Appeler tous les quatre matins à la démission du président comme si c'était une solution ajoute de la confusion à la confusion. Cependant, cela traduit une réalité dont se plaignent très régulièrement les dirigeants de gauche : ils ont le sentiment profond que la droite ne les considère pas comme légitimes à gouverner. Et considère encore moins François Hollande comme légitime à l'Élysée. Comme si l'opposition avait le sentiment de s'être fait voler sa place au pouvoir.
Mais, en plus, est-ce que la démission du président est possible ?
En théorie, oui. C'est arrivé une fois, une seule, sous la Ve République. En 1969, le général de Gaulle, après avoir perdu un référendum prétexte, a quitté l'Élysée. Depuis, quelles que soient les crises traversées par le pouvoir, le président ne s'est jamais défait volontairement de son mandat, confié par le suffrage universel. Même en cas de cohabitation. Et - scoop ! - je peux vous dire que François Hollande ne le fera pas. Alors, certains réclament plutôt la dissolution de l'Assemblée - je pense à Jean-Louis Borloo ou même à Marine Le Pen - et l'organisation de nouvelles élections législatives. Des députés socialistes assurent que le sujet est à la mode au Palais-Bourbon. Là encore, le jeu de politique-fiction est dangereux. Et peut-être même d'abord pour l'opposition. Pour gagner des élections, encore faut-il mettre de l'ordre dans ses rangs, avoir un leader pour créer la dynamique. À l'UMP, on en est bien loin.
La vérité sur les gagnants et les perdants du système fiscal
Une nouvelle étude du Trésor sur les effets du système « socio-fiscal ». 50 % des ménages sont globalement bénéficiaires nets de la redistribution.
« La redistribution opérée par le système socio-fiscal est importante : elle réduit de 40 % les écarts de niveau de vie entre les 10 % des ménages les plus modestes et les 10 % les plus aisés. » Telle est la conclusion d’une étude du Trésor, destinée à alimenter les réflexions du groupe de travail sur la remise à plat de la fiscalité des ménages. Une contribution importante alors que certains, à gauche, plaident pour davantage de progressivité et de redistribution. Ce groupe de travail s’est réuni sur la question de la progressivité de l’impôt le 6 mars dernier et doit plancher jeudi sur la question du rapprochement de la prime pour l’emploi avec le RSA.
« La redistribution opérée par le système socio-fiscal est importante : elle réduit de 40 % les écarts de niveau de vie entre les 10 % des ménages les plus modestes et les 10 % les plus aisés. » Telle est la conclusion d’une étude du Trésor, destinée à alimenter les réflexions du groupe de travail sur la remise à plat de la fiscalité des ménages. Une contribution importante alors que certains, à gauche, plaident pour davantage de progressivité et de redistribution. Ce groupe de travail s’est réuni sur la question de la progressivité de l’impôt le 6 mars dernier et doit plancher jeudi sur la question du rapprochement de la prime pour l’emploi avec le RSA.
D’après le Trésor, ce sont principalement les prestations sociales qui réduisent les inégalités, à hauteur de 60 %. Les prélèvements contribuent à hauteur de 40 %, alors qu’ils ne représentent que 9 % du revenu disponible des ménages. C’est pour les plus modestes que l’effet de redistribution est le plus important. Il permet aux ménages du premier décile de revenus d’accroître leur niveau de vie de 55 % (celui-ci passant de 6.900 euros à 10.700 euros par an), tandis que les ménages du dernier décile voient leur niveau de vie diminuer de 10 % (passant de 42.100 euros à 37.700 euros). Le système français permet ainsi de réduire « fortement la proportion de ménages aux très faibles niveaux de vie », indique le Trésor. La part des ménages dont le niveau de vie annuel est inférieur à 10.000 euros est ainsi divisée par deux (elle passe de 17 % à 9 %).
Globalement, le système profite à la moitié des ménages : les cinq premiers déciles de niveau de vie sont bénéficiaires nets, tandis que les cinq déciles suivants sont contributeurs nets. Le premier décile est celui qui bénéficie le plus (51 % de son revenu disponible provient des prestations), tandis que le dernier décile est le plus gros contributeur (à hauteur de 19 % de son revenu).
Le système a par ailleurs un gros inconvénient : il réduit, pour les bas salaires, l’incitation à l’activité, indique un document de travail du gouvernement. Autour d’un SMIC, le bénéfice réel d’une augmentation de revenus est ainsi minime : sur 100 euros supplémentaires, entre 23 et 47 euros sont in fine disponibles selon les situations, en raison surtout de la perte de prestations.
Les données montrent enfin la grande concentration de l’impôt, relativisant les critiques sur le manque de progressivité émises par les syndicats et une partie de la majorité : les 10 % des revenus imposables les plus élevés (3,6 millions de ménages) paient 49 % de l’impôt sur le revenu et de la CSG. La progressivité de l’impôt sur le revenu a en effet été fortement renforcée ces dernières années (tranche d’impôt à 45 %, plafonnement des niches, quotient familial raboté, surtaxe Sarkozy, etc.). Voilà pourquoi le gouvernement focalise son attention sur les effets de seuil à l’entrée dans l’impôt et non sur une réforme du type fusion IR-CSG, qui n’est pas d’actualité.
L’informatique de l’État et le syndrome de l’idiot savant
Lorsque l’État se mêle de faire de l’informatique, ce n’est généralement pas bon signe. Et récemment, les révélations d’Edward Snowden ont amené leur lot de stupéfiantes découvertes, comme le fait que la NSA envisage d’infecter des millions de machinesavec des virus sophistiqués. Le monde a lentement fini par prendre conscience de l’ampleur des moyens mis en place pour l’espionner, plaçant chaque citoyen devant ses responsabilités d’électeur qui, à force d’avoir choisi une sécurité de plus en plus débridée, se retrouve dans une jolie cage dorée scrutée par des milliers d’invasives caméras.
Heureusement, ce tableau par nature orwellien n’est pas totalement noir. Il subsiste de forts espoirs que la puissance de calcul mise à disposition des États ne soit pas suffisamment bien employée, ou que, comme à leur habitude, les États se prennent les pieds dans le tapis et se gamellent mollement sous les applaudissements.
Optimiste, moi ?
Certainement un peu, mais parier sur une contre-performance des États en général et de l’État français en particulier n’est pas une prise de risque très élevée en réalité. Et en ce qui concerne l’informatique, on a tout de même quelques pistes sérieuses de la direction générale prise par les autorités françaises, ainsi qu’un historique déjà étoffé des magnifiques plantages qu’ils nous ont offert (avec nos sous). Je passerai pudiquement sur le cas épineux de Bull qui constituerait sans problème le sujet de plusieurs billets, ne serait-ce que par sa gestion consternante du progiciel étatique Chorus, qui a explosé en vol en juin dernier suite à un enchaînement ridicule de circonstances et n’a pu être remis en service que plusieurs jours plus tard là où, vu le niveau de criticité du progiciel, on se serait attendu à avoir des installations un tantinet plus résilientes. Ceci posé, je m’attarderai plutôt sur quelques récentes affaires qui montrent toute l’ampleur de l’incompétence étatique dans le domaine.
Bien sûr, il y a eu Louvois.
Louvois, c’est ce gros, cet énorme, cet hippopogiciel de gestion de la solde des militaires français dont la facture totale, impossible à calculer complètement, dépasse largement les400 millions d’euros. En substance, le coût initial, de 7 millions d’euros, n’aura pas suffi à sécuriser un développement harmonieux de l’engin, qui aura assez rapidement commencé à merdouiller avec brio sur des centaines de milliers de soldes, entraînant un pataquès mémorable dont les coûts de gestion sont venus s’additionner au dérapage déjà massif du développement et de la correction du programme informatique. Bien sûr, on pourrait largement attaquer le prestataire de service qui a développé une telle immondice, et traîner son nom dans la boue en notant qu’un tel plantage n’était pas digne d’une grande société de services informatiques. Certes. Je mâtinerai cependant cette critique en notant que travailler dans un environnement comme celui de l’armée, où les généraux et les services se tirent généreusement dans les pattes (peut-être à défaut d’avoir un ennemi commun clairement identifié ?) et où quelle que soit la solution retenue, son analyse et sa mise en application relève bien plus de la politique, de la diplomatie et de la gestion d’hommes parfois très bornés plus que de la simple gestion de projets informatiques.
Autrement dit, ce magnifique plantage informatique en dit certainement bien plus long sur la capacité de l’armée française à se moderniser que sur la capacité du prestataire à fournir un programme idoine. La leçon aura donc coûté plus de 450 millions d’euros au contribuable français (qu’il remboursera en PV routiers, en fiscalité explosive et autres taxes rigolotes, ne vous inquiétez pas).
Du reste, on retrouve sensiblement le même problème dans une autre administration, avec un autre programme informatique, ce qui continue à prouver que l’informatique et l’administration étatique, ce n’est pas vraiment ça : alors que Louvois est en analyse post-mortem, le gouvernement a choisi d’abandonner le logiciel de paye des fonctionnaires destiné à centraliser les salaires de toute l’administration française. Le gouvernement, après avoir lancé un audit pour évaluer l’état d’avancement du projet, a décidé d’arrêter les frais, dont le total avoisinait les 290 millions d’euros. Joli fail.
Pour le moment, ces deux petits projets, normalement conçus dans le cadre de la modernisation des infrastructures des administrations françaises (militaires et publiques) ont coûté la bagatelle de 750 millions d’euros, qui ont donc été brûlés en pure perte ou quasiment. Mais tout ceci n’est finalement qu’une de ces péripéties habituelles qui font le charme tout particulier de la vie en France. Après tout, d’autres administrations dans d’autres pays offrent aussi un spectacle pathétique d’implémentation informatique farfelue. La mise en place de l’Obamacare est un vrai poème à ce titre.
On pourrait donc croire que tout ceci n’est que, comme le disent justement les Américain, « business as usual ». Il n’en est rien : on peut toujours faire plus fort, plus rigolo, plus périplaquiste que ça encore et pour cela, il suffit de faire intervenir nos fiers branquignoles maroquinés, Fleur Pellerin ou Arnaud Montebourg par exemple. Et rien de tel qu’une grosse acquisition capitalistique pour pimenter un peu l’action, comme c’est actuellement le cas avec Vivendi qui tente de se débarrasser de SFR.
Bouygues et Numéricable se sont portés acquéreur, et immédiatement, Montebourg s’est montré particulièrement favorable au rachat de SFR par Bouygues et l’a bruyamment fait savoir au point de diffuser sur les ondes des informations boursières jusqu’alors confidentielles. Nous sommes en France, tout ceci n’est pas louche, tout ceci est normal et le ministre n’aura pas à répondre du yoyo boursier des cours de Free, SFR et Bouygues à la suite de son intervention. Manque de pot ou talent naturel de Montebourg pour choisir systématiquement le mauvais cheval, c’est bel et bien Numéricable qui est finalement choisi. Pour Montebourg, c’est donc un fail.
Or, comme le fait judicieusement remarquer Bluetouff sur Reflets.info, parmi les entités contrôlées par SFR, on trouve Numergy dont j’avais déjà copieusement parlé ici même. Numergy, c’est ce « cloud » construit pour s’assurer que les données qui y sont stockées ne tombent pas dans le giron de l’une de ces abominables boîtes étrangères (américaine notamment). Numergy, c’est ce bricolage à base de copieuses subventions publiques, dans lequel on trouve SFR, l’inaltérable Caisse des Dépôts et Consignations, et … Bull, dont j’ai déjà parlé plus haut. Numergy, c’est la version « cloudàlafrançaise », avec tout ce qu’il faut de bon capitalisme de connivence pour réjouir les petits contribuables et les grandes entreprises d’État. Miam.
Et Numergy, une fois le rachat par Numericable entériné, ce sera le cloud détenu par un câblo-opérateur luxembourgeois, le groupe américain Carlyle, et l’anglais Cinven. Du vrai bon cloud bien français, on le comprend. Cela sent le petit fail des familles.
Mais comme je le notais en début d’article, il faut savoir rester optimiste et voir le bon côté de ces échecs répétés.
De façon manifeste, l’État a toutes les peines du monde à gérer son informatique. Entre les contrats douteux d’infogérance qui se retournent contre lui, les projets pharaoniques dans leurs buts, babylonesques dans leurs budgets et micrométriques dans leurs résultats, on dispose maintenant d’un bon recul pour affirmer sans trop de risque que le merdoiement général qui entache déjà tous les domaines de la société civile dans lequel l’État met les doigts s’étend aussi dans l’informatique. Le plus beau, c’est que malgré ces échecs répétés, certains continuent toujours de placer dans l’État des espoirs aussi chimériques que coûteux.
Et lorsqu’on nous dit que l’État est capable de tout écouter, tout espionner au moyen de ses oreilles toujours plus fines, toujours plus grandes et toujours plus précises, on peut aussi constater qu’il n’est même pas capable de développer ou faire construire un logiciel de gestion décent pour sa propre administration, là où, pourtant, des entreprises du privé employant des centaines de milliers de personnes (Walmart, Microsoft, IBM, etc…) ont montré qu’un tel défi est parfaitement relevable.
À l’évidence, l’État est passé, depuis longtemps, en mode glouton. Il dévore nos finances, il prétend tout écouter, tout le temps, partout, mais il semble assez infoutu (au moins pour le moment) de savoir quoi faire avec ce qu’il récolte. C’est un idiot savant, c’est-à-dire qu’il dispose d’une mémoire prodigieuse, très profonde, mais extrêmement étroite qu’il lui est difficile de mettre en pratique.
Et objectivement, tant mieux.
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