Éric Woerth a eu, hier, l’occasion de le mesurer en recevant successivement les dirigeants des organisations syndicales et patronales : la réforme des retraites – dont personne ne nie la nécessité – ne bénéficiera pas d’un accouchement sans douleur. La discussion sera rude. Il ne faut ni s’en étonner, ni s’en affliger. Le droit à profiter de la vie après des décennies de travail est un des plus grands et un des plus heureux progrès sociaux du XXe siècle. Un sujet aussi important pour l’équilibre à venir de la société française mérite que toutes les parties prenantes défendent clairement et même vigoureusement leur point de vue. C’est une étape obligatoire pour faire avancer les esprits.
Il faut tout mettre sur la table : l’âge légal du départ à la retraite, la durée de cotisation, le niveau des pensions, les régimes spéciaux de la fonction publique, le montant des prélèvements sociaux. Autrement dit : les contributions que pourront apporter les actifs mais aussi les retraités, les entreprises et les détenteurs de patrimoines à la pérennisation d’un système assurant des pensions décentes. Aucune piste ne sera suffisante à elle seule mais aucune ne doit être taboue.
In fine, la réussite de la réforme se jouera sur deux points : la lisibilité et l’équité. Le meilleur des projets perd de son efficacité s’il n’est pas compris par ceux auquel il est destiné. Il faut souhaiter que tous les acteurs du débat aient le souci de la simplicité des futurs dispositifs. D’autant plus que la complexité est souvent un moyen de dissimuler des inégalités. Or, c’est le second point, la réforme sera condamnée à l’échec si les Français n’ont pas la conviction que les efforts – dont chacun sait qu’ils seront nécessaires – ne sont pas équitablement répartis.