vendredi 14 juin 2013
L’économie sacrifiée dans les médias ?
Avec la crise de 2008, l’économie s’est installée solidement au centre de l’actualité. Une partie considérable des journaux et des sites Internet nous livrent quotidiennement des informations sur les cours des monnaies, les taux de chômage, ou les transformations dans des différents secteurs industriels. Cette augmentation du flux d’information économique coïncide avec une période financière difficile pour les médias. Ce qui remet en cause la qualité du traitement de l’information économique.
Dans un rapport présenté à la mi-mai, l’Institut français pour le développement de l’information économique et sociale (IDIES) s’alarme sur la dégradation de la qualité de l’information dans les médias français.
Si les journalistes en France sont de plus en plus diplômés (la moitié ayant au moins le niveau Bac+4, selon IDIES), leur niveau de formation en économie baisse. En 2008, selon les calculs réalisés d’après les données fournies par le centre de délivrance des cartes de presse françaises, environ 85 % des journalistes avaient suivi des cursus dits « littéraires » (lettres, langues, communication), contre seulement 6% possédant une formation en économie ou en gestion. Un pourcentage qui n’est pas en rapport avec la progression des sujets économiques dans l’actualité d’aujourd’hui. En outre, les rédactions françaises sont obligées de faire face à un manque croissant d’effectifs, provoqué par des plans de départs volontaires. L’année dernière, environ 200 journalistes ont quitté les rédactions des grands quotidiens français, dont 80 celle du Figaro.
Le manque de formation économique des journalistes et la nécessité de travailler vite, sous la pression de temps, sont un autre problème pour les journalistes économiques en France. C’est pourquoi environ un tiers d’entre eux reprennent des chiffres publiés dans des communiqués des entreprises sans les vérifier. Mais déjà en 1996, une étude révélait que 47 % des journalistes économiques étaient incapables de lire les comptes des entreprises, et 51 % ne maîtrisaient pas les opérations de restructuration financière. Depuis lors, ces résultats ne se sont pas améliorés, s’alarme le rapport d’IDIES.
La demande en information économique est différente en Russie
En Russie aucune étude similaire n’a été réalisée, mais les experts russes s’accordent à dire que le niveau des journalistes économiques russes est en moyenne inférieur, comparé à celui de leurs confrères occidentaux. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. La demande en information économique spécialisée est beaucoup moins forte en Russie. Si la plupart des médias russes sont dotés aujourd’hui de services économiques, ces derniers font surtout de la vulgarisation économique et non pas de l’analyse. Un travail en plus mal rémunéré, les rédactions connaissant de sérieuses difficultés économiques.
L’information économique est apparue à la fin des années 1980 avec la libéralisation des médias en URSS. Et pendant la première décennie qui a suivi l’éclatement de l’URSS, cette information économique avait un rôle de formation, expliquant le b.a.-ba de l’économie à tous ceux qui se lançaient dans l’entreprenariat. C’est ainsi qu’ont été créées en Russie la maison d’édition Kommersant et l’agence économique RBK.
« Certes, l’économie commence à dominer dans le flux des informations générales en Russie, c’est une tendance qui s’accentue depuis une dizaine d’années », explique Andreï Vyrkovski, chargé de cours à la faculté de Journalisme de l’Université d’Etat de Moscou. « Mais on ne peut pas comparer les médias russes au Financial Times, par exemple. Je ne sais pas comment cela se passe en France, mais dans les pays anglo-saxons, toute une catégorie de personnes possèdent des actions ou des parts dans des sociétés diverses. Une classe entière de journalistes se trouve au service de ces personnes, leur livrant des analyses et des informations ».
Vers une spécialisation des médias économiques ?
Malgré des différences au niveau de la demande, les médias russes, tout comme les médias étrangers, ne sont pas épargnés par la crise.
Selon Andreï Vyrkovski, le modèle économique des médias dans le monde ressemble aujourd’hui à celui du XIXe siècle. Ils ciblent de petits auditoires ayant des centres d’intérêt précis. Une transformation qui se produit sur fond de crise du modèle publicitaire qui existait depuis le début du XXe siècle. Aujourd’hui, la publicité qui finançait notamment le travail des journalistes, peut contourner les médias et se retrouver directement sur Internet.
« Il faut donc revenir au modèle de vente du contenu », conclut l'expert. « Les médias devraient devenir moins généralistes et plus spécialisés, pour que leur auditoire accepte de payer pour un contenu de qualité. Cela permettra d’augmenter la qualité de l’information économique qu’ils diffusent ».
Justice et solidarité entre générations
Justice et solidarité entre générations
Justice et solidarité, voilà deux mots bienveillants et lourds de (bon) sens. À l'approche de l'ouverture du chantier des retraites, l'Élysée les affiche comme des garde-fous après les avoir usés jusqu'à la corde depuis un an. Perdront-ils de leur éclat auprès des Français au pouvoir d'achat déjà écorné par des salaires en stagnation, le trop-plein d'impôts et l'annonce d'un méchant coup de rabot sur les allocations familiales ? Possible si ces mots s'avèrent n'être que de l'affichage.
Les premières fuites du rapport Moreau sur les retraites, remis ce matin au Premier ministre, laissent pourtant à penser que, cette fois, tout le monde sera mis à contribution. Actifs, retraités et fonctionnaires. Au nom de cette justice et de cette solidarité intergénérationnelle revendiquées, comment pourrait-il en être autrement à l'heure où le patronat dégage la voie royale pour Pierre Gattaz à la tête d'un Medef de combat ? À l'heure où les syndicats montrent leurs muscles ?
Le système de retraites par répartition, auquel les Français restent si attachés, va dans le mur. Chacun est d'accord sur le constat comme sur le début de solution dès l'instant où les efforts à faire portent sur le voisin. Dans un contexte tendu, avec un chômage catastrophique et une croissance en berne, l'indispensable réforme de nos pensions s'annonce, du coup, explosive même si une majorité des Français la juge incontournable.
Depuis trente ans, chaque gouvernement, de gauche comme de droite, s'est refilé la patate chaude. Et la loi Fillon de 2010, dernière en date, qui a reporté l'âge légal de départ de 60 à 62 ans à partir de 2017, n'a pas totalement réglé le problème. Sans chercher à noircir le tableau, il manquera 25 milliards d'euros pour le seul régime général en 2020 si on reste les bras ballants.
En responsabilité
Pour corriger le tir, la France, poussée à agir par Bruxelles, mettra-t-elle en veilleuse ses vieilles lunes idéologiques et corporatistes ? C'est à espérer dans ce dossier ultrasensible placé, avec l'emploi, au coeur des enjeux de la Conférence sociale des 20 et 21 juin.
Pour rendre la réforme efficace et acceptable par l'ensemble des Français, le gouvernement n'a pas d'autres choix que de tout mettre sur la table. D'abord, l'allongement de la durée de cotisation puisqu'il a écarté l'idée de toucher à l'âge légal de départ. Mais aboutira-t-on à un large consensus sur l'alignement des régimes entre fonctionnaires du public et salariés du privé, la réduction des avantages des régimes spéciaux, ou l'augmentation des cotisations, y compris pour les retraités ? Pas sûr.
Pourtant, mettre tout le monde à contribution ne signifie en rien dresser jeunes contre retraités, patrons contre salariés, public contre privé. Reste à s'en remettre au sens des responsabilités de chacun et aux vertus du dialogue social à la française. Va-t-il vraiment se durcir, comme certains le redoutent ?
En tout cas, rien ne serait pire, en contrepartie des efforts demandés, que de ne pas prendre en compte la pénibilité, le sort des femmes fortement pénalisées... C'est de tout cela que gouvernement et partenaires sociaux auront à finalement discuter, ensemble, dans les prochains mois. En gardant en tête que ce système, formidable dans l'esprit, repose sur le principe des sacrifices des uns justifiant ceux imposés à d'autres. Et qu'il faut en finir avec la politique de l'autruche. Car il y va, là, de sa survie.
Liberté d’expression : Yvan Rioufol convoqué par la police
Le journaliste conservateur Yvan Rioufol a été convoqué par la police judiciaire pour avoir osé dire ce qu’il pensait sur une campagne du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Dans la France socialiste, ce sont désormais les représentants des différentes minorités qui dictent les lois et qui fixent les limites de la liberté d’expression.
« Pour la première fois de ma carrière journalistique (débutée en 1976), j’ai reçu, samedi, une convocation pour être entendu par la Police Judiciaire, suite à une plainte déposée par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF)« . Voici comment le journaliste raconte sur son blog la tentative de censure dont il est victime.
Son crime : avoir osé s’inquiéter de « l’offensive islamiste » dans une émission radio de Marc-Olivier Fogiel à écouter ici (le passage qui nous intéresse est à 15’30″). En écoutant ce débat, on ne comprend vraiment pas ce qui justifie qu’un journaliste puisse être envoyé au poste.
Sur son blog, Rioufol, visiblement indigné par cette traque judiciaire liberticide et antidémocratique, s’énerve contre le CCIF : «
Avec sa plainte, le CCIF porte évidemment atteinte à l’élémentaire liberté d’expression. La lutte contre l’islamophobie dont il se réclame revient à interdire tout débat. Inutile d’insister, j’imagine, sur l’extrême gravité de cette tentative de pénaliser l’esprit critique, d’intimider des journalistes, de censurer des médias, de réintroduire le délit de blasphème. Mais je m’étonne néanmoins de l’indifférence générale qui est portée à ce genre d’organisme, qui respecte si peu la France, son histoire et ses valeurs, sinon pour instrumentaliser les droits de l’homme dans le sens de ses intérêts propres. »
Enfin, pour appuyer ses propos et justifier ses inquiétudes quant à la montée de l’Islam radicale en France, le polémiste reprend les parole du discours prononcé en aout 2011 par le porte-parole du CCIF, Marwan Muhammad, à la mosquée d’Orly : « Qui a le droit de dire que la France dans trente ou quarante ans ne sera pas un pays musulman ? Qui a le droit ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’islam. Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française« .
Les drapeaux qui se sont mis à flotter place de la Bastille le soir de l’élection de François Hollande auraient dû nous mettre la puce à l’oreille…
La télévision grecque est-elle un modèle pour la France?
Il faut lire et relire l’argument du gouvernement grec pour fermer la télévision. L’établissement public, l’ERT, est «un cas exceptionnel d’absence de transparence et de dépenses incroyables. Et tout ceci prend fin maintenant», a dit le porte-parole. Relisez les mots «absence de transparence», «dépenses incroyables». Et la décision nette et brutale: «prend fin maintenant».
On n’ignore pas le contexte. A Athènes, cela va un peu mieux. Une sortie de la récession est envisagée pour 2014. Des visiteurs allemands, Angela Merkel, Wolfgang Schaüble, sont venus féliciter le gouvernement Samaras des efforts de la Grèce. Les aveux du FMI reconnaissant que des «erreurs» ont été commises dans l’élaboration du premier plan d’aide à Athènes, en 2010, redonnent du pouvoir de négociation au gouvernement grec. Il souhaite justement obtenir un report du licenciement de 4.000 fonctionnaires prévu d’ici à l’été.
Alors pourquoi cette brutalité contre la télévision? Parce qu’il fallait faire une exemple, au moment où des envoyés de la Troïka (Commission, Banque centrale européenne, FMI) dressent le piteux bilan des privatisations: le programme est de vendre des entités publiques pour 9,5 milliards d’euros d’ici à 2016 mais le compteur n’atteint que 2,5 milliards. Gazprom vient de renoncer au groupe gazier Depa. Pourquoi ces difficultés? Parce que les entités publiques grecques sont des cas d’école de mauvaise gestion, de corporatisme, de prébendes, d’alliances incompréhensibles de familles, de personnes, de courants, de partis et d’autres mystères, avantages et complicités. Autrement dit, l’acquéreur achète un sac de problèmes.
La télévision est de tout cela le comble. La réforme est impossible. Aucun changement n’y est jamais possible. Le gouvernement a donc décidé «la fin maintenant». Il ferme, met tout le monde dehors et assure vouloir repartir d’une feuille blanche. Il va recréer un système de télévision tout neuf. Les anciens salariés vont faire la queue, certains seront repris aux nouvelles conditions qui se résument à cette consigne «maintenant vous allez travailler». Allez, essayons de croire que le système d’hier ne sera pas dupliqué demain.
Cette idée de «on ferme et on repart de zéro» est-elle la seule méthode possible pour débloquer des organismes nécrosés? Pourrait-on appliquer en France ce «cas exceptionnel» de la télévision grecque, ce modèle ERT, cette arme atomique «attention on peut fermer»? Beaucoup ont en tête un établissement ou une institution où elle pourrait être servir. Mais lesquels sont réellement dans la situation de la télévision grecque? Et sur lesquels peut-on réellement appliquer la méthode du passé faisons table rase?
Affaire Tapie : l'État va contester l'arbitrage en justice
Les nouvelles mises en examen de Stéphane Richard et Jean-François Rocchi accélèrent l'affaire et renforcent l'intention de l'État d'engager un recours contre l'arbitrage rendu en 2008.
L'État a confirmé par la voix de Jean-Marc Ayrault son «intention d'engager un recours en révision» contre l'arbitrage dont a bénéficié Bernard Tapie en 2008, confirmant une information du journal Le Monde. Ce rebondissement intervient après que le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a été mis en examen mercredi pour «escroquerie en bande organisée» dans le cadre de l'enquête sur cet arbitrage. Selon le chef du gouvernement, «il est très important s'agissant des intérêts de l'État et les intérêts des contribuables qu'on n'utilise pas des méthodes qui semblent contraires aux principes de la République».
Cette décision était attendue. Le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, avait annoncé lundi que l'État se porterait partie civile dans cette affaire. Une étape nécessaire vers un recours en révision, et qui permet d'accéder au dossier d'instruction. «Il s'agit bien de représenter l'Etat, de représenter le contribuable, de représenter le citoyen dès lors que des éléments nouveaux sont intervenus», avait-il précisé. Parmi ces éléments nouveaux, l'annonce faite le 4 juin par le Consortium de réalisation (CDR), entité chargée de gérer l'héritage du Crédit lyonnais, qui indiquait qu'il se portait partie civile.
Le recours en révision est formé auprès de la cour d'appel de Paris, qui doit se prononcer sur le fait de savoir s'il y a eu, ou non, fraude. Si la cour d'appel reconnaît la fraude, elle peut annuler la sentence. Une décision «envisageable»,indiquait récemment au Figaro Thomas Clay, professeur à l'université de Versailles et spécialiste du droit de l'arbitrage. Ce recours portera sur la décision du tribunal arbitral rendue en 2008 dans le contentieux entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais autour de la cession d'Adidas. Le tribunal avait décidé de lui octroyer 403 millions d'euros, intérêts compris.
De plus en plus d'éléments favorables
Le 30 mai, l'un des trois juges-arbitres de l'époque, Pierre Estoup, avait été mis en examen pour escroquerie en bande organisée. En cause, ses liens avec l'avocat de Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne, avec qui il avait déjà travaillé à plusieurs reprises avant l'arbitrage, et avec Bernard Tapie lui-même. Suite à cette mise en examen, François Hollande avait déjà laissé sous-entendre que l'État pourrait se porter partie civile dans le dossier et engager un recours.
Mercredi, la mise en examen du PDG d'Orange, Stéphane Richard, a encore renforcé l'hypothèse d'une annulation de l'arbitrage si un recours était déposé. Ce qui encourage l'État à entamer cette procédure. L'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde a été mis en examen pour le même chef d'accusation dePierre Estoup, tout comme l'ancien président du CDR, Jean-François Rocchi. Ce dernier a également été mis en examen pour «usage abusif de pouvoirs sociaux». Les magistrats cherchent à retracer la chaîne de décision qui a mené à l'arbitrage controversé. Ils soupçonnent que Stéphane Richard et Jean-François Rocchi ont été influencés par des pressions de l'exécutif, des motifs qui pourraient justifier une annulation.
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