MOUVEMENT D'HUMEUR D'UN GROUPE DE PRIVILÈGIÉS AU DÉTRIMENT D'UN AUTRE PLUS IMPORTANT, QUI L'EST MOINS.
mardi 23 mars 2010
Bougrab, présidente de la Halde
L'Elysée "envisage de nommer" Jeannette Bougrab à la présidence de la Halde, annonce mardi un communiqué de la présidence. Conseillère d'Etat et membre de l'UMP, elle a rédigé un rapport sur les discriminations dans l'accès au marché de l'emploi.
Malek Boutih n'ira pas à la Halde. La présidence de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité est confiée à la conseillère d'Etat, Jeannette Bougrab. La présidence de la République a annoncé mardi qu'elle "envisage de nommer" ce membre de l'UMP. Elle y est entrée après avoir été remarquée par Pierre Mazeaud au Conseil constitutionnel puis Alain Juppé. Revendiquant une sensibilité issue du gaullisme social, cette femme de 36 ans a brigué sans succès en 2007 un siège de député dans le 18e arrondissement de Paris.
Les nominations d'ouverture sont donc à l'arrêt. Après l'entrée de trois UMP au gouvernement lundi, c'est encore une personnalité du parti présidentiel qui succède à Louis Schweitzer, lui-même issu de la société civile. Le socialiste Malek Boutih avait été un temps pressenti pour le poste, vacant depuis le 8 mars. Il avait essuyé une critique acerbe de Gérard Longuet, aussitôt contrit, qui aurait préféré une personne issue du "corps français traditionnel". Le président du groupe UMP au Sénat sera-t-il satisfait ou déçu par la nomination d'une fille de harki?
Auditions
Jeannette Bougrab n'est cependant pas la plus sarkozyste des membres de l'UMP. Dans le rapport sur les discriminations dans l'accès au marché de l'emploi, rédigé pour le parti, elle se montre mesurée sur la discrimination positive, qui "ne mérite ni excès d'honneur ni diabolisation outrancière".
La nomination doit passer un léger obstacle. "Le Président de l’Assemblée nationale et le Président du Sénat sont saisis de ce projet de nomination, afin que la commission intéressée de chacune des assemblées soit en mesure, si elle le souhaite, d’auditionner Mme Bougrab, avant qu’il soit procédé à sa nomination", précise en effet le communiqué de l'Elysée.
Eric Woerth, l'homme qui fait trembler la CGT
Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, économiste. Eric Woerth, ex-ministre du Budget, est passé ministre du Travail. Avec un tel réformateur libéral, les syndicats ont de quoi s'inquiéter.
Mobilisation syndicale à propos de l’emploi, et des retraites au lendemain des urnes, avec 6 syndicats, CFDT, CGT, FO, FSU, UNSA et Solidaires, pour une journée d’action. Outre les retraites et l’emploi, ce sont le pouvoir d’achat et les conditions de travail qui feront partie des mots d’ordre.
L’ambiance n’est pas totalement sereine ni unitaire du coté des syndicats, car certaines centrales sont menacées par les nouvelles règles de représentativité. La CFTC et la CFE-CGC restent à l’écart du mouvement.
Jeux de pouvoirs au Medef
Du coté du patronat on sera très attentif à l’ampleur du mouvement, et on fourbit ses armes pour le contrôle du Medef.
Il semblerait qu’à l’époque des services, représentés par Madame Parisot, puisse succèder celle des industriels, qui sont de retour à travers des personnages comme Monsieur Saint-Geours, patron de l’UIMM, Union des industries métallurgiques et minières qui n’a jamais vraiment digéré la période Parisot ou Pierre Gattaz, le fils d’Yvon Gattaz, président de la Fédération des industries électroniques.
L’UIMM reconnaît que les élections pèseront sur le climat politique et social du printemps et dès lors « sur les marges de manœuvres dont disposera le gouvernement pour des décisions difficiles. »
La "contre-réforme" de Woerth
Or le gouvernement a un nouveau ministre du travail en la personne d’Eric Woerth. Et quel signe entend donner le président de la République en nommant Monsieur Woerth ? Eric Woerth est un vieux chiraquien, et il est remplacé par un autre chiraquien au budget, Monsieur Baroin.
C’est néanmoins un sarkozyste convaincu, il a été trésorier de l’UMP, puis ministre du budget mais c’est aussi et surtout le réformateur de la fonction publique. C’est lui qui a été chargé de l’évaluation des politiques publiques et qui a mis en pratique budgétaire le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux.
Et Woerth est plus un réformateur qu’un gestionnaire de comptes. Il ne se contente pas de faire des additions et des soustractions ou des règles de trois comme on le fait habituellement à la direction du Trésor, c’est un libéral convaincu, il vient du cabinet Arthur Andersen de triste mémoire. Et c’est ce qui veut peut-être dire que la « réforme » ou la « contre-réforme » ça dépend de quel coté du miroir vous êtes, des retraites se fera, bon gré mal gré.
Les syndicats inquiets
Et c’est ce qui inquiète les syndicats. Bernard Thibaut a souligné le fait que Monsieur Woerth était l’ homme de la révision des politiques publiques et du dégraissage de la fonction publique, ce qui n’est pas faux. Il a déploré qu’on change trop vite de Ministre du travail, ou plutôt qu’on les use rapidement les uns après les autres, après leur avoir fait faire une mauvaise action, Xavier Darcos sur le travail le dimanche ou Xavier Bertrand à propos du temps de travail.
Quelle mauvaise action, au sens de Bernard Thibault pourrait commettre Eric Woerth ? Allonger la durée de cotisation, retarder l’âge du départ à la retraite ? N’oublions pas que Monsieur Woerth a été ministre du budget et qu’il sait ce que quelques points de TVA sociale représentent.
Fillon enterre la taxe carbone
L'abandon du projet de taxe carbone nationale fait vivement réagir non seulement les Verts et le PS mais aussi la secrétaire d'Etat, Chantal Jouanno.
A droite toute. Voilà le nouveau mot d'ordre, suite à la claque des élections régionales pour la majorité. Aussi, exit la taxe carbone qui divisait l'UMP. Annoncée en grande pompe fin 2009, puis annulée par le Conseil Constitutionnel, elle devait être réécrite et entrer en vigueur le 1er juillet prochain.
Chantal Jouanno, bien que membre au gouvernement, a rapidement réagi, en prenant ses distances. La secrétaire d'Etat à l'Ecologie s'est déclarée "désespérée de ce recul, désespérée que ce soit l'écolo-scepticisme qui l'emporte". "Je ne suis pas en phase avec cette décision", a-t-elle affirmé.
Même son de cloche du côté des Verts, qui dénoncent "un discours illusoire à propos de l'environnement".
"Une taxe carbone européenne n'est pas envisageable"
Pour le PS, "ce sont les engagements du Grenelle, qui, un à un, se dissolvent". "Après la défaite de la droite aux élections régionales, il s'agit donc pour le gouvernement de revenir sur quelques mesures particulièrement impopulaires, pour pouvoir encore mieux protéger le bouclier fiscal et les nombreuses exonérations accordées aux catégories les plus favorisées."
Croisé à l'Assemblée, Laurent Fabius a lui commenté pour LEXPRESS.fr cette décision d'une pirouette: "En septembre, Monsieur Sarkozy disait que la taxe carbone était une grande réforme, comme la décolonisation. Si je comprends la décolonisation est abandonnée".
Officiellement, la taxe carbone n'est pas définitivement morte. François Fillon souligne qu'elle doit se faire au niveau européen, selon plusieurs participants à la réunion du groupe UMP. Objectif: "ne pas plomber la compétitivité" des entreprises françaises.
Cependant, l'économiste à l'OFCE, Jacques Le Cacheux annonce dans une interview à L'Expansion, qu' "une taxe carbone européenne n'est pas envisageable. Il faut l'unanimité des membres de l'Union européenne, or il existe de profonds désaccords entre les pays. Le Royaume-Uni est hostile à une quelconque harmonisation de la fiscalité, et les pays de l'Est, notamment la Pologne, ne veulent pas du principe même d'une taxe carbone."
"Priorité à la croissance"
François Fillon s'est défendu de toute volonté de geler les réformes: "Les Français ne nous le demandent pas". Mais il rappelle qu'il faut donner la "priorité à la croissance, l'emploi, la compétitivité, la lutte contre les déficits". Sans oublier de "terminer la réforme des collectivités et faire celle des retraites".
A son arrivée devant le groupe UMP, le Premier ministre a été accueilli par une standing ovation. Après un discours d'environ un quart d'heure, il a à nouveau eu le droit à une ovation debout. "Je veux une confiance mutuelle", a-t-il lancé à son auditoire. Avant son arrivée, les députés UMP avaient exprimé toutes leurs colères et inquiétudes, dans ce que leur patron Jean-François Copé a qualifié de "réunion de vérité".
Dans un entretien au Figaro Magazine à la veille du premier tour des régionales, le président Nicolas Sarkozy avait laissé présager un changement de calendrier sur la taxe carbone. "Nous n'imposerons pas à nos industriels des contraintes si, dans le même temps, on autorise les importations venant de pays qui ne respectent aucune des règles environnementales à inonder nos marchés", avait dit le chef de l'Etat.
De tous les chambardements nationaux qui - soit dit en passant - déboussolent l’électeur, le plus violent, c’est celui de la terre française. Il aura, en un demi-siècle, décimé les neuf dixièmes de la population paysanne (6 millions de paysans en 1960, 600 000 aujourd’hui). Il aura aboli vingt siècles de traction animale, mécanisé les travaux, infusé la chimie dans les sols et la biochimie dans les champs. Et, du coup, effacé une France multiséculaire où la terre patrimoniale nourrissait l’identité nationale, où la bourgeoisie, encore proche par la parentèle du monde paysan, entretenait la tradition, où la république des notables cultivait un électorat décisif. L’univers rural, en France, fut le soutènement d’un ordre désormais révolu.
Le Salon de l’agriculture, grande messe française, entretient, pour cette France du labourage et du pâturage, une certaine nostalgie nationale. On y voit la pavane d’une glèbe défunte. La grande majorité de ses survivants, submergés par l’urbanisation et la mondialisation des marchés, l’ont depuis longtemps délaissée. Ils ont dû affronter - et tout à la fois dans le courage, l’assistance et la détresse - la première phase d’une immense révolution. Ils voient venir, avec une inquiète espérance, la seconde phase, celle où la terre redeviendrait ce qu’elle fut : un trésor national. Pour l’heure, l’agriculture française tangue au milieu du gué.
Pour éviter le naufrage, l’agriculture française a bénéficié de la fameuse politique agricole commune. Elle fut une assistance vitale et une drogue. L’assistance a permis à nos paysans de rejoindre, pour certaines productions limitées, les champions de l’agro-industrie. Mais la drogue a perverti la production dans la recherche sélective de la subvention. Et bercé, une fois encore, les malheureux paysans d’illusions. Elle fâche tout à la fois nos partenaires européens, les pays pauvres, privés de l’accès à nos marchés, et nos propres industriels, mécontents de nous voir cramponnés à une « diplomatie agricole ». Nous abordons, en somme, avec un certain succès le rendement intensif... mais en luttant pied à pied, et vainement, contre la libération des marchés.
Nous nous sommes engagés à quitter ce Fort Chabrol avant 2013. La suppression des subventions n’épargnerait, sur nos 400 000 exploitations, que 150 000 d’entre elles, assez performantes pour rester compétitives. Mais quid des autres ? Imagine-t-on de sacrifier une population massacrée par le chamboulement mondial ? Et Paris devrait-il réserver sa compassion aux délocalisations de l’industrie, tandis que les naufragés de l’agriculture crèveraient, en parias, dans la résignation nationale ? Nombre de ces survivants ont déjà perdu, l’an passé, jusqu’à 50 % de leurs revenus et mettent la clé des étables sous la porte. Cette détresse indiffère. Ce drame national est oublié. Les paysans disparaissent sans bruit du paysage comme les ormes et les coquelicots.
Aperçoit-on le bout du tunnel ? Non, pas encore ! Du moins sait-on qu’il existe. Il se profile sous deux menaces planétaires qui, l’une et l’autre, pourraient restaurer, chez nous, un trésor national à demi englouti. La première de ces menaces tient, dans les zones pauvres et surpeuplées du monde, à la pénurie alimentaire, avec ses prodromes d’émeutes de la faim : un milliard d’hommes sont aujourd’hui sous-alimentés. Et ce que l’on prévoit de l’eau et des déserts angoisse.
L’on constate déjà qu’après l’ère du pétrole l’or vert excite la boulimie mondiale des nouveaux riches. L’achat de terres est devenu un investissement stratégique : « Achetez de la terre, on n’en fabrique plus... » Les Saoudiens en Indonésie, la Chine en Asie, aux Philippines et en Australie, la Corée du Sud au Soudan, le Qatar au Cambodge, et j’en passe, c’est partout la razzia. La France, Dieu merci ! a de l’espace, de la terre, du savoir-faire. Il lui reste à les protéger, à les tenir pour ce qu’ils seront un jour : un enjeu stratégique national. Et surtout à ne rien brader de ce qui pourrait, dans un monde dangereux, garantir notre indépendance alimentaire.
La seconde menace - celle d’une planète livrée à l’angoisse écologique - inspire à toutes les politiques la défense de l’environnement. Le paysan, dont on ferait volontiers le gardien naturel du sol et de sa biodiversité, est devenu, par ses engrais et pesticides, un pollueur impénitent. D’où cette idée que la PAC, qui voit s’achever sa vocation première, pourrait évoluer afin de maintenir en Europe une agriculture « écologiquement intensive ».
Ne rêvons pas ! Il s’agit là, pour la France, de mirifiques espérances, et les parias de la terre française ne peuvent qu’y deviner le bout du tunnel. Réguler des marchés anarchiques ? Le pouvoir s’y attelle à Paris et à Bruxelles. Mais de si belles perspectives demandent, entre autres, une adhésion européenne problématique. Les paysans piétinent encore bel et bien dans le tunnel. Et il y fait très noir !
EXCLUSIF - Éric Zemmour en passe d'être licencié du Figaro
Selon nos informations, le journaliste Éric Zemmour a reçu de la part de son employeur, Le Figaro , une convocation d'entretien préalable à son licenciement pour lundi prochain. Le chroniqueur-polémiste a annoncé la nouvelle, ce matin, à ses proches du quotidien.
Étienne Mougeotte, patron de la rédaction du journal, a confirmé l'information au point.fr. La direction du Figaro est gênée par les déclarations polémiques de Zemmour sur Canal+, qui font l'objet, aujourd'hui même, d'un examen au CSA . "Nous n'avons encore pris aucune décision, précise Étienne Mougeotte. Nous l'avons convoqué. Nous allons l'entendre et nous déciderons après."
Le 6 mars, sur Canal Plus, chez Thierry Ardisson, lors de l'émission en clair Salut les Terriens , le journaliste a déclaré : "Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait." Des propos qui ont ulcéré la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, qui a décidé d'engager des poursuites contre lui. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a également été saisi par le MRAP et le Club Averroes.
Direction irritée
Éric Zemmour traverse, depuis quelques mois, une période de tensions avec sa direction. Sa chronique quotidienne sur RTL, le matin, à 7 h 15, n'aurait pas été du goût d'une partie de sa hiérarchie, qui estime que la collaboration extérieure du journaliste concurrence le site Internet du Figaro , en pleine relance éditoriale, avec une plus grande implication des rédacteurs du "print" sur le Web. Étienne Mougeotte, son soutien fidèle au sein de la rédaction, avait pourtant entériné cette "pige".
Aujourd'hui, Éric Zemmour n'appartient plus au service politique du quotidien du boulevard Haussmann. Il est désormais chroniqueur du groupe Le Figaro, avec une présence régulière au sein du Figaro Magazine, dirigé par un soutien fidèle, Alexis Brezet. Zemmour a trouvé refuge plusieurs étages au-dessus de la rédaction politique, dans un bureau réservé aux éditorialistes.
Sollicité par lepoint.fr, Éric Zemmour n'était pas joignable dans le courant de la matinée.
Nicolas Sarkozy contraint à l'ouverture à droite
Le remaniement ministériel, annoncé en catimini par un communiqué de l'Elysée lundi 22 mars, a été expédié au lendemain de la défaite de la droite aux élections régionales. Peu spectaculaire, il n'est pas censé répondre aux inquiétudes des Français. Sans doute ceux-ci retiendront-ils que le ministre des affaires sociales, Xavier Darcos, naguère "premier ministrable" mais sévèrement battu en Aquitaine, est le seul sacrifié d'une déroute électorale où tous les ministres ont été défaits.
Non, en réalité, cet ajustement s'adresse à la droite parlementaire, à la veille d'une réunion des députés UMP qui s'annonçait houleuse. Nicolas Sarkozy, qui fixera le cap lors d'une déclaration publique à la sortie du conseil des ministres, mercredi 24 mars, rassemble son camp et retrouve les valeurs de droite.
Le chef de l'Etat entend s'appuyer sur toutes les sensibilités de l'UMP, chiraquiens, villepinistes et centristes; il profite du départ volontaire de Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives et à la jeunesse, pour marquer une pause dans l'ouverture à gauche, si mal comprise par ses électeurs; enfin, il veut former une équipe de choc à sa main pour aborder le seul grand projet de l'année, la réforme des retraites, en chargeant du dossier Eric Woerth, qui quitte le ministère du budget pour celui du travail.
A l'automne, il sera temps de voir si les Français acceptent les réformes et d'aborder la dernière ligne droite du quinquennat, avec un nouveau premier ministre, une déclaration de politique générale devant le Parlement et un vrai remaniement, qui parleront plus aux électeurs.
RÉCONCILIATION
Les "bannis" du sarkozysme font leur entrée au gouvernement. M. Sarkozy scelle sa réconciliation avec le chiraquien François Baroin, nommé ministre du budget. Ce dernier n'avait pas rejoint M. Sarkozy à la fin de la campagne présidentielle, préférant rester fidèle à Jacques Chirac et devenir éphémère ministre de l'intérieur, entre mars et mai 2007. Ce choix avait suscité les quolibets de M Sarkozy.
En nommant Georges Tron, secrétaire d'Etat à la fonction publique, M. Sarkozy continue de dépouiller son rival Dominique de Villepin de ses partisans. Fin 2008, il avait déjà fait entrer au gouvernement l'ancien directeur de cabinet du premier ministre de Jacques Chirac, Bruno Le Maire. Reste le député de la Drôme Hervé Mariton, installé dans un jeu de rôle critique et médiatique. Il sait "jusqu'où aller trop loin" avec M. Sarkozy. C'est donc isolé que M. de Villepin devrait présenter, jeudi, son nouveau mouvement.
Enfin, en choisissant Marc-Philippe Daubresse, ministre de la jeunesse et des solidarités actives, pour succéder à M. Hirsch, M.Sarkozy envoie un signal aux centristes qui avaient rejoint l'UMP lors de sa fondation. Ces derniers se jugeaient maltraités, M. Sarkozy préférant accorder des postes aux UDF restés fidèles à François Bayrou jusqu'à la présidentielle de 2007, réunis dans le Nouveau Centre.
Le chef de l'Etat a profité de son ajustement ministériel pour laisser Martin Hirsch, rare personnalité d'ouverture incarnant encore les valeurs de gauche, quitter le gouvernement. Il présidera l'Agence du service civique. L'ancien patron d'Emmaüs France, qui n'avait pas caché son malaise face au débat sur l'identité nationale, avait, fin 2009, indiqué à M. Sarkozy et M. Fillon son intention de quitter le gouvernement. Ces derniers lui avaient demandé de rester au moins jusqu'aux régionales.
Les projets de M. Hirsch firent grogner la droite traditionnelle : à la fin de l'été 2008, lorsqu'il fut décidé d'augmenter la fiscalité de l'épargne pour financer le Revenu de solidarité active (RSA); six mois plus tard, pour venir en aide aux jeunes, faisant craindre un "développement de la culture de l'assistanat".
M. Fillon ne manquait pas de s'inquiéter du coût des réformes de M. Hirsch. Certains conseillers dénonçaient son "chantage" à la bonne conscience. "Quand je vois Hirsch, je comprends pourquoi je suis de droite", pestait un jeune ministre.
Le départ de M. Hirsch étant volontaire, M. Sarkozy peut laisser croire qu'il ne sacrifie pas l'ouverture. Celle-ci est pourtant moribonde, même si Fadela Amara, la secrétaire d'Etat à la ville et fondatrice de l'association "Ni putes ni soumises" sauve son poste, alors que M.Fillon souhaitait l'évincer.
Eric Besson, membre de l'UMP, s'est brûlé les ailes en devenant ministre de l'immigration et de l'identité nationale. Il souhaitait faire une pause ou trouver un poste moins exposé, mais M. Sarkozy n'a pas souhaité le déplacer.
Le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, partisan de la guerre en Irak, a toujours été un électron libre, tandis que Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat auprès du garde des sceaux et ancien chef de file de l'aile libérale du PS, n'est guère connu. Il n'a toujours pas de décret d'attribution.
Autre signal, M. Sarkozy entend jeter toutes ses forces dans la réforme des retraites. Il a créé un tandem d'experts, composé d'Eric Woerth, l'artisan de la revue générale des politiques publiques et du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite, et de M. Tron, spécialiste de la fonction publique.
La gestion de la fonction publique migre donc de Bercy au ministère du travail. L'avertissement est clair : dans la réforme, les fonctionnaires et les salariés du privé seront traités avec équité. M. Sarkozy espère faire accepter le relèvement de l'âge légal du départ en retraite de 60 à 61 ou 62 ans, seul moyen, selon ses conseillers, de faire des économies rapides. Les seuls à ne pas être sollicités seront les retraités : le président leur a garanti leurs pensions.
TAXE CARBONE ENTERRÉE
Si M. Darcos a été remercié, c'est avant tout parce qu'il s'opposait au conseiller social de l'Elysée, le tout-puissant Raymond Soubie. Ses prises de position, pendant la campagne des régionales, en faveur de l'interdiction des plans sociaux concernant les salariés âgés ou la notation par son ministère des entreprises luttant contre le stress au travail ont exaspéré M. Fillon. Son score aux régionales, deux fois inférieur à celui de son rival socialiste, permet de justifier son éviction.
Lors du remaniement de juin 2009 consécutif aux européennes, M. Darcos, alors ministre de l'éducation nationale en délicatesse avec les syndicats, avait déjà évité de justesse sa sortie du gouvernement.
Enfin, le chef de l'Etat va donner satisfaction à la droite, en enterrant la taxe carbone. Elle est contestée par les parlementaires et les classes populaires qui y voient un impôt, de surcroît antisocial. La condition du chef de l'Etat, d'instaurer une taxe carbone aux frontières de l'Europe, est jugée irréalisable.
"La taxe carbone est morte, parce que c'est impossible à faire", résume, faussement ennuyé, un proche de M. Sarkozy. Menacé sur sa droite par le Front national et par la désaffection de son propre camp, M. Sarkozy n'a plus pour priorité l'électorat écologiste.
Arnaud Leparmentier
Les députés UMP mettent en cause la "méthode" Sarkozy
Les lendemains de défaite sont toujours des moments difficiles. Celui-ci l'est d'autant plus pour les députés de la majorité que la débâcle des élections régionales fait peser de lourdes incertitudes sur leur propre sort à l'horizon 2012. Il y a le feu à la maison. Alors, Jean-François Copé, le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, leur a offert, mardi 23 mars, pour la reprise des travaux parlementaires, une séance d'introspection. Objectif : vider l'abcès. Une consigne : ne pas céder à la panique.
En organisant cette thérapie collective, M. Copé nourrit une double intention : colmater les brèches avant que le doute ne s'installe, offrant ainsi un appel d'air à ceux qui, tels les "villepinistes", poussent à l'émancipation de la tutelle sarkozyste; se donner les moyens de "codiriger" les réformes législatives déterminantes de la fin du quinquennat. L'exercice n'en est pas moins à risque, tant est ébranlée la foi dans la "méthode" du chef de l'Etat.
La "méthode", vocable convenu pour éviter de critiquer sur le fond les choix imposés par Nicolas Sarkozy tout en s'en démarquant. "Le message que nous ont adressé les électeurs, remarque ainsi Catherine Vautrin, députée (UMP) de la Marne, c'est la méthode. Les cartes ont été brouillées. L'ouverture, c'était bien il y a deux ans; maintenant, c'est trop."
L'ouverture est désignée par de nombreux élus comme une des principales coupables de la désaffection de l'électorat de droite. "L'ouverture, l'arme fatale", écrit Jean-Paul Garraud (UMP, Gironde) sur son site Internet, déplorant l'"obstination" du président de la République. "Il est encore temps de réagir et de revenir à nos fondamentaux, poursuit-il. Rétablir le cap à droite, comme en 2007, voilà ce qu'il nous faut."
RECENTRER SUR DES RÉFORMES ESSENTIELLES ET "LISIBLES"
Dans les rangs de la majorité, le jugement est quasi unanime : "Il faut arrêter l'ouverture." "La droite a moins souffert de la gauche qu'elle n'a souffert de l'ouverture", constate Bernard Carayon (UMP, Tarn).
Ce ne sont pas seulement les nominations à des hautes fonctions qui sont ainsi mises au ban, même si celles-ci ont pu faire office, selon l'expression de M. Copé, de "facteurs irritants". C'est aussi la volonté, imposée d'"en haut", d'élargir les listes de la majorité à des composantes qui n'avaient guère de réalité sur le terrain.
"On ne se retrouve pas dans ces listes composées de gens qui portent des étiquettes mais ne représentent rien, énonce Valérie Rosso-Debord (UMP, Meurthe-et-Moselle). C'est une fausse bonne idée de croire qu'en juxtaposant des logos, on élargit notre base."
Rares sont ceux qui, à l'instar de Lionel Tardy (UMP, Haute-Savoie), s'exposent à avancer l'idée que "le vote de dimanche a avant tout sanctionné la politique du gouvernement".
Sous des formes diverses, cependant, une même demande revient en boucle : recentrer l'action du gouvernement sur des réformes essentielles et "lisibles". "Trop de communication tue la communication. On a fait de l'annonce avant de faire de l'efficacité", estime Mme Rosso-Debord, citant notamment l'exemple de la taxe carbone.
Parmi les dossiers en cours, celui de la taxe carbone apparaît, pour une bonne partie de la majorité, comme le plus urgent… à abandonner. Pour M. Copé, "elle sera européenne ou elle ne sera pas".
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, estime, pour sa part, qu'"elle est passée au dernier budget sans avoir été examinée comme elle l'aurait mérité". Remise en chantier du fait de la censure du Conseil constitutionnel, elle doit faire l'objet d'un nouveau texte. "Je pense que ça va être très compliqué", note M. Accoyer.
La majorité veut se concentrer sur deux chantiers majeurs : la réforme des retraites et le "cinquième risque", la prise en charge de la dépendance.
Elle n'échappera pas, cependant, à la poursuite des projets mis en circuit comme la réforme des collectivités territoriales ou celle de la justice, potentielles sources de discorde au sein de la majorité. Le mode d'élection des futurs conseillers territoriaux, que la majorité sénatoriale avait encadré par un amendement en première lecture, est ainsi clairement rejeté par les députés de l'UMP. "On aura un différend avec le Sénat", assume M. Accoyer.
De quoi garantir l'ambiance pour les mois à venir.
Patrick Roger
Cowed Sarkozy reaches out to his enemies in post-election reshuffle
An emabttled President Sarkozy ordered a government reshuffle last night as discontent with his presidency soared to new heights both with the public and in his own centre-right party.
After calamitous results in mid-term regional elections at the weekend, one opinion poll yesterday suggested that 58 per cent of French people believed that Mr Sarkozy should not even run for re-election in 2012. Senior members of his own party, the Union pour un Mouvement Populaire (UMP)– which Mr Sarkozy had utterly dominated until last year – also wondered aloud whether the centre-right should consider looking for another presidential candidate.
In an attempt to heal the rifts within a party that he has long been accused of treating with contempt, President Sarkozy yesterday offered ministerial positions to young politicians who are loyal to his predecessor, Jacques Chirac, or to his hated rival, the former prime minister, Dominique de Villepin.
Mr Villepin meanwhile announced that he would be launching a new political grouping in June which would challenge President Sarkozy for the centre-right UMP presidential nomination next year.
The principal victim in last night's reshuffle was a Sarkozy loyalist, Xavier Darcos, 62, the employment minister, who paid for his poor showing as the UMP candidate in the Bordeaux region on Sunday. He was replaced by another Sarkozy loyalist, Eric Woerth, 44, who ceded his own position as budget minister to one of the young turks of the Chirac-Villepin wing of the party, François Baroin, 44. Another Villepin supporter, Georges Tron, 42, also entered the government as minister for the civil service.
Such concessions to his critics within the centre-right – something that the President has previously scorned – are proofs of how weak Mr Sarkozy's position has suddenly become. His reputation as a can-do politician has been undermined partly by the global recession. But he is also accused of muddling the message of his original agenda for social and economic reform and losing touch with grassroots opinion.
The President was badly damaged by the episode last year of the aborted promotion of his 23-year-old son, Jean to a senior political position – at a time when many French 23-year-olds cannot find unpaid work experience.
In Sunday's second round of the regional elections, the centre Left and Greens took 54 per cent of the vote nationwide and 21 of the 22 regions in metropolitan France. Mr Sarkozy's centre-right party and allies scored a miserable 35 per cent and the far right National Front just over nine per cent.
Another departure from the government last night – at his own request – was Martin Hirsch, the high commissioner for social solidarity, a symbol of Mr Sarkozy's strategy of opening his government to figures on the Left.
The President faces further challenges today when public-sector workers strike, marching in protest against job cuts and a planned increase in their retirement age (which varies from 50 to 60). There will also be poisonous criticism of Mr Sarkozy's record in a meeting of UMP members of parliament, who want him to abandon his plans for a green, or "carbon", tax and scrap his policy of "ouverture" to the Left.
Sarkozy down but far from out after French vote
As expected, French voters gave Nicolas Sarkozy's UMP party a hammering in the run-off elections for regional councils. The left opposition won everywhere except Alsace and two overseas regions.
The revived Socialists are jubilant and dreaming of national power while no-longer-Super Sarko is locked in the Elysée Palace having a rethink with François Fillon, his Prime Minister [picture above]. Over on their hillside at Saint-Cloud, old Jean-Marie Le Pen and his daughter Marine are toasting the revival of the far right National Front.
So it's curtains for the hyper-president, or "hyper-loser" as Le Progrès newspaper called him today ? Le Sarkozysme is finished and "progressive", left-thinking, France is reborn, as Libération says ?
Not so fast. Three years since crowning him, France has certainly fallen out of love with King Sarko I and his frenetic, confusing reign. But he has two years to correct things before the next presidential and parliamentary elections and he can count on a mess in the Socialist party.
The picture for him is not as bleak as some think. Take his rush to reform, the shake-up of work habits, the welfare state, hospitals, schools, the law courts and so on. Two polls today show that the French are not as hostile to these reforms as we thought. A BVA survey for Les Echos found that 50 percent want him to continue with at least the same pace, while only 40 percent are in favour of a pause. Le Parisien's poll, by CSA, found that one third want to slow the pace of reform. This might reinforce the idea that a lot of Sarkozy supporters abstained from voting to show their disapproval of the President.
Also on Sarkozy's side is the unique nature of the French system -- at least compared with the rest of Europe though not Russia and the USA. National power goes not to a party but to the man or woman who wins direct election to the monarchical executive presidency. The Socialist opposition has failed to do that since 1988. It has no clear candidate for the next time, in 2012, but is pledged to choose one next year from a bunch of feuding hopefuls. Six years ago, they were in an identical position. They had swept the board in regional elections and seemed poised for power, but Sarkozy beat them in 2007.
Segoreg
The prospects for a replay of that have been boosted by the triumph yesterday of Ségolène Royal, the party's defeated presidential candidate. Royal, who is rated somewhere between a flake and a saint, scored 60 percent of the vote in her Poitou-Charentes region. Radiant as ever, she made absolutely clear that she wants to get a second crack at Sarkozy. That will mean beating Martine Aubry, 59, the party leader who has gained stature with the regional vote [picture below]. But the polls still show that the public's favourite Socialist for the presidency is Dominique Strauss-Kahn, the head of the International Monetary Fund.
Beyond personalities, the Socialists also have to come up with a plan for government. They are popular as local councillors and mayors, but have yet to produce a national programme that answers the desire among much of the electorate for a return to the left. Sarkozy's team take great comfort from opinion polls that show that the French do not believe that the Left -- meaning Socialists and the rag-tag army of Greens and other leftists -- would do any better than his centre-right administration. Aubry3-4279834xntsw_1902
Within a day or two we should have a clearer idea of Sarkozy 2.0, as the relaunched presidency is being called. He is getting plenty of advice, some of it from rivals in his own camp who would be happy to get their own chance to run in 2012. They are telling him to slow down, simplify his message and act modest.
Many of Sarkozy's members of Parliament in the Union for a Popular Movement now regard him as a liability. They want him to get back to conservative basics and stop playing with leftwing ideas like carbon taxes. They also want him to get rid of the opposition personalities who he hired for his administration. Le Figaro, the national daily that is Sarkozy's most loyal supporter, warned him today that the vote "obliges the President to set a new course for the final two years of his five-year term."
Just about everyone is telling the President to change style. He needs to get off the stage and back up onto the Elysée throne, in the manner of his more lofty, statesmanlike predecessors. He will have a help on this front next year when he takes his turn as chairman of the G8 and G20 groups of nations.
We have already seen a couple of vintages of Sarkozy Nouveau after stumbles in 2008 and last year. But the kinder gentler brand quickly faded as the higher octane Super Sarko reasserted himself. The countdown to April 2012 is now ticking. It will be an interesting couple of years.
Retraites : le Conseil d'orientation va expertiser le relèvement de l'âge légal de départ à 65 ans
L'impact financier de « sept variantes » va être chiffré d'ici à la mi-avril. Parmi celles-ci : le relèvement de l'âge légal de départ à 63 ans ou même 65 ans, et une augmentation jusqu'à 45 ans de la durée de cotisation.
Le ton est donné. Bien sûr, il ne s'agit pas là de propositions en bonne et due forme. Les « sept variantes » sur l'évolution de la durée de cotisation et de l'âge légal de départ à la retraite ont « une vocation purement illustrative », insiste le Conseil d'orientation des retraites, et elles sont le fait de « demandes de membres du COR » (où siègent partenaires sociaux, parlementaires et hauts fonctionnaires), précise le secrétariat général dans un document transmis ce week-end et qui sera débattu demain par le Conseil. Il n'empêche, les mesures sur les retraites qui vont être expertisées financièrement montrent l'ampleur des problèmes à résoudre.
En avril 2008, le COR avait chiffré les effets d'un relèvement progressif de l'âge légal de départ à taux plein pour les assurés ayant suffisamment cotisé, de 60 ans à 61 ou 62 ans.
Cette fois, certains scénarios iront beaucoup plus loin, à la demande principalement du Medef. Le passage de l'âge légal à 63 ans d'ici à 2025 (génération née en 1962), à raison d'un trimestre de plus chaque année, va être expertisé, de même qu'un relèvement jusqu'à 65 ans d'ici à 2035 (génération née en 1970). Cela pourrait permettre au gouvernement de montrer qu'il opte pour une voie médiane en fixant, par exemple, le curseur à 62 ans. Ce n'est pas tout : le COR va examiner en parallèle l'impact du relèvement d'une autre borne d'âge fixée aujourd'hui à 65 ans. Actuellement, à compter de cet âge, un salarié peut liquider sa retraite sans décote même s'il n'a pas suffisamment cotisé (sa pension est alors proportionnelle à sa durée de cotisation). Cette borne est donc essentielle pour les personnes ayant eu des carrières accidentées. Mais il serait logique, si l'âge légal de 60 ans est augmenté, de relever d'autant la borne des 65 ans pour garder l'effet dissuasif de la décote. Le Conseil va donc chiffrer un passage de cette borne à 68 ans (avec âge légal de départ porté à 63 ans) et même 70 ans (âge légal à 65 ans). L'impact financier sera alors bien plus important. Un scénario avec une seule borne d'âge, à 65 ans, va aussi être testé.
45 ans de cotisation à l'étude
Pour la durée de cotisation, la loi Fillon prévoyait, d'ici à 2020, une augmentation en lien avec l'évolution de l'espérance de vie, soit le maintien constant du rapport entre durée de cotisation et durée moyenne de la retraite. C'est ce qui légitime le passage progressif de 40 ans à 41 ans de la durée de cotisation d'ici à 2012, et à 41,5 ans d'ici à 2020 si les hypothèses démographiques se vérifient. Le COR va logiquement chiffrer les effets de la poursuite de cette règle au-delà de 2020 : cela porterait la durée de cotisation à 43,5 ans d'ici à 2050 (génération née en 1990). Autre scénario expertisé : une hausse « plus rapide et importante de la durée » qui serait portée à 45 ans d'ici à 2028, soit un trimestre supplémentaire par an à partir de 2013. Des scénarios encore plus « durs » combinant ces fortes hausses de la durée de cotisation et de l'âge légal de départ vont enfin être étudiés. Le gouvernement envisageait ces dernières semaines de coupler le relèvement rapide de l'âge légal avec la poursuite de la hausse de la durée de cotisation au-delà de 2020 en vertu de la loi Fillon (« Les Echos » du 3 février).
Le COR va simuler les impacts de ces variantes en termes de masse de prestations versées, en prenant pour référence le scénario économique médian récemment actualisé, à savoir un taux de chômage ramené à 4,5 % à partir de 2021 (6,7 % en 2015) et des gains de productivité de 1,5 % par an. Le Conseil avait calculé en 2008 qu'un passage de l'âge légal à 61 ans réduirait de 2,7 milliards d'euros le besoin annuel de financement du seul régime général (salariés du privé) en 2020. A 62 ans, le gain atteindrait 6,6 milliards. Mais il se réduirait à long terme et serait loin d'être suffisant.
Le Conseil d'orientation des retraites prévoit l'allongement de la durée de cotisation
Après les régionales et le remaniement ministériel, marqué par le remplacement de Xavier Darcos par Eric Woerth, place à la réforme des retraites. Alors que les syndicats appellent à la mobilisation, mardi, en vue de peser sur les discussions avec le patronat et le gouvernement qui devraient commencer après la remise d'un rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) attendu mi-avril, le Figaro et Les Echos, citant un document de travail du COR, indiquent qu'il faudra cotiser 43,5 ans en 2050 pour toucher une retraite à taux plein si les règles posées dans la loi de 2003 sur les retraites sont prolongées. La durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein était de 40 ans jusqu'en 2008 au régime général (salariés du privé). Elle est actuellement de 40,5 ans et doit être portée à 41 ans d'ici à 2012.
Cet allongement progressif découle de la réforme Fillon des retraites de 2003, qui avait posé le principe d'un allongement de la durée de cotisation en fonction de la hausse de l'espérance de vie à 60 ans. Il s'agit de maintenir constant le rapport entre la durée de la vie active et celle de la retraite. Si l'espérance de vie progresse comme le projette actuellement l'Insee dans son scénario central, "la durée d'assurance requise pour le taux plein atteindrait 166 trimestres (41,5 ans) pour la génération 1960, atteignant 60 ans en 2020", peut-on lire dans un document transmis aux membres du COR pour préparer une réunion de travail mercredi. Et si la règle de 2003 s'applique au-delà du terme prévu de 2020, la durée de cotisation nécessaire atteindra 43,5 ans en 2050, selon ce même document, qui ne constitue pas une recommandation et qui ne mentionne pas à ce stade d'impact financier.
RAPPORT MI-AVRIL DU COR
Le COR – composé notamment de chercheurs, de partenaires sociaux, de parlementaires et de hauts fonctionnaires – doit rendre à la mi-avril des projections financières actualisées pour les régimes de retraite, qui serviront de base au débat sur ce chantier majeur du gouvernement en 2010. Plusieurs scénarios seront envisagés, comme différentes durées de cotisations minimales ou encore des reculs de l'âge minimum de départ à la retraite au-delà de 60 ans et des combinaisons de ces différentes options.
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a appelé lundi à s'attaquer rapidement à la réforme des retraites qui contribuera, selon lui, à augmenter la confiance des ménages et à créer de la consommation et de la croissance. "C'est quelque chose qu'il faut faire et il n'est pas trop tôt pour commencer à s'y attaquer", a-t-il déclaré en marge d'un colloque à l'Ecole de commerce de Copenhague (CBS) sur l'euro et la crise financière. "L'une des réformes que nous devrons absolument faire est la réforme des retraites qui va permettre d'établir un équilibre durable du système de retraite et donc rassurer la population sur la capacité dans le futur à ne pas réduire le niveau des retraites ou augmenter les impôts les finançant."
Retraite : 43,5 ans de cotisation... en 2050 ?
Le Conseil d'orientation des retraites se penche cette semaine sur l'espérance de vie, l'âge de départ et la durée de cotisation.
Si la loi Fillon sur les retraites est appliquée jusqu'en 2050, il faudra cotiser 43,5 ans pour obtenir une retraite pleine. C'est ce qui ressort des documents qu'examinera mercredi le Conseil d'orientation des retraites (COR), que Le Figaro s'est procurés.
Le texte, voté en 2003, pose un principe: le rapport entre durée de carrière et durée de retraite doit rester constant au fil des ans, jusque 2020. Cela revient, grosso modo, à partager chaque année d'espérance de vie gagnée en deux-tiers (travail)/ un-tiers (retraite).Compte tenu des projections de l'Insee (un an d'espérance de vie en plus toutes les décennies), la durée de cotisation pour une retraite à «taux plein» passera à 41,5 ans en 2020, avait déjà calculé le COR. Il prolonge donc ces estimations: en maintenant ces règles du jeu au-delà de 2020,la durée de cotisation passera à 43,5 ans (pour les générations nées en 1990 et après).
Attention, cela ne garantit en rien que cet allongement suffira à garantir l'équilibre financier des caisses: cette question sera examinée mi-avril, et marquera le véritable coup d'envoi de la réforme annoncée par Nicolas Sarkozy.
La presse guère convaincue par le "rafistolage" post-régionales
"Rafistolage", réponse "riquiqui", "adieu l'ouverture, bonjour la fermeture": le mini-remaniement du gouvernement Fillon est "insignifiant" au regard de la "claque" subie par la droite aux élections régionales, estime la presse de mardi.
"Rafistolage", réponse "riquiqui", "adieu l'ouverture, bonjour la fermeture": le mini-remaniement du gouvernement Fillon est "insignifiant" au regard de la "claque" subie par la droite aux élections régionales, estime la presse de mardi.
"Poussée à gauche? Montée verte? Retour du FN? Non: l'essentiel, à en croire l'esprit de ce remaniement plus politique que technique, c'était l'appel à Georges Tron, autrement dit, l'impérieuse nécessité d'intégrer au gouvernement quelques francs-tireurs du villepinisme", analyse Laurent Joffrin dans Libération.
Pour le directeur du quotidien, "ce geste tactique n'a en fait rien à voir avec le vote des Français et tout avec la petite cuisine de l'UMP".
"Il s'agit de quelques ajustements, de quelques vis à remplacer et de quelques boulons pour mieux serrer les rangs et tenter de continuer comme avant", écrit Maurice Ulrich dans L'Humanité.
Car il est clair pour Erik Izraelewicz (La Tribune) qu'"au lendemain de la défaite, la réponse de l'Elysée est claire: le cap est maintenu, la réforme des retraites, a priori explosive, est même portée au rang de priorité des priorités".
Mais Jean-Francis Pécresse prévient dans Les Echos que "le remaniement du gouvernement était devenu nécessaire", ajoutant qu'"il serait insuffisant s'il n'était pas suivi d'un remaniement de politique".
De cela, les éditorialistes doutent largement. Il fallait "d'abord calmer le jeu dans son propre camp", explique Francis Lachat dans Le Courrier picard. Nicolas Sarkozy "n'entend pas remanier sa politique, mais conforter sa mainmise sur ses troupes", estime Francis Brochet dans Le Progrès de Lyon.
"Ouvrir le gouvernement à l'héritier de Jacques Chirac, François Baroin et à un villepiniste comme Georges Tron apparaît comme des rustines pour empêcher le pneu gouvernemental de crever", juge Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées).
"Adieu l'ouverture, bonjour la fermeture", ironise François Martin dans le Midi Libre.
"On n'a eu droit qu'à un rafistolage qui, derrière l'immolation de Xavier Darcos, dissimule un minable calcul politicien", affirme Philippe Waucampt (Le Républicain lorrain).
"La claque des régionales n'aura donc - pour l'heure - reçu qu'une réponse bien riquiqui", aux yeux de Jacques Guyon dans La Charente Libre.
Emmanuel Caloyanni (Le Courrier de l'Ouest) y voit "un signe bien faible et insignifiant envoyé aux Français au lendemain d'un vote calamiteux pour le pouvoir".
"Il est peu probable que la France du 22 mars, celle qui doute, qui s'abstient et qui sanctionne, trouve dans ce petit jeu de chaises politiques de quoi reprendre goût à la grande musique civique", conclut Didier Pobel dans Le Dauphiné Libéré.
La gauche, ambitieuse, mais en désordre de marche
Aubry tendant la main aux écologistes et taclant Royal ; Cohn-Bendit prêt à changer les Verts : les grandes manoeuvres ont commencé à gauche. Objectif : 2012.
« Ségolène, Ségolène, présidente ! » En dépit de sa retentissante victoire au deuxième tour et de son appel fédérateur à considérer le résultat de la gauche non pas comme « la victoire d'un camp », mais comme « la victoire pour tout le pays », la présidente de Poitou-Charentes risque d'avoir du mal à concrétiser ses ambitions nationales.
Certes présidentiable, Ségolène Royal doit plus que jamais compter sur une Martine Aubry pugnace. En effet, sa légitimité étant sortie renforcée des régionales, la première secrétaire du PS a sonné l'heure des grands manoeuvres dès hier matin.
Ainsi, sur Europe 1, elle a confirmé, à demi-mot, que Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et elle ne seraient pas candidats l'un contre l'autre lors de futures primaires. « On n'a pas eu besoin de passer un accord ; c'est de l'intelligence collective », a-t-elle expliqué avant d'ajouter que « l'un de nous trois » ira présenter aux militants un « projet de société ».
Exit Ségolène donc ? « J'ai toujours dit qu'elle avait un statut à part », a poursuivi Martine Aubry. « Elle se situe un peu au-delà de nous, en dehors de nous. J'attends toujours que Ségolène vienne au coeur du Parti socialiste. »
À l'appel à la soumission lancé par Martine Aubry à l'ex-candidate de la présidentielle 2007 s'en ajoute un autre, à l'intention d'Europe Écologie et du Front de gauche. Ces deux formations, idéologiquement alliées, pourront participer « si elles le souhaitent, aux primaires socialistes pour désigner le candidat du PS à l'élection présidentielle de 2012 ».
L'appel du 22 mars
La proposition de Martine Aubry a finalement suscité peu de réactions. Beaucoup moins en tout cas que les déclarations de Daniel Cohn-Bendit qui, dans Libération de lundi, suggérait la constitution d'une « coopérative politique » associant en vue de la présidentielle « Verts, socialistes, Cap 21, communistes ».
Antoine Waechter et Jean-Marc Governatori, coprésidents de l'Alliance écologiste indépendante (AEI), ont vite répondu « présents », tout comme Cap 21 qui a accueilli, « avec intérêt », l'initiative de Daniel Cohn-Bendit. Du côté des Verts, où l'on se refuse par ailleurs à donner tout blanc-seing aux socialistes, l'enthousiasme a été pour le moins mesuré. Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, a jugé que c'était une « bonne idée », mais que « personne n'avait la science infuse pour 2012 » et que l'idée d'un vaste mouvement écolo était « secondaire ».
« On ne peut pas continuer avec, d'un côté les Verts et, de l'autre côté, une nébuleuse qui s'appelle Europe Écologie, constituée de personnes venues de la société civile. Il faut qu'on arrive à unifier notre mouvement, a répliqué Daniel Cohn-Bendit sur France Inter. Moi, c'est ce que j'appelle le dépassement des Verts, mais surtout pas la dissolution des Verts. » Des Verts que le bouillant Dany estime « taillés pour faire un championnat amateur » alors que l'écologie politique « peut atteindre la Ligue des champions ».
Le mot de la fin (très provisoire) est venu de Jean-Marc Ayrault : « Je lance un appel pour que la sarabande des ego ne recommence pas ; ça, ce serait une très très grave faute. » Dire que le député-maire de Nantes et président du groupe PS à l'Assemblée nationale sera entendu est une chose probable. Affirmer qu'il sera écouté est beaucoup moins sûr.
Les très hauts niveaux d'abstention constatés aux deux tours des régionales - 52 puis 49 % - ont été vécus comme des claques pour une démocratie comme la nôtre. Certains s'en inquiètent et suggèrent, comme Alain Duhamel, de rendre le vote obligatoire sous peine d'amende.
Personnellement, je pense qu'une part importante de cette abstention avait la signification d'un vote de rejet de l'actuel discours politique, droite et gauche confondues. De rejet surtout de Nicolas Sarkozy, autant pour son style que pour l'espoir déçu qu'il représente.
Dommage donc qu'en France, on ne reconnaisse pas le vote blanc, considéré comme un suffrage non exprimé. Le vote blanc, c'est glisser dans l'urne l'enveloppe avec un bulletin vierge de toute inscription à l'intérieur. Ce n'est ni un vote nul, qui correspond à un bulletin déchiré ou annoté. Ni l'abstention, qui consiste à ne pas participer au scrutin.
Au moins avec le vote blanc, on se déplace au bureau de vote, on manifeste son intérêt pour la démocratie, on admet la légitimité du scrutin, et on exprime clairement son refus du choix proposé.
Si le vote blanc était reconnu, l'abstention, interprétée, elle, comme de l'indifférence, reculerait peut-être.
Un sondeur: «Nicolas Sarkozy est dans une situation difficile»
Eric Bonnet, directeur d’études BVA opinion, décrypte les résultats du second tour des régionales...
La hausse de la participation ne semble pas s’être reportée sur l’UMP, pourquoi?
A l’issue du premier tour, les leaders de la droite ont eu tendance à nier leur défaite, ce qui a pu avoir pour effet d’agacer et de mobiliser les électeurs de gauche. De la même façon, les sympathisants de droite, qui s’étaient abstenus pour sanctionner le gouvernement ont pu penser que le message n’était pas passé.
Comment expliquer le bon score du Front national?
La grande différence par rapport à 2004, où le FN avait fait un moins bon score au second tour qu’au premier, c’est que là, a priori, le score du second tour est meilleur. On peut l’expliquer par le retour du thème sécuritaire entre les deux tours, les sympathisants de droite qui ont voulu sanctionner le gouvernement et enfin par les voix des électeurs frontistes qui avaient voté Nicolas Sarkozy en 2007, mais qui, depuis, ont été déçus.
Quelle leçon la droite va-t-elle tirer de cette élection?
C’est incontestablement un très mauvais résultat pour la droite. Il faut maintenant savoir comment Nicolas Sarkozy peut prendre en compte cela, d’autant plus que dans les semaines à venir, plusieurs réformes impopulaires étaient planifiées, comme les retraites, la taxe carbone ou la suppression de postes de fonctionnaires. C’est toujours plus difficile de faire passer des réformes impopulaires quand on est affaibli politiquement.
Quels sont les sceanrii possibles?
Il y en a deux. Le premier, c’est un très large remaniement ministériel, avec un nouveau premier ministre. Nicolas Sarkozy montrerait ainsi aux Français qu’il a entendu leur message. Par ailleurs, ce nouveau gouvernement bénéficierait de l’état de grâce de tous les nouveaux gouvernements, ce qui lui permettrait de faire passer les réformes. Mais ce gouvernement risque de s’user rapidement, ce qui est mauvais pour 2012. Le second scénario est celui d’un remaniement plus léger. Le gouvernement ferait passer les mesures impopulaires, puis Nicolas Sarkozy nommerait plus tard un nouveau gouvernement, qui résistera mieux sur la longueur, ce qui est mieux pour 2012. Mais l’inconvénient, c’est que cette stratégie risque de donner l’impression que le président n’écoute pas le message, et Nicolas Sarkozy risque d’être encore plus fragilisé. Il est donc aujourd’hui dans une situation difficile.
Sarkozy candidat en 2012, c'est non merci pour 58% des Français
SONDAGE - Seulement un tiers des personnes interrogées sont favorables à l'idée de le voir briguer un 2e mandat...
Pour ceux qui en doutaient encore le résultat des élections régionales est bien un camouflet pour Nicolas Sarkozy. Pour preuve, un nouveau sondage qui indique que plus de la moitié des Français (58%) ne souhaite pas que le Président de la république soit candidat à sa réélection en 2012, selon une enquête Ipsos pour l'hebdomadaire Le Point, rendu public ce lundi.
A l'inverse, un tiers des personnes interrogées (33%) souhaitent que Nicolas Sarkozy brigue un nouveau mandat et 9% ne se prononcent pas. Les trois quarts des sympathisants UMP souhaitent que le chef de l'Etat soit candidat, 21% y sont opposés (4% ne se prononcent pas).
EXCLUSIF Baromètre LCL - La Tribune- BFM TV : Pourquoi les patrons de PME n'ont pas le moral
Selon le baromètre « La Tribune »-LCL-BFM TV, la confiance
des chefs d'entreprise baisse pour le deuxième mois consécutif. LCL estime
que la croissance serait proche de zéro au premier trimestre.
près la Banque de France, qui a récemment abaissé sa prévision de croissance pour le trimestre (+ 0,4 % au lieu de + 0,5 %), les économistes sont de plus en plus dans leurs exercices d'anticipations. Ainsi, Axelle Lacan chez LCL ne table plus que sur une progression de 0,1 % du PIB au premier trimestre 2010, portée majoritairement par un mouvement de restockage. Le mois dernier, elle tablait sur une augmentation de 0,2 % de l'activité. « La bonne performance au quatrième trimestre 2009 (+ 0,6 %) ne devrait donc pas être réitérée.
La consommation, après un fort rebond en fin d'année 2009, en lien avec la baisse anticipée des primes à la casse, devrait stagner. L'investissement devrait continuer à se rétablir, mais pèsera toujours sur la croissance en début d'année », explique-t-elle. Sans surprise, le commerce extérieur ne sera pas la bouée de sauvetage de l'économie française. « Il devrait quelque peu souffrir du climat international, qui reste agité par les doutes sur la soutenabilité des finances publiques », poursuit l'économiste.
Pessimisme
Les conjectures peu optimistes reposent en grande partie sur la nouvelle dégradation du baromètre « La Tribune »-LCL-BFM TV, qui mesure la confiance des dirigeants de PME. Il cède un point en mars, revenant à un niveau proche du plancher atteint pendant la récession de 1993. La plupart de ses composantes (activité commerciale, trésorerie, crédits d'investissement, environnement économique national et international...) sont dans le rouge, à l'exception de l'indicateur de demande de produits qui marque une légère remontée. Mais qui reste à un niveau très faible. Même l'éventuelle instauration de la TVA sociale en contrepartie d'une réduction des charges sociales ne les fait plus rêver. Alors que les organisations patronales souhaitent cette mesure, seuls 42 % des entrepreneurs y sont favorables.
Dans ce contexte, les perspectives d'embauches sont très faibles. « Les PME continuent de détruire des emplois pour faire face à la crise », constate Yves Fradier chez Ipsos. « Résultat, nous prévoyons un taux de chômage en hausse jusqu'au deuxième semestre 2010 avec un pic à 10,1 % au troisième trimestre. Celui-ci se maintiendrait par la suite à des niveaux élevés, 9,9 % en moyenne en 2011 », anticipe Axelle Lacan. Toujours sur le volet emploi, interrogés par Latribune.fr, 78 % des chefs d'entreprise ont admis lire l'intégralité des CV qui leur étaient adressés, quel que soit l'âge du candidat. Un bon point pour les chanceux qui tombent sur eux. En revanche, les autres doivent savoir que 49 ans est l'âge limite. Après, leur candidature n'est plus retenue. A méditer.
Fabien Piliu
Remaniement du gouvernement : Baroin au Budget, Woerth au Travail, arrivée de Daubresse et Tron
Le député chiraquien François Baroin va devenir ministre du Budget, un poste actuellement occupé par Eric Woerth qui prend le ministère du Travail à la place de Xavier Darcos, sévèrement battu en Aquitaine. Le villepiniste Georges Tron prend le poste le secrétariat d'Etat à la Fonction publique.
Le chiraquien François Baroin, député-maire UMP de Troyes, dans l'Aube, fait son entrée au gouvernement à l'occasion du remaniement suivant les élections régionales qui ont connu une lourde défaite de la droite.
Il devient ministre du Budget, un poste actuellement occupé par Eric Woerth, qui prend le ministère du travail à la place de Xavier Darcos, sévèrement battu en Aquitaine et qui doit "être appelé prochainement à d'autres responsabilités" selon le communiqué de l'Elysée. Ce poste du ministère du Travail est stratégique puisque c'est celui qui doit mener la réforme des retraites, un des derniers grands chantiers voulus par Nicolas Sarkozy avant la fin de son quinquennat en 2012.
L'entrée de François Baroin au gouvernement permet à Nicolas Sarkozy de faire coup double : calmer le camp chiraquien de l'UMP très remonté contre la méthode et les réformes menées par le chef de l'Etat et enlever des arguments à Dominique de Villepin qui prépare son grand retour et devrait annoncer jeudi le lancement de son mouvement.
En outre, le villepiniste Georges Tron devient secrétaire d'Etat auprès du ministre du Travail chargé de la Fonction publique.
Enfin, Marc-Philippe Daubresse qui fut ministre délégué au Logement et à la Ville et est actuellement secrétaire général adjoint de l'UMP, devient ministre de la Jeunesse et des solidarités actives, le Haut-Commissaire dédié à ces deux sujets, Martin Mirsch, ex patron d'Emmaüs, quittant le gouvernement pour devenir président de l'Agence du service civique.
Parmi les premières réactions, citons celles de syndicats qui critiquent la valse des ministres du Travail (trois depuis l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy en 2007) : "ce n'est pas le ministre du Travail qui doit être sanctionné" pour une défaite électorale de la majorité présidentielle aux élections régionales, a souligne le président de la CFTC, Jacques Voisin. Il a salué en Xavier Darcos "un ministre qui a fait bouger les choses sur plusieurs sujets" comme la lutte contre le stress au travail ou la représentation des salariés des TPE. "Il y a un problème de stabilité à ce ministère" a déclaré le secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, résumant l'opinion générale.
Les réactions ne se font pas attendre
Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a déclaré avant l'annonce : "Eric Woerth est pour l'instant réputé comme le fondateur de la Révision générale des politiques publiques, de la baisse des effectifs de la fonction publique, du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, ce qui entraîne de lourds contentieux dans l'ensemble des services publics (...)".
Il a ironisé on use les ministres du Travail au rythme d'un par an. Ça devient un contrat à durée déterminée".
Le Parti socialiste trouve ce remaniement "hors sujet". "La France a besoin d'un changement de politique, pas d'un remaniement cosmétique. Au lendemain d'une défaite historique de la droite aux élections régionales, ce n'est pas un simple remaniement du gouvernement qui permettra de répondre aux attentes des Français", a déclaré Harlem Désir, secrétaire national du PS, dans un communiqué.
"Ce qu'ils attendent aujourd'hui, c'est un changement de cap économique et social et l'assurance que, demain, réforme cessera d'être synonyme de régression pour rimer enfin avec progrès", a-t-il poursuivi.
Concernant l'éviction de Xavier Darcos, "c'est une espèce de sanction dont on ne comprend pas bien l'objet", commente le président de la CFTC Jacques Voisin, trouvant que M. Darcos a "fait bouger des choses sur le stress au travail ou sur la représentation des salariés des TPE".
Google ferme google.cn
Depuis lundi soir, les internautes tentant de se connecter à Google.cn, la version chinoise du moteur de recherche, sont redirigés vers la version hongkongaise du site, google.com.hk. Depuis le début de l'année, Google menace de quitter la Chine, si Pékin continue à l'obliger à censurer les résultats de son moteur de recherche.
Si, pour l'utilisateur, cette redirection est – pour l'instant – transparente, elle a un impact symbolique fort. Depuis plusieurs semaines, Pékin et Google se renvoient la balle dans des négociations restées secrètes, mais qui semblaient dans l'impasse. Google affirme ne pouvoir continuer à opérer son service en Chine sous la contrainte de la censure, qui l'oblige notamment à filtrer les contenus pornographiques et politiques. De son côté, Pékin répète inlassablement que comme toutes les entreprises étrangères, Google doit se plier à la loi chinoise, qui prévoit la censure de ces contenus.
La version hongkongaise du moteur de recherche, vers laquelle le trafic de Google.cn est redirigé, n'est pas censurée. Les internautes chinois peuvent y trouver, par exemple, des photos de l'homme au char de la place Tiananmen. Rien n'empêche en revanche Pékin de bloquer le trafic en direction de la version hongkongaise du moteur de recherche, tout comme il bloque de nombreux sites étrangers comme Facebook. Google a d'ailleurs mis en place un outil de veille en temps réel qui permet de savoir quels services sont accessibles depuis la Chine.
"UNE SOLUTION RAISONNABLE ET ENTIÈREMENT LÉGALE"
La décision de Google met donc la balle dans le camp des autorités chinoises. "Il nous a été difficile de trouver comment tenir notre promesse de cesser de censurer nos résultats", explique David Drummond, le responsable juridique du groupe. "Le gouvernement chinois a été très clair : l'autocensure n'est pas négociable. (...) La redirection du trafic est une solution raisonnable et entièrement légale (...). Nous espérons que le gouvernement chinois respectera notre décision, même si nous savons qu'ils peuvent à tout moment bloquer l'accès à nos services".
Après avoir longuement menacé de quitter le pays s'il n'obtenait pas satisfaction, Google a donc opté pour une solution en demi-teinte. La firme a annoncé qu'elle conserverait pour l'instant ses bureaux à Pékin. Cette solution pourrait permettre aux deux parties de garder la face : Pékin n'a pas cédé sur le respect de la loi chinoise, et a évité d'envoyer un signal négatif aux investisseurs étrangers. Google, de son côté, peut continuer à faire des affaires dans le pays et y maintenir ses centres de recherche, tout en ayant tenu bon sur les principes.
Le bras de fer entre Pékin et Google a commencé en début d'année, après que le moteur de recherche avait annoncé avoir été victime d'un piratage informatique de grande ampleur, commis depuis la Chine selon Google. Pékin avait alors démenti avoir un lien quelconque avec ce piratage, qui visait notamment les boîtes e-mail de militants des droits de l'homme et de journalistes.
Google est minoritaire sur le marché des moteurs de recherche en Chine, dominé par le groupe Baidu. Mais il s'agit d'un marché à fort enjeu, avec la plus importantes population d'internautes au monde.
L'euro incite à flinguer le pouvoir d'achat!
La rigidité de la monnaie unique profite à l'Allemagne qui a bien compris l'intérêt de limiter la hausse des salaires pour dynamiser sa balance commerciale. Un modèle de développement dénoncé par le blogueur Laurent Pinsolle.
Je ne suis pas le plus grand fan de Christine Lagarde, loin de là. Néanmoins, elle vient juste de poser une très bonne question en mettant en cause le modèle de développement non coopératif que suit l’Allemagne depuis une quinzaine d’années.
Le modèle du « passager clandestin »
Au début des années 90, les coûts salariaux de l’Allemagne étaient 25% plus élevés que le reste de l’Union Européenne. L’arrivée de la monnaie unique fixant irrévocablement les parités monétaires au sein de la zone, Gerhard Schröder a compris que son pays risquait de grandement souffrir de ce différentiel de coûts. Le pays a donc choisi sa compétitivité contre les salaires, qui stagnent depuis 15 ans. Le Figaro rapporte ainsi que les coûts salariaux auraient progressé de 5% en Allemagne de 1996 à 2009 contre 35% en France, 45% en Espagne et 65% en Grèce.
Mécaniquement, les exportateurs Allemands ont fortement gagné en compétitivité au sein de la zone euro, ce qui a permis à l’Allemagne de considérablement augmenter son excédent commercial dans la zone car les autres pays ne peuvent plus dévaluer pour remettre les compteurs à zéro. Cette politique a une autre conséquence, une stagnation des salaires qui déprime la demande et la croissance (l’Allemagne a eu la plus faible croissance de la zone euro après l’Italie) et donc ses importations puisque la demande intérieure est atone, ce qui renforce plus encore l’excédent commercial.
Un cercle vicieux
C’est que l’euro a mis en place un cercle vicieux où celui dont les coûts salariaux évoluent le moins vite, limite ses importations tout en dynamisant ses exportations au sein de la zone, du fait de la croissance plus vive de ses voisins qui ne compriment pas autant leur demande intérieure. En clair, il y a une immense prime à la compression du pouvoir d’achat et au moins-disant social du fait de la rigidité de la monnaie unique. Celui qui limite le plus les gains de pouvoir d’achat profite de ceux de ses voisins et empoche des excédents commerciaux grandissants, comme le montre l’Allemagne aujourd’hui.
C’est cela qui a fait dire à Christine Lagarde qu’elle n’est « pas sûre que ce soit un modèle viable à long terme pour l’ensemble du groupe ». Notre ministre de l’économie a bien raison car si chaque pays suit ce raisonnement, les pays européens vont faire une course à la désinflation salariale qui aura un puissant effet dépressif sur les économies européennes. Loin de promouvoir la croissance, l’euro promeut une déflation sans fin et une compétition féroce sur les coûts qui a été et sera un frein majeur sur la croissance du continent pour les prochaines années.
Christine Lagarde a raison de dire que le modèle Allemand n’est pas viable pour la zone euro mais elle oublie de dire que l’euro est la cause première de ce comportement. Le ver est dans le fruit : c’est l’euro qui pousse à des comportements non coopératifs et prédateurs.
Guillon: quand l'humoriste devient un éditorialiste même pas drôle
Comparant Eric Besson et Eric Zemmour à deux kapos à la solde du SS Le Pen, l’humoriste de France Inter a révélé le fond de sa pensée. Ni dérapage, ni ligne franchie, mais peut être le maquillage d’un espace de liberté en instrument de haine.
Il s’est produit, hier matin, sur France Inter, notre radio bien aimée, un phénomène qui va défrayer la chronique, et pas que celle de ce cher Stéphane Guillon. Quelqu’un est enfin arrivé à faire passer Erics pour une victime. Un peu comme la classe politique, de droite et de gauche, s’est débrouillée pour replacer le Front National sur des hauteurs électorales que l’on croyait oubliées, ledit Guillon s’est offert le luxe de remettre nos deux Eric, le Besson et le Zemmour, non plus sur la sellette, mais carrément en selle.
On se souvient encore, parmi d’autres, des épisodes Strauss-Kahn ou Martine Aubry, « Tous aux abris » et « le pot à tabac », qui, même outranciers, même salauds, même scabreux, même déplacés et même parfois d’un goût contestable nous faisaient quand même — que le premier faux cul qui ne s’est pas marré en douce lève le doigt — bien rire. Et puis ce matin, alors que la chronique avait commencé dans l’hilarité, patatras, notre Guillon matinal s’est pris les pieds dans le micro, ou plutôt dans l’ego de celui qui ne discerne plus le pamphlet de l’éditorial. Ne revenons pas sur les détails croustillants et judicieusement choisis de son papier, mais, en gros, la métaphore voulait qu’Eric Besson soit un rejeton du clan Le Pen envoyé pour infiltrer l’UMP et y introduire le logiciel satanique de la haine raciale.
Et le sketch de décrire allègrement, intonations germaniques à l’appui, cet aréopage ravi, célébrant la prise de pouvoir d’un Le Pen, fêtant sa victoire en faisant le salut nazi devant la statue d’Hitler au son d’une symphonie de Wagner, les chants militaires scandés au dessert tout en « imitant comme personne le bruit de la gégène ». Quel délicieux tableau, où, si Guillon y avait pensé, ne manquait qu’une bonne choucroute alsacienne servie par des loufiats à croix gammée marchant au pas de l’oie. En épilogue de cet appel à lyncher « la Mata Hari du FN », la taupe du fascisme xénophobe, avec « son physique passe partout, ses yeux de fouine et son menton fuyant, un vrai profil à la Iago », né au Maroc d’un père inconnu et d’une mère libanaise, pour mieux faire passer la pilule de l’identité nationale, Stéphane Guillon imaginait le nouveau régime : « un coup à quatre bandes, avec Marine Le Pen présidente, Besson premier ministre et Zemmour à la culture, pour une France pure et blanche, sans burqua et sans rapports… » le tout scandé avec la voix d’un officier SS fouettant un juif à mort dans un camp de concentration.
Les deux Eric étaient donc à l’honneur sur France Inter, ce lundi 22 mars au matin, à l’heure où Nicolas Demorand réveille la France. Ce n’était plus l’appel lepéniste de Montretout mais celui d’un Stéphane Guillon suggérant l’élimination, peut-être même physique, en tout cas morale, de la vermine sarkozyenne. On se souvient de ces éditorialistes, surtout de gauche, notamment Serge July et ses mercenaires de l’époque, insultant un peuple français redevenu pétainiste et collabo, au lendemain du référendum sur le traité constitutionnel, parce que le Non l’avait emporté à 55%. Nous avions, ce matin du 22 mars, la radio du service public insultant ces salauds de Français blancs de souche qui avaient voté Front National le 21 mars 2010.
Ce n’est pas bien de voter Front National, et je n’aime pas les gens qui votent pour Le Pen, mais j’ai l’intime conviction que ce n’est pas en leur disant, même avec un semblant d’humour, à une heure de grande écoute, que ce sont des racistes et des nazis, qu’on les fera revenir vers une analyse plus juste et plus sensée de la situation politique. Assimiler d’un coup de gueule Le Pen avec Besson et avec Zemmour, ce n’est pas diaboliser Besson et Zemmour, nouveaux complices proclamés du néo-nazisme par le 6h30-10h, c’est banaliser Le Pen. En s’y prenant de la sorte, Stéphane Guillon risque de produire l’exact contraire de ce qu’il semble attendre de sa prestation. La violence de son audace matinale avait quelque chose de décoiffant ce matin, mais l’âcreté laissée par ses mots terribles avait quelque chose de repoussant. D’épouvantablement méchante et de furieusement assassine, telle qu’on la savoure si souvent parce que c’est l’essence même du genre, et non sans talent pour cet incontrôlable trublion, sa chronique était devenue dégueulasse. Ce n’est pas une question d’excès, d’abus, de trop ceci ou de trop cela, ni même de franchissage de ligne à la con, de border line débiles ou de dérapages supposés, qui sont les paramètres de l’humoriste sans loi ou du chansonnier sauvage, mais tout simplement d’éthique, en ce sens que il faut parfois rester sur son terrain pour ne cultiver que son jardin, si l’on veut être sûr de régner en maître en emmerdant les autres.
Ce lundi 22 mars, contrairement à ce que Nicolas Demorand a répondu à Eric Besson qui se plaignait d’avoir eu bobo à son image, la chronique de Stéphane Guillon n’était pas la caricature d’un homme politique par un caricaturiste politique, mais la caricature de la caricature, transformée en une simple tribune politique sentant du même coup très mauvais. Attention à la confusion des genres, rares sont les imitateurs, aussi géniaux qu’ils soient, à avoir le talent musical des chanteurs qu’ils imitent pourtant si bien. Ce matin sur France Inter, c’est comme si Thierry Le Luron s’était vraiment pris pour Guy Béart, et Laurent Gerra pour Jack Lang. Le seul problème, et jamais cela ne lui était arrivé à ce point, de Stéphane Guillon, c’est qu’il était très bon, voire excellent, dans son style, mais pas drôle du tout.