mardi 23 décembre 2014
L’orage qui s’annonce
En France métropolitaine, 3,4 millions de personnes n’ont pas de travail, selon les chiffres de Pôle emploi. Depuis les emplois jeunes, les contrats uniques d’insertion, les emplois d’avenir ou encore les contrats de génération, les emplois aidés sont autant d’échecs. Échecs en ce qu’ils n’arrivent pas à lutter contre le chômage des jeunes et des seniors dans la durée ; ils donnent à ces personnes l’apparence d’un emploi pendant un temps limité, permettant d’en faire sortir quelques-unes des statistiques officielles, mais, à leur terme, ils ne débouchent sur rien ou pas grand-chose.
Pourquoi ces emplois aidés, payés grâce à l’argent public (3,2 milliards prévus en 2015), ne sont-ils pas la solution tant espérée ? La philosophie qui préside à leur destinée est issue d’une erreur fondamentale : « La hâte engendre en tout l’erreur, et de l’erreur sort bien souvent le désastre », écrivait Hérodote. Ainsi, malgré la persistance du chômage de masse depuis plus de trente ans, nos gouvernants, droite et gauche confondues, n’attaquent jamais le mal à la racine, se satisfaisant de mesures superficielles, avec un effet très limité dans le temps, comme si, en l’espèce, l’enjeu était le cycle médiatique et non la réforme d’un système en voie d’effondrement.
Cette philosophie qui veut que ce soit l’État, et non les entreprises, qui crée des emplois est une hérésie économique et une faute intellectuelle lourde. L’État est là pour définir le cadre juridique et réglementaire de la vie économique et moins celui-ci est pesant, meilleure est cette dernière. L’État finance des investissements sur le long terme qu’aucune entreprise privée n’aurait les moyens de fournir. Ce sont les grands travaux d’infrastructure, qui, à terme, permettent une plus grande productivité des acteurs privés.
L’État doit conserver des participations dans les secteurs stratégiques que sont l’énergie, la défense et les réseaux pour garantir sa souveraineté et son indépendance. Enfin, l’État est la seule entité capable d’intervenir en cas de crise systémique, comme Nicolas Sarkozy, alors président de la République, l’avait fait pour sauver le secteur bancaire français, en 2008.
En revanche, la création d’emplois revient aux entreprises. Si l’on devait résumer cela en un slogan médiatique, cela pourrait donner : “L’entreprise, c’est l’emploi” ; ce qui apparaît comme une tautologie a visiblement besoin d’être écrit, scandé, crié à tue-tête, à longueur de colonnes, d’émissions de radio et de télévision et dans la rue ! La gauche ferait mieux de se méfier lors qu’elle moque ces patrons de petites entreprises qui défilaient le 1er décembre, pour se faire entendre et symboliquement cadenasser le vaisseau amiral de l’aveuglement étatique illustré par le ministère des Finances. En caricaturant ces patrons, ces artisans, ces commerçants, elle montre qu’après avoir perdu les ouvriers au profit du Front national, elle a perdu le sens du peuple.
J’aime l’entreprise, disait Manuel Valls, cet été, c’était compter sans le coup de poignard dans le dos des employeurs de la loi sur la pénibilité. Sous couvert de la prendre en compte, le gouvernement va à l’encontre de sa volonté de simplification réglementaire et de celle de lutter contre l’insécurité juridique. Complexification et ouverture d’un contentieux supplémentaire entre salariés et employeurs, le gouvernement manie avec talent l’“amour vache”.
L’enfer socialiste est décidément pavé de bonnes intentions. Le temps de la résistance est venu. Partout en France, l’orage gronde, la majorité de nos concitoyens n’a plus aucune confiance dans leurs gouvernants. L’orage qui vient sera “libéral” dans le sens où il libérera salariés et employeurs, emportant toute la paperasse inutile, les taxes qui confinent à la spoliation et ces administrations dont le seul objectif est de justifier leur existence. George Sand a écrit : « Le repos est un rêve ; la vie est un orage. » Pour continuer à vivre en 2015, les entrepreneurs devront tout faire pour que l’orage gronde encore plus fort que le 1er décembre !
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