Face à la crise, le Président annonce à Châlons-en-Champagne une accélération de son action.
« On veut du changement ! » scandaient les militants de la CGT.
Patience, leur a répondu François Hollande, dans un long discours devant
fixer le cap pour les prochains mois. « Nous sommes devant une crise
d’une gravité exceptionnelle », a expliqué le Président. Et s’il y a «
urgence » sur l’emploi, « il faudra du temps » pour gagner « la bataille
de la croissance, de l’emploi, de la compétitivité ».
L’Élysée
avait pris soin de prévenir de l’importance du déplacement présidentiel.
Il avait dans le même temps annoncé une intervention télévisée le
dimanche 9, bientôt suivie d’une conférence de presse. Une
contre-offensive en réponse à l’impatience d’une partie de l’électorat
et aux mauvais sondages, mais surtout en réaction à l’aggravation de la
situation économique.
Car tous les indices sont au rouge. Le
projet de budget, attendu dans trois semaines, doit trouver de nouvelles
économies pour absorber une croissance qui s’essouffle : envisagée à
1,2 % l’année prochaine, elle pourrait ne pas dépasser 0,5 %. Et les
nuages noirs s’accumulent dans le ciel de l’euro : hier, par exemple, la
relégation de la Catalogne dans les placements à risque, menaçant
d’entraîner toute l’Espagne vers la faillite…
Que faire ?
Accélérer. Le parlement recommencera ses travaux plus tôt que prévu, dès
le 10 septembre, pour lancer les « emplois d’avenir ». Le même jour,
les partenaires sociaux s’attaqueront à la flexibilité (ou sécurisation,
c’est selon) du travail. La naissance de la Banque publique
d’investissement, destinée aux PME, est annoncée « dans les jours qui
viennent », de même que le schéma des « contrats de génération ». Et le
gouvernement laisse déjà filtrer une mauvaise nouvelle à venir dans le
budget : l’augmentation de l’impôt sur le revenu, par le biais d’un gel
du barème.
Le candidat n’avait certes pas fait beaucoup de
promesses, mais le Président est déjà obligé de doucher le peu
d’enthousiasme qui restait. « Le changement, c’est une force qui sait où
elle va », répond-il aux impatients, rendez-vous dans cinq ans. Pas sûr
que les cégétistes champenois et quelques autres en soient d’accord.
Verbatim
Son action :« L’action que je conduis s’inscrit dans la durée du mandat qui m’a été confié par les Français : non pas sur trois mois, pas davantage sur douze mois mais sur cinq ans. Je prendrai donc les décisions dans un calendrier ordonné »
Sa priorité :
« L’urgence, c’est l’emploi ». Le projet de loi sur les « emplois d’avenir » sera adopté au plus vite et « dès le début du mois d’octobre seront signées les premières conventions ».
Le dispositif sur les contrats de génération sera quant à lui présenté dans « les jours qui viennent » aux partenaires sociaux.
Face aux plans sociaux :
La négociation pour « anticiper les restructurations » et « prévenir » les plans sociaux commencera « le mois prochain ». Le document d’orientation de cette négociation sur la sécurisation de l’emploi « sera présenté le 10 septembre » aux partenaires sociaux.
Le logement :
Projet de loi « prêt » pour « céder gratuitement les terrains de l’État aux collectivités et bailleurs sociaux qui s’engagent dans des programmes de construction ». « 110 000 logements entre 2012 et 2016 pourront être créés ».
La réforme de la santé :
« Des choix courageux seront faits en 2013 » pour réformer le financement de la protection sociale. « Ils seront durables, justes et stables ». Pas question d’attendre « la fin de mandat pour faire adopter une disposition à l’application différée ».
Les entreprises :
Elle sera créée « dans les jours qui viennent » pour permettre « l’accès des entreprises au financement, en prêts comme en fonds propres ».
Cumul des mandats :
La fin dans « quelques jours, quelques semaines » de l’autorisation de cumuler un mandat de parlementaire et un autre dans l’exécutif local ».