Dans une interview à paraître demain dans Le Parisien/Aujourd'hui en France, Gérard Depardieu affirme avoir trouvé Arnaud Montebourg "assez bon et intéressant" lors des débats de la primaire socialiste.
"Je me trouvais ces derniers jours en Roumanie, où je tourne un film avec Harvey Keitel. Mais j’ai suivi les primaires du PS à la télévision", explique l'acteur. "Même si je ne m’intéresse pas beaucoup à la politique, je les ai trouvées assez passionnantes à suivre, poursuit-il. Notamment parce que d’habitude on assiste à ce que j’appelle l’incompétence des petites phrases, qui prennent trop d’importance dans la campagne". "Là, ce n’était pas le cas dans les déclarations des candidats. Parmi eux, j’ai trouvé Arnaud Montebourg assez bon et intéressant", a-t-il ajouté.
samedi 8 octobre 2011
PS: Depardieu séduit par Montebourg
Ivan Levaï, dernier avocat de Dominique Strauss-Kahn
Il ne lui consent qu'une faute. Ne lui adresse qu'un seul reproche, et encore, glissé du bout des lèvres. "Dominique, je lui en veux d'avoir fait pleurer Anne. Je ne supporte pas de voir une femme pleurer." Ivan Levaï a posé sur la table du bistrot Chronique d'une exécution (Cherche Midi, 190 p., 15 €), le livre qu'il vient d'écrire, au fond, pour Anne Sinclair, cette ex-femme qu'il appelle sa "soeur". Sur la couverture de l'ouvrage sourit un Dominique Strauss-Kahn du temps de sa splendeur. Sans menottes. Un DSK d'avant ce 14 mai, jour où ce scandale planétaire a étêté d'un même coup le Fonds monétaire international (FMI), la gauche française... mais aussi cette "famille recomposée" où lui, Ivan Levaï, tient la place étrange du confident, de l'ex-mari, du tuteur, du journaliste politique, du grand-père et du lobbyiste.
En trente-cinq ans, Ivan Levaï ne s'est jamais éloigné d'elle. Quand la star de "7 sur 7" a rencontré celui qui n'était encore qu'un jeune économiste du Parti socialiste, le couple Levaï a divorcé "sans une fâcherie, sans un cri. Nous avions pris un seul et même avocat". C'est à Anne qu'il a présenté en premier sa "dernière épouse", Catherine, au Divellec, le restaurant parisien fétiche de François Mitterrand. C'est ensemble que les deux couples sont partis en vacances ou en week-end à Marrakech. Et c'est aussi ensemble qu'ils ont fêté dans les appartements de Bercy la nomination de DSK au ministère de l'économie, en 1997. Ivan Levaï se réjouissait de l'ascension du couple Strauss-Kahn comme s'il s'agissait de la sienne. Le journaliste avait vécu le 10 mai 1981 dans la chambre d'hôtel de François Mitterrand, à Château-Chinon (Nièvre). Il comptait bien vivre dans la même intimité l'élection de DSK à l'Elysée. D'ailleurs, le livre qu'il devait initialement écrire s'appelait La Troisième Victoire de François Mitterrand. Ce devait être celle du mari d'Anne.
Pour elle, le journaliste a longtemps bâti des plans sur la comète. "L'été prochain, tu iras à Brégançon ou à Rambouillet ?", riait-il. Elle, gênée et inquiète : "Arrête, Ivan... Tu imagines, première dame ?" Des faiblesses de DSK, ils n'ont jamais parlé, dit-il, que de manière fugitive. Après la liaison, révélée au grand jour, avec une économiste du FMI, Piroska Nagy, Ivan Levaï avait glissé à Anne Sinclair : "Tu es dans la situation de Simone quand Montand avait eu une liaison avec Marilyn.""Pas du tout !" s'était insurgée cette dernière. Depuis, Ivan Levaï comptait les jours qui le séparait de mai 2012, convaincu que l'Elysée est ensuite un abri sûr. "Dans notre système, un président monarque a les moyens d'un "parc aux cerfs" où personne ne va voir. La dissimulation perdure pour les puissants."
Mais voilà "Dominique", son champion, exhibé "en boucle" sur ces télés "tenues par des pharisiens". "Dominique" jeté en prison à Rikers Island, "sans rien, même pas un rasoir, Anne m'a raconté. Le marquis de Sade, sous Louis XVI, à la Bastille, était mieux traité". Sans la prévenir, elle qui était partie en catastrophe à New York, il a pris rendez-vous à l'Elysée. "Je bouillais. Je tournais en rond. Et je n'imaginais pas un moment que Nicolas puisse se réjouir", justifie-t-il.
Nicolas Sarkozy le reçoit dans le parc, la chemise ouverte, sans cravate. "Nous nous connaissons depuis longtemps. Il est d'origine hongroise, moi aussi. Pour moi, d'ailleurs, ce n'est pas un homme de droite." Le chef de l'Etat demande des nouvelles d'"Anne". Ivan Levaï se risque à l'ironie : "Tu es tranquille, maintenant !""Ne crois pas ça", élude le président, énigmatique, avant de rappeler qu'il avait mis "plusieurs fois en garde Dominique" contre ces aventures d'un soir qui, aux Etats-Unis, peuvent vous traîner devant les tribunaux. "T'inquiètes, je fais", rassure Nicolas Sarkozy avant de prendre congé. Quoi, comment ? Mystère. Le journaliste notera seulement que "le consul, en tout cas, est allé voir Dominique en prison".
Avant, il comptait les jours le séparant de mai 2012. Son calendrier a été chamboulé. Dans l'agenda d'Ivan Levaï, une nouvelle éphéméride soulignée de jaune fluo est venue se substituer au calendrier grégorien. Au 14 mai, à 5 heures du matin, il a écrit : "Sofitel Manhattan (hélas). Jour 1." En ce jour 142, devant sa tasse de café, il constate : "Cette histoire m'a changé. Dans quelques jours j'arrête la promo, je ferme le magasin. Mais si je n'avais pas écrit ce livre je me serais considéré comme un salaud." Et de dénoncer le nouveau "maccarthysme sexuel ambiant", de se demander si un jour on osera encore publier en France Milan Kundera, chantre du "libertinage et de la fidélité", de rappeler opportunément les mésaventures de Bill Clinton, victime de "tant de menteuses", comme Juanita Broaddrick ou Paula Jones.
"Cette histoire va changer la politique, vous n'imaginez pas. Il y aura des tribunaux d'inquisition, ceux de l'opinion. Pour être élu président, il va falloir obéir à des critères nouveaux. Les qualités qui seront exigées, peu d'hommes les possèdent."
En ce week-end de primaire, l'homme de gauche rêverait d'une femme présidente. Au fond, il aimait cette époque où, journaliste politique, il passait ses week-ends à Latche (Landes), chez le président François Mitterrand, dont il avait écrit, le 10 mai 1981, la déclaration d'élu à l'hôtel du Vieux-Morvan. A 74 ans, il garde la nostalgie de ces temps où, de retour à Paris par la nationale, il déposait le président rue Jacob, au pied de l'appartement d'Anne Pingeot, sans poser de questions. "Ne vous mettez pas à la place d'Anne Sinclair", conjure-t-il.
Il ne veut pas croire que "Dominique" soit rayé pour toujours de ce Paris qui l'a tant courtisé. Avec sa belle voix grave, il raconte, le regard de nouveau pétillant, cette scène qui lui a tant plu. Il déjeunait avec Jean-François Kahn, un autre ami des Strauss-Kahn, chez L'Ami Louis, célèbre bistrot gastronomique du coeur de la capitale. A quelques tables d'eux, Bill Clinton partage un coûteux poulet-frites avec sa fille, Chelsea. Les deux journalistes ne parlent anglais ni l'un ni l'autre, impossible d'aborder l'ex-président américain. "Mais au moment où ils ont quitté le restaurant, toute la salle s'est levée et a applaudi bruyamment, raconte-t-il radieux. Cet homme dont Le Monde avait publié le rapport du procureur Kenneth Starr, avec tous les détails de sa relation avec la stagiaire Monica Lewinsky !" Un tel épilogue, on le devine, Ivan Levaï, dernier avocat de la famille Strauss-Kahn, en rêverait
N’oubliez pas la Grèce
Grèce: Le Premier ministre Papandreou envisage un gouvernement d'union nationale
Au mois de juin, le Premier ministre socialiste avait proposé à l'opposition conservatrice d'Antonis Samaras de démissionner pour ouvrir la voie à un gouvernement d'union nationale. Mais Samaras, qui s'oppose à la politique d'austérité, avait refusé l'offre. Le Pasok de Papandreou dispose d'une courte majorité de quatre sièges au parlement.
Les dirigeants européens doivent se retrouver les 17 et 18 octobre à Bruxelles pour examiner le deuxième plan d'aide à la Grèce mis au point le 21 juillet. Ils pourraient demander aux banques de renoncer à une plus grande part des créances qu'elles ont sur la Grèce.
Ce que les candidats à la primaire PS n'ont jamais dit
Ségolène Royal, Manuel Valls, Jean-Michel Baylet et François Hollande se sont prêtés au jeu de notre questionnaire décalé.
Dernier week-end avant le premier tour. Dimanche, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, François Hollande, Martine Aubry et le PRG Jean-Michel Baylet sauront lesquels d'entre eux sont qualifiés pour la finale de la primaire PS.Les autres ont pris le temps de le faire - par mail, à l'exception de François Hollande dont l'entretien a été réalisé en face à-face -, avec sérieux, humour parfois. Retrouvez toutes leurs réponses.
RETROUVEZ LES RÉPONSES DE SÉGOLÈNE ROYAL
RETROUVEZ LES RÉPONSES DE JEAN-MICHEL BAYLET
RETROUVEZ LES RÉPONSES DE MANUEL VALLS
RETROUVEZ LES RÉPONSES DE FRANÇOIS HOLLANDE
Méfions-nous des sauveurs de l’euro
Les crises du passé ont permis – ou tout au moins favorisé – la mise en œuvre de changements structurels. Les crises ont ainsi rendu possible l’institutionnalisation des règles nationales, l’apparition de la protection sociale et surtout l’installation du paradigme longtemps dominant de la pensée keynésienne. Cela s’inscrivait dans un contexte général. Il arrivait toujours un moment, toutefois, où les "aspects positifs" de la crise retombaient sous le joug d’intérêts privés supérieurs. Le fait qu’ils aient été malmenés dans l’Allemagne rouge-verte, la dérégulation et l’abandon de la redistribution des richesses participent à la confusion ambiante.
Tirera-t-on les enseignements de la crise de la dette européenne ? Manifestement pas. Car ce que l’on vend à l’opinion publique angoissée comme la "gestion de la crise" ne comporte aucun des "aspects constructifs" au sens où les entend Jürgen Kocka. Dans la concurrence pour sauver l’euro face aux "marchés", les gouvernements montrent simplement qui tient véritablement les rênes du pouvoir. Au lieu d’agir sur les causes économiques et politiques de la crise, celles-ci sont érigées en solutions. Et depuis 2008, l’Etat doit supporter le poids social d’une crise financière du secteur privé. A peine avait-on transféré le coût de l’enrichissement du secteur privé sur les comptes publics que l’on prescrivait un nouveau régime destiné à résoudre une crise devenue "publique".
Une discussion réduite au sauvetage de l'argent
Pendant la crise, le principe allemand de plafonnement de la dette a été étendu au reste de l’Union européenne. Cette décision découle-t-elle de la parcimonie proverbiale de la chancelière allemande ? Nenni. "Ce que nous devons nous garder de faire", a mis en garde Angela Merkel, "c’est de saper au passage la confiance des investisseurs". Voilà qui montre à qui va sa loyauté et à quoi se réduit le débat européen : à une discussion sur le sauvetage de l’argent, des prétentions d’ordre patrimonial, de la compétitivité. Les appels à davantage d’"enthousiasme pour l’Europe" finissent toujours par des sanctions sur la mise en œuvre de la discipline budgétaire, par des règlements sur l’insolvabilité des Etats, etc. Les querelles partisanes au sein de la coalition sur la politique européenne à mener ne suffisent pas à la cacher. Le fait que le parlement soit bientôt davantage impliqué dans les décisions relatives au sauvetage de l’euro n’est pas une réponse à la question de savoir ce que les députés contribueront à "sauver"."L’échec de l’euro serait aussi l’échec de l’Europe", a déclaré la chancelière, propageant ainsi une menace qui devrait avoir autant d’effet sur les députés des groupes parlementaires de la majorité que sur les petits épargnants, les bénéficiaires d’allocations, les salariés et les écoliers, les médecins et les artistes, les retraités et les femmes au foyer. Cette phrase ne dit toutefois qu’une partie de la vérité. Car les fondements d’une meilleure Europe seraient aussi détruits : une Europe qui était encore au cœur du débat dans les querelles qui ont émaillé la signature du Traité de Lisbonne – une Europe la protection sociale, des droits fondamentaux applicables. Les gens qui ont envie de sauver l’Europe, qui aspirent à autre chose qu’un projet élitiste fondé sur de seuls intérêts économiques et marqué par le recul de la démocratie, la concurrence fiscale et le dumping social, doivent désormais se retourner contre les "sauveurs" que sont les Merkel, Sarkozy et consorts.
C’est nécessaire, parce que les décisions prises dans le cadre de la gestion de la crise préfigurent ce que sera la future constitution européenne. Mais ce ne sera pas aussi simple, car un "non" social et solidaire à la politique de sauvetage du gouvernement est bien trop facilement confondu avec ce populisme eurosceptique qui fait actuellement tache d’huile dans la société. Ces faux détracteurs de l’Europe ont trouvé dans le journal Bild leur organe officiel – reste à leur trouver un mouvement politique.
Des conditions de travail dégradées
D’après un sondage, les deux-tiers des Européens estiment que le marché unique n’a profité qu’aux grandes entreprises ; la moitié d’entre eux ont le sentiment que le statu quo européen a dégradé les conditions de travail et que l’intégration politique n’a pour l’heure rien apporté aux couches défavorisées. Voilà qui en dit long sur le tempérament de cette Europe qu’Angela Merkel et d’autres entendent sauver.Et pourtant, ce serait une erreur d’abandonner l’idée d’Europe et de laisser le champ libre à ceux qui voient l’issue dans le retour du mark, la désolidarisation et le repli national.
L’enjeu est de taille : ou bien l’on sort de la crise de l’euro "par le haut", avec un régime européen menant une politique d’austérité autoritaire, ce qui supprimerait immédiatement toute marge de manœuvre pour la construction politique de l’Union et conforterait les mouvements sociaux dans leur orientation eurosceptique. Ou bien une pression exercée "par le bas" contraint les gouvernements à revoir leur action.
Une campagne publicitaire orchestrée par les syndicats n’y suffira pas. Les appels seuls n’ont jamais suffi à rendre une crise constructive. Pour que ce soit le cas, Jürgen Kocka l’a également rappelé, deux choses ont toujours été nécessaires : la critique du capitalisme et l’engagement politique assorti d’une mobilisation sociale. La critique est largement répandue dans les colonnes des journaux. Mais on ne lit pas encore que ce n’est pas suffisant.