L'entourage de Nicolas Sarkozy attend avec confiance que la comparaison avec le candidat du PS inverse la donne dans les études d'opinion.
Et maintenant, comment remonter la pente ? La semaine dernière, un sondage Ifop pour Paris Match donnait encore Nicolas Sarkozy largement battu par Dominique Strauss-Kahn et par les autres candidats socialistes possibles - Martine Aubry, François Hollande ou Ségolène Royal. La popularité du président de la République reste toujours aussi faible, en deçà des 30% dans la plupart des baromètres. L'effet du remaniement a été insignifiant sur l'opinion, en l'absence d'un changement de premier ministre.
Par ailleurs, la victoire de Nicolas Sarkozy dans le bras de fer engagé
sur les retraites n'a pas été saluée par l'opinion. L'Élysée considérait pourtant, il y a quelques semaines, que ce succès rejaillirait sur son image, notamment à droite. Visiblement, il faudra attendre, et ce malgré une intervention télévisée considérée comme réussie le 16 novembre. «Depuis les retraites, l'image réformatrice du président est très renforcée», corrige Franck Louvrier, conseiller chargé de la communication du président, avant de reconnaître que «la légitimité de cette réforme ne s'imposera que très progressivement». Les interrogations autour de
l'affaire Karachi n'ont pas non plus aidé le chef de l'État. En revanche, l'impact de la petite polémique sur
le «off» du chef de l'État avec des journalistes à Lisbonne, est considéré comme très mineur par l'Élysée. Contrairement à l'épisode du Salon de l'agriculture, il n'y a «pas de vidéo de la scène et il s'agissait d'une remarque au second degré», veut croire un conseiller.
Malgré ces handicaps, l'Élysée reste confiant à moyen terme. «Le président est mesuré par l'opinion en valeur absolue, attendons le moment de la comparaison», répète-t-on. Un proche souligne que le décor est désormais campé, à droite. Le parti et le gouvernement sont en place. «Aujourd'hui, ce qui compte, c'est de rassembler son camp. Au PS, pour le moment, il n'y en a pas un seul qui s'impose vraiment pour rassembler son camp», considère-t-on à l'Élysée. Quant à
une candidature Fillon à la présidentielle de 2012, l'Élysée n'y croit pas un seul instant. «François ne voudra jamais être celui qui divise son camp», avance-t-on, comme si la candidature de Nicolas Sarkozy ne faisait plus aucun doute. Il est vrai que le chef de l'État a déjà commencé à mettre en place ce qui ressemble de plus en plus au style du futur candidat de 2012 : «À la fois placide et réformateur», note l'un de ses proches, en référence au ton particulièrement posé du chef de l'État lors de son entretien télévisé. Le hasard y a sans doute joué sa part, Nicolas Sarkozy étant ce soir-là affecté par une toux qui «l'a forcé à mieux contrôler sa voix et son débit», confie un proche. Désormais, le chef de l'État entend déployer son jeu sur le registre d'un David Cameron à la française, moins brutal dans l'annonce des réformes, mais toujours déterminé, au nom du «devoir» et de «l'intérêt général». C'est cette attitude qui sera payante en 2012, selon l'Élysée.
Mais, dans l'immédiat, personne ne s'attend à un miracle. «Il n'y a aucune raison immédiate de voir la popularité du président remonter dans un contexte économique toujours difficile», note un fidèle du président. En revanche, l'entourage du chef de l'État se refuse à prendre au sérieux les derniers sondages qui le donnent en baisse au premier tour et largement battu au second. Un conseiller souligne que ces sondages de premier et deuxième tour sont différents des précédents, surtout parce qu'ils comptabilisent de nouvelles candidatures, celles de Dominique de Villepin et Hervé Morin en plus de celle de François Bayrou. «Cela fait baisser mécaniquement le score de Sarkozy au premier tour, et réduit son impact sur le deuxième tour», analyse une note élyséenne. Pour le moment, l'Élysée s'arrange de la position d'outsider de Nicolas Sarkozy pour 2012. «Le président a vu Édouard Balladur triompher dans les sondages, mais à la fin il a été battu», assure un élu proche du président.