Pourquoi le mariage de Chelsea Clinton fascine-t-il l'Amérique ?
lle est d'un naturel discret, n'est pas d'ascendance royale, son père a quitté la Maison Blanche voilà bientôt une décennie et elle n'a pas le profil princier de Diana (comme le confirme ce portfolio, "Chelsea à travers les âges"). Rarement, pourtant, un mariage aura suscité autant de passion outre-Atlantique que celui de Chelsea, fille de Bill et Hilary Clinton.
Qui se souvient du mariage de Jenna Bush, la fille de W, en mai 2008 ? Les médias américains n'y avaient prêter qu'une attention polie. Les épousailles de Chelsea, elles, ont déjà inspiré pas moins de quatre articles au vénérable New York Times (1, 2, 3 et 4). La jeune fille a même eu droit à un portfolio de ses "ex" réalisé par le magazine en ligne Daily Beast. La chaîne de télévision ABC a divulgué des "fuites" sur les plans du mariage, tandis que le site people TMZ s'est targué de dévoiler la playlist qui devait être jouée à la cérémonie.
UNE JEUNE FILLE TRÈS DISCRÈTE
La frénésie médiatique qui a entouré le mariage ce week-end de Chelsea est d'autant plus surprenante que les mariés sont peu connus du grand public. Bill et Hillary ont jusqu'ici tout fait pour tenir leur fille à l'écart des projecteurs, et elle-même ne semble guère attirée par la lumière. Tout juste sait-on que Chelsea Clinton, 30 ans, et Marc Mezvinsky, 32 ans, se sont connus lorsqu'ils étaient adolescents dans un camp de vacances organisé par le parti démocrate. De l'époux, banquier, on sait seulement qu'il est le fils d'un ancien député démocrate condamné et emprisonné pour escroqueries.
Les noces, préparées dans le plus grand secret, se sont déroulées dans la luxueuse et ultra-sécurisée propriété d'Astor Courts, aux environs de Rhinebeck, petite localité rurale du nord de l'Etat de New York (voir le portfolio du Washington Post). Afin d'écarter la nuée de paparazzi qui s'annonçaient, une interdiction de survol de la propriété a été décrétée et l'accès aux routes qui y mènent fortement restreint. Selon plusieurs estimations, la facture totale de la noce oscille entre trois et cinq millions de dollars, rapporte le Daily News.
QUELLE ROBE ?
Désireux de se construire une mythologie glamour, les Américains n'ont pas la chance d'avoir une famille royale aussi "bankable" que celle qui sévit en Angleterre. Ils se sont donc jetés sur ces noces comme des fourmis sur le gateau de la mariée. En témoignent ces scènes rapportées par le New York Times : "Une équipe de baseball a envoyé sa mascotte, déguisée en raton laveur, qui a défilé dans la ville avec une pancarte demandant Mlle Clinton en mariage. Des adolescents ont poursuivi l'ancienne secrétaire d'Etat Madeleine Albright pour lui demander un autographe. Et des jeunes femmes ont distribué des parts de pizza sur lesquelles on pouvait lire 'OUI' en lettres de pepperoni".
La réponse de la mariée ne prêtant pas à conjecture, c'est sur le choix de la robe que s'est portée l'attention des médias, au point que ce détail vestimentaire a fait l'objet d'un véritable feuilleton à suspense. Le magazine Stylelist s'est fait l'écho de la question qui taraudait l'Amérique : Chelsea portera-t-elle une robe Vera Wang ou Oscar de la Renta ? On a aujourd'hui la réponse : c'est Vera Wang, une amie de la famille, qui habillait la mariée, et c'est Hillary qui portait du Oscar de la Renta.
GÉNÉRATION CLINTON
Rare fausse note dans cette couverture médiatique enchantée, la journaliste Rebecca Traister s'est offusquée dans les colonnes de Salon de la regression "sexiste" que symbolise à ses yeux cet événement. "La fétichisation enfiévrée de ce jour de noces n'est pas seulement agaçante, elle est destructrice. Elle véhicule une vision de la réalisation de l'individu - et particulièrement des femmes - qui a depuis longtemps dépassé sa date de péremption. Cette idée selon laquelle le mariage serait le but ultime que chacun d'entre nous doit s'efforcer d'atteindre, que nos mariages seraient l'expression ultime de nos réussites et de nous-même. Qu'ils sont la preuve, la validation, quelque signe rassurant du fait que nous ayons bien tourné".
Sur Slate.com, la journaliste Anna Rosin lui répond. Elle réfute l'idée selon laquelle les mariages de femmes seraient davantage commentés que ceux des hommes, argument au coeur de la démonstration de sa collègue. Si elle reconnaît que l'hystérie qui entoure ces noces est inattendue au regard du caractère pour le moins discret de la mariée, elle avance une explication : "Ce qui suscite notre intérêt, c'est l'idée d'un mariage dans la seconde génération des Clinton". La première démocratie mondiale se rêverait-elle une seconde dynastie capable de prendre la suite de la saga Kennedy ? La journaliste rappelle que les dernières noces à avoir eu autant d'écho outre-Atlantique sont celle d'un Kennedy, JFK Jr, en 1996.
dimanche 1 août 2010
Attention aux avions poubelles
"L'avion sur lequel j'embarque pour trois heures de voyage pendant ces vacances est-il fiable et bien entretenu ?" ; "La compagnie aérienne suit-elle les règles de l'art ?" : "Les pilotes sont-ils à jour de leur formation ?" Autant de questions légitimes que se posent des millions de passagers avant de prendre l'avion. Plusieurs incidents aériens récents ont mis en exergue le déficit d'informations fiables et faciles d'accès sur la sécurité en vol. Décontenancés, certains passagers se fient à des impressions diffusées sur des forums ou des blogs.
Voyageurs, sachez déjà que la réglementation européenne est claire. Les compagnies aériennes battant pavillon des 27 pays membres ne peuvent se permettre aucune dérive en matière de sécurité. Les rappels à l'ordre sont immédiats et sévères, pouvant entraîner un arrêt de l'activité par suspension du certificat de transporteur aérien. La vigilance des autorités de tutelle (Direction générale de l'aviation civile en France, European aviation Safety Agency au niveau européen) est encore renforcée dès qu'un opérateur connaît des soucis financiers. Ainsi, en 2004, les vols d'Air Littoral avaient été suspendus alors que le dépôt de bilan n'était pas prononcé. La réglementation est aussi stricte que précise. Tout avion doit être entretenu conformément aux directives du constructeur. Il doit subir des visites quotidiennes, hebdomadaires, de 500 heures ou annuelles. Certaines pièces, même en bon état apparent, sont systématiquement remplacées, etc. La formation et le niveau des licences que doivent posséder les pilotes pour être aux commandes de tel ou tel type d'avion sont très contraignants et sans cesse révisés. Sont ainsi prévus, entre autres, trois entraînements au simulateur et un contrôle en vol par an.
Liste noire européenne
En France, la Direction générale de l'aviation civile publie différentes listes blanches dont celle des transporteurs aériens étrangers pouvant être affrétés par une compagnie française. C'est une garantie pour le passager. Une proposition de loi socialiste, qui devrait être discutée cet automne à l'Assemblée nationale, vise à "punir ceux qui commercialiseront des billets de compagnies aériennes inscrites sur les listes noires", pour mise en danger de la vie d'autrui.
Les autres transporteurs, ceux des avions non européens, sont contrôlés par les administrations des pays d'origine. Aujourd'hui, les autorités françaises peuvent toutefois procéder à un examen visuel et administratif de l'avion lors d'une escale (contrôles dits Safa) à Roissy, Orly, en province ou ailleurs en Europe. Même succincte, cette surveillance est efficace : régulièrement, des compagnies sont rappelées à l'ordre ; parfois des avions sont immobilisés tant que les défauts apparents ne sont pas éliminés. Cela permet aussi d'alimenter une banque de données européenne utile à la Commission quand il faut mettre à jour les listes noires. Cette liste est publiée depuis 2005 par la Commission européenne. Elle n'est pas du tout exhaustive et ignore, par exemple, les transporteurs latino-américains à soucis. Parmi les 152 compagnies interdites de tarmac européen, la majorité d'entre elles n'ont jamais eu l'intention ou la possibilité de voler en dehors de leurs pays (République du Congo, Angola, Sierra Leone, etc.).
Moins connu pour ses avis sur le transport aérien, le site du ministère des Affaires étrangères, dans les pages "conseils aux voyageurs", donne des informations pertinentes et complémentaires à celles diffusées par Bruxelles. Autre source fiable pour voler en bonne compagnie, la Federal Aviation Administration américaine publie la liste des pays qui ne respectent pas les normes minimales de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). On y trouve, entre autres, ceux d'Amérique latine, un peu oubliés par les fonctionnaires européens.
Loterie en bout de ligne
Les compagnies les plus problématiques sont en fait celles dites "de bout de ligne". Au vol international, effectué avec une compagnie de bonne réputation, fait suite la correspondance pour une ville de l'intérieur, assurée par un coucou délabré frappé d'un logo inconnu... Lorsque c'est possible, mieux vaut opter pour une compagnie filiale de celle qui a effectué le vol international. Hélas, certaines ne sont pas référencées par l'OACI car elles limitent leur réseau seulement à des liaisons intérieures. Seul le sérieux de l'autorité locale de tutelle peut garantir sa fiabilité.
Pour se faire une idée, consulter le classement des pays corrompus publié par Transparency International. Mais un vol à bord d'un avion à la fiabilité non garantie reste malheureusement parfois la moins mauvaise solution de voyage pour ceux qui veulent éviter les routes de certains pays d'Afrique ou encore les traversées à risques des ferries indonésiens.
La Cité épiscopale d'Albi au patrimoine mondial de l'Unesco
La Cité épiscopale d'Albi (sud-ouest de la France) a été ajoutée samedi à la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO. C'est ce qu'a annoncé le ministère de la culture du Brésil, qui préside la 34e session annuelle du Comité du Patrimoine Mondial dans la capitale brésilienne. «La Cité épiscopale fait son entrée dans la liste du Patrimoine Mondial», a déclaré le ministère sur un site Twitter spécialement créé pour la session de l'UNESCO.
La Cité épiscopale d'Albi est un ensemble urbain de 63 hectares, construit en terre cuite autour de la cathédrale Sainte-Cécile, qui a valu au chef-lieu du Tarn son surnom de «ville rouge». La Cité épiscopale forme «un ensemble urbain de brique, unique par sa couleur ocre, sa puissance et son harmonie», explique la municipalité d'Albi dans son dossier de présentation.
Présentée comme l'un des plus grands ensembles de brique cuite au monde, la Cité épiscopale abrite en son coeur la cathédrale Sainte-Cécile. Cette église fortifiée a été construite entre 1282 et 1480 avec pour objectif de proclamer l'autorité des évêques après la croisade menée contre l'hérésie des Albigeois (1208-1249). Modèle exceptionnel de gothique «méridional», la cathédrale est aussi réputée pour sa voûte peinte, la plus grande du monde, son porche gothique flamboyant et ses fresques des XVe-XVIe siècles, inspirées de l'art flamand et de la Renaissance italienne.
A côté se trouvent le palais-forteresse de l'évêque, la Berbie, avec son donjon massif, puissant et austère, ainsi que le Pont-vieux qui enjambe la rivière du Tarn et l'église collégiale Saint-Salvi. Le palais de la Berbie abrite depuis 1922 un musée consacré au peintre Henri de Toulouse-Lautrec, né à Albi.
33 sites français déjà classés
Le périmètre retenu pour le classement au patrimoine mondial s'étend sur près de 20 hectares et quatre quartiers d'origine médiévale aux ruelles étroites bordées de maisons à colombages : Castelviel, Castelnau, le bourg Saint-Salvi et les Combes et berges du Tarn.
La mairie d'Albi a exprimé son «bonheur» après l'inscription samedi par l'Unesco de la Cité épiscopale de la préfecture du Tarn au patrimoine mondial de l'Humanité. «Le bonheur de cette annonce est d'ores et déjà partagé par tous les Albigeois», a déclaré la mairie dans un communiqué. «L'inscription de la Cité épiscopale est le fruit d'un travail de fond de plusieurs années qui s'inscrit dans une démarche de gestion à long terme et qui se veut porteuse des valeurs universelles exceptionnelles de l'Unesco», a ajouté la municipalité dirigée par Philippe Bonnecarrère (DVD).
La Cité épiscopale d'Albi est le 34e site français inscrit au patrimoine mondial. Dans le Sud-Ouest, l'Unesco a déjà distingué la cité de Carcassonne, les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, le canal du Midi et le Mont Perdu (avec le cirque de Gavarnie). Demain, l'Unesco donnera sa réponse pour le classement des cirques de l'île de la Réunion.
Découvrez la visite virtuelle de la Cité épiscopale (Mairie d'Albi) en cliquant ici
Toutes les religions connaissent le pèlerinage. Les hindous aux sources du Gange, les shintoïstes au mont Fuji, les musulmans à La Mecque, les juifs au mur de Jérusalem, les protestants dans les Cévennes, les catholiques à Czestochowa (Pologne) ou à Thierenbach (Haut-Rhin) ont pareillement le sens du sacré, ce sentiment que récusent les tenants de l'athéisme.
C'est le sanctuaire qui fait le pèlerinage. Sa réputation se transmet de siècle en siècle comme si une seule et même foule s'y succédait en continu. La ferveur qui pousse les pèlerins d'aujourd'hui à Sainte-Anne d'Auray (Morbihan) a sans doute bien des points communs avec celle qui existait en ce même lieu sous Louis XV. Un pèlerinage se nourrit de sa propre mémoire.
Cela n'exclut pas la mode. Le pèlerinage de Compostelle, qui remonte au Moyen - Age, est bien plus couru aujourd'hui qu'il y a trente ans. On ne comptait que quelques milliers de participants au début des années 1980, alors qu'ils étaient près de 200 000 l'an dernier. Deux faits expliquent ce renouveau : d'une part le statut de grand itinéraire culturel européen attribué en 1987 par le Conseil de l'Europe, d'autre part la visite à Compostelle de Jean Paul II aux "Journées mondiales de la Jeunesse" en 1989. La religion n'est pas forcément insensible aux effets de la publicité.
Ce qui est singulier sur le chemin de Saint-Jacques, c'est l'hétérogénéité des participants.
Compostelle n'est pas une espérance collective comme le sont les réunions de malades à Lourdes. Ce n'est pas non plus un cérémonial communautaire comme les rassemblements de La Mecque d'où le non-musulman est exclu. Des marcheurs pas spécialement pieux choisissent d'aller vers Compostelle plutôt que d'arpenter le non moins superbe GR 20. Leur effort est valorisé par la destination, ou plus exactement par le balisage très précis de l'itinéraire, qui en fait un chemin spirituel. Le pèlerinage devient procession et communion ; il tire sa force de la conscience qu'a le marcheur de mettre ses pas dans ceux de ses innombrables prédécesseurs. Le pèlerin a le sens du rite.
Pour autant l'affluence sur le chemin de Saint-Jacques ne dit rien d'un renouveau de la religion catholique.
Les pèlerinages et les "Journées mondiales de la jeunesse" font le plein mais ces foules sont sans effet sur les désertions paroissiales ou sur le vide des séminaires. C'est d'ailleurs le paradoxe de l'Eglise de Rome par rapport à l'islam ou par rapport à l'orthodoxie russe que de devoir contempler dimanche après dimanche l'immense fossé entre des désirs intermittents de spiritualité et l'adhésion permanente aux formes canoniques du dogme.
Des forfaits pas si "illimités"
L'ARCEP, l'autorité de régulation des communications et des postes, dénonce, dans un communiqué publié lundi, les abus de certains opérateurs téléphoniques. Ces derniers proposent des forfaits dits "illimités", mais excluent de leurs offres certains numéros qu'ils facturent hors-forfait. Les opérateurs concernés, dont l'autorité a refusé de dévoiler les noms, ont jusqu'à l'automne pour modifier cette pratique.
Les offres de forfaits téléphoniques illimités ne sont souvent pas aussi illimités que l'on croit. C'est le constat que fait l'Arcep, l'Autorité de régulations des communications et des postes, dans un communiqué publié lundi. Après une enquête lancée en décembre 2009, l'autorité dénonce des abus. En effet, des opérateurs téléphoniques proposent des offres dites "d'abondance" qui promettent d'appeler en illimité à certains horaires tous les numéros. Cependant, certains numéros fixes (géographiques en 01 à 05 ou non géographiques en 09), sont exclus du périmètre de ces offres et facturés hors forfait. L'autorité estime que ces pratiques ne sont "ni homogènes ni généralisées", même si "certains opérateurs se livrent à des exclusions massives et systématiques, tant en termes de quantité de numéros exclus que de méthodes".
" Des pratiques disproportionnées, arbitraires et discriminatoires"
L'Arcep ne souhaite pas communiquer le nom des opérateurs, qui pratiquent ces méthodes. Cependant Bouygues, SFR et Orange pourraient être concernés, dans la mesure où les trois grands opérateurs proposent ce type de forfait téléphonique. L'Arcep laisse une chance aux opérateurs de régler ces pratiques qu'elle juge "disproportionnées, arbitraires et discriminatoires" et "dommageables aux utilisateurs appelants, ainsi qu’aux utilisateurs appelés". L'Autorité indique qu'elle réalisera un nouvel audit en automne. Si ces pratiques restent inchangées, elle menace d'en "tirer les conséquences". L'Arcep n'a toujours pas décidé quelle sanction elle appliquerait le cas échéant. L'autorité souhaite aussi améliorer la transparence et la lisibilité des offres "d’abondance". Les opérateurs concernés sont priés a minima "de publier ex ante la liste des numéros exclus, ainsi qu’une information sur la tarification indiquée automatiquement, avant la mise en relation, pour tout numéro exclu".
Réalité augmentée: quand la technologie ressuscite un patrimoine disparu
Visualiser sur un écran plat, pointé en direction des ruines, l'abbaye de Cluny détruite pendant la Révolution ou se promener dans Bordeaux en voyant la ville au Moyen-Age à travers un smart phone : de plus en plus, la technologie permet de recréer virtuellement un patrimoine disparu ou modifié.
Au Moyen-Age, l'abbatiale de Cluny, en Saône-et-Loire, était la plus grande église de la chrétienté, avec sa nef de 187 mètres de long et son double transept. L'édifice religieux fut ensuite quasi-totalement détruit après la Révolution française. Aujourd'hui, ne subsistent qu'une petite partie des bâtiments et la ville s'est reconstruite autour.
"Les gens qui viennent à Cluny cherchent une église et, ne la voyant pas, sont souvent déçus. Ici, le virtuel prend tout son sens pour comprendre ce qu'était Cluny", explique à l'AFP François-Xavier Verger, administrateur du site qui fête cette année le onzième centenaire de sa fondation.
Depuis cet été, un écran plat orientable verticalement et horizontalement, situé au pied des ruines, permet aux 100.000 visiteurs annuels de se plonger dans l'édifice tel qu'il était au XVe siècle, en superposant éléments virtuels disparues et parties existantes filmées en temps réel.
Le réalisme, les détails et le rendu sont saisissants. La luminosité ambiante est prise en compte par des capteurs et retranscrite sur l'écran. Le va-et-vient entre le virtuel et le réel est permanent.
Deux autres écrans situés plus en retrait permettent de visualiser l'abbatiale dans sa totalité et intégrée à la ville actuelle, avec voitures et piétons, comme si elle n'avait jamais bougé. Un quatrième écran devrait voir le jour avant la fin de l'année.
Baptisé ray-on, le dispositif a été développé par la société on-situ, basée à Chalon-sur-Saône, en collaboration avec l'Ecole nationale supérieure d'arts et métiers (ENSAM) de Cluny et a été soumis à un comité scientifique. On-situ développe actuellement le programme multimédia du Louvre Lens, qui doit ouvrir en 2012.
Dès cet automne à Paris, les touristes pourront voir, depuis le sommet de l'Arc du Triomphe et à travers un télescope de réalité augmentée, l'ancien Palais des Tuileries, détruit à la fin du XIXe, dans un environnement actuel.
"On pourra également voir Paris à l'époque du plan Turgot (début XVIIIe), donc au milieu des champs, ou bien dans le futur, avec de hautes tours tout autour de la capitale", déclare Maurice Benayoun, à la tête du projet, porté par le CITU, un laboratoire dépendant des universités Paris 1 et Paris 8.
"Dans les lieux de patrimoine, soit on raconte une histoire, soit on la donne à voir. Ce que nous proposons est d'un haut niveau émotionnel et toujours bien accompagné scientifiquement", analyse M. Benayoun.
Pour Jean-Luc Rumeau, porteur du projet B3D, qui permettra fin 2011 de se promener dans Bordeaux en voyant la ville au Moyen-Age, ou à d'autres époques, via un smart phone, le tournant de "la muséographie à ciel ouvert" a été pris par les sites de patrimoine.
"En plus de la visite virtuelle +classique+, nous avons également opté pour une expérience immersive plus ludique, de type jeu ou quête. Le visiteur, explique M. Rumeau, pourra ainsi se mettre dans la peau d'un moine ou d'un armateur et le scénario proposé dans la ville s'adaptera en fonction de ses choix".
Récit. Au-delà des pyramides, de Douglas Kennedy. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Cohen.
En 1985, alors inconnu, Douglas Kennedy prend la route avec pour seuls bagages quelques carnets de notes. Direction l'Egypte. Non pas celle, historique et figée, des guides touristiques, mais celle, bien plus contrastée, qui, depuis le coup d'Etat de 1952, tente de trouver son identité entre Orient et Occident. Une Egypte où la population se débat entre plusieurs héritages idéologiques, où le XXe siècle cohabite avec le passé, l'opulence avec la misère crasse. Et la montée d'un fondamentalisme qui explosera une décennie plus tard avec la multiplication des attentats. Mais, au milieu des années 80, c'est avec drôlerie que le jeune Douglas Kennedy brosse les contradictions et incohérences de l'Egypte post-Sadate.
Dans la pure tradition des récits de voyage - sans le romantisme caractéristique de la grande vague du genre au XIXe siècle -, l'écrivain rend parfaitement compte de l'atmosphère du pays au travers d'un périple ponctué d'incidents et d'une galerie de personnages auxquels le sens du détail de Kennedy donne toute leur force. Publié pour la première fois en France vingt-cinq ans plus tard, le récit répond sans conteste à la promesse du titre et donne à voir bien "au-delà des pyramides".
Au-delà des pyramides, de Douglas Kennedy. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Cohen (Belfond, 320 p., 19.50 euros ).
Dans son rapport annuel sur la France publié vendredi, le FMI se félicite de "l'ambitieux programme de réforme" mis en oeuvre par les autorités, salue la "grande réforme" des retraites et note que les banques françaises sont solides, comme l'ont montré les récents tests de résistance organisés dans l'Union européenne.
Mais il souligne des risques pour la croissance future, même si la France a mieux résisté que ses voisins à la récession, et recommande de donner la priorité à un "rééquilibrage sensible et crédible" des finances publiques.
Après une contraction de 2,5% en 2009, l'institution voit le produit intérieur brut de la France progresser de 1,4% cette année - la même prévision que le gouvernement - puis de 1,6% en 2011, 1,8% en 2012 et 2,0% en 2013.
Ces prévisions sont semblables à celles publiées en avril dans les Perspectives économiques mondiales du FMI alors que celles sur le déficit public sont plus optimistes.
Après 7,5% en 2009 et 8,0% en 2010 (là aussi la prévision gouvernementale), le déficit décroîtrait à 6,1% du PIB en 2011. En avril le FMI le situait autour de 7%.
"C'est le résultat de la conférence sur les déficits publics en juillet et de la réforme des retraites en juin", observe-t-on à Bercy où l'on juge le FMI et Paris "sur la même longueur d'ondes".
"C'est un satisfectit du FMI pour la politique économique du gouvernement", ajoute-t-on.
LE FMI VEUT DES HYPOTHÈSES "RÉALISTES"
Pour autant, le FMI situe le déficit à 3,9% du PIB en 2013 et, selon son scénario, ce n'est qu'en 2015 qu'il reviendrait sous la barre des 3%, limite fixée par le traité de Maastricht.
Le programme de stabilité de la France prévoit d'atteindre l'objectif de 3% de déficit en 2013, sous réserve d'une croissance de 2,5% à partir de l'année prochaine.
"Pour rendre l'effort d'assainissement plus crédible, il importe de fonder le cadre de programmation budgétaire sur des hypothèses macroéconomiques réalistes", écrit le FMI dans sa notice d'information, se faisant l'écho de critiques émises par la Commission européenne en mars quand lui avait été transmis le programme de stabilité.
Lors d'une conférence téléphonique, l'un des responsables de l'étude, Erik de Vrijer, a cependant relativisé ce message en indiquant que l'objectif d'un déficit ramené à 3% en 2013 pourrait être atteint si la réforme des retraites est menée à bien.
"En incluant la réforme des retraites, il y a une bonne chance de parvenir à 3% de déficit d'ici 2013", a-t-il dit.
Publiée chaque année après la visite d'une mission, la note du FMI est plutôt élogieuse pour la politique économique du gouvernement mais demande des efforts accrus en matière de réformes et d'assainissement budgétaire.
"Une reprise fragile est amorcée en France", dit le texte.
Sa moindre exposition au commerce international, l'existence d'un secteur financier assez résistant, l'importance des dispositifs de protection sociale et des mesures de relance "bien conçues" ont permis à la France de mieux résister à la crise mondiale que la plupart des pays comparables, constate le FMI.
Mais, ajoute-t-il, "les caractéristiques de l'économie française qui l'ont protégée en partie pendant la récession sont aussi celles qui, vraisemblablement, ralentiront la reprise".
"INITIATIVES PLUS POUSSÉES"
Le taux de chômage, de 9,5% en 2009, devrait atteindre 10,0% en moyenne cette année puis culminer à 10,1% en 2011 avant de redescendre à 9,7% en 2012 et 9,2% en 2013, selon le FMI.
Dans le même temps, la dette publique atteindrait 84,3% du PIB en 2010 contre 78,1% en 2009 et continuerait de se détériorer jusqu'en 2013, quand ce ratio atteindrait 90,3%.
"Le rééquilibrage imminent des finances publiques en France et dans la plupart des pays européens pèsera sur la demande, et les préoccupations que continuent de susciter les risques souverains imposent de rester vigilant", estime le Fonds en demandant aux autorités de "mettre en oeuvre avec énergie leur programme de réformes pour soutenir la reprise".
Sur la politique d'assainissement budgétaire, le FMI juge que les mesures déjà annoncées sur les recettes et les dépenses sont "de grande envergure" mais indique que "des initiatives plus poussées s'imposent à tous les niveaux de l'administration pour parvenir au rééquilibrage budgétaire vise à moyen terme".
L'institution délivre aussi un satisfecit sur la réforme de la réglementation bancaire, en saluant notamment la création de l'Autorité de contrôle prudentiel qui regroupe depuis le mois de mars l'ensemble des autorités de supervision et d'agrément de la banque et de l'assurance en France.
La santé est fragile. Craignant cette émotion populaire qui peut surgir à tout instant s'agissant de notre bien le plus précieux, la ministre Roselyne Bachelot marche sur des oeufs lorsqu'elle s'aventure à mettre un peu d'ordre dans la si onéreuse prise en charge des maladies graves, dont les soins sont indemnisés à 100 % par la Sécurité sociale. Cancer, hypertension, maladies cardio-vasculaires… : ces pathologies lourdes sont appelées « affections de longue durée » (ALD), manière pudique de dire qu'elles coûtent affreusement cher et que l'on n'en réchappe pas toujours.
L'an dernier, le gouvernement avait fait voter une disposition audacieuse destinée à faciliter l'interruption de cette couverture maladie intégrale dès lors que le patient est considéré comme guéri. Prudemment, le décret n'est encore pas paru. Cette année, le ministère de la Santé envisage de suivre l'avis de la Caisse nationale d'assurance-maladie, qui lui recommande d'éliminer de la liste des 30 ALD, en commençant par l'hypertension légère, celles que les progrès de la médecine ont rendues, sinon plus guérissables, bien plus supportables.
Reposant sur des recommandations médicales, concertée avec les associations de malades, cette approche au cas par cas offre l'immense mérite d'être une méthode douce. C'est également son inconvénient. A ce rythme, quelques dizaines de milliers de patients vont sortir du périmètre, quand des centaines de milliers y entrent chaque année. Plus de la moitié y sont toujours cinq ans après. D'exception, le régime des ALD est devenu de droit commun. Il concerne maintenant 15 % des assurés sociaux, dont les soins concentrent les deux tiers des dépenses maladie et expliquent 80 % de leur progression annuelle.
C'est inquiétant mais en rien choquant. Car ce n'est jamais que le reflet d'une société dans laquelle les malades vivent plus longtemps avec des pathologies graves devenant chroniques, dont les traitements coûtent plus cher - parfois plusieurs millions d'euros par an. Aussi est-il vain de placer dans une révision régulière, quoique nécessaire, des ALD l'espoir d'économies rapides et massives. Cela s'apparente à l'épreuve de Sisyphe. Ce n'est d'ailleurs pas la stratégie des pouvoirs publics.
Pour l'essentiel, la maîtrise de ces dépenses particulières ne peut venir que de ce qui concourt à la maîtrise des dépenses de santé en général. D'abord, la prévention, même si elle entraîne aussi plus de dépistages donc plus de frais de soins. Ensuite, une meilleure organisation dans la prise en charge des malades, à l'hôpital notamment. Enfin, grâce aux médicaments génériques, la baisse des coûts facturés à l'assurance-maladie, pour une qualité de service médical au moins équivalente.
Du point de vue de l'assureur-maladie qu'est la Sécurité sociale, cette politique a un double effet : rendre la couverture du gros risque moins insoutenable et celle du petit risque presque rentable. Face au coût exponentiel des longues maladies, il n'y a pas de remède miracle, mais des traitements à large spectre.