mercredi 24 novembre 2010
Attentat de Karachi – Giscard s'invite dans le débat
Valéry Giscard d'Estaing a affirmé mardi sur Public Sénat qu'il « existait une liste des rétrocommissions » relative à la vente d'armes par la France au Pakistan.
Invité mardi de l'émission Bibliothèque Médicis, sur Public Sénat, Valéry Giscard d'Estaing était interrogé sur d'éventuelles rétrocommissions ayant accompagné la vente de sous-marins au Pakistan. Pour l'ancien président de la République, cela ne fait aucune doute : il « existait une liste des rétrocommissions » relative à la vente d'armes par la France au Pakistan.
« La question qu'il faut poser, c'est: il (l'argent) revient pour qui et pour quelles raisons », a déclaré VGE avant d'expliquer: « la commission, c'est pour vendre, la rétrocommission ce n'est pas pour vendre ». Les rétrocommissions, « c'est un scandale », a-t-il dit.
Comme on lui demandait s'il savait si des rétrocommissions existaient, il a répondu: « elle existe cette liste des rétrocommission puisqu'on la protège avec le secret défense ». « Si elle n'existait pas, on n'aurait pas besoin de la protéger, a argumenté Valéry Giscard d'Estaing. Cela n'a rien à voir avec le secret défense », a ajouté l'ancien chef de l'Etat, qui a affirmé ne pas savoir où était cette liste de rétrocommissions.
De fait, la justice soupçonne qu'une partie des commissions versées dans le cadre de cette vente soit revenue en France pour financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole en 1995. Par ailleurs, la justice enquête sur les conditions dans lesquelles onze Français ont été tués en 2002 dans un attentat à Karachi. Parmi les hypothèses évoquées figure l'arrêt du versement des commissions liées à ce contrat et décidé par Jacques Chirac, alors président. Mais aucune preuve ne vient l'étayer.
ET CONTINUER À SE TRIPOTER EN RÊVANT DE DIANA
François Fillon : «L'élan de la réforme est intact»
Dix jours après le remaniement gouvernemental, François Fillon a présenté mercredi devant le Parlement les priorités de son gouvernement. Assumant le bilan de la première moitié du quinquennat, il promet de continuer à réformer et de ne pas augmenter les impôts.
• Les réformes - François Fillon a débuté son discours en rappelant que «l'élan de réforme» du gouvernement est intact. «Mon gouvernement d'action a un double mandat. Bâtir une France moderne et gérer la pire crise économique depuis la crise de 1930». «De quoi pourrions-nous rougir ? D'avoir réformé les universités ? D'avoir instauré le service minimum ? D'avoir réussi le Grenelle de l'environnement ? J'assume notre bilan», a expliqué le premier ministre.
Affirmant que lorsqu'on «sert l'intérêt général, on ne s'excuse pas pour son courage», François Fillon, qui avait placé sa reconduction à Matignon sous le signe de la continuité, a lancé : «Contre vents et marées, dans le calme et la tempête, contre les conservatismes et pour vaincre les peurs, l'élan de la réforme est intact!». Avant d'assurer, en parlant des «échéances électorales à venir», «l'impopularité d'un jour peut devenir l'estime du lendemain».
• Une règle constitutionnelle sur les déficits - La lutte contre les déficits est la priorité des priorités pour François Fillon. Il veut même faire de l'équilibre des finances publiques un principe constitutionnel. Le chef du gouvernement saisira prochainement «les groupes politiques d'un document d'orientation afin que nous voyions ensemble si un consensus peut être atteint sur cette question».
La France s'est engagée devant ses partenaires européens à réduire son déficit public de 7,7% du PIB cette année à 6% fin 2011, jusqu'à 2% fin 2014. «La crise du surendettement n'est pas jugulée», assure-t-il. «Avec une dette de 1600 milliards d'euros, la France ne dispose pas de trésor caché pour se dispenser de ces efforts», a-t-il ironisé. «Il faut nous libérer des déficits pour maintenir les taux d'intérêts à un niveau aussi bas que possible et pour retrouver des marges de manoeuvre», a-t-il souligné.
Le chef du gouverment a défendu la rigueur budgétaire. Il n'y aura pas de dépenses publiques supplémentaires pour relancer la croissance, ni hausse d'impôt, a promis François Fillon. Le premier ministre s'est en revanche prononcé en faveur d'une réorientation de l'épargne vers le financement de long terme des entreprises, notamment en actions.
• La croissance économique - François Fillon a reconnu que «la reprise est amorcée», mais que «la crise n'est pas finie».«L'Europe est menacée de stagnation», a-t-il ajouté. Mais le premier ministre a aussi dit s'attendre à une croissance «supérieure à 1,5%» en 2010 et a jugé la prévision d'une croissance à 2% l'an prochain «à la portée» de l'économie française.
La France va proposer, «au sein de l'Union européenne», «la création d'un fonds européen de capital risque en faveur des entreprises innovantes». En plus de ce fonds, la France proposera la création d'un «fonds européen des brevets pour valoriser les résultats de la recherche».
• La réforme de la fiscalité - François Fillon s'est engagé à mener à bien «une réforme profonde de la fiscalité du patrimoine» avant l'été prochain, qui pourrait aboutir à une suppression du bouclier fiscal et de l'Impôt sur la fortune (ISF). Il a prévenu qu'elle devrait se faire «à produit constant» pour «stabiliser» la dette publique dans deux ans.
Mais il n'y aura pas de nouvelle hausse d'impôt, a-t-il aussi promis. Avant d'ajouter: «le statu quo n'est pas possible». Selon lui, la fiscalité française est «un chef d'oeuvre de complexité, au point d'en affecter l'efficacité et même l'équité». Sa réforme doit donc «servir notre compétitivité», «rechercher la justice» et la rendre plus «lisible» et «aussi simple que possible».
• La réforme de la dépendance - C'est aussi l'une des priorités de la feuille de route gouvernementale. Le premier ministre a confirmé l'intention du gouvernement de mener en 2011 une concertation nationale sur ce dossier. Cette concertation aura notamment pour objectif d'étudier «sans a priori ni préjugé» les pistes de financement - assurance obligatoire ou facultative, collective ou individuelle.
Il a indiqué que cette concertation serait élargie à toute la protection sociale, citant notamment la régulation des dépenses de santé. Elle devra aussi «examiner les voies et le moyens de réguler les dépenses de santé, de fixer la part des régimes obligatoires et complémentaires, et de diversifier les modes de financement», a-t-il ajouté.
Le coût de la dépendance «est estimé à 22 milliards d'euros (par an) et il devrait atteindre les 30 milliards dans les prochaines années», a fait valoir François Fillon, selon qui le nombre des plus de 75 ans devrait doubler dans les prochaines décennies en France.
• La politique internationale de la France - La France assume «son message universaliste», «par la diplomatie, mais aussi par la force des armes quand cela est nécessaire», a-t-il déclaré. Elle «va se battre pour convaincre ses partenaires qu'un monde mieux équilibré et mieux régulé est nécessaire».
«Le sort de nos otages nous mobilise inlassablement. Au terrorisme nous opposons une vigilance permanente et la force de caractère de la République», a souligné le premier ministre. «En Afghanistan, nous poursuivrons notre stratégie de sécurisation, de reconstruction et de responsabilisation des autorités afghanes», a-t-il poursuivi.
• La réforme de la justice Nicolas Sarkozy avait relancé, lors de son intervention télévisée du 16 novembre, l'idée d'introduire des jurés populaires en correctionnelle et d'adjoindre des «citoyens» aux juges pour prendre les décisions de libérations conditionnelles. François Fillon a énuméré les questions à définir en vue de cette réforme : «Quels délits peuvent donner lieu à des formations de jugement impliquant la participation d'assesseurs issus de la société civile? Faut-il envisager un seuil de gravité ? Est-ce en première instance ou seulement en appel?».
Il a ajouté un nouveau thème de réflexion : «Ne faut-il pas aussi réfléchir au fonctionnement des assises?», s'est interrogé le premier ministre. «Est-il nécessaire d'avoir toujours neuf jurés, ou bien peut-on dans les cas les moins graves trouver une forme de participation populaire moins lourde?».
François Fillon a assuré que la réforme de la justice n'était pas motivée par une «méfiance à l'égard des magistrats dont le professionnalisme et la haute conscience méritent notre respect». Le nouveau ministre de la Justice, Michel Mercier, ouvrira «un large débat pour savoir comment renforcer le lien entre le peuple souverain et sa justice pénale», a déclaré le chef du gouvernement.
Et maintenant, au tour des Portugais
Le Portugal, selon les indicateurs d'hier, n'est pas condamné dans l'immédiat à un sauvetage extérieur, mais on est encore bien loin de pouvoir affirmer, après l'assistance à l'Irlande, que la pression est retombée et que le pays n'a besoin de l'aide de personne.
Dans un contexte aussi incertain et précaire, chaque mot prononcé et chaque signal envoyé par les décideurs politiques et économiques influent sur les événements à venir. Plus encore, il faut à tout prix éviter d'en arriver à des comptes-rendus sur l'exécution du budget comme il en été donné hier [malgré deux plans d'austérité, le budget portugais a été exécuté selon la loi de finances initiale].
En d'autres termes, le Portugal ne peut espérer se libérer de la pression des marchés tant qu'il n'affichera pas une politique financière crédible. Si l'état actuel du déficit ou de la dette publique peut conduire l'ancien ministre socialiste António Vitorino à déclarer que “selon une lecture rationnelle, le maintien des pressions sur le Portugal n'a aucun sens”, la capacité de l'Etat à mener une politique rigoureuse exige à l'avenir plus de prudence et de circonspection.
Quand bien même le pays parviendrait à sortir indemne de l'actuelle tempête sur les marchés, les doutes sur ses capacités de paiement à ses créanciers ne se dissiperont pas pour autant. Et si à court terme, il se confirme que le gouvernement est toujours incapable de contrôler les dépenses de l'Etat, les pressions ne manqueront pas de réapparaître, et avec elles la perspective d'une punition de l'UE et du FMI.
Les deux visages du capitalisme européen
Tout d’abord, en Roumanie, comme dans toute la région, nous avons affaire à un "capitalisme sans capitalistes", comme le remarquaient Gil Eyal, Ivan Szelenyi et Eleanor R. Townsley dans un ouvrage collectif.
Au lendemain de la chute des régimes communistes nous avons été contraints de construire un capitalisme sans classe de propriétaires et détenteurs du capital qui puisse jouer le rôle que la bourgeoisie a tenu lors de la naissance du capitalisme.
Bien sûr, nos capitalistes ont poussé comme des champignons, et les nouveaux riches sont apparus du jour au lendemain. Mais entre les capitalistes occidentaux et nos capitalistes sortis du néant, il y a une différence comme entre le jour et la nuit.
Le capitalisme est-européen ressemble au communisme
La circonstance qui a permis l’apparition et le développement du capitalisme a été la victoire obtenue par la bourgeoisie dans la légitimation de son capital économico-financier face au capital social détenu exclusivement par l’aristocratie. Dans le féodalisme, les privilèges et le rang attiraient le capital économique ; dans le capitalisme, l’équation s’est inversée et l’argent est devenu la source de la position sociale, des privilèges et du pouvoir.En Europe orientale, et en Roumanie en particulier, nos capitalistes ont usé de leur capital social pour obtenir du capital économique. Les technocrates de l’ancien régime, proches d’une façon ou d’une autre des structures de pouvoir étatiques, ont utilisé leur réseau social pour obtenir des usines, des contrats et d’autres biens qui ont rapidement contribué à l’apparition des capitalistes autochtones.
La prédominance du capital social est un trait spécifique du féodalisme, mais aussi du communisme est-européen, où le capital politique n’était qu’une variation du capital social. De ce point de vue, notre capitalisme est pré-moderne, car il obéit à des règles féodales. La logique institutionnelle a été et continue d’être subordonnée à la logique relationnelle, et les institutions sont devenues des organismes kafkaïens au service des favoritismes.
Une forme dégénérée du capitalisme "authentique" ?
Une autre particularité du capitalisme est-européen est le fait qu’il ne constitue pas le résultat d’une évolution organique, mais qu’il est le produit d’un projet. De ce point de vue, il ressemble au communisme : il contient tous les éléments d’ingénierie sociale, parmi lesquels les tentations utopiques et la justification du présent en invoquant l’avenir. Notre capitalisme s’est forgé sur la restructuration fondamentale des institutions économiques de haut en bas, tout l’inverse de son équivalent ouest-européen.Ces 10 dernières années, l’utopie qui tarde à se réaliser et les plaies sociales engendrées par les efforts pour la construction du capitalisme ont contribué à faire considérablement baisser la confiance de la population locale dans l’économie de marché.
En Hongrie, par exemple, la confiance dans le capitalisme est passée de 80% en 1991 à 46% en 2009, en Bulgarie de 73 à 53%, en Lituanie de 76 à 50%. Cette chute vertigineuse a transformé l’Europe orientale en l’une des régions où le niveau de sympathie envers l’économie de marché est le plus bas : en 2007, avant la crise économique, il était de 56%, seulement un pourcent de plus qu’en Amérique latine, (55%), loin derrière l’Afrique (75%), l’Asie (72%), l’Amérique du Nord (70%) ou l’Europe de l’Ouest (69%).
"Le racket légitime organisé par la classe dominante"
En fait, la question qu’on doit se poser est de savoir si le capitalisme est-européen est en effet une forme dégénérée du capitalisme "authentique", ou s’il s’agit tout simplement d’un autre genre de capitalisme. Des sociologues comme Karl Marx ou Max Weber pensaient que le capitalisme avait une seule finalité. Mais leurs théories ont été élaborées avant que le capitalisme ne se développe mondialement.L’histoire récente nous montre qu’il y a une multitude de capitalismes : du modèle chinois, qui coexiste très bien avec un régime autoritaire, jusqu’au capitalisme nord-américain, en passant par le modèle est-européen. Ce dernier est lui-même un concept qui n’arrive pas à rendre compte de la complexité des phénomènes qu’il prétend décrire. Peut-on confondre le capitalisme russe avec le roumain ou le tchèque ?
Il se peut que l’hypothèse selon laquelle le capitalisme est incompatible avec le manque de liberté (le cas de la Chine) ou avec la domination du capital social par rapport au capital économique (comme en Roumanie) soit fausse. Le capitalisme pourrait ne pas nécessairement aboutir à une démocratie, ne pas nécessairement générer la prospérité, et il pourrait même très bien coexister avec des systèmes clientélistes ou mafieux.
Après tout, le capitalisme occidental ne pourrait-il pas être juste une forme particulière d’un système économique que nous appelons génériquement capitalisme, et dont la caractéristique principale n’est ni la suprématie de l’argent, ni le triomphe de l’institutionnalisme sur le favoritisme, mais tout simplement, comme disait Al Capone, "le racket légitime organisé par la classe dominante".
Le parfum de sang de l'affaire Karachi
Selon Christophe Barbier, la France doit aux victimes de l'attentat de Karachi une justice intègre et transparente.
Il n'y a pas que la mémoire, et pourtant la mémoire seule suffirait. La mémoire des victimes de Karachi, déchiquetées dans leur bus par la folie de l'islamisme ou des règlements de comptes de barbouzes. Au nom des morts, il faut que la justice avance et, perçant la fumée toujours opaque de l'attentat de 2002, fasse la lumière sur le mobile des assassins: punissaient-ils la France pour son combat contre l'intégrisme ou pour son zèle corrupteur? La nation a-t-elle payé pour sa noblesse ou pour sa pourriture?
Il n'y a pas que la vérité, et pourtant la vérité seule suffirait. La vérité sur les mouvements de fonds qui ont accompagné le contrat Agosta, vente de sous-marins en eaux troubles, dont l'étrave a brassé des vagues d'argent avant même d'être carénée. Les citoyens ont le droit de savoir combien l'on a versé aux décideurs pakistanais et aux intermédiaires de tout poil, dans cette légalité immorale où baigne la conscience des marchands d'armes. Nous avons surtout le droit de savoir quelles sommes sont revenues vers la France, pour remplir quelles poches, sous le vocable propret de "rétrocommissions". Car le néologisme tombe le masque: une commission, c'est de la corruption rebaptisée par la raison d'Etat; une rétrocommission, c'est du vol. Et c'est même un meurtre par procuration si les employés de la DCN ont été tués pour un robinet d'argent sale trop vite fermé.
Il n'y a pas que l'éthique, et pourtant l'éthique seule suffirait. Elle suffirait à justifier qu'on dotât le juge Van Ruymbeke de pouvoirs exceptionnels dans son investigation. Si des ministres, des élus, des conseillers ou des fonctionnaires ont reçu des valises de billets, il faut tout faire pour que leur identité soit établie, leur argent, saisi, et leur procès, exemplaire. Mais c'est parce que cette enquête n'a presque aucune chance de percer les bons coffres, ni d'arrêter les vrais coupables, qu'il faut soutenir sans relâche le magistrat. Afin que la France récupère son honneur en aidant la justice, à défaut de l'avoir préservé en empêchant la corruption. Le Conseil constitutionnel cèle le décryptage des comptes de campagne de la présidentielle de 1995? Que les scellés sautent par une volonté supérieure à celle des Sages: la volonté du peuple. Le magistrat ne peut interroger l'actuel président, qui suivit de près le contrat Agosta? Que Nicolas Sarkozy s'exprime de son plein gré, au nom de cette probité dont il se veut un parangon - et pourquoi ne pas lui en faire crédit?
Edouard Balladur imposa il y a plus de quinze ans un financement de la vie politique des plus drastiques, avec des recettes limitées et publiques, et des dépenses plafonnées et contrôlées. Si l'ancien candidat à l'Elysée ne veut pas que tombe en cendres, chimère d'intégrité, ce moment politique, il doit demander à tous ceux qui l'ont soutenu dans sa campagne présidentielle de se tenir à la disposition du juge.
L'argent qui n'a pas d'odeur a souvent senti la poudre dans notre pays vendeur d'armes. Cette fois, il a un parfum de sang. L'affaire Karachi ne saurait être étouffée.
"Les journalistes ont trahi la confiance du président"
Une question d'actualité depuis la récente polémique née des propos tenus "off" par Nicolas Sarkozy, en marge du Sommet de Lisbonne, à un groupe de journalistes - taxés ironiquement de "pédophiles". Au cours de cet échange, le président de la République avait usé de cette comparaison, qu'on peut juger maladroite, pour souligner que les soupçons à son égard ne reposent sur aucun fait concret.
L'un des deux invités du débat était particulièrement à même de rebondir sur cet événement: Franck Louvrier est le conseiller en communication du chef de l'Etat. Le PDG du groupe de communication Euro RCSG, Laurent Habib portait la contradiction.
Franck Louvrier ne s'est pas défilé. Il est revenu, de manière concise mais remarquée, sur l'épisode de Lisbonne - et le rapport entre la communication politique et sa manière dont les médias la retranscrivent, voire l'interprêtent.
Selon lui, quand Nicolas Sarkozy s'exprime sur l'affaire Karachi et rejette toute responsabilité en la matière en qualifiant avec ironie les journalistes de "pédophiles", il tient une conversation privée - comprendre: qui n'aurait jamais dû être rendue publique.
"Ces fuites sont regrettables, car elle trahissent la confiance accordée aux médias par le président, explique-t-il. Relayées par d'autres médias, les paroles du président ont été transformées, exagérées dans leur tonalité et ressorties de leur contexte." Pour y remédier, Franck Louvrier a une solution toute trouvée, "un réel contre-pouvoir aux médias."
A l'opposé, Laurent Habib préfère s'intéresser à la responsabilité du monde de la communication. Les communicants ont un rôle à jouer dans le rapport avec les journalistes. "Peut-être devons-nous réfléchir à une autre manière de communiquer?" s'interroge-t-il. Un changement qui pourrait passer, notamment, par une refonte du système des interviews.
Jeudi dernier, al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a sommé la France de « retirer ses soldats d’Afghanistan », puis de traiter avec Ben Laden pour obtenir la libération des otages français.
En lançant ses menaces à la veille du sommet de l’Otan à Lisbonne et en précisant que « toutes les négociations devront être conduites avec Oussama Ben Laden et selon ses conditions », Aqmi a réussi un coup médiatique. Ce changement de « com », qui consiste à lier le sort des cinq otages français enlevés le 16 septembre au Niger à la présence de troupes françaises en Afghanistan, vise à renforcer le sentiment de peur dans l’opinion. Car c’est la première fois en sept ans qu’Aqmi (ex-GSPC algérien, ayant fui l’armée algérienne et replié dans le désert) joue autant la carte Ben Laden, avec qui les liens sont en réalité presque inexistants. Mais en déclarant n’être qu’« une partie d’un grand mouvement planétaire dirigé par Oussama Ben Laden », lequel donnerait les ordres, Aqmi laisse entendre qu’elle est plus puissante qu’on ne le croit, et fait ainsi monter les enchères.
Elle tente aussi de semer le doute dans les services de sécurité pour pousser Paris à payer. De son côté, Ben Laden, affaibli dans son repère afghan face aux offensives américaines et qui a récemment averti la France qu’elle « ne serait jamais en sécurité tant qu’elle resterait en Afghanistan », a intérêt à faire croire qu’il contrôle Aqmi. C’est que l’enjeu financier est énorme pour les terroristes qui ont tissé partout des liens avec les trafiquants et les clans criminels. Rien qu’au Sahel, les preneurs d’otages ont, depuis 2007, reçu des rançons de plusieurs millions de dollars.
Par ailleurs, si les terroristes tuent des innocents, c’est pour attirer l’attention des médias, leur meilleur allié, grand amplificateur des peurs. Or la peur est la pire faiblesse des démocraties. D’où la pertinence des propos de Nicolas Sarkozy qui assure que « nous ne changerons pas d’un iota notre politique sous prétexte que nous sommes menacés », et qui recommande de ne pas se rendre en zone contrôlée par les ravisseurs. En fait, le dilemme est terrible pour les démocraties : doivent-elles abandonner leurs ressortissants kidnappés en zone non recommandée en ne cédant pas au chantage afin de décourager les terroristes, ou doivent-elles payer les ravisseurs au risque de créer des précédents ?
Ce qui se passe aujourd’hui du désert du Mali aux côtes somaliennes rappelle en fait les pirateries barbaresques qui terrifièrent l’Europe jusqu’à la colonisation (1830). Djihadistes de l’époque, les barbaresques avaient pour base le Maghreb et réclamaient des rançons en échange des otages chrétiens capturés en Méditerranée. Cette industrie du djihad, parrainée par le califat ottoman d’alors, enrichissait la Casbah d’Alger et le Maghreb. Comme l’explique l’islamologue anglo-égyptienne Bat Ye’or dans son livre L’Europe et le spectre du califat (Les Provinciales), aujourd’hui, la différence réside dans le fait que les démocraties européennes, contrairement aux Etats-Unis, sont tentées par la compromission et préfèrent céder à la peur (« dhimmitude ») plutôt que d’accepter la perte des vies humaines ou l’idée d’une guerre entre djihadistes et sociétés ouvertes. Il faut certes être solidaires des otages, mais il convient aussi de responsabiliser ceux qui séjournent en zone « déconseillée », puis les Etats « amis » qui laissent les terroristes agir, du Niger au Pakistan…
Qu’est-ce que l’affaire de Karachi que certains espèrent bien transformer en un « Karachigate » pour empêcher la réélection de Nicolas Sarkozy ?
C’est d’abord une tragédie humaine avec la mort de onze techniciens français victimes d’un attentat inexpliqué à Karachi, au Pakistan, en 2002.
C’est ensuite une interrogation sur le financement des campagnes présidentielles par l’argent noir des rétro-commissions sur les ventes d’armes à l’étranger.
Avec des soupçons, sans le moindre commencement de preuve, sur le financement de la campagne d’Edouard Balladur en 1995. Rien ne le prouve, à commencer par la validation des comptes de cette campagne par un Conseil constitutionnel présidé à l’époque par Roland Dumas, l’ami intime de François Mitterrand, un Conseil dans lequel se trouvaient d’éminents socialistes.
Rien ne prouve non plus à ce jour qu’il y ait un lien de cause à effet entre l’arrêt de versement des commissions décidé par Jacques Chirac et l’attentat de Karachi.
Mais alors pourquoi ce tintamarre politico-médiatique qui met Karachi à la une depuis plusieurs jours ?
Tout simplement parce qu’un ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, déjà impliqué dans la ténébreuse affaire Clearstream pour laquelle il sera bientôt rejugé en appel, a décidé que tous les moyens étaient bons pour abattre politiquement Nicolas Sarkozy. L’ingénieur mécanicien de la campagne d’insinuations vole de radios en plateaux de télévision pour dénigrer sans jamais le nommer un président de la République qui fut, c’est la seule chose avérée, ministre et porte-parole de M. Balladur il y a quinze ans.
Alors même que le président socialiste de la mission d’enquête parlementaire, Bernard Cazeneuve, peu suspect de sarkozysme, reconnaît que, jusqu’à présent, il n’a pas rencontré M. Sarkozy sur son chemin dans son enquête. Le but de M. de Villepin est de relancer la guerre au sein de la droite entre balladuriens et chiraquiens au moment même où M. Sarkozy, en confirmant François Fillon et en faisant coexister au gouvernement les uns et les autres, s’efforçait de les rassembler. Comme en 1981 avec l’affaire des diamants menée par le RPR et le PS contre Giscard, la machine à perdre est en route.
Les grèves ont coûté 150 millions d’euros à la SNCF
Les grèves d’octobre sur la réforme des retraites ont coûté 150 millions d’euros à la SNCF, a indiqué mardi son président, Guillaume Pepy, devant des députés.
Manque à gagner et coûts supplémentaires ont affecté le groupe public à hauteur de 200 millions d’euros, a précisé Pepy devant la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, mais cette somme est ramenée à 150 millions si l’on retranche ce que la SNCF n’a « pas dépensé » (droits de circulation des trains, retenues sur salaires…). La SNCF avait indiqué fin octobre que les effets de la grève pèseraient sur ses comptes du quatrième trimestre.
Lors de la présentation des résultats du premier semestre – qui s’était terminé sur un modeste résultat net de 80 millions d’euros –, son directeur financier, David Azéma, envisageait fin août « plutôt la probabilité d’être dans le vert » pour l’ensemble de l’exercice, mais tenait à se montrer « prudent », des « aléas » étant susceptibles de peser sur les comptes.
Les comptes de la SNCF, qui étaient dans le vert depuis sept ans, ont viré au rouge en 2009 avec une perte de près de 1 milliard d’euros, attribuable à la crise mais aussi à des faiblesses structurelles, notamment dans le fret.
"Le gouvernement est autiste, ça m'a donné envie de crier plus fort"
"Il y a toujours matière à faire bouger les choses, tant qu'il y aura un mouvement, on y participera", lance Florence Benoist. L'employée à la mairie d'Ivry, venue manifester avec ses collègues, est déterminée. A Paris, pour le onzième rassemblement contre les retraites depuis fin mai, les syndicats avaient anticipé la faible mobilisation (9 000 à 10 000 selon les syndicats, 3 200 selon la police) et organisé le parcours en conséquence : très bref, le temps d'un petit tour entre la place de l'Opéra et la Bourse.
Devant l'essouflement progressif de la mobilisation, le groupe venu d'Ivry imagine d'autres moyens d'action. "On pourrait aller bloquer les autoroutes, Rungis, les TGV...", avance évasivement Florence Benoist.
Etudiants, retraités, employés de la fonction publique et libéraux, tous espèrent toujours l'abrogation de la loi. Mais le mot "retraites" n'est plus le seul à hanter les cortèges : le chômage, les salaires, l'emploi des jeunes, les conditions de travail reviennent régulièrement dans les discussions entre manifestants. "Tout est lié", explique Livia Pouponnot, avant de lancer, agacée : "On peut arriver à faire des économies sur autre chose que sur les plus petits".
Un peu plus loin, un groupe d'enseignantes sous la banderole de FSU "pas résignées mais clairvoyantes" disent attendre la décision de l'intersyndicale, le lundi 29 novembre, avant se mobiliser une nouvelle fois contre les retraites. Elles estiment que le mouvement a changé les relations au travail où les conversations sont plus politisées. "On parle plus ouvertement, ou plutôt on re-parle après 1995", explique Gisèle Skriabin, enseignante dans le primaire. Le groupe de collègues pense aussi que les dossiers par branche professionnelle vont prendre le relais de la mobilisation sur les retraites et savent quand elle iront de nouveau manifester : le 22 janvier 2011, pour protester contre le budget alloué à l'éducation nationale.
Ce n'est pas la première fois, hélas, que la paranoïa enchaîne l'Histoire, et la traîne derrière elle. Le bombardement d'hier pourrait apparaître comme un simple avatar supplémentaire sur la longue liste des « incidents » entre les deux Corées. Le comique le dispute souvent au tragique, en effet, dans l'affrontement entre les deux frères ennemis, toujours officiellement en guerre depuis... cinquante-sept ans sans qu'on puisse jamais distinguer le gravissime de l'anecdotique. On ne compte plus les épisodes d'une extravagante surenchère militaire entre les deux camps qu'un conflit hérité d'un autre siècle continue d'opposer de part et d'autre de ce 38e parallèle où plus d'1,5 million d'hommes se font face, officiellement prêts à en découdre.
Mais cette fois, on ne rit plus. La provocation de Pyongyang a été meurtrière, elle a touché des civils, et elle intervient à un moment où la tension entre les deux rivaux électrise le rapport de forces déjà crispé entre leurs deux grands alliés respectifs, les États-Unis et la Chine. L'apparente folie nord-coréenne a rarement des accès gratuits. En l'occurrence, elle correspond, paradoxalement, à une phase d'ouverture (relative) de la diplomatie du régime vers Washington. Une façon d'exister aux yeux du monde qui emprunte nécessairement à la violence rituelle contre le voisin du sud tout à la fois honni et désiré.
Voilà vingt ans que les Nord-Coréens ont parfaitement compris qu'ils pourraient faire les frais de la fin du monde bipolaire. Même Pékin, qui a toujours soutenu ses encombrants protégés, a été souvent tenté de prendre ses distances avec eux. Quelques obus et voilà Hu Jin Tao contraint de ne pas les considérer comme quantité négligeable.
Si Pyongyang ne marchandait pas la paix avec sa technologie nucléaire, le dossier serait réglé depuis longtemps. Mais il faut bien, une fois de plus, composer avec le caractère imprévisible de son régime fragilisé par la fin de règne du « Cher leader », Kim Jong Il. Rien n'est plus dangereux, chacun le sait, qu'une dictature à bout de souffle dont l'armée contrôlera jusqu'au bout la respiration. Elle veut aujourd'hui montrer que le successeur désigné, le jeune Kim Jong-Un, sera bien dans la lignée brutale de son père et de son grand-père, Kim-Il-Sung.
De leur côté, les diplomaties occidentales font semblant de s'inquiéter, c'est le jeu, mais elles sont seulement préoccupées. Personne, en effet, n'a intérêt à ce que la situation dégénère. Sans même parler du risque nucléaire, un conflit aurait des conséquences catastrophiques pour la croissance de toute la région. Aujourd'hui, même le Sud prêche l'apaisement! Quant à l'Amérique et ses 28 000 hommes, elle a perdu toute envie de nouvelle croisade contre l'axe du mal. Elle a déjà donné...
depuis une semaine, depuis l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy consécutive au remaniement du gouvernement, les Français en savent plus sur « les » projets de l'exécutif pour la dernière phase du quinquennat : pour l'essentiel, l'année 2011 sera consacrée à mettre en place une couverture sociale pour les personnes âgées dépendantes et à réformer la fiscalité sur le patrimoine. Aujourd'hui, les Français devraient en savoir plus sur « le » projet politique de l'exécutif pour cette dernière partie du quinquennat.
Par un renversement des rôles institutionnels, c'est en effet au Premier ministre, François Fillon, qu'il revient, cet après-midi, dans sa déclaration de politique générale, de mettre en perspective les annonces du chef de l'Etat. De théoriser la pratique. De donner un sens à l'action. A lui de caractériser l'avenir, lui dont la première déclaration générale, au début de juillet 2007, épousait la voie présidentielle de la libération de la croissance par le travail et de la révolution de la politique par l'ouverture.
Se succédant à lui-même, le Premier ministre se dira logiquement déterminé à maintenir intact l'élan de la réforme. Mais cela suffit-il à définir un cap, à dessiner une doctrine politique au moment où, malgré les soubresauts qui secouent la zone euro, la France entrevoit la sortie de crise ? Cela peut-il tenir lieu de vision de la société au moment où, bien que ses promesses ne soient pas finançables, le Parti socialiste place l' « égalité réelle » au coeur de sonprojet ?
Pour la droite, le défi n'est pas seulement de gagner la bataille de l'action, autrement dit celle du bilan, il est aussi de se mettre en position de remporter celle des idées. Or, sur ce terrain-là, ce n'est plus de l'Elysée, maison désertée par les conseillers de la première heure - hier encore avec le départ du conseiller social Raymond Soubie -, que vient l'énergie créatrice. C'est de l'UMP qui, avec Jean-François Copé comme secrétaire général, a vocation à redevenir le laboratoire de la droite. Est-ce aussi de Matignon, dont l'hôte fut l'un des artisans du projet de 2007 ?
Après la parenthèse du retour de l'Etat protecteur, l'opportunité s'offre à lui de replacer l'action sous le signe de la nécessaire compétitivité de l'économie française. Pour François Fillon, l'enjeu est aussi de se distinguer, ou non, d'autres « deuxièmes » Premiers ministres de la Cinquième, qui ont été des hommes de combats - l'inflation pour Raymond Barre en 1976, l'emploi pour Dominique de Villepin en 2005 -, pas de projets.
dans un monde de tricheurs, cela peut-il avoir un sens d'être le seul à respecter les règles ? Face à une Chine manipulant sa monnaie et échangeant contrats contre transfert de technologies ou face à des Etats-Unis n'hésitant pas à casser des appels d'offres publics lorsqu'ils ont été perdus par les firmes américaines, la France ne devrait pas faire preuve de naïveté. Il faut défendre le « made in France », taxer les importations, jouer la carte de la préférence nationale, lutter par la loi contre les délocalisations…
La rhétorique est séduisante mais la réalité économique est autre. Que l'armée française ayant besoin de camions préfère ne pas finaliser une commande remportée à la loyale par Fiat pour ménager Renault Trucks n'a guère de sens. D'abord parce que dans le cas présent, l'italien Fiat-Iveco s'est associé avec un partenaire français. Ensuite parce que Renault Trucks, bien qu'il produise en France, est désormais contrôlé par le suédois Volvo. Mais, enfin et surtout, car ce que les salariés des usines de Renault Trucks vont gagner sera sans doute demain payé par le contribuable français au travers de surcoûts. En effet, qui dit protectionnisme dit en général hausse des prix pour le consommateur.
L'affaire Iveco est d'autant plus maladroite que la défense est un monde à part. Au nom de l'intérêt supérieur de la nation, les Etats peuvent légalement s'affranchir des habituelles règles du jeu commercial. Pour préserver une industrie domestique stratégique, il est admis que le protectionnisme soit parfois de rigueur. Mais est-ce le cas pour des camions ?
Surtout, à l'heure où la contrainte budgétaire pèse sur les Etats, le signal adressé par la France est contre-productif. Plutôt que le chacun pour soi, la priorité européenne devrait, au contraire, être de dépasser le stade des champions nationaux pour favoriser via des coopérations poussées ou des fusions assumées la naissance de champions à l'échelle du continent. Dans les secteurs les plus stratégiques comme dans ceux qui le sont moins. Dans les porteavions comme dans les camions. Même si elle est difficile, seule cette route permettra d'innover, de rivaliser face aux Américains, Russes ou Chinois et ainsi d'exporter… Mais pour vendre aux autres, il faudra aussi accepter d'ouvrir nos marchés.
Après la crise grecque, voici le tour de l'Irlande. Et l'on égrène avec un sadisme légèrement teinté de masochisme la liste des suivants potentiels. Le sujet est grave et n'émet quasiment que des ondes négatives. On souligne notamment le risque que cette nouvelle crise, à moins que ce ne soit la prochaine, fasse éclater l'euro. Mais comme, en économie, rien n'est jamais simple, on peut soutenir aussi que la crise irlandaise sert l'euro !
La politique monétaire américaine devrait en effet susciter une nouvelle flambée de l'euro par rapport au dollar. Si l'on additionne le jeu du différentiel des taux pratiqués par les deux banques centrales et la crainte inflationniste générée par les 600 milliards de dollars de pure création monétaire injectés par la Fed, l'euro devrait logiquement s'envoler vers ses sommets d'antan. Or il n'en est rien, pour le moment. C'est d'autant plus frappant que les monnaies de nombreux autres poids lourds de l'économie mondiale, à commencer par le Brésil, subissent une forte pression à la hausse. Le niveau du prix de l'or, autour de 1.400 dollars l'once, montre également que les capitaux sont à la recherche de refuges plus sûrs que le dollar. Pourquoi donc l'euro reste-t-il sagement autour de 1,35 dollar, épargnant ainsi une nouvelle crise de compétitivité ? Cette fois-ci, la réponse est simple. Les graves difficultés vécues par les maillons les plus faibles de la zone euro dégradent la confiance des investisseurs vis-à-vis de l'ensemble de la zone. A court terme, l'effet dévaluateur de cette défiance est positif. A moyen terme, il est clair que la situation est intenable. Car soit la crise interne à la zone euro n'est pas surmontée et son éclatement aura des conséquences désastreuses, soit elle est surmontée et la pression haussière de la politique monétaire américaine repartira de manière irrésistible. La seule solution structurelle est de refonder le système monétaire international sur de nouvelles bases. Le G20 vient d'esquisser un timide mouvement en cette direction. Sarkozy et Strauss-Kahn ont la lourde tâche commune de le mener à bien.
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Dans un contexte de rigueur, syndicats et patronat doutent des marges d'action de l'exécutif et se préparent à relancer eux-mêmes le dialogue social.