Dans la Ve République, il y a eu deux scénarios pour les anciens présidents, une fois qu’ils ont quitté leurs fonctions. Soit ils optent pour ce que j’appelle une retraite surplombante. Cela a été le cas de Charles de Gaulle, plus récemment de Jacques Chirac, et de façon brève, en raison de sa maladie, de François Mitterrand. Ces ex-chefs d’État sont tous sortis de la carrière politique, se sont éloignés de la gestion quotidienne de la France. Le second modèle, c’est celui de Valéry Giscard d’Estaing. Après un bref délai de retrait, ce qu’il a appelé son "veuvage", il est revenu à la vie politique locale. Il n’est en revanche jamais parvenu à redevenir un acteur politique pouvant à nouveau prétendre au premier rôle.
Le premier n’est pas le plus probable, compte tenu de son âge et de son tempérament. Je ne le vois pas non plus revenir à la vie politique locale et se présenter devant les électeurs dans les Hauts-de-Seine! Je pense qu’il peut explorer une autre voie, inédite en France, sur le modèle anglo-saxon. Comme Blair, Clinton et Schröder,sortis de la vie politique mais qui ne se privent pas d’en dire un mot tout en faisant des affaires sur le terrain professionnel. Il ne s’agit pas d’une retraite, ni non plus d’un retour au charbon national, mais d’un entre-deux. Ils deviennent de grands témoins, ont une carrière politique à dimension internationale. La volonté de Sarkozy de siéger au Conseil constitutionnelest un signe de son souci de ne pas se retirer complètement du jeu politique et d’occuper des lieux à forte dimension symbolique.
Il pourrait notamment mettre en avant son expérience et sa pratique active du leadership international pour dire son mot sur la crise syrienne et ses effets sur les équilibres au Proche-Orient, la lutte contre le terrorisme international, le sujet afghan ou encore les défis de la crise grecque et les évolutions à venir de la gouvernance européenne.
Certains y pensent pour lui. Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais cela n’est pas le scénario le plus probable. Son héritage n’est pas laissé vacant. Des hommes politiques de premier plan comme Fillon, Copé ou Juppé peuvent y prétendre. Il y a là toute une relève qui est déjà à l’action. Ce n’est que dans le cas où cela tournerait au drame que Sarkozy pourrait trouver la fenêtre pour un retour. Souvenez-vous de Jospin! Il a souhaité revenir mais n’a jamais trouvé le créneau.
Au-delà de Nicolas Sarkozy, c’est surtout un moyen de se positionner dans le cadre de l’organisation de l’UMP à venir. Est-ce une association qui appellera au retour ? Cela reste à voir.
L’homme suscite toujours beaucoup de curiosité et de passion médiatique. Mais il n’est plus au pouvoir. Les grandes échéances post-présidentielles de la droite se font sans lui… Il faut aussi remarquer que la figure de Nicolas Sarkozy hante nombre de discoursdu nouveau pouvoir. Cela participe au maintien de sa présence au premier rang. Il a été un adversaire extrêmement vivant, très polarisant, que la gauche a pu utiliser. Est-ce que cela peut durer longtemps? À mon avis, non.
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