dimanche 3 juin 2012
Mais qui osera enfin imposer en France l’inévitable tournant de la rigueur ?
Les marchés n'ont pas encore attaqué la
France, mais la situation pourrait se dégrader si François Hollande ne
mettait pas en œuvre de véritables mesures d'austérité.
Une étrange passivité s’est emparée du pays depuis l’élection présidentielle.
Ce n’est peut-être pas l’état de grâce, mais tout se passe comme si nos
compatriotes avaient remis les clés au nouvel occupant de l’Elysée pour
mieux s’intéresser à leurs vacances avec l’arrivée de l’été. La campagne des législatives se déroule dans une sorte d’indifférence,
en dehors de quelques particularismes locaux, au point qu’il faut
rappeler régulièrement aux Français les dates du prochain scrutin
législatif, ceux-ci considérant que l’essentiel de leur tâche a été
accompli avec le vote présidentiel.
La crise financière continue pourtant de faire rage ;
elle concerne au premier chef les pays du sud, où le financement de la
dette devient un peu plus coûteux chaque jour, alors que la France vient
de bénéficier d’un taux historiquement bas à 2,35% pour la dette à dix
ans. Avec au surplus le maintien du triple A par l’agence de notation
Moody’s, ce qui témoigne bien du dérèglement des marchés. Notre pays
profite du sauve-qui-peut général sur les valeurs refuges, selon le
vieux proverbe qu’au pays des aveugles les borgnes sont rois. Allemagne
et France, par leur taille au sein du vieux continent attirent les
capitaux qui ne peuvent tous gagner la Suisse ou les États-Unis.
Un
réconfort pour François Hollande qui savoure le démenti infligé par les
marchés à ceux qui avaient annoncé une envolée des taux avec le retour
de la gauche au pouvoir et se trouvent pris à contre-pied. Un
climat qui serait bienvenu, s’il pouvait se prolonger, pour annoncer les
réformes que le gouvernement doit mettre en œuvre, comme viennent de le
rappeler à la fois la Cour des Comptes et la Commission de Bruxelles.
La première réclame une réduction de 50 milliards d’euros du déficit
pour simplement stabiliser la dette, qui continue pour l’instant sa
progression. Pour la seconde, on ne peut se contenter d’un simple examen
des comptes publics ; il faut, étant donné l’ampleur de la crise,
remédier au plus vite aux déséquilibres macroéconomiques bien connus,
tels que la rigidité du marché du travail et la perte de compétitivité
des entreprises. La Commission précise qu’elle pourrait s’engager sur
la voie de sanctions financières en cas de carence de l’Etat.
Les
premières mesures annoncées telles que l’augmentation du SMIC, ou la
retraite à 60 ans pour certains travailleurs vont à priori à l’encontre
de ce que recommandent les rapports officiels. Mais il faut bien donner
quelques gages à ses électeurs. Car le plus dur est à venir.
Pour
éviter que « le changement c’est maintenant » ne reste un slogan désuet
de campagne, il faudra peut-être subir simultanément la double pression
de Bruxelles et des marchés pour faire bouger les lignes. Au
rythme auquel la crise se développe depuis quelques semaines dans les
pays du sud de l’Europe, il n’est pas exclu qu’un choc se produise, dont
il est impossible de prévoir les conséquences pour l’instant, mais qui
ne permettrait plus au nouveau pouvoir de se réfugier dans
l’immobilisme.
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