Ce qu'ils offrent tous les deux, c'est un discours, surtout un discours. Ils éructent et admonestent ils sermonnent et ils dénoncent ils sont plus à l'aise dans l'imprécation que dans la précision ils peuvent se livrer tout entiers au plus échevelé des lyrismes et promettre des lendemains qui chantent puisque, de toute façon, ils n'arriveront pas de sitôt au pouvoir.
Ils ne disent pas les mêmes choses, ne promeuvent pas les mêmes idéaux mais ils fabriquent tous les deux un monde irréel, où il fera bon vivre parce que les causes supposées de tous nos maux seront évacuées.
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon font de la politique un puissant jet d'eau à la main. La première refoule les immigrés et l'euro. Le second les riches et le marché. La patronne du Front national pose ensuite des herses aux frontières en rêvant d'une France des années cinquante et soixante souriant à la paix retrouvée et à la reconstruction. Le patron du Front de gauche fait comme si la mondialisation était réversible et réinvente l'illusion de l'avenir radieux qui avait précipité le socialisme des origines dans le communisme totalitaire.
Ils sont deux formes différentes de la nostalgie, cette maladie sénile des sociétés qui refusent de changer. Ils n'ont pas la même vision du monde, mais croient tous les deux qu'il est scindé entre le bien et le mal.
Ils partagent peu de choses mais ressuscitent une politique « au front de taureau » (comme le disait Baudelaire à propos de la bêtise). Celle qu'ils vont servir à une population de la 11e circonscription du Pas-de-Calais, estimant sans doute que sa détresse la rend sourde à un discours nuancé, réaliste, rationnel, équilibré, que la complexité de la crise impose pourtant.
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