Le goût évident du nouveau président pour les commissions sur
ceci ou cela ne sont en réalité qu’une imposture de plus, destinée au
mieux à endormir les français, ou pire à les tromper. L’avenir d’un
rapport aussi structurant pour le futur de l’économie française que le
rapport Gallois vient en témoigner dans des proportions alarmantes.
Personne ne peut nier que le nouvel exécutif a un goût prononcé pour
les commissions Machin. Début septembre, on n’en comptait pas moins
d’une quinzaine ! « Mission d’inspection sur la transparence des prix du
carburant », « mission d’évaluation du statut d’entrepreneur individuel
», mission Jospin sur la « modernisation de la vie politique » (c’est
vrai qu’en terme de modernité, l’ancien ministre se pose là…), mission «
d’évaluation de la politique menée par Peugeot »… bref, on s’est
rarement autant réuni ces dernières années que sous Hollande. Il est
vrai que quand le conducteur du bus ne sait pas où il va, il vaut mieux
qu’il dispose de quelques GPS.
Une certaine France a donc moqué l’incapacité présidentielle à avoir
des idées. Force est de constater que ce n’était pas complètement faux :
même Jean-Marie Le Guen, député socialiste de Paris, l’a reconnu la
semaine passée dans le Nouvel Obs : Hollande avait des propositions mais
pas de projet. D’où les cafouillages répétés du gouvernement : quand il
n’y a pas de ligne claire, personne ne sait vraiment où il va. Quand
les débats ne sont pas tranchés, faute de décision du
candidat-devenu-président, c’est la cacophonie. CQFD. De même, Royal,
dans Le Monde du 21/22 octobre, dans une critique finalement assez
violente de l’action présidentielle, a appelé le père de ses enfants à «
fixer un cap » ! 6 mois après son élection, il serait temps… Les
français ne s’y trompent pas qui jugent ses débuts à l’Elysée très
sévèrement : ils ne sont plus qu’environ 40% à être satisfaits de son
action, record historique pour un début de mandat.
Alors, on s’est pris à rêver (façon de parler): et si la «
commissionnite hollandaise » était un moyen, certes pas courageux mais
finalement efficace, de faire passer des décisions impopulaires. Un peu
comme si le président avait dit « Oui, je sais que ce n’est pas
populaire mais en même temps, ce sont des types incontestables qui le
disent… Faut les écouter ! ». La fin justifiant les moyens, on lui a
laissé une chance. Ces commissions représentaient peut être une forme
d’écran de fumée pour faire bouger un pays rétif à toute réforme et au
moindre changement. C’était, une fois encore, un manque criant de
courage politique mais peut être la preuve d’une certaine habileté
tactique, la marque de fabrique d’un pragmatique caché sous des airs de
gestionnaire pantouflard. Bref, fallait voir. Et on a vu. C’est encore
pire que ce qu’on pensait : une couardise de plus, une tromperie
supplémentaire, une malhonnêteté intellectuelle sans précédent. La
Commission Gallois en est le dramatique exemple.
Quelques mois après son élection, après avoir fait campagne sur le
thème « Sarkozy est responsable donc coupable d’à peu près tout ce qui
arrive à la France, à l’Europe et au Monde », notre ersatz de président a
été obligé de reconnaitre que notre pays et l’Europe traversait une
crise majeure, et que se posait un problème de compétitivité : un
produit made in France n’est pas compétitif sur les marchés européens et
mondiaux. Ce constat fut d’ailleurs le fondement de feu la TVA sociale
de son prédécesseur. Aussi Normalito 1er diligenta-t-il une Commission
de plus, la Commission Gallois, du nom de l’ancien patron de la SNCF et
EADS, Louis Gallois, réputé proche de la gauche, et demanda un rapport
sur la question. Compétent, le bonhomme serait incontestable autant du
point de vue de sa gauche (PS, parlementaires, électeurs…) que du point
de vue du patronat. Quelques fuites ont permis de connaitre en
avant-première la teneur des conclusions du rapport, ce que des esprits à
peu près compétents avaient déjà préconisé : un « choc de compétitivité
» de 30 à 40 milliards, soit un transfert de charges pesant sur les
salaires (charges patronales et salariales) vers d’autres financements
(CSG et TVA). Que soit rendu à l’ancien président le mérite (certes bien
relatif) qui lui revient en soulignant que son analyse fut et reste
bonne !
Or, qu’apprend-t-on tout le weekend end, suite à ces informations
parues dans la presse vendredi dernier ? Sapin estime que ce rapport est
« sérieux mais que ce ne sera pas le seul point de vue », Touraine « ne
veut pas croire qu’on puisse faire supporter aux français un choc
supplémentaire de plusieurs milliards » (au moins a-t-elle la lucidité
de reconnaitre que le budget 2013 est un véritable choc fiscal pour les
français), Moscovici « refusera une réforme qui brutaliserait la société
française »… Le président lui-même a estimé vendredi « Qu’un rapport
n’engage que son auteur »… En clair, « Moi président, je ne suis pas
responsable de la Commission que j’ai créé et installé, de la question
que j’ai posée, de la personne que j’ai nommé pour y répondre… surtout
si cette personne arrive à des conclusions que je n’ai pas le courage
non pas d’appliquer mais déjà d’assumer ! » D’ailleurs, on demande un
second rapport, des fois que celui-ci ait le bon sens de présenter un
rapport présentable ! C’est donc le Haut Conseil de la Protection
Social, autre machin Hollandais composé de hauts fonctionnaires gavés
aux mamelles dorées de la République, qui rendra un rapport sur le
financement de la protection sociale. Sujet repoussé, donc, au début de
l’année 2013. Pendant ce temps, l’économie française s’enlise, le
chômage explose, des entreprises ferment…
On atteint là paroxysme de la malhonnêteté intellectuelle ! Et on ne
parle même pas du discrédit jeté sur Louis Gallois, qui a sans aucun
doute fait son travail en toute honnêteté et avec le grand
professionnalisme dont il est semble-t-il coutumier. Que le président ne
sache pas où il va, ma foi passe encore, ce type est incapable de la
moindre vision, du moindre projet, de la moindre direction à prendre,
personne ne peut dire aujourd’hui qu’il l’ignorait. Qu’il se défausse
sur des Commissions X ou Y, si elles servent à cacher sa couardise,
après tout pourquoi pas. On mettrait ça sur de l’habileté politique.
Mais qu’avant même la sortie d’un rapport qu’il a lui-même demandé, au
prétexte qu’il n’est a priori pas politiquement acceptable pour des
syndicats-fossoyeurs de notre industrie ou à la frange
trotsko-révolutionnaire de son électorat, cela montre l’étendue de
l’imposture intellectuelle du président Hollande, enfermé qu’il est dans
des dogmes idéologiques indépassables pour ses petites épaules .
Sarkozy avait prédit un président-otage de l’extrême gauche autant que
des corps intermédiaires dont il a su si bien jouer tout au long de sa
carrière de petit salarié de la République. Aujourd’hui, qui peut
sincèrement soutenir qu’il avait tort ?
jeudi 25 octobre 2012
La « commissionnite Hollandaise » : une imposture de plus
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