mercredi 17 août 2011
Rénover la vie politique
Avant que la vie politique ne reprenne son cours habituel avec les Universités d'été on peut s'interroger sur la façon dont elle fonctionne dans notre pays. Ainsi, chez les socialistes qui auront à choisir leur candidat, un critère au moins permettra d'y voir clair : la volonté et la capacité de rénover en profondeur la vie politique, en s'attaquant, notamment, au cumul des mandats. Pour sa part, Nicolas Sarkozy se prépare à faire de cet enjeu un point important de sa candidature, ce qui devrait susciter d'intéressants débats au sein de la droite.
Courant en France, le cumul des mandats est, ailleurs en Europe, marginal, rare ou impossible. Dans notre pays, on peut être député, par exemple, tout en étant maire d'une commune ou président de conseil général. Et il n'y a pas de limitation des mandats dans les collectivités territoriales (communautés urbaines, communes, syndicats mixtes ou intercommunaux).
Le cumul des mandats et des fonctions électives ronge la démocratie. Il est générateur d'absentéisme et d'ignorance des dossiers, alors que bien des fonctions exigent un investissement à plein-temps, un travail, une réflexion, une action en profondeur. Il contribue à la sclérose du système, car ceux qui bénéficient des avantages symboliques et financiers liés à plusieurs mandats s'y accrochent, souvent sur la longue durée. Servir la collectivité devient alors le moyen de gagner sa vie ; la politique se transforme en un métier durable et les dérives sont possibles : corruption, clientélisme, favoritisme, au détriment de l'esprit civique et de l'intérêt collectif.
Plafond de verre
Mais il y a plus. Le cumul des mandats et des fonctions électives en rend difficile l'accès à ceux qui ne jouent pas déjà dans le système politique : les jeunes, les femmes, pour qui il constitue un élément-clé du « plafond de verre » en politique, une négation de la parité. Et que dire des habituelles victimes du racisme et de la discrimination, les enfants d'immigrés, les personnes relevant de la diversité, qui veulent s'engager en politique ?
Pour rénover notre vie politique, il faut commencer par limiter le cumul des mandats, et vite. La volonté ferme des candidats à la présidentielle en la matière sera un critère déterminant du choix des électeurs, alors même qu'au sein des appareils qui les soutiennent, les résistances sont grandes. À gauche, le contraste est marqué, entre notamment François Hollande, très réservé depuis qu'il est candidat à la primaire socialiste, et Martine Aubry, qui entend prendre le problème à bras-le-corps, ce qui lui a valu quelques tensions avec les sénateurs socialistes.
Le scrutin majoritaire favorise le cumul des mandats : le maire d'une grande ville, par exemple, n'est-il pas le mieux placé pour emporter une élection législative dans sa circonscription, ce qui fait que son parti le préférera à tout autre candidat ? Rénover notre vie politique et casser cette logique implique donc aussi d'introduire une dose de proportionnelle, ce qui mérite débat, car des forces politiques exclues du Parlement pourraient alors y accéder.
Mais si l'on veut moderniser notre vie politique, l'ouvrir à la jeunesse, assurer l'égalité hommes-femmes et le respect de la diversité, il convient de mettre fin au détournement de l'esprit démocratique que constitue le cumul des mandats.
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