L’heure de vérité sonnera ce matin dès l’ouverture des places financières européennes. Cette fois-ci, elles devraient moins réagir sur les mauvaises nouvelles conjoncturelles que sur la question des dettes souveraines. Et on saura si le président Sarkozy et la chancelière Merkel ont convaincu…
Face à des problèmes réels, bien que largement aggravés par les rumeurs et les psychoses propres aux bourses, l’Allemande et le Français ont fait un pas décisif, encore inimaginable il y a un an, notamment devant l’obstruction de Berlin : la création d’un gouvernement économique de la zone euro. Il est accepté dans les principes, encore faut-il savoir comment cet embryon fédéraliste fonctionnera.
Cette instance saura-t-elle décider sous un président – vraisemblablement Herman van Rompuy – investi d’une vraie autorité ou seulement avec l’aval des 17 exécutifs de l’euro ? A une époque où les marchés se décident sur un clic d’ordinateur, les réactions doivent être immédiates. Or les détails concernant l’organisation de cette autorité manquent encore comme ils manquent à propos de la taxe sur les transactions financières et sur la « règle d’or budgétaire »… en dehors des aspects polémiques propres à la politique intérieure française.
Mais quelque chose a enfin bougé, et il était temps ! La zone euro va disposer d’outils pour s’acheminer vers plus d’intégration comme ce Fonds européen de stabilité, déjà qualifié de « Fonds monétaire européen » même si, pour l’instant Paris et Berlin ne veulent pas l’étoffer.
La zone euro prend aussi une certaine indépendance au sein de l’UE vouée à une « confédération », selon le mot de Nicolas Sarkozy. Et cette Europe de la Monnaie unique, semble même vouloir s’affranchir du traité de Lisbonne destiné à l’UE, pas à ce « premier cercle » très « intergouvernemental », du moins jusqu’à présent.
Toutefois, cette intégration ne deviendra réelle que lorsque régnera une vraie concordance économique parmi les 17, et pas seulement une concordance franco-allemande, essentielle mais non déterminante malgré le poids des deux pays.
Et il reste la grande question des « euro-obligations » rejetées de concert par Paris et Berlin. Mais le tabou est brisé. Le sujet est déjà à l’ordre du jour au sein de la coalition gouvernementale allemande longtemps opposée à ce projet jugé dangereux et laxiste.
Or, quand on voit le temps qu’il a fallu depuis les prémisses de la crise grecque en automne 2009 pour que France et Allemagne arrivent, malgré les réticences ponctuées de « Nein », à échafauder des plans crédibles, tous les espoirs sont permis pour les « eurobonds ».
Tôt ou tard, devant les incertitudes mondiales, les marchés exigeront cette mutualisation des dettes souveraines européennes. Évidemment, sous des conditions drastiques pour rendre ces euro-obligations sûres. Et l’euro avec eux qui enfin méritera son nom de « monnaie unique »…
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