mercredi 17 août 2011
Europe recherche croissance désespérement
Les chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre, annoncés ce mardi, sont en berne. Revue de détail.
La croissance n'est pas au rendez-vous de ce deuxième trimestre, d'après les chiffres parus ces derniers jours. Et les politiques d'austérité menées pour éviter une contagion de la crise grecque risquent d'aggraver la situation. Les gouvernements vont de Charybde en Scylla.
Zone euro
La croissance en deuxième trimestre atteint seulement 0,2%, soit 1,7% sur un an. Selon Eurostat, ces chiffres en dessous des prévisions ont été tirés vers le bas par la France et l'Allemagne. Les économistes attendaient plutôt 0,3%. Au trimestre précédent, la croissance annuelle ressortait à 2,5%.
Quant à la production industrielle, elle a reculé de 0,7% en juin par rapport à mai après une hausse de 0,2% le mois précédent (0,1% en première estimation). La production de biens durables et non-durables, elle, est en baisse de 2,5% et 0,5% respectivement d'un mois sur l'autre.
En revanche, les ventes au détail ont plus augmenté que prévu en juin par rapport à mai. Selon Eurostat, les ventes au détail ont progressé de 0,9% en juin d'un mois sur l'autre. Sur un an, elles ressortent en baisse de 0,4% (contre -1% escompté).
France
La croissance a été nulle au deuxième trimestre, selon l'Insee, après une hausse du PIB de 0,9% au premier. C'est la consommation des ménages (-0,7% sur le trimestre) qui a été le maillon faible de l'activité économique. L'acquis de croissance ressort à 1,4%. Par ailleurs, les prix à la consommation ont baissé de 0,4% en juillet par rapport au mois précédent, ce qui ramène leur progression à 1,9% sur un an.
Quant à la prévision de croissance économique pour la France en 2012, elle sera vraisemblablement revue à la baisse, rapporte mardi le quotidien Les Echos en citant l'entourage de Nicolas Sarkozy.
Allemagne
L'économie allemande a elle aussi marqué le pas au deuxième trimestre, affichant une croissance limitée à 0,1% en première estimation alors que les marchés anticipaient 0,5%. Ce niveau est un plus bas sans précédent depuis le premier trimestre 2009.
Sur un an, la croissance ressort à 2,8%, une performance là encore inférieure aux 3,2% prévus. Au trimestre précédent, l'économie allemande avait progressé de 1,3% (chiffre révisé de 1,5%) d'un trimestre sur l'autre et de 5,0% l'an (révisé de 5,2%).
Autre surprise : la baisse de la production industrielle de 1,1% en juin. Les économistes qui avaient anticipé une progression de 0,1%, selon les chiffres publiés par le ministère de l'Economie. Le chiffre du mois de mai a en outre été révisé à la baisse, la hausse étant ramenée de 1,2% à 0,9%. Le ministère de l'Economie a précisé que le mois de juin avait été caractérisé par un nombre inhabituellement élevé de week-end prolongés, ce qui a pesé sur la production.
Il a ajouté que la production industrielle restait sur une tendance favorable, portée par un niveau élevé de commandes.
En, revanche, les commandes à l'industrie ont, contre toute attente, augmenté en juin par rapport à mai, selon les données officielles publiées jeudi. Ces commandes ont augmenté de 1,8%, alors que les économistes interrogés par Reuters avaient anticipé en moyenne une baisse de 0,5%. Après un bond de plus de 10% en mai, la demande intérieure a sensiblement baissé en juin (-10,8%), alors que les commandes en provenance de l'étranger ont connu une évolution inverse, avec une hausse de 13,7% en juin après une baisse de 5,8% le mois précédent, précise le ministère de l'Economie.
Portugal
L'économie portugaise s'est contractée de 0,9% du PIB au deuxième trimestre par rapport à la même période de 2010, selon une estimation provisoire publiée mardi par l'Institut national des statistiques (Ine).
Ce recul "est lié à une nette diminution de l'investissement et des dépenses de consommation des ménages, surtout en ce qui concerne les biens durables", a expliqué l'Ine dans un communiqué. Le Produit intérieur brut (PIB) du Portugal est en revanche resté stable par rapport aux trois premiers mois de l'année.
L'économie portugaise est entrée en récession fin 2010, avec un recul du PIB de 0,6% au dernier trimestre de l'an dernier et encore de 0,6% sur les trois premiers mois de l'année.
Espagne
La croissance espagnole a également ralenti : +0,2% contre 0,3% au premier trimestre selon l'Institut national de la statistique. Sur un an, elle s'établit à 0,7%, après une année 2010 en légère baisse (-0.1%) et une année 2009 catastrophique (-3.9%). Pour 2011, la Banque d' Espagne espère une croissance de 0,8%. Le gouvernement, plus optimiste, mise sur +1,3%.
Angleterre
Le 10 août, la Banque d'Angleterre a annoncé qu'elle prévoyait une croissance autour de 1,4% à court terme. C'est moins que ce qu'elle prévoyait en mai (+1.8%). Pour 2012, elle attend une croissance située entre 2 et 3%, puis au-dessus de 3% vers la mi-2013.
Ce mardi, la Banque d'Angleterre a également communiqué un objectif d'inflation élevé de 2%. La hausse des prix devrait s'assagir en 2012 mais le gouverneur de la Banque d'Angleterre s'est montré incapable de dire quand et dans quelles proportions. Pour l'heure, en juillet, les analystes anticipent en moyenne une baisse des prix à la consommation de 0,1% en rythme mensuel et une inflation de 4,3% l'an.
Grèce
Le PIB grec a reculé de 6,9% entre les deuxièmes trimestres 2011 et 2010. Ce recul atteignait 8,1% au premier trimestre 2011, selon les chiffres publiés ce vendredi par l'institut national de statistiques EL.STAT.
"Ne laissons pas le coup de frein budgétaire bloquer la reprise mondiale"
Malgré cette situation de crise, Christine Lagarde défend la croissance. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a appelé les Etats du monde entier, et en premier lieu les "économies avancées" à ne pas tuer la croissance en luttant contre la dette. "Le rééquilibrage budgétaire doit résoudre une équation délicate en n'étant ni trop rapide ni trop lent", écrit Christine Lagarde dans une tribune publiée par le Financial Times et intitulée "Ne laissons pas le coup de frein budgétaire bloquer la reprise mondiale".
Pour Christine Lagarde, "l'effervescence actuelle des marchés [...] a ébranlé la confiance dans l'économie à travers le monde et a incité beaucoup de gens à conclure que toutes les possibilités politiques avaient été épuisées", mais "cette impression est fausse et pourrait conduire à la paralysie". La directrice générale du FMI, qui a pris ses fonctions en juillet, assure ainsi la continuité du message de son organisation.
La tribune de Christine Lagarde dans le Financial Times paraît alors que les plans d'austérité votés ou en cours de préparation dans un certain nombre de pays européens nourrissent des inquiétudes du fait même de leur ampleur.
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