TOUT EST DIT

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mercredi 17 août 2011

Les limites du volontarisme

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ne se quittent plus. Après une balade mémorable sur la plage de Deauville en octobre 2010, un conseil des ministres franco-allemand en décembre et deux visites du président français à Berlin cet été, ils se sont retrouvés le 16 août, à l'Elysée, pour un sommet bilatéral.
Alors que la crise des dettes souveraines déstabilise l'un après l'autre tous les maillons faibles de la zone euro, le but de cette rencontre était évident : démontrer aux marchés et aux spéculateurs que la France et l'Allemagne ne laisseront pas tomber l'euro.
C'est bien le moins qu'ils pouvaient faire. Que la France et l'Allemagne réaffirment leur détermination à défendre la monnaie unique ne peut qu'être salué, même si un tel engagement devrait aller de soi.
Que les deux pays, assumant leurs responsabilités, s'imposent comme le "directoire de l'Europe" est conforme à leur rôle moteur dans la construction européenne depuis un demi-siècle, surtout en temps de crise.
Qu'ils cherchent à mettre sur pied un "gouvernement économique de l'Europe" va également dans le bon sens, tant il est désormais évident qu'une monnaie commune exige une plus grande intégration économique et budgétaire.
Qu'enfin, les deux capitales prêchent l'exemple de la vertu financière et en fassent un impératif européen est salutaire. Mais il n'échappe à personne qu'il s'agit là de promesses de repentis : la France et l'Allemagne ont été les premiers pays, en 2003, à bafouer les règles du pacte de stabilité et de croissance. Cette "règle d'or" était pourtant gravée dans le marbre des traités, autrement plus contraignants, en principe, que les Constitutions nationales.
La chancelière allemande et le président français seront-ils mieux entendus par des marchés soupçonneux et inquiets qu'après leurs précédentes rencontres ? Il est permis d'en douter.
En rejetant - même si ce n'est sans doute pas définitif - la création d'obligations européennes qui permettraient de mutualiser les dettes, et en refusant de doter de nouveaux moyens financiers le Fonds européen de stabilité financière, la France et l'Allemagne ont montré les limites de leur volontarisme. Mme Merkel l'a rappelé sans détour : "Les gens cherchent la panacée universelle. Je ne crois pas à ce type de solutions. Il faut avancer pas à pas."
Le pari franco-allemand est doublement risqué. En refusant aujourd'hui les euro-obligations mais en laissant la porte entrouverte, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel semblent dire aux marchés : continuez à nous attaquer, nous finirons bien par céder. Sur ce point, il est vraisemblable qu'ils seront entendus.
Surtout, les deux dirigeants sont désespérément muets sur le seul remède capable de générer davantage de recettes et de réduire durablement l'endettement public : une croissance économique plus vigoureuse. Pour être prise au sérieux, la vertu budgétaire et financière n'impose pas d'oublier la croissance.
Au contraire.

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