Les Eurobonds, c'est quoi ?Il s'agit d'obligations émises au niveau européen. Pour éviter la très forte dissension de taux d'intérêts entre les obligations émises par les différents Etats de la zone euro, cette dernière pourrait émettre ses propres titres sur les marchés. Le taux serait une moyenne de ceux auxquels les différents pays membres se financent. Ce système reviendrait en quelque sorte à centraliser le refinancement des pays membres de la zone euro via un nouveau produit bénéficiant de la garantie des 17 Etats membres.
En quoi présentent-ils une solution à la crise de la dette ?En raison des doutes qui planent sur la solidité de l'économie européenne, certains pays sont aujourd'hui dans l'incapacité de se financer sur les marchés à des conditions acceptables. Avec des obligations estampillées européennes, ces pays, à l'image de la Grèce, de l'Irlande, de L'Espagne et de l'Italie, pourraient se financer dans de bien meilleures conditions. Si cette solution est de plus en plus réclamée par les marchés, c'est parce que ces derniers craignent, qu'à l'instar de la Grèce, d'autres pays voient leur note prochainement dégradée par les agences de notation. Les risques de banqueroute provoqueraient alors un effet domino sur l'ensemble des pays de la zone euro, ce qui mettrait directement en péril la survie de la monnaie unique. Actuellement, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), créé en 2010 par les membres de l'UE, est une sorte de substitut aux Eurobonds, puisque grâce à lui tous les Etats assurent le remboursement des dettes européenne jusqu'à 440 milliards d'euros. Certains Etats voudraient qu'il puisse atteindre les 1.000 milliards d'euros, mais Paris et Berlin y sont opposés.
Pourquoi la France et l'Allemagne ne veulent pas des Eurobonds?L'idée d'une euro-obligation n'est pas nouvelle, mais elle s'est toujours heurtée à l'opposition de Berlin, qui en tant que meilleur élève de la zone euro ne veut pas jouer les pompiers pour les derniers de la classe. De fait, les Eurobonds accroîtraient mécaniquement le coût du crédit des pays les mieux notés, comme l'Allemagne. Aujourd'hui une obligation à 10 ans émise par l'Allemagne coûte au pays un intérêt de 2,3% environ, quand la même obligation émise par la Grèce porte un intérêt de 15,26%. Selon les récentes estimations du célèbre institut allemand Ifo, le surcoût d'euro-obligations pour le budget allemand se chiffrerait ainsi à 47 milliards d'euros par an environ.
Par ailleurs, Paris et Berlin craignent que ces obligations européennes ne dissuadent les pays les plus mal notés, à l'instar de la Grèce d'entreprendre les réformes économiques nécessaires, c'est-à-dire la réduction drastique de leur budget. Mais la raison la plus sensible est avant tout politique: la création d'euro-obligations impliquerait un droit de regard de l'Union européenne sur les budgets nationaux. Comprendre, un fédéralisme économique beaucoup plus poussé. Avant d'évoquer la mise en commun de dettes, il faut se pencher sur l'harmonisation budgétaire et fiscale, explique notamment l'entourage de Nicolas Sarkozy. L'Irlande, par exemple, conserve une fiscalité plus avantageuse pour attirer les sociétés.
Néanmoins, depuis quelques jours certaines réticences allemandes commencent à se briser. Pour la première fois mardi, des députés du parti CDU de la chancelière allemande Angela Merkjel ont levé le tabou des euro-obligations, alors que le débat prend de l'ampleur dans le pays. "Cela ne sert à rien de voir les choses en noir et blanc. (...) Je ne crois pas que (les euro-obligations) soient un instrument du démon", a notamment déclaré le député CDU Johann Wadephul au Handelsblatt, dans un communiqué. Dimanche dernier, c'est le quotidien conservateur Die Welt qui affirmait que Berlin "n'exclut plus, en dernier ressort, un transfert des moyens financiers avec des emprunts publics en commun". Le maintien de la zone euro étant une priorité absolue pour l'Allemagne.
Qui y est favorable ?
En France, le PS y est depuis longtemps favorable, François Hollande en a même fait une partie de son programme présidentiel. Ce mercredi l'ancien Premier Ministre Laurent Fabius a d'ailleurs fait part de sa "déception" en considérant que Nicolas Sarkozy avait commis une "faute majeure" en laissant de côté les obligations communes. En réalité, les partis de gauche des différents pays sont généralement plus favorables à ce dispositif, à l'image du Parti social-démocrate allemand (SPD), qui plaide depuis des mois pour la création d'eurobonds et, en contrepartie, pour un droit de regard accru de l'Europe sur les budgets nationaux. Depuis quelques jours de nouvelles voix ont émergé dans le débat, comme l'Italie, dont ministre de l'Economie a déclaré ce week end être favorable à la solution des Eurobonds. La ministre espagnole de l'Economie Elena Salgado a quant à elle estimé que les "euro-obligations" étaient "une bonne idée" qui peut faire son chemin, mais qui n'est "pas à l'ordre du jour", certains pays comme l'Espagne devant "faire des réformes" pour apaiser les "réticences" allemandes. Côté marchés, beaucoup d'investisseurs voient dans la naissance des Eurobonds une parade efficace aux attaques subies par les nations les plus faibles de la zone euro.
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