TOUT EST DIT

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dimanche 24 avril 2011

« Ne permets pas que nous devenions un non-peuple ! »

Du mystère du Jeudi Saint aux ténèbres du Vendredi Saint, jusqu’à l’éclatante lumière de Pâques : chaque année, l’Eglise nous fait vivre en temps réel l’immolation et la résurrection de notre Sauveur, vrai Dieu et vrai homme, rappelant à chaque homme sa condition de pécheur et la réalité de son rachat. Tous son appelés à devenir enfants de Dieu, lavés dans le Sang du Christ, tous sont appelés à entrer avec Lui dans la gloire, qui est aussi la gloire de la Croix.

Pendant de longs siècles, ces trois jours saints ont marqué profondément la vie, l’intelligence, les âmes de nos ancêtres sur cette terre d’Europe dont les hommes aussi ont été façonnés par l’adhésion au Christ.

Les sociologues nous apprennent que partout, l’homme finit par ressembler au dieu qu’il adore. A idole sanguinaire, peuples de mœurs sauvages et brutales ; à dieu – ou Allah – sans amour, soumission d’esclaves zélés pour soumettre à leur tour en son nom ; à Mammon, société de marchands prêts à écraser leurs semblables pour gagner un peu plus ; à Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, aspiration bien plus exigeante à la communion, la charité, la compassion.

Cela est bien plus exigeant et difficile car il nous coûte de donner notre vie pour ceux que nous aimons, et l’imitation de Jésus-Christ comporte des passages obligés qui nous feraient oublier la promesse du ciel, des renoncements qui ne conviennent pas lorsqu’on ne veut plus servir.

Benoît XVI l’a dit avec force lors de la messe chrismale qu’il célébrait, jeudi, à Rome : rappelant que le peuple élu qui avait pour mission « d’être comme un sanctuaire de Dieu pour la totalité », d’« exercer une fonction sacerdotale pour le monde », il a en quelque sorte mis en parallèle avec ce devoir la mission de l’Occident.

« Les chrétiens devraient rendre visible au monde le Dieu vivant, en témoigner et conduire à Lui. Quand nous parlons de notre charge commune, en tant que baptisés, nous ne devons pas pour autant en tirer orgueil. C’est une question qui, à la fois, nous réjouit et nous préoccupe : sommes-nous vraiment le sanctuaire de Dieu dans le monde et pour le monde ? Ouvrons-nous aux hommes l’accès à Dieu ou plutôt ne le cachons-nous pas ? Ne sommes-nous pas, nous – peuple de Dieu –, devenus en grande partie un peuple de l’incrédulité et de l’éloignement de Dieu ? N’est-il pas vrai que l’Occident, les Pays centraux du christianisme sont fatigués de leur foi et, ennuyés de leur propre histoire et culture, ne veulent plus connaître la foi en Jésus-Christ ? »

Cette apostasie désabusée est forcément une mort lente, une déclinaison de La vieillesse du monde qui renonce à tout ce qui le vivifie, l’irrigue, et lui donnerait une jeunesse sans fin.

Et le Pape de s’écrier :

« Nous avons raison de crier vers Dieu en cette heure : ne permets pas que nous devenions un non-peuple ! Fais que nous te reconnaissions de nouveau ! »

Un non-peuple, à peine l’ombre de lui-même, perdu dans le néant de son auto-idolâtrie mortelle. Ce non-peuple dans ses aspects les plus paroxystiques n’hésite pas à sacrifier les vieux, les faibles, les jeunes, les enfants à naître et sa pierre de construction elle-même – la famille – à son non-dieu.

A l’heure où nous sommes, nos nations charnelles n’ont pas de chance de subsister, elles se meurent de ce refus de Dieu.

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