Après le cri d'alarme de l'AIEA sur le nucléaire, les Vingt-Sept durcissent leurs sanctions contre Téhéran.
Après le cri d'alarme de l'AIEA sur le nucléaire militaire, la mise à sac de l'ambassade britannique à Téhéran a balayé les réticences. «Nous avons décidé de travailler sur des sanctions plus dures et sans précédent», assure jeudi Alain Juppé, dans une allusion transparente à un éventuel embargo sur le pétrole. Le texte arrêté, jeudi à Bruxelles, vise aussi les Gardiens de la révolution, branche de l'armée chargée de réprimer toute dissidence interne.
Rappel des ambassadeurs
La formulation retenue est assez diplomatique pour couvrir les pays en pointe - la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne - et ceux qui ont émis des réserves - l'Italie, l'Espagne et la Grèce. Il s'agit «d'atteindre sévèrement le système financier iranien, celui des transports et celui de l'énergie». L'embargo, soutenu par Paris et Berlin, n'est plus à exclure. Londres milite aussi pour isoler financièrement Téhéran. Les États-Unis l'on fait en novembre, paralysant de fait une partie des rentrées pétrolières.À ce jour, les Vingt-Sept ont déjà frappé les actifs de centaines d'entreprises iraniennes. L'UE applique depuis juillet 2010 une interdiction des nouveaux investissements dans le pétrole et le gaz. Jeudi, elle a ajouté à sa liste noire les noms de 143 sociétés et 37 personnes, visées par des gels d'avoirs et des interdictions de visa. Elle a aussi marqué son «indignation» face à l'attaque contre la représentation britannique et prévoit de coordonner les rappels d'ambassadeurs. Pour d'éventuelles sanctions pétrolières, la difficulté à surmonter est l'inégale répartition du fardeau entre le sud et le nord de l'Europe. L'UE a importé 5,8% de son brut d'Iran l'an dernier. Mais le sacrifice serait plus rude pour l'Espagne (15% de ses approvisionnements), la Grèce (14%) ou l'Italie. S'ajoute dans ces trois capitales une fatigue avouée de devoir assumer, après la Libye et la Syrie, le contrecoup des sanctions à chaque rebondissement politique dans le monde musulman.
Cette fois, c'est Athènes qui appelle à l'aide. Ses finances à sec, la Grèce a trouvé à Téhéran un fournisseur très obligeant qui lui fournit le pétrole à crédit. «Il faut en tenir compte et veiller à ce que l'interruption des livraisons de l'Iran puisse être compensée par une hausse de production ailleurs», explique Alain Juppé. À ses yeux, c'est tout à fait possible.
Les réticences de la Grèce et les réserves de l'Italie expliquent le délai que s'accorde l'UE, comme ce fut le cas avec la Libye au début de l'année. Des contacts vont donc être noués avec d'autres puissances pétrolières de la région. Il s'agit aussi d'éviter un effet pervers bien connu des professionnels: tout embargo risque de provoquer un effet temporaire de rareté qui, par le biais d'une hausse des cours, bénéficie au producteur sanctionné s'il trouve d'autres clients…
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