Moody's envisage d'abaisser la note des banques françaises BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole du fait de leur exposition à la Grèce, dont la même agence d'évaluation financière a baissé la note début juin, selon une série de communiqués publiés mercredi 15 juin.
L'évaluation des trois établissements français aura pour objet principal leur exposition à la dette de l'Etat grec et à celle du secteur privé. N'écartant plus un défaut de paiement d'Athènes, Moody's mesurera notamment "l'incohérence potentielle qui pourrait exister entre un défaut ou une restructuration [de la dette grecque] et les notes actuelles" des établissements français.
Par contre, pour la Société générale, la dégradation pourrait atteindre deux crans, dans la mesure où l'examen inclura également une réévaluation du soutien dit "systémique", c'est-à-dire l'aide que pourraient fournir les pouvoirs publics en cas de crise grave. Actuellement, l'apport de ce soutien potentiel à la note de la Société générale est plus élevé que pour les autres banques françaises, souligne l'agence.
EXPOSITIONS DIFFÉRENTES
Moody's rappelle que l'exposition à la Grèce n'est pas de même nature pour les trois banques. Dans le cas du Crédit agricole, elle tient avant tout à sa filiale Emporiki et concerne donc pour l'essentiel des créances privées. L'agence considère que l'effet "secondaire" d'un défaut de l'Etat grec pourrait être "significatif" pour la banque, du fait de cette exposition à l'économie locale.
Pour BNP Paribas et la Société générale, en revanche, c'est avant tout le portefeuille de titres d'Etat qui est concerné. Il atteignait, fin mars, 2,5 milliards d'euros pour la Société générale et 5 milliards d'euros pour BNP Paribas. Il n'était que de 600 millions d'euros pour le Crédit agricole.
Par ailleurs, la Société générale possède également une filiale en Grèce, Geniki, mais avec un portefeuille de prêts au secteur privé nettement plus restreint que celui d'Emporiki, à 3,4 milliards d'euros contre 21,1 milliards d'euros, rappelle Moody's.
L'agence précise que, lors de son évaluation, elle prendra également en compte le profil financier "solide" des établissements français, l'effet de taille et la diversité de leurs sources de revenus.
Moody's a abaissé de trois crans la note de la Grèce début juin, de B1 à Caa1, et a indiqué qu'elle envisageait de l'abaisser de nouveau, citant une "augmentation du risque que la Grèce ne puisse stabiliser son endettement sans une restructuration de sa dette".
PARIS MINIMISE
Sur France Info, Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes français, a cherché à minimiser les risques liés à l'intention de Moody's d'abaisser la note des trois établissements bancaires du fait de leur exposition à la Grèce. "Les banques françaises ont des expositions qui sont en Grèce, liées à l'économie grecque, elles sont parfaitement publiques, donc il n'y a absolument rien qui est caché et par ailleurs le secteur bancaire français est moins exposé par exemple que le secteur bancaire allemand", a-t-il affirmé. Selon des chiffres publiés le 6 juin par la Banque des règlements internationaux (BRI), les banques allemandes détenaient fin 2010 un total de 22,6 milliards de dollars (15,3 milliards d'euros) de dette publique grecque, contre 15 milliards de dollars (10,5 milliards d'euros) pour les banques françaises. "Je crois que sur tous ces sujets, il faut du calme, de la sérénité", a dit M. Wauquiez.
DIFFICILES NÉGOCIATIONS AUTOUR DU PLAN D'AIDE
La zone euro peine à boucler un nouveau plan d'aide financière indispensable à la Grèce en raison de divergences sur l'effort à demander aux banques créancières du pays, menacé de banqueroute à en croire les agences de notation.
Les ministres des finances de la zone euro se sont de nouveau réunis mardi, mais les négociations achoppent sur la question de la participation des créanciers privés. Ils doivent se retrouver dimanche à Luxembourg, un jour plus tôt qu'initialement prévu, et poursuivront leurs discussions le lendemain.
Pour la Grèce et la zone euro, le temps presse. L'enjeu des discussions est de trouver d'ici à la fin du mois un moyen d'éviter la faillite à la Grèce, toujours incapable d'emprunter elle-même sur les marchés pour financer son déficit, sans que les modalités de cette aide n'équivalent à un défaut de paiement pour Athènes.
L'Allemagne exige qu'une nouvelle aide s'accompagne d'une "participation du secteur privé", à savoir les banques, assureurs et autres fonds détenteurs de dette grecque. Berlin a réussi à imposer l'idée à ses partenaires européens, mais la manière d'y parvenir continue de les diviser.
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