dimanche 24 avril 2011
Charles le Grandiose
L’hymen national du prince William et de mademoiselle Kate Middleton doit être l’apothéose de la semaine à venir. Le fait que le jeune marié est le fils de la princesse Diana amplifie l’émoi des cœurs et des médias. La cérémonie rappellera le mariage des parents princiers, en 1981, qui leur vaut d’illustrer des ouvrages sur les « plus grandes histoires d’amour ». Il est l’heure de dissiper ce malentendu. Charles et Diana, c’est, statistiquement, l’histoire d’un échec conjugal tel qu’il sanctionne plus du tiers des unions dans nos sociétés occidentales. Banal, si ce n’était douloureux. D’un tout autre calibre est la romance de mère-grand, qui n’avait que 14 ans quand elle reconnut l’homme de sa vie dans le bel Hellène à la blondeur germanique - les charmes du métissage - qui était son cousin marin. Sept décennies plus tard, Elizabeth et Philip sont toujours ensemble.
Mais le roman majeur est évidemment titré... « Charles et Camilla ». Tant pis pour les ignares ricanant. Rien de lisse, sous une apparence de thé de cinq heures permanent, mais 41 ans de passion et de dévotion, qui s’entrechoquent avec les rebondissements les plus sulfureux, rupture et adultère compris. Le scénario idéal. Las, l’actrice n’a pas reçu en don la beauté d’un top modèle; elle n’affole pas les zooms qui font les icônes selon les critères des pubs pour dentifrices ou crèmes antirides. À Westminster, ce couple, qui serait né dans un wagon-lit du train royal (à l’arrêt), repensera peut-être aux âneries qui l’ont visé : pour épouser sa queen of heart, Charles renoncera à ses prérogatives et se retirera en Cornouailles ou à la Barbade. Mais un jour, lassé des lazzi, le prince de Galles est sorti du bois. Le Premier ministre Tony Blair a été commis pour lire son communiqué aux Communes. En substance : j’épouse Camilla et elle partagera toutes mes obligations et tâches d’héritier de la Couronne. Là, il a été grandiose, en mettant tout le monde au pas : ses parents, pas chauds pour cette « briseuse de ménage » ; l’opinion, qui a démonté les pancartes « You’ve killed Diana ! » (Tu as tué Diana !) des débuts ; et même l’Église anglicane, qui a modifié son droit canon pour autoriser deux personnes divorcées, et notoirement vagabondes durant leurs unions, à se marier... et à régner. Une révolution royaliste, faite avec amour.
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