dimanche 24 avril 2011
Collecte pour une sépulture
La conférence des pays donateurs penchés sur le chevet de la centrale nucléaire de Tchernobyl s’est achevée, hier, dans la capitale ukrainienne Kiev. Elle a fait fleurir les communiqués de victoire comme muguet à l’approche du 1er mai. Ce n’est pas rien, en effet, de voir la communauté internationale réunir plus d’un demi-milliard d’euros pour entreprendre, enfin, le projet dont il est question depuis de nombreuses années : la construction d’un nouveau sarcophage pour enfermer les ruines hautement contaminées du réacteur n° 4 de la centrale, qui a explosé le 26 avril 1986.
La première enceinte avait été assemblée dans des conditions héroïques, et à l’enseigne d’un mélange d’improvisation et de savoir-faire, dont la défunte Union Soviétique a souvent donné le spectacle. Mais l’ouvrage ne pouvait pas être parfait, et surtout pas durable. Son remplacement est une urgence.
Or, l’Ukraine n’a pas les moyens de gérer seule un projet de ce coût et de cette dimension : une arche de 108 mètres de haut et de 20 000 tonnes. La contribution russe est importante, mais ne comble pas la différence, en disproportion avec la responsabilité primordiale de l’ex-État soviétique, dont la Russie est l’héritière juridique.
En effet, c’est à Moscou qu’étaient décidés les choix des filières nucléaires, le calendrier de réalisation des centrales, les mesures d’économies qui permettaient de gagner du temps et de limiter les dépenses, et qui se sont parfois avéré être des impasses pour la sûreté et la sécurité.
Un quart de siècle après la catastrophe, un bel élan des donateurs peut ainsi être observé, mais il manque encore près du quart des fonds pour être assuré de pouvoir achever le second sarcophage de Tchernobyl. La crise financière et économique est passée par là, certes, mais elle montre surtout que les sommes nécessaires à remettre à flot le système bancaire, mille fois plus importantes, ont été réunies bien plus rapidement que celles du devis visant à donner une sépulture aux ruines nucléaires les plus inquiétantes de la planète.
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