TOUT EST DIT

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mardi 1 mars 2011

Le sphinx et le blog

On reproche si souvent aux hommes politiques de parler pour ne rien dire qu'il faut saluer ceux qui maîtrisent l'art de dire les choses sans en parler. Après l'interview télévisée de Dominique Strauss-Kahn, l'avis à peu près unanime des commentateurs sur la question de sa candidature aux primaires socialistes se résumait à cette conclusion : il n'a rien dit, donc il a dit oui. Conclusion fortement suggérée, on s'en souvient, par la confidence de son épouse, Anne Sinclair, qui déclarait, quelques jours auparavant, ne pas souhaiter le voir effectuer un second mandat à la tête du FMI. Mais se replacer dans le jeu politique, c'est s'exposer aux coups : on l'a bien vu avec les attaques de Jean-François Copé et de Christian Jacob, présentant le directeur général du FMI comme un technocrate éloigné des « vrais problèmes » des Français. Comment corriger cette image, créer cette proximité indispensable à un prétendant à l'Elysée, prouver qu'on suit d'un oeil attentif et critique ce qui se passe en France, sans se déclarer officiellement ? Là encore, en recourant au discours indirect. Sur France 2, DSK a insisté sur le rôle de son épouse : « Ce qu'elle dit a beaucoup d'importance, [...] son avis compte. » Sous-entendu : sur l'essentiel, son avis est aussi le mien. En somme, le blog d'Anne Sinclair n'est pas vraiment la voix de DSK, mais reflète ce qu'il dirait s'il n'était pas tenu par sa fonction au devoir de réserve... La première salve, sur ce blog, a été tirée le 20 février avec une critique virulente du « débat sur l'islam » ouvert par Nicolas Sarkozy - inspiré, selon l'auteur, par la volonté « d'agiter les peurs », et d'occulter « les inégalités inacceptables, le chômage omniprésent, l'école en déroute, la santé en panne ». La droite a réagi avec véhémence, en accusant le candidat potentiel de faire de son épouse son porte-parole : accusation qui, en un sens, le sert, puisqu'elle confirme son implication dans le débat national... Quelle que soit l'issue de cette querelle, elle pourra servir de cas d'école aux professionnels de la communication politique.

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