La note est loin d’être anodine, car elle détaille également la structure des revenus des assujettis à l’ISF. En pleine discussion sur la future réforme qui doit enterrer cet impôt, ô combien symbolique, elle offre aux partisans de la suppression de l'ISF un argument de poids vis-à-vis des députés de l'UMP encore réticents à l'égard de cette réforme: les 100 plus gros patrimoines taxés à l’ISF gagnent beaucoup moins que les 100 plus gros contribuables. Bref, la spéculation enrichit plus que la propriété: avec un revenu fiscal de référence moyen de 4,5 millions d’euros, les premiers sont six fois moins bien lotis que les seconds.
Et c’est bien le propos de la note que de montrer que ces deux populations sont différentes, et que les vrais riches ne sont pas ceux qui payent l’ISF. La situation n’étonne pas Vincent Drezet, le porte parole du Syndicat national unifié des impôts : « en sortant le patrimoine professionnel de l’assiette de l’ISF, avec une vision très extensive - ainsi un gros paquet d’actions d’une entreprise du CAC ne sont pas comptabilisées, on déforme l’Impôt sur la fortune. Invisibles dans la déclaration ISF, ces actions n’apparaissent qu’une fois vendues via les plus-values. »
La preuve par l’affaire Bettencourt. L’héritière de l’Oréal, possède un patrimoine d’au moins 15 milliards d’euros, essentiellement en actions, tandis son que patrimoine imposable à l’ISF peine à dépasser les 2 milliards d’euros.
A gauche, comme à droite, on n’ignore pas cette déformation de l’ISF. Pour autant, l’idée de mettre au rencard l’ISF et de le remplacer par la taxation des plus-values issues de la cession des titres -bref taxer les revenus plutôt que la détention du patrimoine- solution qui semble avoir la faveur du gouvernement, constitue-t-elle la solution ? « On peut s’étonner de ce que les principaux promoteurs de cette solution, comme le sénateur Philippe Marini son ceux qui depuis des années, ont multiplié les initiatives pour réduire l’imposition sur les plus-values. Les mêmes aussi, qui n’ont eu de cesse de stigmatiser l’ISF comme un impôt entrainant une fuite des assujettis, sans jamais produire de preuves tangibles », s’amuse Jérôme Cahuzac, le président socialiste de la Commission des finances de l’Assemblée qui n’est pas destinataire de la note.
A droite également, on s'interroge, à l'instar Hervé Mariton, député UMP de la Drome: «Je reste prudent sur la réforme qui est en passe d'émerger. »
Grâce à la note de Bercy, on mesure l'énorme inégalité de revenus en France: les 1 000 foyers fiscaux les plus riches sur les 36,4 millions que compte le pays, disposent ensemble de 8,2 milliards d’euros, soit 1,1% du total. A titre de comparaison,
les 6,25 millions de personnes qui travaillent pour moins de 750 euros par mois, et 445 euros par mois en moyenne, n'ont reçu qu'un peu plus que trois fois cette somme.
ÊTRE RICHE EN FRANCE EST UNE HONTE !!!!!
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