Dans Les Echos du lundi 11 octobre, un collectif Touche pas à mon port a fait publier une page de publicité. Sur ce document, intitulé «The best job in the world», il est proposé de devenir grutier sur le port de Marseille avec un salaire de 4000 euros brut pour dix-huit heures de travail hebdomadaire, avec huit semaines de congés. L’emploi est «garanti à vie».
Jean-Luc Chauvin, président de l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône, justifie ce recours à la dérision par «une exaspération complète et totale». Avançant le chiffre de 20 millions d’euros de pertes pour l’économie locale, le représentant du Medef réclame l’intervention des forces publiques pour débloquer les accès et appelle à une application urgente de la réforme portuaire.
«C’est mensonger et outrancier, a répliqué Pascal Galéoté, dirigeant du syndicat CGT des bassins Est et des terminaux pétroliers. On est à 2140 euros pour 155 heures par mois. Le Medef aurait voulu jeter de l’huile sur le feu qu’il n’aurait pas pu faire mieux : les agents sont hallucinés par l’agression.»
Les négociations avec la direction devaient reprendre mardi matin 12 octobre, juste avant le défilé intersyndical marseillais. «Avec les nouvelles propositions que je ferai, s’il y a réellement une volonté de reprendre le travail, il y a matière à le faire», estime, confiant, Jean-Claude Terrier, président du directoire du GPMM.
FILIALISATION
Le conflit a trait aux conditions de transfert des outillages des terminaux pétroliers et des 220 agents à une filiale, Fluxel, dans laquelle GPMM restera majoritaire à hauteur de 60%, en raison du caractère stratégique de ce trafic.
Le principe de la filialisation avait été accepté par la CGT le 15 décembre 2008 à l’issue d’un précédent mouvement. Sans revenir sur ce volet de l’application de la réforme portuaire, la CGT considère que les menaces de réduction des capacités de raffinage françaises ont changé la donne économique.
«Lorsqu’on évoque une diminution du trafic de 63 millions à 47 millions de tonnes de brut, on se pose la question de la viabilité et donc de la pertinence de la filiale», oppose Pascal Galéoté.
Le port garantit le retour du personnel au sein de son effectif en cas de détérioration de la situation économique de Fluxel. Mais il refuse la revendication de la CGT d’avoir des bulletins de salaire à l’en-tête de GPMM. «Ce serait la négation de la réforme, selon M.Terrier. On a testé tous les scénarios, et, dans le plus noir, à savoir la fermeture de trois raffineries, aujourd’hui alimentées depuis les terminaux de Fos et de Lavéra, il n’y aurait pas besoin de toucher à la masse salariale.»
Les 220 agents en grève devaient être rejoints, mardi 12 octobre, par la communauté portuaire. La Fédération nationale des ports et docks CGT, qui a réclamé une cessation anticipée d’activité pour cause de pénibilité des métiers portuaires, a lancé un mot d’ordre de grève de vingt-quatre heures reconductible.
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