La confrontation monétaire et économique s'accentue entre le monde et la Chine. A cause d'un autisme dont on a relevé les dommages sur les équilibres internationaux. Ce n'est pas, à vrai dire, que sa politique soit délibérément agressive. Mais quand on est si gros, de simples réactions égoïstes ordinaires se traduisent en déstabilisations des autres, comme ferait un hippopotame se grattant à bord d'une chaloupe. Le Premier ministre chinois l'a bien expliqué récemment à ses interlocuteurs européens : remédier trop vite à la sous-évaluation de sa monnaie, ce serait entraver ses exportations et laminer les marges de ses entreprises, déjà très minces selon lui. Or ce plaidoyer est aussi un aveu ; le développement chinois est essentiellement fondé sur sa capacité exportatrice, elle-même étayée par des salaires bas, des garanties sociales indigentes, une exploitation destructrice de l'environnement, un déménagement du territoire. La monnaie réduite au statut de mitraille n'est que le symbole d'une économie et d'une société de piètre qualité. C'est assez dire qu'on ne parle pas le même langage.
Il sera difficile dans ces conditions de conduire des négociations dans une grammaire commune (comme l'attestent par ailleurs les palinodies sur les droits de l'homme). Les travaux à venir du G20 auront donc intérêt à éviter les discours et, en quelque sorte, à s'exprimer par signes. Il y en a quelques-uns : le double jeu des Etats-Unis, pour cause de créances chinoises, libère l'Europe de sa solidarité avec eux. Les « émergents » autres que la Chine n'ont pas les mêmes intérêts, ce dont elle peut tirer parti. Les prix chinois peuvent être « moralisés » par un prélèvement compensatoire aux frontières européennes… Enfin et surtout, avec ses 500 millions de consommateurs, le premier marché du monde, c'est bien l'occasion pour l'Europe d'exister. Ce message s'adresse au président du G20, Nicolas Sarkozy.
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