Le gouvernement français est prisonnier lui aussi. Pris au piège d'une situation qui échappe totalement à son contrôle comme à tous les jeux d'influence traditionnels. Pieds et poings liés devant les ravisseurs au même titre que les malheureux qu'ils ont enlevés. Pour le moment, en effet, il ne peut esquisser aucun mouvement, pas même l'ombre d'une colère ou d'une froide détermination pour répliquer aux ravisseurs des sept otages d'Arlit, dont cinq Français. Le moindre geste, la plus petite erreur de jugement pourraient avoir des conséquences fatales.
L'authentification de la revendication jihadiste a signifié l'échec d'une première course de vitesse. Les experts avaient prévenu : il fallait à tout prix intercepter le convoi du commando terroriste avant qu'il ne mette ses proies « à l'abri ». Tous les moyens les plus sophistiqués de localisation, ceux qu'on disait capables de retrouver une épingle à nourrice dans le désert, ont montré leurs limites. On ne se méfie jamais assez des sortilèges du Sahara...
Habdelhamid Abou Zeid, le chef d'al-Qaïda au Maghreb islamique, a donc la main. C'est lui qui mène le jeu. Cette réalité insupportable s'impose à un Nicolas Sarkozy totalement impuissant pour le moment. Il ne peut évidemment pas le reconnaître mais tout dans l'attitude de la France au cours des dernières 24 heures le confirme. Pas question, a reconnu Brice Hortefeux, d'engager une opération militaire. Elle serait à trop hauts risques et sans doute vouée à l'échec. Mais pas question non plus de payer ! Même si les actes ne sont pas toujours à la hauteur des professions de foi du Quai d'Orsay, la France a toujours affirmé sa répugnance à s'acquitter de rançons. Comment pourrait-elle aujourd'hui participer à l'armement de plus en plus poussé de ses adversaires ? Quant à négocier - la libération de prisonniers incarcérés en France ou en Europe par exemple - cela reviendrait à une autre reddition. Paris a suffisamment cédé ici et là - « toujours » selon l'ancien ambassadeur à Dakar, Jean-Christophe Ruffin - pour ne pas comprendre les dangers d'une nouvelle abdication symbolique devant le chantage.
A supposer qu'on puisse en trouver de bons et crédibles -ce qui n'est pas évident- les intermédiaires « amis », libyens ou algériens, disposeraient, dans le meilleur des cas, d'une marge de manœuvre infime. Si Nicolas Sarkozy ne peut qu'afficher une compassion de circonstance avec les familles des otages, et un volontarisme naturel sans doute sincère, il n'a déjà plus les moyens - il le sait - de « tout mettre en œuvre » (selon la formule consacrée) pour libérer les captifs. Ni même, peut-être, la résolution de le faire. Trop tard... Le temps, qui se dilue dans l'alternance de soleil et de froid du désert, joue contre lui.
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