Une grève contre la réforme des retraites sépare les journées parlementaires du PS, mardi et hier à Pau, de celles de l'UMP, aujourd'hui et demain à Biarritz : quel symbole ! L'opinion, au fur et à mesure qu'approche la présidentielle, redevient l'arbitre de la compétition politique dont le coup d'envoi a été donné, cet été, par le Président.
Personne, pas même l'intéressée, ne sait encore si Martine Aubry sera la candidate de la gauche. Nicolas Sarkozy, qui croit peu en une candidature de Dominique Strauss-Kahn, l'a pourtant désignée comme l'ennemie numéro un. Son mot d'ordre : harceler la patronne du PS pour démontrer, en dépit de la bonne ambiance retrouvée au sein du parti, qu'elle est incapable d'imposer une ligne.
La meilleure défense étant l'attaque, la majorité a décrété l'offensive, d'abord pour faire oublier les embarras sociaux et diplomatiques des dernières semaines. Cette diversion peut fonctionner à merveille : dans l'affaire des Roms, certains leaders de gauche sont tombés dans le piège en réagissant de manière démesurée, ce qui a permis à la droite de leur donner des leçons d'histoire.
Mais c'est surtout sur le fond que la majorité va enfoncer le clou. On n'a pas fini d'entendre parler de sécurité, tant ce thème présente, pour la majorité, le double avantage de correspondre à une attente de l'opinion et à une difficulté pour la gauche. Entre un Manuel Valls (Évry), ouvert, y compris à une approche ethnique de la délinquance, et un Noël Mamère (Bègles), opposé aux caméras et aux polices municipales, il y a comme une incohérence qui n'a pas échappé à l'UMP.
On le voit aussi sur les retraites. La droite a évidemment beau jeu d'affirmer, sondages à l'appui, que la gauche, qui n'y croit elle-même qu'à moitié, ne reviendrait pas à la retraite effective à 60 ans. Tout le monde a en effet compris, dès lors que l'on accepte d'allonger la durée de cotisation, que cette promesse ne serait qu'un droit théorique et au rabais, à l'exception de quelques catégories.
On le verra encore dans le débat budgétaire. L'opposition va combattre, légitimement, certaines dispositions fiscales et défendre la puissance de l'État et des collectivités. Crédible quand elle revendique une gouvernance moins anxiogène et des impôts plus équitables, elle aura beaucoup plus de mal à expliquer comment elle ferait pour conduire une rigueur partagée, tout en tenant certaines promesses coûteuses, comme celles de Benoît Hamon sur les salaires ou les retraites, quand il tente de se concilier les grâces d'Olivier Besancenot ou de Jean-Luc Mélenchon.
De ces exemples, on peut extraire un petit mode d'emploi de la vie politique des mois qui viennent. Primo, il va falloir sans cesse décoder les attaques de la majorité et se demander, même lorsqu'elles sont fondées, quelles faiblesses elles dissimulent. Deuzio, il est clair que le PS, dans cette campagne qui commence très tôt pour lui, manque de préparation et que Martine Aubry marque surtout des points en contre. Tertio, ce harcèlement annoncé par l'UMP pourrait surtout pousser l'opposition à avancer plus vite dans un contre-programme réaliste et dans l'apaisement de ses querelles.
Jamais, depuis l'échec de Lionel Jospin, la gauche n'a cru autant en son étoile et eu pareille envie de gagner. Mais elle sait aussi que si l'antisarkozysme sommaire tenait lieu de programme, il ne serait pas le meilleur moyen de durer.
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