dimanche 25 novembre 2012
Le cœur de l’Europe
Le cœur de l’Europe
L’Union européenne est la reine du psychodrame. Les acteurs changent,
le suspense demeure avec son lot de mesquineries, de marchandages et de
petites phrases. On pourrait en sourire, si l’heure n’était pas aussi
grave.
Seuls les Grecs, qui n’ont pas souvent l’occasion d’être
fiers, le seront en voyant qu’une fois de plus on parle de Marathon. Un
nom synonyme de victoire à une époque lointaine, quand Athènes
rayonnait. Le marathon budgétaire de Bruxelles est d’un autre ordre. Les
Européens s’y déchirent régulièrement. Cette année, la lutte est encore
plus acharnée. Elle oppose les « cigales » du Nord aux « fourmis » du
Sud, avec, en prime, les Britanniques qui confondent négociation et
chantage.
David Cameron s’est lancé dans une imitation de
Margareth Thatcher, qui avait jadis « soufflé » ses partenaires en
martelant : « Je veux qu’on me rende mes sous. » La cupide Albion n’en
démord pas : elle donne trop à une Union qu’elle trompe allègrement à la
moindre occasion. François Hollande, qui n’a pas le vocabulaire de
Jacques Chirac, n’a pas demandé aux Anglais s’ils voulaient ses
attributs sur un plateau, mais le président français n’a pas caché son
agacement.
Les crispations du sommet de Bruxelles s’expliquent
aisément. L’Europe n’est plus ce club de privilégiés qui roulaient sur
l’or. La rigueur frappe partout et face à la crise, les égoïsmes
nationaux ont pris le dessus. Le budget présenté aux chefs d’États
ressemble, toutes proportions gardées, à celui de bien des ménages : on
racle les tiroirs pour trouver le moindre euro. Tous les domaines
d’intervention risquent d’être revus à la baisse, de l’agriculture à la
politique sociale.
Les coupes attendues dans les aides aux plus
démunis laissent augurer de bien des drames. Le nombre des pauvres en
Europe a explosé. Toutes les associations tirent la sonnette d’alarme.
La faim, que l’on croyait éradiquée en Europe, n’est plus un effroyable
souvenir. Alors que les Restos du Cœur ouvrent leurs portes lundi,
l’Union européenne aurait bien besoin, elle, de restaurer son cœur.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire