mardi 4 juin 2013
Fiscalité, solidarité, universalité
Fiscalité, solidarité, universalité
S'attaquer à la réforme des « allocs » est un dossier si sensible que le gouvernement a hésité jusqu'au dernier moment avant de trancher pour tenter de sauver la politique familiale. De quoi s'agissait-il ? De trouver un milliard d'euros dès 2014, puis deux à partir de 2016. Bref, de redresser les comptes de la branche famille de la Sécurité sociale. Une branche plombée par des transferts de charges qui, en réalité, devraient relever du régime des retraites dont la réforme est attendue à l'automne.
En dehors de cette bizarrerie, peut-on reprocher à un gouvernement de s'attaquer à des déficits même si, en la circonstance, il touche à la famille, un des fondements de la société ? Oui s'il ne lutte pas, un jour ou l'autre, contre la fraude sociale, les régimes spéciaux de retraites ou celui des intermittents du spectacle. Y a-t-il à redire, sur le fond, quand on demande, au nom de la solidarité nationale, davantage d'efforts aux plus aisés pour redistribuer davantage d'aides aux plus démunis ? Non, si le dosage est sage.
Au vu des chantiers à lancer pour aller chercher la croissance, il n'apparaissait pas urgentissime de régler cette affaire. Mais, l'exécutif y tenait. Et, pour y parvenir, il a préféré le durcissement du quotient familial à la baisse des allocations. Pouvait-il faire autrement ? Le sujet est tabou depuis 1945, le gouvernement Jospin s'y était cassé les dents. Avec le mur de protection dressé par les défenseurs du système visant à exiger le maintien du sacro-saint principe de l'universalité, le pouvoir a opté pour la solution la plus consensuelle. « Un moindre mal », soulignent, soulagées, les associations familiales loin de se réjouir de l'effort porté sur les crèches jugé trop insuffisant.
Coup de rabot
Au nom d'une meilleure redistribution vers les familles pauvres et monoparentales, la potion concernera 12 % des familles françaises. 1,3 million de ménages les plus aisés verront, en moyenne, leur impôt augmenter de 64 € par mois. Mais les classes moyennes ne passeront pas entre les gouttes de ce rééquilibrage qui équivaut, bel et bien, à une augmentation des impôts.
Ce premier gros coup de rabot effectué par François Hollande sur la protection sociale s'apparente à un acte politique fort pour un gouvernement de gauche. Sans jouer les risque-tout, ce dernier ne pouvait pas se permettre de provoquer à nouveau les familles après le mariage pour tous. Là, il a oeuvré, non masqué, mais avec stratégie,via le quotient familial qui a un triple avantage. Il garde l'esprit fondateur du système toujours le plus généreux au monde. Il est d'une plus grande discrétion. Et sa mise en oeuvre, simple comme bonjour, n'interviendra pas avant 2014. Soit après les élections municipales et européennes.
De quoi, temporairement, faire avaler la pilule aux Français. Mais, sans vouloir donner le sentiment d'en remettre une couche sur la politique d'austérité, la nouveauté constitue bien une attaque contre le pouvoir d'achat. Certains y voient un tour de passe-passe de plus de François Hollande, promu fin magicien ou fin tacticien. Le Front national, en surfant sur des arguments nauséabonds, crie au scandale et évoque« un impôt sur les enfants ». La gauche parle de « justice sociale » quand l'UMP condamne « un matraquage fiscal ». Une certitude : cette réforme contredit la promesse du président de la République de ne pas augmenter les impôts. Un (gros) mensonge par omission ?
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