mardi 4 juin 2013
Très chères familles
Très chères familles
Assurément, l'accouchement aura été difficile. C'est aujourd'hui que Jean-Marc Ayrault va présenter, devant le Haut Conseil de la famille, la solution retenue par François Hollande pour la réforme des allocations familiales. Difficile, en effet, de s'en prendre à un système qui avait l'heur d'être fécond pour notre pays, deuxième en Europe en terme de natalité. Difficile, après l'épisode du mariage pour tous de créer une contrariété supplémentaire sur le thème de la politique familiale. Oui, difficile de s'en prendre à nos très chères familles. Sauf qu'hélas, elles sont devenuesæ trop chères pour nos calamiteuses finances.
D'où cette réforme, qui en annonce d'autres, aussi délicates sur le plan social, pour réduire à néant les déficits de la CNAF (Caisse nationale des Allocations familiales). Seulement voilà : François Hollande n'a que le choix entre des inconvénients. Soit il privilégie la baisse des allocations pour les plus riches et il brise le tabou de l'universalité remplacée par une universalité ciblée. Soit il opte pour le coup de rabot au quotient familial et il contredit ses engagements à ne pas accentuer la pression fiscale. Bref, sacrifier un principe intangible ou se renier.
Pour sortir de l'ornière le pouvoir insiste sur la notion de justice dont il entend bien faire le marqueur de toutes ses réformes. Sauf qu'en décidant de mettre à contribution les « plus aisés », il dénature l'esprit des « allocs ». Ce qui était, depuis l'origine, une compensation « horizontale » de la charge des enfants, devient ponction sélective ou impôt supplémentaire à vocation redistributive.
L'alourdissement envisagé des prélèvements obligatoires comporte un autre risque. La fonction redistributive de l'impôt doit-elle être élargie à d'autres prestations? A défaut d'une grande réforme fiscale, toujours repoussée, permettant à l'État d'assumer ses politiques, ne va-t-on pas vers des aides ou remboursements modulés en fonction des revenus dans d'autres domaines, comme celui de la santé ?
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