La TVA dans la restauration illustre les dilemmes provoqués
par une fiscalité différente selon les secteurs et les produits, dans le
but de manipuler l'économie.
Après bien des péripéties, le secteur de la restauration sur place
s'est vu assujetti au taux de TVA réduit, pour l'alimentation et les
boissons non alcoolisées. Mesure qui est constamment remise en cause,
notamment aujourd'hui alors que le gouvernement cherche des moyens pas
trop visibles d'augmenter les prélèvements obligatoires. L'argument
étant que cette baisse de la TVA était destinée à promouvoir l'emploi,
et à faire baisser les prix, mais qu'elle fait perdre trop de recettes
fiscales, pour des gains controversés en termes d'emplois et de prix.
Cependant, l'emploi et les prix n'ont jamais été la justification, à
l'origine, de la réclamation d'une baisse de la TVA de la part du
secteur de la restauration. Le problème était la différence de taux
entre les ventes à emporter, assujetties aux taux réduit, et la
consommation sur place, assujettie au taux normal, plus élevé. Un
sandwich jambon et un paquet de frites achetés à la baraque à frites
étaient moins taxés qu'un jambon frites au comptoir du bistro du coin.
Ce qui faisait également dire aux professionnels que les McDonald's
étaient moins taxés. Ce qui était abusif. Leurs ventes sur place étaient
taxées comme celles des restaurateurs traditionnels.
La baisse de la TVA pour la restauration sur place a ainsi établi une
égalité de traitement entre la vente à emporter, et la consommation sur
place. C'est donc la problématique à étudier.
La restauration à emporter couvre une large gamme d'acteurs. Certains
restaurants, la restauration rapide notamment, proposent à la fois la
restauration sur place et à emporter. Les boulangeries forment un grand
acteur de la restauration à emporter. Les sandwicheries, les pizzerias,
les restaurants chinois, japonais, sont des acteurs de la restauration à
emporter. Mais aussi les grandes surfaces, et les supérettes, ont, en
ville, leur rayon à emporter. Les grandes surfaces et supérettes
acceptant même les tickets restaurant. Le secteur de la restauration est
donc très large.
Le plus simple serait de maintenir un taux unique, entre la
restauration sur place et la restauration à emporter. Pour des raisons
simples d'équité. Et surtout d'efficacité. Quant au choix du taux, le
gouvernement préférerait sans doute appliquer à tous le taux normal.
Mais nul doute que cela provoquerait un tollé de toutes les professions
concernées, des boulangeries aux grandes surfaces. C'est donc le taux
réduit qui resterait appliqué, logiquement. Mais pour renflouer ses
caisses, l’État pourrait choisir l'inéquité, et appliquer au groupe le
moins nombreux, la restauration sur place, un taux plus élevé.
La TVA dans la restauration illustre les dilemmes provoqués par une
fiscalité différente selon les secteurs et les produits, dans le but de
manipuler l'économie. Au final, le traitement n'est pas équitable. Les
taux sont influencés par les rapports de force entre les différents
groupes de pression. Si le gouvernement a besoin d'argent, il sacrifiera
le groupe le moins puissant à ses yeux.
mardi 21 août 2012
La TVA dans la restauration
Sans chercher ni l'efficacité
sociale, ni l'équité, dans sa décision.
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