Le casse-tête chinois est, par définition, d’une complexité extrême. Mais il est un casse-tête européen tout aussi difficile à résoudre, celui des Roms. Si difficile, précisément, que l’Europe n’arrive pas à le régler, renvoyant le problème à chaque pays de l’Union.
En France, le débat est d’une vivacité particulière, notamment depuis l’été 2010 et le « discours de Grenoble » de Nicolas Sarkozy, stigmatisant cette communauté afin de valoriser, en pré-campagne présidentielle, la politique sécuritaire de la droite. Une instrumentalisation qui était, et reste, choquante mais – tel est le ressort de la démagogie – elle s’appuyait sur un fond de réalité.
Les campements dans lesquels vivent la plupart des Roms sont indignes, et les détruire purement et simplement ne règle rien sur le fond, mais ils provoquent un réel malaise au sein du pays qui accueille ces populations déshéritées. Dans les grandes villes notamment, leur présence se manifeste à travers une mendicité disons très intrusive, qui heurte l’opinion, ce que la gauche n’ignore pas.
Le candidat François Hollande avait cru trouver la martingale en inventant une formule telle qu’il les affectionne : « Pas d’expulsion sans solution », c’est-à-dire sans relogement décent et sans travail d’insertion. Un mélange de bon sens et de bons sentiments qui permettait un démarquage avec le sarkozisme. De là à traduire cet équilibrisme verbal dans les faits, il y a un gouffre devant lequel se trouve la nouvelle majorité.
Durant l’été, les forces de l’ordre se sont trouvées à l’offensive afin d’exécuter – c’est leur rôle – les décisions de justice ordonnant les démantèlements. C’est donc Manuel Valls qui a imprimé son rythme, lui qui incarne la rupture du Parti socialiste par rapport à l’angélisme dont elle fut souvent accusée en matière de sécurité. D’où le mécontentement d’une autre sensibilité, qui existe au PS, mais surtout chez les Verts et au Front de gauche.
Le Premier ministre va chercher, dans les prochaines heures, à trouver un compromis en réunissant tous les ministres concernés, et pas seulement celui de l’Intérieur. Mais le dossier des Roms n’est qu’une illustration d’un empoisonnant et plus profond clivage au sein de la gauche, que Jean-Marc Ayrault aura du mal à effacer. Un casse-tête peut en cacher un autre.
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