La garden-party de l'Élysée a donc vécu et on ne s'en plaindra pas. Elle était l'une de ces vitrines du train de vie de la monarchie républicaine française. Une survivance anachronique d'une prétention héritée de... Louis XIV. Le plus étonnant est qu'il ait fallu l'aggravation de la crise économique et la facture de plus de 600 000 € de l'édition 2009 pour qu'elle apparaisse scandaleusement dispendieuse. Jusque-là, les fastes élyséens de la fête nationale étaient excusés, voire compris. Après tout, c'était ça, aussi, la France... Nicolas Sarkozy a d'autant plus facilement fait une croix sur ce rendez-vous annuel qu'il ne l'a jamais aimé. Il l'accomplissait comme une corvée, après avoir commencé par supprimer le rituel de l'entretien politique. Au-delà de ce cérémonial exceptionnel, il ne s'est jamais senti à l'aise dans le décor du palais de la Pompadour. Peu après son entrée en fonction, il confirmait aux DNA qu'il trouvait le lieu peu fonctionnel et mal adapté à l'exercice d'un pouvoir présidentiel dynamique. Depuis, il a fait avec... Symbolique, la mise au régime sec du 14-Juillet ne lui coûte rien. Toujours bonne à prendre, même si elle n'aura aucune incidence sur la résorption du déficit budgétaire. Elle ne sera qu'un gadget - un effort en carton-pâte - sans une profonde remise en question du fonctionnement matériel du pouvoir, et notamment des dépenses exponentielles de la présidence. Tout se passe comme si président et ministres devenaient inconscients des gaspillages insensés entraînés par une conception d'un autre âge de leur standing. Aucune autre démocratie en Europe ne se paie un tel luxe tout entier dédié au prestige français. Les caricaturaux jets privés et cigares de Christian Blanc qui ont défrayé la chronique ne sont que les cerises sur le gâteau. S'il veut être efficace, l'effort devra porter sur l'avènement d'un Etat modeste. Ce sera autant une question de psychologie et de conception du pouvoir, que de soustraction. La France doit avoir le courage de s'imposer la révolution de la simplicité. Le pouvoir doit s'interroger sur la façon de se débarrasser de codes pesants qui le coupent du pays réel. L'apparat républicain protège tant de résistances des élites politiques à vivre le quotidien ordinaire des Français ! L'intensification annoncée de la rigueur aura au moins l'avantage - parmi tant de souffrances - d'accélérer une mutation nécessaire mais, pour l'heure, à peine ébauchée.
OLIVIER PICARD
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