Oui, le magnifique mandat de parlementaire est une mission à plein
temps ! Non, le lourd travail d’élaboration et de vote des lois, ainsi
que le contrôle de leurs effets trop souvent négligé, ne coupe pas
nécessairement du terrain. Avec d’autres mots bien sûr, Lionel Jospin,
au terme de sa mission sur la rénovation de la vie publique, a raison de
rappeler ces évidences. Même et surtout si elles contrarient la pelote
indémêlable d’intérêts croisés, de petites combines et de clientélisme à
la papa devenus banals dans notre République.
Disons-le
clairement : cumuler un exécutif de collectivité territoriale et une
fonction parlementaire n’est pas raisonnable. Pas davantage que
d’assumer un département ministériel tout en dirigeant une ville ou une
région. La démocratie française s’honorerait à mettre fin à ces
pratiques dépassées. Produire une meilleure législation, moins
circonstancielle et plus régulièrement évaluée, ne peut être que le fait
de personnes s’y engageant complètement. Les travées souvent désertées
du Parlement, lorsque la télé n’est plus là, témoignent assez d’une
faiblesse de notre vie politique que les citoyens commencent à bien
percevoir et à rejeter. En filigrane, ce sont tout le fragile
échafaudage des collectivités et l’enchevêtrement des responsabilités
qui sont en cause. Les exécutifs territoriaux, faut-il le rappeler,
souffrent tout autant des effets du cumul.
Le risque de perdre
l’ancrage local, de s’éloigner de la réalité des Français, est souvent
avancé, notamment par les sénateurs dont l’élection est indirecte. Cet
argument n’est pas très convaincant. Rien n’empêche un député ou un
sénateur d’aller à la rencontre des forces vives du pays, sociales,
économiques ou associatives. Les parlementaires sont, en France,
toujours reçus avec de grands égards. Ils en doivent autant en retour à
leurs concitoyens en les écoutant, en travaillant leurs dossiers, en
défendant leurs convictions… Et en votant de bonnes lois.
L’agenda
infernal des cumulards, qui flatte leur ego, ne permet évidemment pas
de concevoir pleinement ce rôle. Un mandat moderne devrait aussi prévoir
un dispositif de réinsertion pour le parlementaire. Se trouvera-t-il
une majorité pour voter pareille réforme ?
dimanche 11 novembre 2012
Un vrai mandat
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