Condamné à un an de prison ferme dans l'affaire de l'Angolagate, l'ancien ministre de l'Intérieur dénonce une instruction conduite à charge. Et annonce sa décision de porter plainte contre le juge Philippe Courroye, alors en charge du dossier.
Pasqua avait promis des «révélations» pour sa conférence de presse, jeudi après-midi. Après avoir entretenu le suspens pendant de longues minutes, le sénateur est entré en scène. Mais les 200 journalistes présents sont un peu restés sur leur faim. Car les «révélations» avaient un petit air de déjà-vu.
A défaut de faire trembler la République, Charles Pasqua aura au moins réussi à impliquer un certain nombre de personnalités politiques dans l'affaire de l'Angolagate, qu'il considère comme une «affaire d'Etat». A commencer par le président de la République de l'époque et le secrétaire général de l'Elysée. «J'accuse Jacques Chirac de n'avoir pas assumé ses responsabilités. Il en est de même pour Dominique de Villepin, a lancé l'ancien ministre de l'Intérieur. Tous deux ont manqué à leur devoir. J'affirme que les plus hautes autorités de l'Etat étaient informées.»
«Je lève le secret défense»
Pasqua cite une note de la DGSE de 1995 qui indique que «le gouvernement angolais a reçu de grandes quantités de matériel militaire par l'entremise d'un intermédiaire français non autorisé». Cette note aurait été transmise à l'Elysée, au ministère des Affaires étrangères, et au ministère de la Défense. «Jacques Chirac, Dominique Villepin, Bertrand Landrieu, Charles Millon, Jacques Foccart et Hervé de Charette étaient donc informés», assure l'ancien ministre de l'Intérieur.
Pasqua prétend aussi avoir rédigé un mémorandum à destination de Jacques Chirac en janvier 1996. «Je ne sais pas s'il est classé secret défense, mais je lève le secret défense à votre intention», a dit Charles Pasqua, qui va communiquer le document aux journalistes. Il a également demandé «le lancement d'une pétition des parlementaires sur la levée du secret défense sur toutes les affaires de ventes d'armes depuis 2002».
Et d'insister : «La justice estime que ces ventes sont illégales. Pourquoi les autorités n'ont-elles rien fait et ne sont-elles pas poursuivies pour complicité ?» Pour Pasqua, la réponse est claire : «L'instruction a été conduite à charge ! Le magistrat s'est focalisé sur moi.»
«Gaydamak n'était pas un inconnu à l'Elysée»
Pour justifier son propos, Charles Pasqua insiste sur les décisions prises par le juge Philippe Courroye, magistrat instructeur du dossier et témoin lors du procès. «Une note déclassifiée en 2002 et transmise à Courroye ne figure pas dans la procédure», assène le sénateur des Hauts-de-Seine, qui a décidé de «déposer une plainte à ce jour contre Philippe Courroye».
Autre sujet abordé : le rôle d'intermédiaire joué par Arcadi Gaymadak dans la libération de deux pilotes français, capturés en Bosnie en 1995. Pasqua est accusé d'avoir reçu une contrepartie financière de 326.000 euros, en échange de la décoration due l'homme d'affaires franco-russe. «Est-ce que quelqu'un imaginerait un seul moment que je me prostituerais pour la vente d'une décoration ?»
Là encore, Pasqua prétend que Jacques Chirac était au courant de tout. «Gaydamak n'était pas un inconnu pour l'Elysée». Il assure que la présidence de la République a financé la première phase de la mission à hauteur de 900.000 francs (137.000 euros). Une somme qui aurait lui aurait été remise directement à par Dominique de Villepin.
jeudi 12 novembre 2009
Angolagate : Pasqua implique de nouveau Chirac et Villepin
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1 commentaires:
Cette conférence de presse a été une tempête dans un verre d’eau.
La mémoire de « Pasqua la Balance » est aussi sélective que celle de Jacques Chirac car il n’a révélé, ni les destinataires des rétro-commissions sur la vente des frégates à Taïwan, ni les bénéficiaires du détournement, par François Mitterrand, des 3,5 milliards de dollars d’indemnités de la guerre du Golfe attribuées à la France en 1991 :
http://euroclippers.typepad.fr/alerte_ethique/
Mais cela ne l’empêchera pas de comparaître au printemps 2010 devant la Cour de Justice de la République pour différentes affaires : l'autorisation d'exploitation du casino d'Annemasse par un proche en échange d'un financement politique ultérieur ; l'agrément délivré pour le transfert d'un de GEC-Alsthom à Saint-Ouen et qui avait généré à un proche de M. Pasqua en 1994 le versement d'une commission de près de 800 000 euros ; une affaire d'abus de biens sociaux concernant le versement à des proches de M. Pasqua de commissions par une société d'exportation d'armes qui dépendait de son ministère.
La chute du « Terrible Môssieur Pasqua » est inévitable, et il saura entraîner avec lui Jackouille la Fripouille et certainement bien d’autres dirigeants politiques.
Jean-Charles Duboc
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