TOUT EST DIT

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lundi 24 septembre 2012

Ce que dévoilent les caricatures 


« Les hommes sont tourmentés par les opinions qu'ils ont des choses, non par les choses elles-mêmes. » La remarque est ancienne puisqu'il s'agit d'une maxime grecque citée par Montaigne dans ses Essais, et elle vaut toujours.
Les dessins qu'on reproche à Charlie Hebdo sont inoffensifs en eux-mêmes. Ils ne font littéralement de mal à personne, sauf à ceux qui les interprètent comme blasphématoires, voudraient les interdire, et déclenchent des violences. Là, indirectement, ils provoquent des morts. Pour autant, ce ne sont pas eux qui en sont la cause, mais l'opinion qu'on a d'eux.
On se souvient de la polémique préélectorale qu'avait provoquée un ministre en déclarant que « les civilisations ne se valent pas ». Comme il n'existe pas d'instrument capable de mesurer la valeur d'une civilisation, le jugement ne se fonde sur rien d'autre qu'une opinion, qui repose elle-même sur la connaissance intime qu'on a de sa propre culture et sur l'ignorance de celle des autres. Le fanatisme consiste à pousser ce penchant trop habituel jusqu'à l'absurde.
C'est ainsi que des fondamentalistes, considérant leur religion comme la seule capable d'assurer le salut des hommes, croiront faire le bonheur de tous en appliquant sur terre le royaume de Dieu. Et s'il faut en passer par des conversions forcées, et s'il faut tuer quelques mécréants au passage, c'est au nom de Dieu, et c'est donc légitime.
Notre civilisation n'étant pas d'essence supérieure, elle n'a pas à supplanter les autres. En revanche, il ne faut pas craindre d'affirmer que certaines de nos pratiques ont vocation à devenir universelles. C'est le cas de la laïcité. Elle n'est pas une opinion qui s'impose par rapport à d'autres, mais une façon de faire cohabiter des personnes et des groupes qui ne partagent pas les mêmes idées. Elle empêche qu'un de ces groupements, plus fort et plus prosélyte, n'impose ses convictions, ses préceptes et son mode de vie à tous les autres.
Dans l'affaire des caricatures reprochées à Charlie Hebdo, c'est aussi le respect de la laïcité qui est en cause. Accepter la censure ou l'autocensure, pour ne pas froisser de très susceptibles et très belliqueux fondamentalistes, c'est en réalité céder à ceux qui voudraient imposer à la terre entière leur idée de Dieu, de l'homme et de la société.
Il semble hélas que nous résistons moins bien en 2012 que nous ne l'avions fait en 2005 quand, déjà, des caricatures publiées par Charlie Hebdo avaient été « refusées » par quelques intégristes.

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