Ainsi, malgré leurs réserves, les Allemands n'ont pas empêché la Banque centrale européenne d'accroître ses interventions pour faire baisser les taux d'intérêts dans les pays les plus endettés de la zone euro. L'Espagne et l'Italie ont pu ramener les taux auxquels leur État emprunte sur les marchés, de plus de 7 % à près de 5 %. Cette baisse est considérable, même si elle ne règle pas tous les problèmes. Naturellement, cela suppose que les États demandeurs fassent des efforts pour assainir leurs comptes. C'est précisément ce qu'ils font en ratifiant le traité de consolidation des finances publiques qui prévoit le respect d'une « règle d'or » imposant d'équilibrer les dépenses et les recettes publiques. Ce traité devait subir deux épreuves décisives : en Allemagne, celle de la Cour constitutionnelle qui vient de donner son feu vert ; en France, celle du Parlement qui sera saisi, au début octobre.
François Hollande a évolué favorablement sur le sujet. Il ne demande plus la renégociation du traité comme il l'avait dit lors de la campagne électorale. Il se contente de le compléter par des recherches, avec ses partenaires, sur les moyens de soutenir la croissance économique sans remettre en cause la rigueur. Joignant le geste à la parole, il présente, pour l'année prochaine, un budget d'austérité, ce qui ne va pas sans provoquer des remous à la « gauche de la gauche ».
Éclairer les peuples
Dans le même temps, la zone euro précise le fonctionnement du « Mécanisme européen de solidarité » qui ouvre un fonds de 500 milliards d'euros - dont l'Allemagne apporte la plus forte contribution - pour aider les États ou les banques en difficulté.
Toutes ces procédures juridiques et tous ces mécanismes financiers restent quelque peu obscurs pour les opinions publiques. C'est moins spectaculaire que la faillite d'une grande banque ou l'abaissement de la cote de confiance d'un État. Mais c'est tout à fait fondamental et le rôle des pouvoirs publics, comme des moyens d'information, est d'éclairer les peuples sur ces questions. Nous vivons au XXIe siècle, dans des sociétés complexes avec des mécanismes fragiles. Raison de plus pour que les leaders d'opinion assurent leurs responsabilités et ne brouillent pas les esprits avec des slogans simplistes ou des querelles secondaires.
L'Europe est en train de franchir une étape supplémentaire sur le chemin de son unité. Ce pas en avant ne ramène pas la croissance ni ne fait disparaître le chômage du jour au lendemain. Mais il ouvre un chemin pour qu'une initiative politique de grande ampleur redonne l'espoir aux peuples européens dans les prochains mois. Que les hommes d'État s'y préparent et nous y préparent.
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