jeudi 23 août 2012
En avant toute, en avant doute
« Monsieur le Président, vous pouvez compter sur la détermination et
l’engagement du gouvernement dans l’année qui s’ouvre » : ainsi se
conclut la communication de Jean-Marc Ayrault, qui présentait hier son
programme de travail en conseil des ministres. C’est à peu près la
formule qu’emploierait le directeur général d’une entreprise en
s’adressant à son PDG. Et c’est d’ailleurs ainsi que fonctionne l’actuel
couple exécutif, un binôme avec une hiérarchie claire mais une assez
grande liberté de manœuvre pour le numéro deux : un partage des rôles
conforme à la tradition de la V e République, après la parenthèse de l’hyperprésidence sarkozyste.
Le
chef de l’État et son chef du gouvernement ont compris qu’ils devaient
reprendre la main, car la période estivale et les premières critiques de
la rentrée ont donné prise à un venimeux reproche, celui de
l’immobilisme. Prolongée d’un dîner de travail – avec invitation aux
micros et aux caméras – qui a réuni l’équipe gouvernementale, la
contre-offensive est manifeste, presque trop insistante.
La
feuille de route, qui ressemble à un nouveau discours de politique
générale, est copieuse, placée par François Hollande sous le double
signe du « courage et de la cohérence ». La volonté d’appliquer, dans
les cinq ans, tout le programme de la campagne électorale sert de
boussole constante, même si les promesses sont mises en œuvre avec une
prudence de sioux pour s’adapter aux réalités de la conjoncture. Le
relèvement du plafond du Livret A se fera ainsi de manière progressive,
moins vite que prévu. Et l’action sur le prix des carburants sera «
modeste » et « provisoire » via une diminution des taxes, une marche
arrière par rapport au blocage des prix initialement envisagé. Un
blocage qui serait périlleux pour les finances publiques, alors que
s’élabore le budget 2013.
Bercy table sur une croissance de 1,2 %
l’année prochaine, mais les experts internationaux considèrent que ce
niveau est hors d’atteinte. Ce qui obligerait l’État à serrer fortement
la vis sur ses propres dépenses et à augmenter encore plus que prévu le
niveau de prélèvements. Redoutable équation, le Premier ministre
lui-même n’excluant pas de réajuster à la baisse les hypothèses de
croissance.
Pour le gouvernement c’est « en avant toute ».
Mais surtout, en avant doute…
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