Car, dimanche, deux millions de Français ont voté blanc : quasiment trois fois plus qu’au premier tour. C’est un chiffre qui n’avait jamais été atteint auparavant - même si, en pourcentage (5,8 %), la part de bulletins blancs et nuls s’est située dans l’étiage de celle de 2002 (5,3 %). Jean-François Copé en a déduit que François Hollande "n’a pas été élu avec la majorité absolue des [votes] exprimés. Ce qui n’est pas si fréquent que cela, dans l’histoire politique de la Vè République".
Reste que défaite il y eut tout de même, dimanche. Plusieurs départements ont basculé de droite à gauche. Hormis Nice, toutes les grandes villes ont voté socialiste. Dont Marseille (qui était plutôt à droite) et Bordeaux (la ville d’Alain Juppé). Nicolas Sarkozy a été battu y compris dans des fiefs UMP : la ville de la porte-parole de sa campagne, Nathalie Kosciusko-Morizet (Lonjumeau), ou celle de Jean-François Copé (Meaux). Dans les banlieues et quartiers populaires, la droite a fait des scores calamiteux. Et, dimanche, Nicolas Sarkozy n’a été majoritaire que dans une seule catégorie de l’électorat : les plus de 65 ans.
Dès dimanche soir, des ténors de l’aile modérée de la majorité avaient critiqué la ligne très droitière de la campagne sarkozyste. L’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (2002-2005) était de ces critiques. Ce fut aussi le cas, et il l’a redit lundi, de l’ancien ministre de l’Environnement de Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo. En privé, certains sarkozystes se lâchent. "Ca va être sanglant, ça va sulfater", a ainsi jugé, lundi, un ancien ministre de haut rang, sous le couvert de l’anonymat.
Mais, en public, pas le moindre cacique de la majorité n’a osé donner le coup d’envoi à la guerre des chefs. Et ceux qui se sont affichés comme les plus hostiles à toute querelle fratricide sont ceux qui font figure de rivaux potentiels pour la succession de Nicolas Sarkozy. Succession en tant que chef de la droite. Et succession en tant que présidentiable de cette famille pour le scrutin élyséen de 2017 - puisque le rival malheureux de François Hollande l’a confirmé aux siens, lundi : il se retire de "la politique opérationnelle".
"Aujourd’hui n’est pas l’heure à désigner les chefs et les sous-chefs. Il n’y a aucune place pour les querelles de personnes", a insisté Jean-François Copé. "Stratégie d’unité absolue", a renchéri le Premier ministre, François Fillon. "Cette unité, on la doit à Nicolas Sarkoy", a confirmé le ministre Xavier Bertrand, ex-n°1 de l’UMP.
Pour formaliser cette unité affichée, un "comité stratégique" sera mis en place jeudi. C’est lui qui fixera la ligne de la campagne des législatives de juin et qui coordonnera cette bataille, le mois prochain. Véritable armée mexicaine (il regroupe près de 30 ténors du parti), il aura au moins l’avantage de ne pas mettre en avant un seul homme, et donc de ménager les susceptibilités de ses rivaux.
Les législatives suivant des présidentielles sont traditionnellement des élections de confirmation. L’UMP a donc tout à craindre. D’autant que, cette fois-ci, en plus, elle devra compter avec un Front national de mieux en mieux implanté.
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