TOUT EST DIT

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mardi 8 mai 2012

Quel avenir pour Nicolas Sarkozy?

Nicolas Sarkozy quittera l'Elysée la semaine prochaine. Dimanche soir, il a affirmé qu'il ne "mènerait pas la bataille des législatives". Mais il n'a pas fermé la porte à d'autres engagements politiques. Et ce, même s'il n'a jamais caché son intérêt pour le monde des affaires. Des ministres lui voient jouer un rôle de guide ou à l'international. 

Nicolas Sarkozy a 57 ans. En se référant à la réforme des retraites qu'il a lui-même voulu, il n'a donc pas encore l'âge de partir à la retraite et, à l'instar de Valéry Giscard-d'Estaing, qui a quitté l'Elysée à 55 ans, le président sortant peut encore faire quelques projets. Dimanche soir, devant ses militants de la Mutualité à Paris, il a expliqué que son "engagement" serait "différent", qu'il "serait toujours à leurs côtés". Les mots sont suffisamment ambigus pour laisser planer le doute. VGE ne s'était pas reconverti, poursuivant sa carrière à la tête de l'UDF et dans les arcanes de l'Assemblée nationale, où il occupait encore la présidence de la commission des Affaires étrangères en 1997, avant l'arrivée de la gauche aux affaires. De 2001 à 2004, la figure centriste avait même porté le projet de Constitution européenne, rejeté par voie référendaire en France et aux Pays-Bas.
Nicolas Sarkozy peut-il en faire autant? En coulisses, le choix du président-candidat est clair. "Je ne serai plus jamais candidat aux mêmes fonctions et je ne mènerai pas la bataille des législatives", a-t-il déclaré aux cadres de l'UMP, dimanche après-midi, selon un ministre cité par l'AFP. Lors d'une réunion avec les cadres de l'UMP lundi, il a assuré qu'il ne solliciterait plus jamais de mandat électif. "Je perds de peu mais j'ai perdu. Le chef quand il perd, il est normal qu'il se retire. J'aurai toujours ma carte à l'UMP, je continuerai à être membre de la famille, à l'aider mais pas à une place de responsable opérationnel", a-t-il dit, selon le récit d'un des participants.

"J'aurai fait une très belle vie politique"

Mais, le président sortant n'a en effet pas annoncé son retrait de la vie politique. A en croire un proche collaborateur interrogé par Le Point, "il ne peut pas couper les ponts à la façon de Jospin comme en 2002", l'UMP risquant l'implosion dans le cas contraire. "Le parti repose sur deux jambes, la droite humaniste et la droite populaire, qui doivent s'élancer dans la même direction pour pouvoir courir", confiait Jean-Pierre Raffarin dimanche soir au JDD.fr, avant de mettre en garde contre les conflits internes. Nicolas Sarkozy a su réconcilier ces deux familles en 2007, avant de privilégier la seconde lors du tournant sécuritaire de son mandat, à l'été 2010. S'il quitte sa famille, il compte donc assurer sa succession, Jean-François Copé, François Fillon et Xavier Bertrand se disputant déjà les clés du parti.
Quid de Nicolas Sarkozy? Dès le début de l'année, il n'avait pas fait de mystère sur une possible reconversion en cas de défaite. "Si les Français devaient ne pas me faire confiance, est-ce que je devrais continuer dans la vie politique? La réponse est non. Ces carrières qui n'en finissent pas, cela aboutit à des jeunes qui ne peuvent pas monter. Si tel n'est pas votre choix, je m'inclinerai et j'aurai fait une très belle vie politique", expliquait-il alors à Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV-RMC.

"Il a une expérience internationale unique au monde"

Une assurance : en tant qu'ancien chef d'Etat, il sera appelé à siéger au Conseil constitutionnel, à lui de voir s'il accepte le poste ou non. Mais, avocat de formation, Nicolas Sarkozy n'a jamais renié son envie de travailler dans le monde des grandes entreprises. "Moi aussi, dans le futur, je voudrais gagner de l'argent", avait-il déclaré en novembre 2011, lors d'un sommet du G20 à Cannes, cité par Le Monde. Et de préciser, à l'adresse de ses proches : "Je suis avocat, j'ai toujours eu un cabinet et je suis passionné de tas de choses. En tout cas, je changerai de vie complètement, vous n'entendrez plus parler de moi!" Philippe Ridet, dans son livre Le Président et moi (Albin Michel, 2008), évoquait déjà une confidence, datant de 2005, de celui qui était encore ministre de l'Intérieur : Nicolas Sarkozy se vantait alors de pouvoir être embauché par Martin Bouygues "du jour au lendemain".
En 2008, un indiscret du Point faisait écho d'une autre confidence du chef de l'Etat : "Quand je vois les milliards que gagne Clinton! (…) Je fais (président) pendant cinq ans et, ensuite, je pars faire du fric, comme Clinton." Mais, depuis cette date, Nicolas Sarkozy s'est vanté d'être devenu président, d'avoir appris de ses présidences successives de l'Union européenne et du G8-G20. Et son discours de dimanche soir laisse la porte ouverte à une carrière dans les institutions politiques internationales. "Nicolas Sarkozy est un homme d’action, pas de débat", analyse pour leJDD.fr Gero Von Random, correspondant pour le journal allemand Die Zeit à Paris. Nicolas Sarkozy pourrait toujours être tenté par un retour en 2017.
Mais les participants à la réunion de lundi à l'Elysée ont d'autres idées en tête. "Nicolas Sarkozy peut jouer un rôle en France ou à l'international. Mais un rôle aussi engagé qu'auparavant? Je ne le cois pas", a expliqué Benoist Apparu lundi, devant la presse, avant le bureau politique de l'UMP. Et de citer Tony Blair et Bill Clinton, qui ont alterné conférences grassement payées et missions pour les institutions internationales. "Il a une expérience internationale unique au monde. Il n'a pas le profil du sage, c'est un homme d'action. Ne plus rien faire? Ah non, je ne crois pas!", a-t-il poursuivi. Nadine Morano, première fan du président sortant, a confié qu'elle souhaitait qu'il devait "garder le rôle de guide, de conseil" auprès de sa famille politique. Et de former un voeu : "Je ne souhaite qu'une chose, qu'il soit heureux".

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