TOUT EST DIT

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dimanche 6 mai 2012

L’enjeu du 6 mai

Pourquoi tant de haine ? Ce fut le thème central du discours prononcé par Nicolas Sarkozy le lendemain du premier tour de la présidentielle de 2007. Il aurait pu le reprendre mot pour mot durant cette campagne de l’entre-deux-tours, à la veille des manifestations du 1er Mai et de son duel télévisé avec François Hollande, ce mercredi 2 mai.
La haine coulait à gros bouillons sur le candidat de la droite, à travers les rapprochements honteux, les mensonges fabriqués et les boules puantes. En 2007, il disait : « Pourquoi tant de haine ? Parce que je dis que tous les Français n’étaient pas pétainistes ? » Eh bien justement, on lui renvoie Pétain et Laval, quand, il y a quelques semaines, c’était encore Madoff, Berlusconi et Poutine ! « Pourquoi tant de haine ? Parce que je considère que la France ne doit pas avoir honte de son histoire ? Parce que je ne veux pas de la repentance, parce que je dis que pour un Français, haïr la France c’est se haïr soi-même, et que si l’on n’est pas fier d’être Français, on n’est pas obligé de demander à le devenir. » Il ajoutait alors : « Je dis tout haut ce que tout le monde pense tout bas. »
Voilà l’explication de la haine qui le frappe avec cette violence : il a libéré la parole, avec son autorité de président de la République. Il a levé les interdits qui pesaient sur la parole publique. C’est aussi ce qu’il a voulu signifier par la formule « rendre la parole au peuple », le peuple contre les élites frelatées qui ont cru pouvoir s’emparer de l’opinion.
Il a fait pire et le rappelle dans l’entretien qu’il donne à Valeurs actuelles : « Je n’ai jamais cédé à la rue » – ni pour la réforme des régimes spéciaux, ni pour celle des retraites ni même pour l’autonomie des universités. D’où le grand air, avant le premier tour et depuis, de la revanche. De la gauche en général, des syndicats et des donneurs de leçons.
Le premier résultat obtenu a, certes, été de faire perdre des voix à Nicolas Sarkozy le 22 avril par rapport à son score du premier tour de 2007, mais surtout de renforcer spectaculairement celui de Marine Le Pen et donc de la droite la plus radicale, donnant à l’ensemble des droites un total supérieur à ce qu’il était il y a cinq ans. Les électeurs de droite n’ont pas cédé sous l’orage. La question porte sur ce qu’ils vont faire au second tour. France de droite, élus de gauche ? François Hollande ne peut être élu que grâce à des voix venues de l’autre camp, des voix pour lui ou des abstentions (une demi-voix en faveur de l’adversaire).
La responsabilité de l’électeur de droite est décisive. D’abord pour le pays, pour sa capacité à résister dans la compétition internationale, le redressement de sa compétitivité gravement endommagée, son rôle en Europe, mais pas seulement, et pour reprendre la formule d’un lecteur, « pour que la France reste la France », pour que l’on « se reconnaisse dans son pays ». Les plus sensibles à la menace de ne plus reconnaître ce visage, ce sont nos bourgs et nos villages. Pas d’immigration, peu d’insécurité dans cette France rurale et travailleuse, et pourtant Marine Le Pen y a doublé, si ce n’est plus, les voix de son père. Une manière pour ces électeurs de dire qu’ils n’ont pas envie de voir leur cadre de vie défiguré, à l’image de ce que les journaux télévisés leur montrent tous les soirs.
Pourquoi Mélenchon et les communistes, Thibault, Chérèque et les autres, votent-ils Hollande avec tant de hargne ? Ce n’est pas pour la hausse de l’allocation de rentrée scolaire, le gel du prix des carburants (pendant trois mois) ou même le recrutement de 60 000 fonctionnaires, c’est pour le signe que son élection donnerait : le retour du pouvoir de la rue en face de celui de l’État, la lutte des classes à tous les étages, la domination de l’administration à tous les guichets. Et pourquoi tant d’appels en sa faveur dans les milieux de la culture ? Parce que c’est bien par là, à coups de subventions publiques, que l’on pétrit l’âme d’un peuple.
S’il était élu, François Hollande n’aurait pas plus d’argent à partager que Nicolas Sarkozy, il distribuerait des symboles, sur le mariage et la famille, sur l’euthanasie et la fin de vie – et le vote des immigrés aux élections locales. Ces décisions figurent dans son programme de la première année. La plupart ont déjà été votées par la majorité de gauche du Sénat (lire page 21). Elles visent à “changer” durablement la société française et à assurer, d’élection en élection, la pérennité du “modèle socialiste”. Voilà pourquoi on ne peut pas se tromper de bulletin.

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