dimanche 6 mai 2012
6 mai, l'autre élection... les législatives en Grèce. Avec un seul programme : l'absence d'espoir
Comment voter quand on est désespéré?
Énorme risque de poussée des extrêmes et une campagne qui n'a pas
dissipé l'incertitude sur la capacité du pays à se trouver un
gouvernement dans un contexte où Athènes doit poursuivre à marche forcée
sa tentative de redressement de l'économie.
Comment
voter pour des hommes politiques qui ne peuvent plus paraître en public
sans être injuriés ou recevoir des yaourts ? Comment voter pour une
assemblée qui n'a plus le pouvoir de décider ? Comment voter quand on
est dans une telle colère qu'on ne peut que tout refuser en bloc ?
Comment voter quand on est désespéré ? Telle est la question qui se pose
aux Grecs et à laquelle ils devront répondre le 6 mai. Le 6 mai, comme
les Français.
Depuis octobre 2011, le Premier ministre grec en place, Loukas Papademos,
économiste a-politique, ne représente rien d'autre que la volonté de la
Troïka. Quant aux députés, ils sont juste parvenus, sous la menace d'un
chaos complet, à voter la nouvelle série de mesures exigées par
l'Europe dans son dernier (?) plan de « sauvetage ». Rien de
démocratique là-dedans, d'où la décision de tenir des élections
législatives pour donner au pays un gouvernement élu et crédible. Là est
le problème, pour qui voter ? L'Union Européenne espère un gouvernement
solide en faveur des mesures déjà décidées. L'aura-t-elle ? Rien de
moins sûr.
Le système
électoral grec est un système à base proportionnelle par
circonscriptions, avec une dose de majorité qui accorde un bonus de 50
députés au parti arrivant premier à l'échelle nationale et qui exclut
d'office ceux qui n'ont pas 3% des voix, même si localement ils ont un
élu. Or de nombreux partis sont nés depuis 2011, issus le plus souvent de la démission/sécession de députés du PASOK ou de la Nouvelle Démocratie pour refus des memorandum proposés ; 32 partis seront présents dimanche prochain ! Impossible
de prévoir des résultats. Les sondages sont interdits depuis le 21
avril ; ceux qui ont été effectués précédemment sont d'accord sur
quelques grandes lignes : de 7 à 10 partis seront représentés à
l'Assemblée, les 2 grands qui réunissaient jusqu'en 2009, autour de 80%
des voix, sont en chute libre, le PASOK payant chèrement la gestion de
la crise par Georges Papandréou, la Nouvelle Démocratie payant le prix
de son accord avec le memorandum (du FMI, NDLR) depuis octobre 2011,
enfin parmi les suivants, il faudrait compter avec le Syriza (coalition
des gauches), le Parti Communiste grec, et deux « nouveaux », les
« Grecs indépendants » et la « Gauche Démocratique », des dissidents de
la ND et du PASOK. Au-delà c'est l'incertitude, le PASOK est crédité de
11 à 13% des voix, la ND de 19 à 21%, chacun des 4 suivants proches
obtenant entre 9 et 12% des voix selon le sondage. Cela ne
laisse au mieux qu'un tiers des voix aux deux partis qui soutiennent les
mesures déjà votées ! Et, en sièges, malgré le bonus au premier (50
députés sur 300 parce qu'on a 20% des voix ?), personne ne peut dire si,
à quelques sièges près, PASOK et ND atteindront la majorité absolue.
Les politologues grecs voient trois scénarios possibles :
1)
PASOK et Nouvelle Démocratie ont une courte majorité des sièges ; rien
ne change sinon l'assurance de nouvelles mesures d'austérité déjà
annoncées ;
2) les deux grands partis sont
contraints de coopérer avec certains des nouveaux, ceux qui souhaitent
rester dans l'U.E mais obtenir des changements (version Hollande ?) mais
il n'est pas dit qu'ils obtiennent quelque chose et la « coopération »
dans ce cas risque d'être difficile ou inefficace ;
3)
l'ensemble des partis anti-européens d'inspiration communiste ou
fascisants, qui souhaitent sortir de l'Euro et de l'U.E l'emportent, et
là encore les perspectives sont sombres, d'autant que ces partis n'ont
en commun que le refus et refuseraient de collaborer. Autrement dit, il
n'est pas exclu que les partis opposés à la politique actuelle
l'emportent, ce qui remettrait en cause tout l'édifice européen et
plongeraient accessoirement le pays dans un chaos pré-révolutionnaire.
Dans
tous les cas, on ne promet à l'électeur que l'absence d'espoir,
alors... partagé entre son refus et les menaces de catastrophe prédites
dans ce cas... entre son rejet viscéral de tous les politiques et, s'il
choisit le vote dit -raisonnable- l'obligation de choisir parmi les
mêmes, que fera-t-il ? On a dit aux Français que le choix du 6 mai
serait capital pour l'avenir européen, il faudra aussi ce jour-là
regarder vers Athènes. Anglais et Allemands regardent les deux villes et
s'inquiètent.
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