dimanche 6 mai 2012
Guimauve le Conquérant
Injuste,
ce surnom attribué naguère à Hollande ? Caricatural, plutôt, tant il
accentue un seul trait de sa personnalité – que François, pour sa part,
préfère appeler « normalité ».
Incomplet, en tout cas : ses meilleurs ennemis, socialistes,
l’appellent plus volontiers “l’anguille”. Qui est-il donc réellement, ce
faux modeste qui prétend soudain à être président quand il n’a même pas
été ministre ? Tel est le mystère qu’a voulu percer Canal Plus en nous
entraînant, l’autre lundi, « dans l’intimité de François Hollande ».
À travers archives et témoignages – y compris de l’intéressé – , le
documentaire dresse d’abord le portrait d’un anti-Sarkozy. Un politicien
placide, limite effacé, modeste jusque dans ses ambitions.
Et pourtant, les faits sont là. Si ce type, quel qu’il soit, a une
chance sur deux – voire cinquante-cinq sur cent, selon les sondages –
d’être président dans trois jours, ce n’est sûrement pas par hasard !
Pour que la chrysalide se change ainsi en papillon, il a bien fallu qu’à
un moment la chenille fasse son coming out du cocon.
À en croire ses amis, ça s’est passé il y a trois ans : « À partir de 2009, François fait de la politique pour lui. » Ensuite,
tout va aller très vite. C’est un Hollande neuf, aminci et relooké,
qui, le 31 mars 2011, annonce devant le Tout-Tulle pâmé sa candidature à
la candidature…
À Paris, bien sûr, c’est une autre chanson et les sondologues lui
prédisent un piètre score à un chiffre. Mais lui n’en a cure, habité
déjà par son fameux slogan, « L’Élysée, c’est maintenant ! » Il l’explique lui-même : en 2007, il n’était pas mûr ; en 2017, il craint de passer déjà pour blet.
Porté par cette ardeur nouvelle, François devient un de ces audacieux
à qui la fortune sourit. Un mois et demi après son entrée en lice, la
chute de DSK transforme l’outsider en challenger sérieux de Martine
Aubry – qu’il finira par distancer dans la dernière ligne droite.
La mue s’achève sous nos yeux au meeting du Bourget : François se
voit désormais comme le successeur auto-investi de son homonyme
Mitterrand. Il va jusqu’à mimer sa gestuelle, sa rhétorique et ses
intonations lyriques. Écoutez son ego s’égosiller à la tribune : « Aujourd’hui, c’est MOI qui porte votre espoir ! C’est MOI qui va (sic) vous porter à la victoire ! »
Apparemment, ce grand timide a fini par maîtriser jusqu’à sa
modestie. C’était juste une question de temps : François avait à gérer
un petit problème de surmoi, comme diraient les derniers psys.
Une fois l’obstacle surmonté, le candidat « normal » n’a plus rien à envier, en fait d’ambition, à son adversaire.
Il vient de loin, savez-vous ? , ce Hollande sûr de lui et dominateur
qu’on est en train de découvrir. Sa mère l’avait balancé naguère à
Michel Drucker : « Petit, François disait souvent : “Quand je serai grand, je serai président !” »
Sarkozy peut aller se rhabiller, avec son rasoir ! Hollande, en couche-culotte, il y pensait déjà.
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